
que paucis te volo , eft une proportion abfolue
puifque le fens en eft entendu indépendamment de
toute autre propofition , & -que refprit n’exige
rien au delà pour la plénitude du fens de celle-ci.
La définition que donne ce grammairien de la
propofition abfolue n’eft donc pas exacte , p'uif-
qu elle ne s'accorde pas avec celle qu’il donne en-
iuite de la propofition relative & qu’elle peut
faire prendre les chofes à contre-fens. Comme une
propofition relative eft celle dont le fens exige ou
luppofe le fens d’une autre propofition , il falloit
dire qu’une propofition abfolue eft celle dont le fens
n’exige ni ne fuppofe le fens d’aucune autre propofî-
tion.
i ° . Comme une propofition ne peut être relative
, de la manière qu’on l ’entend ic i, qu’autant
qu’elle eft partielle dans une autre propofition plus
étendue ; & qu’il a été prouvé ( Proposition ,
art. i , n°. a J que toute propofition partielle eft
incidente dans la principale : i l fuffit de défigner
par le nom d’incidentes, les propofitions qu’on
•appelle ici relatives, d’autant plus que la Grammaire
n’a rien à régler fur ce qui les concerne ,
que parce qu’elles font partielles ou incidentes
( Voye\ Incidente ) . Ce feroit d’ailleurs établir
la tautologie dans le langage grammatical, puifque
le mot R e la t if ne feroit pas employé ici dans le même
fens qu’on l ’a vu ci-devant.
3°. Les logiciens , qui énvifagent les pro-
poficions fous un autre point de vue que les grammairiens
, mais qui fe méprennent en cela , fi moi-
même je ne me trompe, appellent propofitions relatives
, celles qui renferment quelque comparaifon &
quelque raport ; comme oit eft le tréfor, là eft
le coeur ; telle eft la vie , t e l f eft la mort ; tanti
es , quantum habeas. Ce font la définition & les
exemples de Y A r t de penfer. ( P art I I , chap. ix. )
I l y a encore ici un abus du mot : ces propofitions
devroient plus tôt être appelées comparatives
, s’il écoit néceffaire de les caraCtérifer fi pré-
cifément : mais comme on peut généralifer allez
les principes de la Grammaire , pour épargner dans
le didactique de cette fciénce des détails trop minutieux
ou foperflus; la Logique peut également fe
contenter de quelques points de vue généraux, qui
fuffiront pour embraffer tous les objets fournis a fa
juridiction.
IV . Le principal ulage que font les grammairiens
du terme R e la t if , eft pour défigner individuellement
l’adjeCtif conjonâif, qui , que , lequel,
en latin q u i, quoe, quod : c’e ft, dit-on unanimement,
un pronom relatif.
» Ce pronom r e la tif, dit la Grammaire géné-
» raie {part. I I , chap. ix), a quelque chofe de
p commun avec les autres pronoms & quelque chofe
p de propre.
» Ce qu’i l a de commun, eft qu’i l fe met au lieu
p du nom, & plus généralement même que tous
j? les autres pronoms, fe mettant pour toutes les
» perfonnes. Moi QUI fu is chrétien ,* vous QUI êtes » chrétien*; lui QUI eft roi.
» Ce qu’il a de propre peut être confidéré en deux
» manières.
» La première , en ce qu’il a toujours raport
» a un autre nom ou pronom qu’on appelle.an-
» técédent, comme Dieu q u i eft fa im ,• Dieu
» eft l’antécédent du relatif q u i ; mais cet anté-
•o> cèdent eft quelquefois foufemendu , & non ex-
» primé , furcout dans la langue latine ; comme
» on l ’a fait voir dans la Nouvelle Méthode pour
» cette langue.
» La fécondé chofe que le R e la t if a de propre,
» & que je ne fâche point avoir encore été remar-
» quée par perfonne , eft que la propofition dans
» laquelle il entre ( qu’on peut appeler india
dente ) , peut faire partie du fujet ou de l ’attribut
» d’une autre propofition , qu’on peut appeler prin-
» cipale ».
i° . J’avance hardiment, contre ce que l ’on vient
de lire, que qui , quee, quod ( pour m’en tenir
au latin feul par économie.) n’eft pas un pronom,
& n’a de commun avec les pronoms rien de ce qui
conftitue la nature de cette partie d’oraifon.
