
vos, Cic. Te propter, Y irg. C ’eft encore propïéf. ad
honeftatem, ad v o s, ad te.
p. Secundum eft (implement le neutre de l ’ad-
je& if fecundus , a , urn : & cet adjectif rient de
fequo r , tant dans le fens de profpérité que dans
le fens numéral : dans le fens numéral, nam fe -
cundas fequitur primum , dit G. J. Voffius; dans
le fens de profpérité , car fecundoe res , ditFeftùs,
non à numéro dicuntur, fed quia ut velimus
feqiuintur. Cela pofé , fecundum ne peut être une
Prépofition, puisqu'il n eft pas primitif : on peut
dire tout au plus que c’eft un adje&if employé
par eliipfe adverbialement , & que l ’accufatif qui
le fuit eft comme celui qui régit le verbe fequor.
I l en eft donc de fecundum ripam , Piaut. Secundum
philofophos y Cic. Secundum ju s fafque ,
T . Liv. Secundum quietem, Cat. Secundum arbi-
zrium tuum , Cic. comme de ad fequendum ripam,
philofophos y ju s fafque , quietem , arbitrium
tuum.
10. Secus eft adverbe. Reclè an fe c à s , nihil
ad nos y Cic. Secus interpretari, Suet. De là vient
qu’il eftfufceptible de la forme comparative, Nihilo
feciàs, Ter.
On ne peut citer que deux ou trois exemples ,
/ou ce mot ait l ’air d’une Prépofition : comme
fecàs fluvios y Plin. & le s . manufcrits les plus
corre&s ont fecundum au lieu de fecàs ,• Conducîus
eft coecusfecàs viam f i are y Quint, où rien n’empêche
d’introduire la même correction ; Secus decurfus
aquarum, Pf. 1' mais on fait que la vulgate ne
fait autorité que pour la foi, & non pour le langage.
Au refte', voici comment s’explique Charifius
( Lib. i ) fur cet objet : S e c u s , adverbium ,
fignificat A l i t e r ,* unde nafcitur s e c l u s ,
aAAonTsptaf. Coeterum id quod vulgus ufurpat,
feeds ilium fedi, hoc eft y fecundum ilium, &fatuum
& fofdidum eft.
Au furplus, quand on regarderoit fecàs comme
fynonyme dans quelques occafions de fecundum &
venant de même de fequor, il eft clair qu’il ne
feroit pas plus Prépofition & qu’il faudroit l ’interpréter
avec ad comme fecundum.
i t . Usque répond exactement à notre françois
jufque y que j’ai déterminé ci-devant, & qui eft
•un véritable adverbe. Les latins ont employé uf-
que fans aucune addition , comme tous les adverbes
qui n’ont pas efTenciellement un fens relatif : Be-
nène ufque valuifti? Ter. Juvat ufque morari
jVirg. Mihi curez ufque erit quid a g a s, Cic. Ils
l ’ont employé avec différentes Prépefitions :
comme Ufque ad eum finem , Cic. Ufque ad
Numantiam mifit, Cic. Ufque fub extremum
brumcE intraclabilis imbrem, Virg. Ufque antè
ealendas, Cic. Ufque extra folitudinem , Plin.
Ufque ab avo atque atavo progeniem veftram
proferens, Ter. Dans tous ces exemples il eft clair
-.-que ufque eft un adverbe ; il l ’eft donc partout,
& il faut fuppléer la Prépofition quand elle
manque : Ufque Romani, Ufque Puteolos . Cic.
fuppléez a d , que vous voyez exprimé dans Ufque
ad Numantiam.
n . V ersum & VersuS font fréquemment employés
comme adverbes , avec une Prépofition
fùivie de fon .complément : In Italiam versàs
navigaturus erat, Cic. Coepi verfum ad illas
accedere , Piaut. A d Alpes versàs y Cic. Il faut
donc foufentendre la même Prépofition quand elle
manque , & regarder toujours verfum comme un
adjeétif neutre employé par eliipfe adverbialement
, & versàs comme un adverbe : E-go por-
tum versàs pergam . . . domum versàs revertar,
Piaut. c’eft à dire , ego ad portum versàs pergam...
ad domum versàs revertar.
