
reverteris ( Gene/,! iij , 19 ) ; c’eft à dire, tu
as été fait de pouflïère , tu as été formé d’un peu
«le terre;: ■
Virgile s’eft f tm du nom de l ’éléphant pour
marquer fimplement-de l ’ivoire ; E x auro ffo li-
doque e/ephanto ( Georg, iij, 26). Dona, de-
hinc dutb gràvia fectoqùe elèpharito ( Æ n . i i j ,
464 ). C ’eft ainfi que nous difons tous les jours un
cà/lbr, pour dire un chapeau fait de poil de caf-
tor, &c. '
Tum plus, ,Æneas ha.fi.am jacit ; ilia per orbem
Æfficayum ‘trïplicï per linea terga, tribufque
*■ "ÿj^anjiit intextum tauris opus.
Æn. x , 78 3.
L e pieux. Ertée lança . fa ha/îe ( pique, lance ,
voye\ le P . de Montfaucon, tont. if ' , pag. 65 )
■ aven \ tant de force contre Mézence, qu’elle perça
le bouclier fait de trois plaques de cuivre., & qu’elle
traverfe les piquures de toile, & l ’ouvrage fait de
trois taureaux , c’eft à dire , de trois Ctiifs.- Cette
façon de parler ne féroit pas eiiteriduè en notre
langue.
Mais i l n,e faut pas croire qu’il foit permis de
prendre indifféremment un nom pour un autre ,
foit par Métonymie foit par Synecdoque $ il faut,
encore un coup , que les expreffions figurées, foient
autdrifées par l ’ufagq j ou; dû moins que le fens
litréral qu’on veut faire1 entendre1 feiprefenté naturellement
à l ’éfprit, fans révolter la drô/tè raifon
& fans -bleffer les oreilles accoutumées' a- la pureté
du langage. Si ‘Ton- difdit qu’une armée navale
étoit compofée de cent niâts ou de cent avirons-,
au lieu de dire ee’nt- voiles pour cent vai/feaux,
on fe i^ndroit ridicule : chaque partie ne fe prend
■ pas pour le T o u t, & chaque nom générique fie
fe prend pas pour une efpèce particulière ytri tdut
nom d’efpèce pour le genre ; ç’eft i ’Ufage feul qui
donne à foh gré ce privilège a un mót plus tôt qu’à
un autre. .
Àinfi , quand Horace a dit ( ï. Od. j , 24?);,
que les combats font en horreur aux mères, bella
matribus dete/lata; je fuis perfuadé que ce poète
n’a voulu parler précifément que des mères. Je
vois une mère alarmée po,ur; fon fils quellecfâit être
à la guerre, ou dans un combat dont on vient de
lui aprendre la nouvelle : Horace, [excite nia-fenfc-
• bilité en me fefànt penfer aux alarmes..où les mères
font alors pour leurs efifants ; il me Semble même
que cette tendreffe des mères éft ici le feul fentiment
qui ne foit pas fufceptible de foibleffe ou de quelque
autre interprétation peu favorable : les alarmes
d’une . maitreffe pour fon amant n’ôferoient pas
toujours-: fe montrer avec la tendreffe d’une mère
pour fon fils. A in fiq u e lq u e déférence que j’àye
pour le favant P. Sanadon, j’avoue que je ne
faurois; trouver., une Synecdoque de l ’efpècei dans
bella matribus dçfeftata,. Le P. Saûadon ( P défies
d’Horace, tom. I , pag. 7 j croit que matribus
comprend-ici même les jeunes filles ; voici fa
tradûftion : Les combats qui font pour les fém
mes un objet d'horreur. Et dans les Remarques
(pàg. 12 ) , i l dit, que » les mères redoutent la
» guette..pour leurs époux & pour leurs enfants;
» mais les, jeunes filles , ajoute-t-il, ne doivent
» pas moins la redouter' pour les objets d’une
» tendreffe légitimé que là, gloire leur enlève,
w en les rangeant fous les drapeaux de Mars. Cette
» raifon m’a fait prendre marres dans, la fignifi-
» cation la plus étendue, comme les poètes l ’ont
» fouvent. employé,. I l me femble, continue-tril,
» que ce fens fait ici un plus bel effet)?..
