
divifion j une Virgule eft fuffifante entre deux. Exemples
:
La plupart des hommes s ’expofent affe\ dans
la guerre pour fauver leur honneur, mais peu fe
veulent expojer autant qu’ il ejl néceffaire pour
f aire réufjir le dejfein pour lequel ils s ’expofent.
( La Rochefoucault , Penfée z ip ).
Si rime des deux ou fi toutes deux font divifées
par des Virgules , foit pour les befoins de l'organe
, foit pour la diftinétion des membres dont
elles font compofées comme périodes j i l faut les
distinguer l'une de l ’autre par un Point & une
Virgule. Exemple :
Rofcius eft un f i excellent acteur , q u il paroît
je u l digne de monter fur le théâtre; mais d’un
autre côte' i l eft f i homme de bien, quilparoîtfeul
digne de n’y monter jamais. ( Cic. pour Rofcius,
Trad.. par Reftaut, ch.,xvj.) '
Enfin, fi les divifions_fubalternes de l ’une des
deux propofitions ou de toutes deux exigent on>
Point & une Virgule j il faut deux Points entre les
deux. Exemple :
S i les beautés de VÉlocution oratoire où poétique
étoient palpables, qu’on pût les toùcHëf
au doigt & à l ’oe il, comme on dit ; rien ne feroit
f i commun que l ’Eloquence, un médiocre génie
pourroit y atteindre : & quelquefois, fa ute de
les connoitre ajfe\ , un homme né pour l’Éloquence
refie en chemin, ou s ’égare dans la route. \ L’abbé
Batteux, Princ. de la Littérat. part. l i t , art. iij,
$. io . ) .
3°. Si une énumération eft précédée d’une propofition
détachée, qui l’annonce ou qui en montre
i ’objet fous un afpect général j cette propofition
doit être diftinguée du détail par deux Points, &
le détaiLdoit être ponctué comme il a été dit règle
quatrième du deuxième article. Exemples :
I l y a dans la nature de Vhomme deux principes
oppofés : l’amour - propre, qui nous rappelle
à no us ; & la bienveillance, qui nous répand.
( Diderot , Épit. dédicat. du Père de f a mille.
)
I l y a diverfes fortes de curiofités : Vune d’ intérêt
, qui nous po/te à défirer d’âprendre ce qui
nous peut être utile ; & Vautre d’orgueil, qui vient
du défir de favoir ce que les autres ignorent. ( La
Rochefoucault, Pèrtfée 173. )
4®. I l me femble qu’un détail de maximes relatives
à un point - capital, de fenterices- adaptées â
une même fin , fi elles font toutes conftruites à
peu près de la même manière , peuvent & doivent
être diftinguées par les deux PointSi/Cliacune étant
une propofition complète grammaticalement, &
même indépendante des autres quant au fens , du
moins jufqu’à un certain point, elles doivent être
féparées autant qu’il eft poffible ; mais comme elles
font pourtant relatives à une n êm * fin , à un même
point capital, i l faut les raprocher en ne les
diftinguant pas par la plus forte des Poncîatïons :
c’eft donc les deux Points qu’i l y faut employer»
Exemple : f
L ’ heitreufe conformation des organes s ’annonce
par un air de force : celle des flu id e s , par un
air de vivacité : un air fin eft comme l’etincelle
de l ’efprit ; un air doux promet des égards fla tteurs
: un air noble marque Vélévation des fenti-
ments : un air tendre femble être le garant d’un
retour d’amitié. ( Théor. des fent. chap. v. )
5°. C ’eft un ufage univerfel & fondé en raifon,
. de mettre les deux Points, après qu’on a annoncé
un difeours dire61 que l ’on va raporter, foit qu’on
le cite comme ayant été dit pu écrit, foit qu’on
le propofe comme pouvant être dit ou par un autre
,ou par foi-même. Ce difeours''tient, comme complément
, à la propofition qui l ’a annoncé $ &"il
y auroit une forte d’inconféquence à l ’en féparer
par un Point fimple , qui marque une indépendance
entière : mais il en eft pourtant très - diftingué ,
puifqü’il n’apartient pas à celui qui le raporte,
ou qu’il ne lui apartient qu’hiftoriquement , au
lieu que l’annonce eft actuelle. Il eft. donc raisonnable
de fépârer le difeours dire61 de- l'annonce par
la Ponctuation la plus forte au deHous du Point, ,
c’eft à dire , par les deux Points. Exemples :
Lorfque j ’eiuendis les f cènes du payfan dans
le Faux - généreux, je dis : « Voilà qui plaira à
» toute la terre & dans tous les temps , voilà qui
» fera fondre en larmes ». (Diderot, De la Poéfie
dramatique. )
•La MoHefïe, en p leu ran t, fur un bras fe refève ,
O u vre un oeil lan g u iflan t , & 'd’une fo ible voix-
L a id e tomb e r ces m o ts , ,qu’ elle interrompt v ing t fois s
« O N u it ! que m’as tu d it ? quel démon fur la terre
» Souffle dans tou s les coeurs la fa t igu e & la guerre?
