
Faut-il que l’ univers avec fureur confpîre
Contre le glorieux empire
Dont le féjour nous eft lï doux 2
M a r s .
Que dans ce beau féjour rien ne vous épouvante.
U n nouveau Mars rendra la France triomphante :
L e deftin de la guerre en fes mains eft remis 3
< Et fi j’augmente
Le nombre de fes ennemis ,
C’eft pour rendre fa gloire encor plus éclatante.
Le dieu de la valeur doit toujours l'animer.
V é n u s .
Vénus répand fur lui tout ce qui peut charmer.
M a r s .
Malheur, malheur à qui voudra contraindre
U n lî grand héros à s’armer 1
T ou t doit le craindre.
V é n u s .
Tou t doit l’aimer.
Dans le Prologue S A t y s , c'eft le Temps qui
fait cet éloge du même Roi.
En vain j’ai refpeâé la célèbre mémoire
Des héros des fiècles paffésj
C ’eft en vain que leurs noms, fi fameux dans l’Hiftoiré ,
Du fort des noms communs ont été difpenfes}
Nous voyons un héros dont la brillante gloire
Les a prefque tous effacés.
Dans le Prologue S I f i s , Neptune dit à la Re-
nommée :
Mon empire a fervi de théâtre à la guerre 5
Publiez des exploits nouveaux;
C'eft le même vainqueur fi fameux fur la terre
Qui triomphe encor fur les eaux.
Et la Renommée dit elle-même :
Ennemis de la p a ix , tremblez :
Vous le verrez bientôt ;courir à la. vi&oire;
Vos efforts redoublés
N e ferviront qu’à redoubler fi» gloire:
o P"? !le o ! 0lr gM ,de. - f roferpine, on voit la
fa ix & lcsPlainrs enchaînés dans l'antre de la Di£
corde.
L a P a i x .
Héros, dont la valeur étonne l ’ univers,
A h î quand briferez-vous nos fers î
La Difcorde nous tient ici fous fapuifiance ;
La barbare fe plaît à voir couler mes pleurs.
Soyez touché de nos malheurs 5
Vous êtes , dans nos maux , notre unique efpérance»
Héros, dont la valeur étonne l’univers ,
A h ! quand briferez-vous nos fers ?
L a D i s c o r d , e .
Soupirez , trille Paix, malheureufe captive ;
Gémiflez, & n'efpérez pas
Qu’un héros qiie j ’engage en de nouveaux combats.
Écoute votre voix plaintive.
Plus il moiflonne de lauriers.
Plus j offre de matière à fes travaux guerriers j.
J anime les vaincus d’une nouvelle audace,
J’oppofe, à la vive chaleur
De fon indomptable valeur ,
Mille fleuves profonds, cent.montagnes de glace.
La Viéloice , empreffée à conduire fes pas ,
Se prépare à voler aux plus lointains climats.
Plus il la fu it, plus il la trouve belle 3
Il oublie aifément pour elle
La Paix & fes plus doux appas . . .
L A y - I C T O I R E.
- Ven ez, aimable Paix, le vainqueur vous appelle î
La Victoire devient votre guide fidèle ;
Venez dans un heureux féjour.
Vous , Difcorde affreufe & cruelle ,
Portez fes fers à votre tour.
L a D i s c o r d e .
Orgueilleufe Vid o ire , eft-ce à tpi d’entreprendre
De mettre la Difcorde aux fers v
A quels honneurs, fans mo i, peux-tu jamais prétendre 2
L a V i c t o i r e .
Ah ! qu’ il eft beau de rendre
La Paix à l’ univers. î
L a D i s c o r d e .
Tes foins pour le vainqueur pouvoient plus loin s'étendre,
Que ne conduifois-tu le héros que tu fers ,
Où cent lauriers nouveaux lui font encore; offerts 2
La Gloire au bout du monde auroic été l ’attendre.
L a V i c t o i r e .
Ah ! qu’il eft beau de rendre
La Paix à l’univers !