Mais que dire de cet exemple de Tite - Live?
Tumulus eft in extremâ parte urbis versàs à
mari. L ’analyfe en eft encore la même, versàs ad
venientes à mari.
III. Il y a en tout dix huit Prépofitions grè-
ques, qui fe divifent en trois claffes ; favoir
i° . celles qui ne peuvent avoir leur complément
déterminé que par un cas , i° . celles qui ont leur
complément déterminé par deux cas » 3°. celles
ui ont leur complément déterminé par trois cas.
e les ai expofées en parlant des C a s , & je ne dois
pas les répéter ici. Voye\ C as.
Ce détail des Prépofitions apartenantes aux
trois langues dont nous nous occupons le plus ,
m’a paru néceffaire pour fervir de fondement à
quelques remarques didactiques fur cet objet.
i°. Je crois qu’il ne faut pas trop s’attacher à
réduire toutes les, Prépofitions à des claffes générales.
Une même Prépofition a reçu trop de figni-
fications différentes pour fe prêter fans obftacle
à des claffifications régulières : « non feulement
» une même Prépofition marque des raports dif-
» férents , ce qui eft déjà un défaut dans une lan-
» gue ; mais elle en, marque d’oppofés, ce qui
» eft un vice ». C ’eft une remarque de Ducfos
[Rem. fur la Gramm.gén. part. I I , ch. xjX. Si l ’on
prétendoit donc réduire en claffes le fyftême des Prépofitions
.j On s’expoferoit à la néceffité de tomber
fouveiit-dans des redites, & de dépecer fous différents
titres les divers ufages de la même Prépofition.
Ne vaudrait-il pas mieux penfer à réduire fous
un point de vue unique & général tous les ufages
d’une même Prépofition? Quelque difficile que
paroiffe au premier afpeét la folution de ce pro-
' blême , je ne laiffe pas d’être perfuadé qu’elle eft
très-poffible. De quelque bifarrerie qu’on accufe
l ’ufage, ce prétendu tyran des langues : j’ai reconnu,
dans un fi grand nombre de fes décidons, taxées
trop légèrement d’irrégularité, l ’empreinte d’une
rai fon éclairée , fine , & en quelque forte infaillible
j que je ne peux croire le fyftême des Pré -
pofitions auffi inconféquent qu’ôn l’imagine dans
notre langue , & qu’il le feroit en effet dans toutes,
fi la manière commune d’envifager les chofes eft
fondée en raifon. En tout cas il eft certain que ,
fi la réduélion que je propofe étoit exécutée , la
fyntaxe de cette partie d’oraifon j qui a dans tous
les idiomes de grandes difficultés , deviendroit très—
fimple & très-facile , & qu’on ne pourroit plus dire
qu’une même Prépofition exprime des raports différents
ou même contraires.
L a P répofition VERS , par exemple , indique
également, dit-on, raport au lieu, au temps , &
au terme : vers eft une Prépofition de lieu dans
cette phrafe , aller vers la citadelle y de temps
dans celle-ci j i l eft mort vers midi; de terme
dans cette troifième , fe tourner vers Dieu. Di-
fons-le de bonne fo i , ces différentes lignifications
ne font point dans le ' mot vers : les raports font
dans les termes antécédents , & c’eft l ’ordre ; les
termes conféquents les déterminent fpécifiquement,
& la Prépofition ne fait qu’indiquer que fon complément
eft le terme conféquent du raport qui
apartient au terme antécédent. Nous difons raport
au temps, quand le complément eft un nom de
temps ; raport au lieu , quand c’eft un nom de
lieu ; &c. Dans le fa it, vers indique un raport
d’aproximation ; & l ’aproximation fe mefure ou par
la durée, ou-par l ’efpace, ou par l’inclination de la
volonté.