I l ne s’agit' pas ici de donner des inftrn étions
aux jëunes filles, ni de leur aprendre ce qu’elles
doivent faire , lorfqùe la gloire leur enlève Vobjet
de leur tendre/fe, en les rangeant fous- les drapeaux
de Mars , c’eft à dire, lorfque leurs amants
vont à la gu'erré ; i l s’agit de "ce qu’Hpràce a
penfé. [ Il me femble qû il devroit pareillement
n’être queftion ici que de ce qu’a réellement penfé
le P. Sanadon., & non pas du ridicule que l ’on
peut jeter fur fes; expreffions,. au moyen, d’une
interprétation ' m'aligne : le mot doivent dont il
s’eft fervi , & que du Marfais a fait imprimer en
gros caractères, n’a point' été. employé pour dé-
figner une infiruclion \ mais Amplement pour ca-
raétérifer une èon/équence naturelle & connue de
la tendreffe. des jeunes, filles pour leurs amants ;
en un mot , pour exprimer afiàrmativemenr un feit.
C ’eft un tour ordinaire de notre langue, qui n’eft
inconnu à.aucun homme-de Lettres : ainfi, il y a
de Tinjuftice à y chercher un fens éloigné , qui
ne peut que compromettre de plus en plus l’honnêteté
des moeurs déjà trop efficacement attaquée
dans d’autres écrits réellement fcandaleux ]. Or il
me femble,' continue du Marfais, que le;terme
de mères- ;n’eft. relatif qu’à enfants- ; il ne l ’eft pas
même à époux, encore moins aux objets dune
tendre/fe légitime. J’ajoùterois volontiers que les
jeunes filles s’oppofent à ce. qu’on les confonde
fous le nom de mères. Mais , pour parler fié r i e 11-
fement, j’avoue que lorfque je lis , dans la . traduc-
rion du P . Sanadon, que les combats font pour
les femmes un objet d’horreur, je ne vois que
dés femmefs épouvantées ; au lieu que les paroles
d’Horace me font voir une mère attendrie : ainfi ,
je në fens point que l’une de ces expreffions puiffe
jamais être l ’image de l ’autre; & bien loin que
la traduction du P. Sanadon faffe fur moi un plus
bel effet, je regrette le fentiment tendre qu’elle me
fait perdre. Mais revenons à la. Synecdoque'.
... Comme il eff facile de confondre' cette figure
avec la Métonymie , jë Croîs qu’il ne fera pas inutile
cfobferver ce qui diftingue là Synecdôque* dé là Mé-
•tonymie, C ’eft
• r°. Que la Synecdoque feit entendre1 le plus
par un mot qui , dans le fens propre.-, lignine le
moins ,* ou au contraire elle fait entendre le moins
par un mot qui , dans le fens propre , marque le
plus.; - , ' - . /
,. 20. ;Dans l ’une & l ’autre figure a l y a une rela^
tion entre l ’objet dont on veut parler.,& celui dont
on emprunte lé nom ; car s’il n’y avoit point de
raport entre cés objets ,* i l n’y auroit aucune idée
acceffoire, & par conféquent point de trope : mais
la relation qu’il y, a entre les ; objets dans laM é -
tonymié eft de telle forte ,, que, l ’objet dont on
emprunte le nom , fubfifte. indépendamment de celui
dont il réveille l ’idée, & ne.forme point(un en-
femble avec lui ; tel eft le raport qui fe trouve
entre la çàufe & l’effet , entre l ’auteur & fon
ouvrage, entre Cérès & le b lé , entre le contenant
& le contenu , comme entre la bouteille & le vin :
au lieu que la liaifon qui fe trouve entre les
objets dans la Synecdoque, fuppofe que ces objets,
forment un enfemble, comme le Tout & la partie j
leur union n’eft point un fimple raport, elle eft
plus intérieure & plus indépendante. C ’eft ce qu’on(
peut remarquer dans les exemples de l’une & de
l’autrè de ces figures. Voye^ T rope.
[ ^ Il réfulte de tout ce qui précède que la
Synecdoque eft un Trope par lequel un mot, au
lieu de l ’idée de fa lignification primitive-, en
exprime une autre en vertu de la fubordinâtion qui
fait que l ’une eft comprife dans l ’autre. De là le
nom 2uvîx<rox.à , comprehenfio ,• parce que les deux
fens, dont l’un eft pris pour l ’autre , font liés l ’un à
l’ autre par fubordinâtion. '
On peut diftinguer deux elpèces générales de
fubordinâtion : l’une phyjique , qui naît de l’union
effencielle des idées dont les objets font coëxiftants
par nature dans un même T ou t; &• l ’autre catégorique,
que nous imaginons entre les idées abstraites
, & qui deviennent d’autant plus générales ,-
quelles font plus fimplifiées & applicables par là à
un plus grand nombre d’êtres.
