
i° . E lle s’ ejl fa it peindre , avec le 'fu p in ;
parce que peindre eft le complément principal de
fa i t , & que le pronom fe , qui précède , elt complément
de peindre , & non do. fa it , cr’eft comme fi
Ton difoit, Elle a fa i t peindre fo i.
E lle s ’ejï crevé les ieu x , avec le fupin ; parce-
que les ieuxtft. le complément principal dç trevéy8c
que Je en eftle complément accefioirej Elle acreve
les ieux à foi.
E lle s ’ejl laijfé féduire, & non pas laijfée ;
parce que je n’en elt pas le complément principal,
mais de féduire, qui i’eft lui-même de laijfé ; Elle
a laijfé féduire fo i *
Pour les mêmes raifons , il faut dire, E lle s ’èfi
mis des chimères dans la tête ; Elle s ’ejl imaginé
quon la trompoity Elle s ’étoit donné de belles
robesry -Sec,
i° . Voici des exemples du Participe , parce
que le complément principal eft avant le verbe,
Elle s ’efl tuée , & non pas tué j parce que le
pronom eft complément principal du prétérit; c’eft
comme fi l ’on difoit, Elle a tué fo i , Par les
mêmes raifons, il faut dire , E lles fe font repenties
; Ma mère s ’étoit promenée ; Mes f cours
f e fon t fa ite s religieufes ,* Nos troupes s’étoient
battues long temps.
I l faut dire, Elle s'ejl livrée à la mort, &
par un femblable principe de Syntaxe , Elle s ’ ejl^
laijfée mourir, c’eft à dire , E lle a laiffe fo i a
mourir ou à la niort.
L e s deux doigts qu’elle s'étoit coupés , parce
que le complément principal du prétérit c’eft que ,
qui veut dire lefquels deux doigts , & que ce
complément eft avant le verbe. De même faut-il
dire , Les chimères que cet homme s ’ ejl mifes
dans la tête ; Ces difficulté f vous arrêtent fans
ceffe , & j e ne me les Jerois pas imaginées ; Voilà
de belles efiampes , je fu is furpris que vous ne
vous les foyexpas dpnnees p lus tôt.
Cette Syntaxe eft la même, quelle que foit la
pofîtion du fujet, avant ou après le verbe ; & l ’on
dojt également dire, Les lois que les romains
s ’étoient preferites ou que s’étoient preferites
les romains i a4inji fe font perdues celles qui
l ’ont cru ; Comment s ’ejl elevée cette difficulté 1
Icc.M
alherbe , Vaugelas , Bouhours , Regnier, & c ,
n’ont pas établi 'les mêmes principes que l ’on
trouve ici : mais ils ne font pas plus d’accord entre
ç.ux qu’avec nous ; & , comme le dit Duclos ( Re marques
fur le chapitre n de la partie n de la
Grammaire générale ) , « ils donnent des doutes
» plus tôt que des décidons, parce qu’ils ne s’étoient
» pas attachés à çhercher un principe fixe. D’ail-
9 leurs, quelque refpetlable que (oit une autorité
» en fait de feiencés & d’arts , pii peut toujours la
9 fouméttre à l ’examen ».
Ainfi, l ’ufage fe trouvant partagé, le parti le
joins’ fage qu’il y eût à prendre, çtoit de préférer
celui qui étoit le plus autorifé par les modernes |
& fui tout par l’Académie , & qui avoit en même,
temps l ’avantage de n’établir que des principes
généraux: car, félon la jüdicieufe remarque de
l'abbé d’Olivet ( O pufc. page $86 ) , moins la
» Grammaire autorifera d’exceptions , moins elle
» aura d’épines ; & rien ne me paroît fi capable
» que des règles générales, de faire honneur d.
»' une langue lavante & polie. Car fuppolé , dit-
» il ailleurs (page 380 ) , que i’obiervation de
» ces règles générales nous faffe tomber dans quel—
» que équivoque ou dans quelque cacophonie 9
» ce ne fera point la faute des règles $ ce fera la
» faute de celui qui ne çonnoîtra point d’autres
» tours, ou qui ne fe donnera pas la peine d’çn
» chercher. La Grammaire , dit-il encore en un
» autre endroit {page 366 ) , ne fe charge que de
» nous enfeigner à parler correélément $ elle laine
» à notre oreille & à nos réflexions le foin de
» nous aprendre en quoi confident les grâces du di£*
» cours » ( M. BÉAUZÉe.)