Ce que je dis fur vers eft un effai pour dève-
loper ma penfée , & pour diriger les vues des
gramrnairiens fur les autres Prépofitions. Chacun
peut juger à fon gré de la valeur de cette explication
: mais foit de celle-là ,.foit d’une plus heu-
reufe faite dans les mêmes vues , il pourroit enfin
jréfulter que chaque Prépofition n’exprime en effet
qu’un raport général, qui eft enfuite modifié par les
différents compléments.,
( 5 I e citerai encore -un exemple que j’en-
prunterai de l’abbé de Dangeau ( Opujc. fu r la
lang. franç. pag. 227 ). » Après , dit - i l , eft
'to une P répofition ,. qui marque premièrement
» poftériorité de lieu entre des perfbnnes .ou des
» chofes qui font en mouvement : Pierre marchoit
» après Jâques ; les chevaux marchoient après les
»» boeufs.
» On fe fert de la Prépofition A P R È S , quand
» on veut marquer qu’un homme marche après un
1» autre dans le deffein de l’atteindre, foit pour le
» prendre , foit pour fe joindre à lu i, foit pour
» lui parler : ainfi, on dit que des archers marra
choient ou couroient après des voleurs ; le
» valet courut après fon maître pour lui dire une
v* nouvelle.
» De ce fens on a formé un figuré , qui fert à
» marquer >que l’on veut obtenir quelque chofe;
»; U court après les honneurs : & quelquefois ôtant
»> de ce figuré le verbe qui marque mouvement,
p comme courir y on fe fert d’un verbe qui ne
» marque autre chofe que le défit d’obtenir; ainfi,
» l’on dit , i l foupire après les honneurs y i t
» foupire après f a liberté y crier après quelqu’u n ,
» attendre après quelqu’un. On dit à peu près dans
» ce même fens , i l eft après cet ouvragé, i l eft
» après à bâtir f a maifon.
n Au figuré on l ’emploie en des chofes morales;
» i l fa u t faire marcher le fo in des chofes tempo-
» relies après celui de notre falut.
» On emploie auffi après à marquer poftério-
» rite de lieu entre des chofes qui ne font pas
» en mouvement; les confeillers fon t ajfis après
» les préfidents. Dans ce fens il s’emploie dans
» des chofes morales, pour marquer infériorité
» d’eftime. „
Après marque auffi poftériorité de temps , par
» une elpèce d’extenfion de la quantité de lieu à
» celle de temps ; comme dans cette phrafe, Pierre
» eft arrivé après Jâques. Ce mot après paroît
» avoir quelque raport à la poftériorité de lieu
» entre les chofes qui font en mouvement ; ce qui
» peut avoir été caufe de l ’extenfîon qu’on a
» donnée à cette Prépofition, la fefant aller de
» la poftériorité de lieu à celle de temps. Quand
» un homme marche après un autre, i l arrive
» ordinairement plus tard que lui ; c’eft ce qui fait
» que du premier fens de la P répofition APRÈS,
» qui eft pour marquer poftériorité de lieu , on eft
» venu à lui faire fignifier , par extenfion , la pofté-
» riorité de temps.
» C’eft de la Prépofition a p r è s , prife dans
» la lignification de poftériorité de temps, que
» fe forment quelques compofés ; comme ci-après,
» , adverbe ; a p rè s -dem a in adverbe; après-diné,
» adverbe ; après-dinée , fubftantif féminin ; apxès-
» fouper, adverbe ; après-foupée, fubftantif fémi-
» nin.
» I l y a une lignification de ce mot $ après,
» qui a quelque raport à la poftériorité de temps.
» Ce tableau eft fa i t d’ après le Titien, ce p a y -
», fage eft fa it J ’après nature : cela marque
» poftériorité de temps; le Titien avoït fait le ta-
» bleau avant que l e . peintre 1^ copiât ; la nature
» avoit formé le payfage avant que le peintre le
» repréfentât.j
» I l y a peut-être plufieurs autres ufages du
» mot après , qu’on pourroit ranger ici fous quel-
» qu’un des articles que j’ai marqués , & faire
» voir comment ils en viennent ; ou par figure ou
» par extenfion. Il me fernble qu’il feroit fort
» utile de faire voir comment on eft venu à donner
» tous ces divers ufages à un même mot ; ce qui
» eft commun à la plupart des langues , & qui
», vient de ce qu’il y a de la raifon dans cette
» efpèce de généalogie des divers ufages des mêmes
» mots : la raifon étant de tous les pays & de
» tous les temps, elle a produit des effets à peu
» près femblables en divers temps & en divers
» pays ».