Je crois avoir bien établi ( article Pronom)
que les pronoms font des mots qui préfentent a
refprit des êtres déterminés par l ’idée précife d’une
relation perfonnelle a l’afte de la parole : or q u i,
quoe, quod renferme fi peu dans fa lignification
l’idée précife d’unê relation perfonnelle , que, de
l’aveu même de Lancelot , & apparemment de
l ’aveu de tous les grammairiens, il fe met pouç
toutes les perfonnes : d’ailleurs ce mot ne préfente
à l ’efprit aucun être déterminé par fa nature ,
puifqu’il reçoit différentes terminaifons génériques,
pour prendre dans l ’occafion celle qui convient an
genre & à la nature de l ’objet au nom duquel
ôn l ’applique. Je le demande donc : a quels caractères
pourra - 1 - on montrer que c’eft un pronom
?
C ’eft, dit-on, qu’il fe met au lieu du nom.
Mais au lieu de quel nom eft-il mis dans l ’exemple
d’Ovide , que j’ai déjà cité, Quee tibi eft fa cundia ,
confer in illud ut doceas ? Il accompagne ici
le nom même fa cu n d ia , avec lequel il s’accorde
en genre , en nombre , & en cas ; il n’eft donc, pas
mis au lieu de facundia , mais avec facundia,
Cieéron le regardoit-il ou du moins le traitoit-il
en pronom., lorfqu’il difoit (P ro le g. M a n . ) ,
Bellum tantum , quo bello omnes premebantur,
P ompeius confecit ? On voit encore ici quç avec
bello, & non pas au lieu de bello.
Je fais qu’on me citera mille autres exemples
ou ce mot eft employé feul 8c. fans être accompagné
d’un nom; parce que ce nom , dit le même
auteur ( Méth. lat. fy n t . régi, z ) , eft affez
exprimé par le R e la t if même qui tient toujours,,
fa place & le repréfente, comme Cognofces ex
iis Utteris QU A s liberto tuo ■ de du. Mais cet
écrivain convient fur le champ que cela eft dit
‘ pour ex Utteris quas Hueras. Si donc ôn peut
aire que qlias tient ici la place de litteras 8c
qu’i l le repréfente, c’eft comme avants tient la
place à’homo 8c le repréfente dans cette phrafe ;
Semper. avarus e,get _( l ’avare eft toujours dans la
difette ). Avarus repréfente homo , parce qu’il eft
au même genre, au-même nombre, au même cas,
& qu’il renferme dans fa lignification l ’idée- d’une
qualité qui convient, non omni , fe d folinaturoe
humante, comme parlent les logiciens ; mais
avarus n’eft pas pour cela-un pronom : pareillement
quas repréfente litteras, parce qu’il eft
au même genre, au même nombre, 8c .au même
cas, & que l ’idée ‘ démonftrative qui. en conftitue
la lignification eft déterminée ici à tomber fur litteras,
par le voifinage de l ’antécédent Utteris qui lève
1 équivoque : mais quas n’eft pas non plus un pro-
nom ; i° . parce qu’il n’empêche pas que l ’on ne
foit obligé d’exprimer litteras dans la conftruCtion
analytique de la phrafe ; z°. parce que'la nature
du pronom confifte, non_pas dans la fonction de représenter
les noms & d’en tenir la place , mais dans
celle d exprimer des êtres déterminés par l’idée d’une
relation perfonnelle.
2-°. Je dis que q u i, quee , quod ne doit point
être appelé r e la t if , quoique fes terminaifons ,
mifes en concordance avec le nom auquel il eft
appliqué , femblent prouver & prouvent en effet
qu il le raporte à ce nom. C ’eft que fi l ’on fon-
doit fur cette propriété la dénomination de Re-
f ta t if , il faudroit, par une conféquence néceffaire,
1 accorder a tous les adjeCtifs, aux participes, aux
articles, puifque toutes ces efpèces s’accordent en
genre , en nombre, & en cas , avec le nom auquel
ils fe raporte'nt effectivement ; que dis-je ? tous les.
verbes^ feroient relatifs par leur matériel, puifque
tous s’accordent avec le fujet auquel ils fe rapor-
tent. Mais fi cela eft , quelle confufion ! il y aura
apparemment, des verbes doublement relatifs 8c
parole materiel & par le fens : par exemple , dans
bellum^ Pompeius confecit, le verbe confecit fera
relatif à P ompeius par la matière, a eaufe de la
concordance ; & il fera relatif à bellum par le
fens , à caufe du régime du complément. Je n’in-
fifterai pas davantage là-deffus, de peur de tomber
moi-même dans la confufion, pour vouloir rendre
trop fenfible celle qu’une j-ufte conféquence intro-
duiroit dans le langage grammatical: je mécontenterai
de dire que quas n’eft pas plus relatif
dans quas litteras , que iis n’eft relatif dans iis
Utteris.