» Hélas ! q u ’eft devenu te temps, cet heureux temps ,
» O ù les rois s’h onoroient du nom de fainé ants ,
» S ’ endormoient fur le trône , &c » .
Defpréaux.
. Dans la tragédie d’Édouard I I I , Greffet fait parler
ainfi Alzonde , héritière du royaume d’Écoffe
( a a . I , f c . x ) : :
S’ élev an t contre mo i de la nuit é te rn e lle ,
L a v o ix d e mes a ïeu x d'ans leur féjour m’ appelle; ■
J e les entends encor : « Nou s régno ns , & tu fers !
» Nou s te laiffons un feepere, & tu portes des fers !
» Rè gne : ou prête â tom b e r, fi l’Éco ffe,ch anc elle ,
» Si fon règne eft p a flé ; tom b e , expire avant-elle.
» -Il n’ eft dans l’u n iv e r s , dans ce: ma lheur nouveau
» Que deux p laces pour to i ; le trône , ou lé tombeau » .
I l faut remarquer que le difeours dire61 que l ’on
raporte doit commencer par une lettre capitale ,
quoiqu’on ne mette p?s un--Point .à la fin-de la
phrafe précédente. Si c’eft un difeours feint, comme
Ceux des exemples précédents, on a coutume de
le diftinguer du refte par des guillemets ; fi c’eft
un difeours écrit que l ’on cite , il eft affez ordinaire
de le Importer en un autre caraétère que le
refte du difeours où celui-là eft introduit, foit en
oppofant l’italique au romain, foit en opppfant différents
corps de earaétères , de l ’une ou de l ’autre dé
ces deux efpèces.
IV . D u Point. I l y a trois fortes de Points $ le
Point fimple, le Point interrogatif, & le Point admi-
. ratif ou exclamatif.
i°. Le Point fimple eft fujet à l’influence de la
proportion qui jufqu’ici a paru régler l ’ufage des
autres fignes de Ponctuation : ainfi , il doit être
mis après une période ou une propofition com-
pofée , dans laquelle on a fait ufage des deux points
en vertu de quelqu’une des règles précédentes.
Mais on l ’emploie encore après toutes les propofitions
qui ont un Cens abfolument terminé , telles,
,pàr exemple , que la conclufion d’un raifonnement,
.quand elle eft précédée de fes prémices.
On peut encore remarquer que le befoin de
prendre des repos un peu confîdérables, combiné
avec les différents degrés de relation qui fe trouvent
entre les fens partiels d’un enfembie, donne
encorè lieu d’employer le Point. Par exemple , un
'récit peut fe divifer par le fecours du Point, relativement
aux faits élémentaires, fi je puis le dire, qui
en font la matière.
En un mot, on le met à là fin de toutes les
jphrafes qui ont un fens tout à fait indépendant de
ce qui fuit, ou du moins qui n’ont de Jiaifori avec
la fuite que par la convenance de la matière &
l ’analogie générale des penfées dirigées vers une
même fin. Je voudrois feulement que l ’on y prît
garde de plus près que l ’on ne fait ordinairement :
la plupart des écrivains multiplient trop l ’ufage
du Point, & tombent par là dans l’inconvénient de
trop divifer des fens qui tiennent enfembie par des
liens plus forts que ceux dont on laiffe fubfifter
les traces. Ce n’eft pas que ces auteurs né voyent
pas parfaitement toute la liaifon des parties de
leur ouvrage: mais ou ils ignorent l ’ufage précis
des Ponctuations ) où ils négligent d’y donner
l ’attention convenable 5 par là ils mettent, dans la
ieéture de leurs oeuvres, une difficulté réelle pour ceux
mêmes qui faventle mieux lire.