I. De la Subordination phyfique viennent trois
efpèces de Synecdoque ,• celle de nombre , celle de
totalité, & celle de matière.
1. Il y a Synecdoque de nombre , quand on
emploie le pluriel avec relation à un feul indivi-
vldu. Nous voulons, dit le roi , en parlant de lui
feul. Vous voulez Aifons-nous au pluriel par poli-
î.efle, en parlant.à un feul.
Quand on emploie le-fingulier d’un nom ap-
p.ellatif, pour marquer au pluriel les individus de
l ’efpèce qu’il défigne. L ’homme efi prefque toujours
le jouet de Vefpérance, pour les hommes
font.
Quand on emploie un nombre déterminé pour
un nombre indéterminé-. Je vous T ai dit mille
f o i s , c’éft à dire , plufieurs fo i s indéterminé-
nient.
Quand ,on emploie un nombre ronc] pour un autre
nombre déterminé qui en aproche. Nous difons ,
La verfion dès Septante > quoiqu’elle foit l ’ouvrage
fie 74 interprètes.
2-. Il y a Synecdoque de totalité, quand on
attribue au Tout ce qui en effet fie peut convenir
qu’à une partie. Les femmes font inaiferètes. Les
jeunes gens font étourdis. Les vieillards fon t
. avares & fâcheux.
Quand on défigne le Tout par le nom d'une de
fes parties. Payer dcu\e francs par tête, au lieu
de par perfonne.
Quand on nomme le Général pour l’armee qu il
commande,. Céfar ravagea lès Gaules, pour l ’armée
de Céfar.
Quand on emploie l ’abftrait pour le concrets
Vopr& fainteté, votre majefié, votre haute/fit ,•
votre altejfe , votre éminence , votre .-eoepelience,
votre grandeur, votre révérence, an lieu .de vous,
félon la différence des, perfonnes .Ôf des dignités.
30. , 1 1 ,y a Synecdoque fie matière, quand on
nomme fimplement la matière pour les chofes qui
en font faites : le f e r , pour des armes! offenfives,*
les fe r s ,, pour les chaînes , ou pour la fervitude 3
le grand bronze, le moyen bron\e, le petit bron\e ,
pour les grandes, les moyennes , & les petites médailles
de bronze, &c.
II. De la Subordination catégorique naiffent trois
etjpèces de Synecdoque ,• celle de genre, celle Sef-
pèce.),'. & celle S individu.
1. Il y a Synecdoque de;genre, quand o_n emploie
le .nojm du genre pour ne, marquer qu’une
efpèce : les mortels pour les, hommes.
, 2.’ Il, y a Synecdoque Sefpèce , quand on fe
fért du nom d’une efpèce pour de ligner le genre :
i l n a pas de pain , pour dire , il n’a aucune des
chofes les plus néceffaires à la vie.
3. Il y a Synecdoque, à’individu quand on
emploie un nom appellatif 'pour un nom propre ,
ou au contraire un nom ^propre pour un nom appellatif;
ce que l ’on défigne plus communément
fous le nom d’Antonomafe. Voye\ ce mot. ) (M . B e a u zé e .) g
( N. J SYNECPHONÈSE , SYN CH RÊ SE ,
SYNÉRÈSE, & CRASE, ff.ff. Ce font autant de
mots employés parles anciens,pour défigner l ’efpèce
de Métaplafme par mutation , qui change le matériel.
du, mot en fefant une feule fyllabe de deux
voix confécutives qui fe prononçoient auparavant
en deux fyllabes.
Lorfque l’une des deux voix étoit entièrement,
fupprimée dans la prononciation , c’étoit une Sy-
neephonèfe ÿ, comme dans alvearia, fi, pour le
réduire à quatre fyllabes, on prononce alvaria ;
de rnême que nous difons Jan pour Jehan ou Jean.
SvvÉxcpomtr/« ,• de a-iîv, cuni r fie de Éxtpem«, enùn-
cio\, comme pour dire duarum fimul vocum
enunçiatio.
C ’étoit une Synérèfe , lorfque les deux voix
étoient confervées & fimplement fondues en une
diphthongue ; comme dans le mot latin cui, fi on
le prononce comme notre participe françois cuit.
2vva/pe<r/î ; de <n)v , cum, , & de «c/pî© , cap 10,
comme'pour dire, duarum’vocum complexio.