3 °. Aucun des" deux termes par iefquels on défigne
q u i , quoe, quod, ni l ’union des deux ne font entendre
la vraie nature de ce mot.' C’eft un adjecïif
conjonctif , 8c c eft ainli qu’i l -falloit le nommer &
que je le nomme.
C eft un adjeCtif : voilà ce qu’il a véritablement
de commun avec tous les autres mots de cette
piaffe ; comme eux il préfenle à refprit un être
indéterminé, défigne feulement par une idée précife
qui peut s’adapter à plufieurs natures ; & comme
eux aufii il s’accorde en genre, en nombre , &
en cas , avec le nom ou le pronom auquel on l ’applique,
en vertu du principe d’identité, qui foppofe
cette indétermination de radjcClif, qui vir, quee.
mulier, quod bellum , qui confules , quoe litteroe ,
quoe négocia, &c. L ’idée précife qui caraClérife la
fignificaiion individuelle de qui, quoe, quod, eft
une idée metaphyfique d’indication ou de dénionf-
traCcion , comme is , ea , id.
i i i l i .CORi01?a i f > c’eft à dire qu’outre l ’idée démonftrative
qui en conftitue la lignification 8c en vertu
de laquelle il feroit fynonyme de i s , ea, id , i l
comprend encore dans fa valeur totale celle d’une
conjonction; ce qui , en le différenciant de is, ea y
id , le rend propre à unir la propofition dont i l
fait partie à une autre propofition. Cette propriété
conjonCtivé eft te lle , que l ’on peut toujours dé—
compofer l'adjeCtif par i s , ea ,. i d , 8c par une
Conjonction telle que peuvent l ’exiger les circonP*
tances du difeours. Ceci mérire d’autant plus d’être
aprofondi , que la*. Grammaire, générale ( édit, de'
i/î*> fiÿt# du chap. ix de la part. I I ) prétend
qu il y a des Cas où le mot dont il s’agit eft vis
Jiblement pour une conjonction & un pronom de—
monftratif;| ce font les propres termes de l ’auteur :
que dans d’autres occurrences, i l nè tient lieu-
que de conjonaion ; & que dans d’autres enfin i l tient
lieu de démonftratif & n ’a plus rien de conjonction.
J
que le qui , quoe ' quod des latins ,& fon corref-
pondant dans toutes les langues, eft démonftratif
& conjonCtif dans toutes les occurrences où la propofition
dans laquelle il entre fait partie du fujeê-
ou de 1 attribut d’une autre propofition. Æfopus
auclor Qu AM materiam reperit, liane ego polivi
verfibus fenariis ; c’eft comme fi Phèdre avoit d it,
tianc ego materiam polivi verfibus fena r iis , e t
Æ fopus auclor ~EAM repperit. ( Liv. I , prol. )„•
Ce n eft pas toujours par la conjonction copulative
que cet ajeflif fe décompofe : pat exemple L e s
Savants,- qu i- fon t plus inflruhs que te commun
des hommesdevroient a u ft les furpajfer e,i
J ag ffft> c eft a dire, les Savants devroient fur-
pajfer en fageffe le commun des hommes, c a r
CES hommes font plus inftruits queute : autre
exemple, La gloire ç ü r vient de la venu a un
éclat immortel; c’eft à dire, la gloire a un éclat
immortel, s i c e t t e gloire vient de la venu.
On peut y joindre l ’exemple cité par la Grammaire
generale , tiré de Tite- L ire , qui parle de'
Juiuus-Brutus : Is quum primores civitatîs, in
e g S D t fratrem fuum ah avunculo interfeélum
audijfet ; l ’auteur le réduit ainfî ,. Is quum primores
civitatis, e t in h is fratrem fuum interfec-
tum audijfet, ce qui eft très-clair & très-raifonnabie^