PA R T ICU LE , f. f, Grammaire. Ge mot éffc
un diminutif de partie y & il fignifie^ une petite'
partie d’un Tout. Les grammairiens l’ont adopte
dans ce fens , pour défigner par un nom unique
toutes les parties d’oiaifon indéclinables, les pre-
pofitions , les adverbes , les conjonctions , & les
interjections ; parce qu’elles font en effet les moins
importantes de celles qui font néceffaires a la constitution
du difeours. Quel mal y auroit-il a cette
dénomination , fi en effet elle ne défignoit que le s
efpèces dont le caractère commun eft l’indéclina-
biiité ? « C'èft qu’elle ne fert , dit i’abbé Girard
( Vrais principes , tom. ï l y dife. yiij ypag. 311)?
» qu’à confondre les efpèces entre elles , puifqu on
» les place indifféremment dans la claffe des P a r -
» ticules y malgré la différence & de leurs noms
» & de leurs iervzces qui les font fî bien con—
» noître ». Je ne prétends point devenir lapolo-
gifte de l ’abus qu’on peut avoir fait de ce termef
mais je ne puis me difpenfer d’obferver que le rai-*
fonnement de cet auteur porte à plein fur un principe
faux. Rien n’eft plus raifonaable que de réunie
fous un feulcoup d’oe il, au moyen d’une dénomination
générique, plufieurs efpèces différenciées^ 8c
par leurs noms (pécifiques ot par des cara&eres
propres très-marqués: on ne s’avife point de dira
que la dénomination générique confondues efpeces,
quoiqu’elle les préfente fous un même afpe.Ct ; 8a
1 abbe Girard lui - même n’admet-il pas , (bus la
dénomination générique de Particule , les inter-
jeclives & les dïfcurfives ,* & fous chacune de
ces efpèces d’autres efpèces fubalternes, pat exemple
, les exclamatives , les acclamatives, & les
imprécatives fous la première efpèce ; & fous la
fécondé, les ajfertives , les admonitives, les imi-*
tatives , les exhibitives , les explétives, & les pré-*
curjives ?,
L e véritable «ibus çonfiûe en ce qifon a appelé
'Particules y non feulement les mots indéclinables,
jiiais encore de petits mots' extraits des efpèces
déclinables : il n’eft pas rare de trouver, dans les
Méthodes préparées pour la torture de la Jeuneffe ,
.la Particule SE;, les Particules son , s a , ses
ou leur ; & l ’on lait que la Particule on y joue
ün rôle très-important. C ’eft un abus ré e l, parce
qu’il n’eft plus pofiïble d’aflîgner un caraétère qui
(oit commun à tous ces mots , & qui puiffe fonder
la dénomination commune par laquelle .on les
défîgne : & peut-être que ladivifion des P articules
adoptées par l ’académicien, eft vicieufe parle même
endroit.
En effet, les Particules interjeélives , que tout
“le monde connoît fous le nom plus fimple In terjections
y appartiennent exclufîvèment au langage
du coeur, & il en convient en d’autres termes;
chacune d’elles vaut un difeours entier Interjection
) :| & les Particules difcurfîves (ont
du langage analytique de l’efprit , & n’y font
jamais en effet que comme des P articules réelles
de' l’énonciation totale de la penfée. Qü’y a-t-il
de commun entre ces! deux efpèces? De défigner ,
dit-on , line affeétibn dans la perfonne qui parle; Sc l’on entend , fans contredit , une affeétion du
Coeur ou de l’elprit. A ce prix , Particule & mot font fynonymes ; car il n’y a pas un mot qui
n’énonce une pareille affeétion; & ils ont un earaélère
commun qui eft très-fenlible, ils font tous produits
par la voix.