Je me difpenferai de raporter ici des exemples
exprès pour le Point : on ne peut rien lire fans en
jencontrer ; & les principes de proportion que l ’on
a appliqués ci-devant aux autres caraétères de la
Ponctuation , s’ils ont été bien entendus, peuvent
jaifément s’appliquer à celui-ci., & mettre le leéteur
en état de juger s’il eft employé avec intelligence
dans les écrits qu’il examine.
i° . Le Point interrogatif fe met à la fin de toute
propofition qui interroge, foit qu’elle faffe partie
«u. difeours où elle fe trouve , foit quelle y foit
feulement raportée comme prononcée dire&ement
par un autre.
Premier exemple : En e ffe t, s'ils fon t injufies
& ambitieux ( les voifins d’un roi jufte ) , que'ne
doivent-ils pas craindre de .cette réputation uni—
verfelle de probité qui lui attire Vadmiration de
toute la terre-, la confiance de fe s a llié s, Vamour
de fe s peuples, l ’eftime l ’affection de fe s
troupes ? De quoi n eft p a s capable une armée
prévenue de cette opinion, & difeiplinée fous les
ordres .d’un tel prince ? ( L ’abbé Colin , Difeours
Couronné à l ’Acad. franç. en 1-705. ) Ces interrogations
font partie du difeours -total.
. Second exemple, où l’interrogation eft raportée
dire élément : Miferunt Judcei ab Jerofolymis Jacer-
dotes & levitas ad eum, ut interrogarent eum : Tu
qui s es ? ( Joan. j , 19).
S’i l y a de fuite plusieurs phrafes interrogatives
tendantes à une même fin, & qui foient d’une étendue
médiocre, en forte qu’elles conftituent ce qu’on
appelle le ftyle coupé ; on ne les commence pas
par une lettre capitale : le Point interrogatif n indique
pas une paufe plus grande que les deux Points,
que le Point avec une virgule, que la Virgule
.même, félon l ’étendue des phrafes & le degré de
liaifon qu’elles ont entre elles. Peut-être feroit-
ii à fouhaiter qu’on eut introduit dans l ’Orthographe
des Ponctuations interrogatives graduées ,
comme il y en a de pofitive?. Plais pour qui font
tous ces apprêts ? à qui ce magnifique féjour
efi-il deftiné ? pour qui font tous ces domefiiques
& ce grand héritage ? ( Hift. du C ie l, liv. I I I ,
§. 2 ). Quid enim , Tubero , tuas ille difiri-clus
.in acie pharfalicâ gladius agebat ? cujus latus
ille mucro petebat 7 qui fenfus erat tuorum ar-
morum ? quee tua mens ? oculi ? manus ? ardor
animi ? quid cupiebas ? quid optabas ? ( Cic. pro.
Ligario ).
Si la phr-afe interrogative n’eft pas • direéte &
que la forme en foit rendue dépendante de la conf-
titution grammaticale de la propofition expoficive
où elle eft raportée ; on ne doit pas mettre le point
interrogatif : la Ponctuation apartient à la propofition
principale , dans laquelle celle - ci n’eft
qu’incidente. Mentor demanda enfuite à Idome-
née, quelle étoit la conduite de Protéfilas dans,
ce changement des affaires. ( Télém. liv. xm . )
30. La véritable place du Point exclamatif eft
..après toutes les phrafes qui expriment la furprife
la terreur, ou quelque autre fentimentaffeélueux
comme de tendreffe , de pitié , Gfc. Exemple :
Que les Sages font en petit nombre ! qu’ i l eft
rare d’en trouver ! ( L ’abbé G i r a r d tom. i l , p . 467)
Admiration.
O que les rois font à plaindre ! O que ceux
qui les fervent font dignes de compafjion ƒ S ’ils
fo n t méchants , combien f ont - ils fouffrir les
hommes , & quels tourments leur font préparés
dans le noir T art are ! S ’ ils fon t bons, quelles