Après avoir vaincu mille peuples divers
Quand on ne voit plus rien qui fe puifle défendre
A h ! qu’ il eft beau de fendre
La Paix à l’univers !
L a D i s c o r d e .
O cruel efclavage !
Je ne verrai donc plus de fang Sc de carnage ï
Ah t pour mon défefpoir faut-il que le vainqueur
A it triomphé de fon courage?
Faut-il qu’il ne laifle à ma rage
Rien à dévorer que mon coeur?
Dans le Prologue de P e r f é e , c’eft la Vertu &
la Fortune qui fe réconcilient en faveur de Louis
XIV.
L a F o r t u n e .
Effaçons du paffé la mémoire importune :
J ’ai toujours contre vous vainement combattu,
Un augufte héros ordonne à la Fortune
D ’être en paix avec la Vertu.
L a V e r t u .
Ah ! je le reconnois fans peine i
C'eft le héros qui calme l'univers.
L a F o r t u n e .
Lui feul pour vous pouvoir vaincre ma haîne :
Il vous révère, & je le fers.
Je l’aime conftamment , moi qui fuis fi légère :
Partout, fuivanc fes voeux, avec ardeur je cours, -
Vous paroiflfez toujours févère ,
Et vous êtes toujours
Ses plus chères amours.
L a V e r t u .
Mes biens brillent moins que les vôtres j
Vous trouvez tant de coeurs qui n'adorent que yous !
.Vous les enchantez prefque tous.
L a F o r t u n e .
Vous régnez ftir un coeur qui vaut feul tous les autres.
A h ! s’il m eut voulu fuivre, il eût tout furmonté 3'
Tou t trembloit, tout cédoit à l’ardeur qui l’anime:
C'eft vous, Vertu trop magnanime ,
C’ eft yous qui l ’avez arrête.
L a V e r t u .
Son grand coeur s’eft mieux fait connoître}
Il a fait fur lui-même un effort ^généreux.
Il veut rendre le monde heureux j
Il préfère, au bonheur d’en devenir le maître,
L a g lo ire de mo ntrer q u ’i l mérite d e l’ être,
( Enfemble. )
Sans celle combattons à qui fervira mieux
Ce héros glorieux.
Dans le Prologue de Pfraeton, c’eft le retour
de l ’âge d’or.
S a t u r n e .
Un héros qui mérite une gloire immortelle ,
Au féjour des humains ‘ aujoutdhui nous rappelle.
Le fiècle qui du monde a fait les plus beaux jours.
Do it fous fon règne heureux recommencer fon cours»
I l calme l’ univers, le ciel le favorife ;
Son augufte fang s’ éternife,:
I l voit combler les voeux par un héros naiflant 3
Tour doit être fenfible au plaifir qu’il relient.
L ’Envie en vain frémit de voir les biens qu’ il caufe»
Une heureufe paix eft la loi
Que ce vainqueur impofe :
Son tonnerre infpire l’ effroi,
Dans le temps même qu’ il repofe.
Dans le Prologue KArmide, c’eft la Gloire &
la Sagefle qui fe difputent à qui l ’aime le mieux*
L a G l o i r e .
Tout doit céder dans l’ univers
A l’augufte héros que j ’aime.
L ’ effort des ennemis, les glaces des hivers,
Les rochers , les fleuves , les mers ,
Rien n’arrête l’ardeur de fa valeur extrême.
L a S a g e s s e *
Tou t doit céder dans l'univers
A l’augufte héros que j’aime.
Il eft maître abfolu de cent peuples divers,
Et plus maître encor de lui-même.
( La même & fa fuite. )
Chantons la douceur de fes lois.
L a G l o i r e , & fa fu ite •
Chantons fes glorieux exploits.
( Enfemble. )
D ’une égale tendreffe
» Nous aimons le même vainqueur.
L a S a g e s s e .
Fière Gloire, c*eft vous . . .
L a G l o i r e .
C ’eft vous, douce Sageffe,
( Enfemble. )
C ’eft vous qui partagez avec moi fon grand coeur.
Qu’un vain défir de préférence
K 'altère point ' l’intçlli gejice
F f *