L ’abbé de Dangeau, qui faifoit fon capital de
^répandre la lumière fur les matières grammaticales,
& qui croyoit avec raifon ne pouvoir le faire
avec fucces , qu’en recueillant avec (crapule &
Comparant avec loin tous les ufages , a raffemblé fous
un feuLcoup d’oeil les différents fens attachés par les
grammairiens au nom de Particule. ( Opufc.p. 231
& fuiv. ),
« i° . On donne , dit - i l , le nom de Particule
*> à divers petits mots, quand on ne fait fous
» quel genre ou partie d’oraifon on les doit ranger ,
» ou qu’à divers égards ils fe peuvent ranger (ous
» diverfes parties d’orailon . . . i° . On donne auflî
ï> le même nom de Particule à de petits mots
» qui font quelquefois prépofitiôns & quelquefois
» adverbes . . . 30. On donne auflî le même nom
» de Particule à de petits mots qui ne fignifient
•» rien par eux-mêmes, mais qui changent quel-'
» que chofe à la lignification des mots auxquels
» on les ajoute : par exemple , les petits mots
» de ne & de pas . . . 40. On doit donner le nom
» de Particule principalement à de petits mots
» qui tiennent quelque chofe d’une des parties
» d’o raifon , & quelque chofe d’une autre /comme
» du y au ÿ des , aux . . . 50. On donne encore le
» nom de Particule à d’autres petits mots qui
» tiennent la place de quelques prépofitions & de
» quelques noms, comme en y j y , dont , . . .
p i 0* Les (yllahçs c i , là , 8c dà ^ ainfi que les.
» enclitiques ne , v e , que des latins, & l ’encli-
» tique tî des grecs , font auflî des P articules. . -.
» 7°. Il y a. d’autres fortes de Particules qui
» fervent à la eompofition des mots; & comme
» elles ne font jamais des mots à part, on les
» nomme des P articules inféparables , comme re ,
» dé y de s, mes , disti &c.. . . Tous ces1 différents
» ufages de Particules 8c l ’utilité dont il eft de
» connoître la force qu’elles ont dans le difeours ,
» pourrait faire croire que ce ne feroit pas mal fait
» de faire de.la Particule une dixième partie d’orai-
» fon »>.
Il paroît évidemment par cet extrait de ce qu’a
écrit fur les Particules le favant abbé de Dangeau
, qu’i l y a fur cet objet une incertitude,
ïingulière & une confufion étrange dans le langage
des grammairiens ; & j’ajoûte qu’i l y a bien des
erreurs.
i° . Donner le nom de P articules à certains
petits mots, quand on ne fait foiis quel genre ou
partie d’oraifon on les doit ranger ; e’eft çonftater
par ün nom d une" lignification vague, l’ignorance
d’un fait que l ’on laiffe indécis par malhabilèté
ou par pareffe'. I l feroit & plus 'fimple & plus
fage , ou de déclarer qu’on ignbrè la nature de
ces mots, au lieu d’én impofer par un nom qui
femble exprimer une idée ; ou d’en rechercher la
nature par les voies ouvertes à la fagacité des grammairiens.
i° . Regarder comme Particules de petits mots
qui à divers égards peuvent fe ranger fous diverfes
parties d’oraifon, ou. qui font, dit-on , quelquefois
prépofitions & quelquefois adverbes, c’eft introduire
dans le langage grammatical la périffo-
logie & la confufion. Quand vous trouvez, I l e(l
f i fa v a n t, dites que f i eft adverbe; & dans, Je
ne fa is Ji cela efl entendu, dites que f i eft çon-
jondion : mais quelle néceffité y a - t - i l de dire
que y? foit Particule ? Au refte , il arrive fouvent
que l ’on croit mal à propos qu’un mot change
d’efpèce, parce que quelque ellipfe dérobe aux ieux
les caraéières de Syntaxe qui conviennent naturellement
à ce mot. Le'mot après y dit l ’abbé
de Dangéau , eft prépofition dans cette phrafe ,
Pierre marchoit après Jacques ; il eft .adverbe
dans celle-ci, Jacques marchoit devant & Pierre
marchoit après : c’eft une prépofition dans la
dernière phrafe , comme dans la première ; mais
il y a ellipfe dans la. fécondé , & 'c’eft comme fî
l’on difoit, Jacques marchoit devant' ( ou plus
tôt avant ) Pierre , & Pierre marchoit après
Jacques. On peut dire en général qu’il eft très-
rare qu’un mot change d’efpèce : & cela eft tellement
contre nature , que, fî nous en avons quelques
uns 'que nous ' Tommes forcés; d’admettre dans
plufieurs claffes, ou il faut reconnoître que c’eft
l’ effet de quelque figure de conftruétion ou de
Syntaxe que l ’habitude ne nous laiffe plus fou'p-
çonnei, mais que l ’art peut retrouver , ou i l fau^