
lurlout quand ces noms nemarquoient ni unebonne ni une niauvaile qualité. Spanheim a ' traité avec
Beaucoup d'eiaétitude ce qurregarde les noms & les
Æ ÿ T T ’ dM r 9 “ a i1 s 1 -° « praß. & ujunumifm.
Les latins ont. été imités en cela par les autres
nations qui, outre l ’ordre numétal de fucceiîion,
qui etoit fuffifant pour diftinguer les princes, leur
ont de plus donné divers Surnoms pour les diftinguer
, tirés de quelque vertu ou aftion éclatante,
ou même de quelque qualité corporelle :
ainn , parmi nos rois, dans ceux-là feuls qui ont
porté le nom de P h ilipp e, nous trouvons Philippe
“ “ SuJie ou le conquérant , Philippe le hardi ,
Philippe le t e l, Philippe le lon g ; & dans ceux
du nqïn de Louis , Louis à* outremer, Louis le
débonnaire , Louis le gros, Louis le jeune , Louis
le.père du peuple, Louis le ju f i e , Louis le grand,
Louis le bien-aimé, &c. Dans l ’hiftoire d’Angleterre
, nous trouvons qu’Edgar fut furnommé le
paifible; Helred , le parejfeux ; Edmond , côte de
f ef i Harold, patte de lièvre ; Guillaume, le bâtard;
Henri, beauclerc; Jean, fans.terre; &c.
Mais les fils de ces princes n’adoptèrent point
ces noms : Cambden & autres trouvent étrange
que Plantagenet ait été le Surnom de la famille
royale d’Angleterre, jufqu’au roi Henri V I I ; &
Tydur ou Tudor, le Surnom des rois d’Angleterre
„ depuis Henri V I I jufqu’à Jâques I ;
Stuard -,'le Surnom des rois depuis- Jâques I juf-
qu’â Georges I ; Valois , le Surnom detla der-
mere race des rois de France ; Bourbon, le
Surnom de la famille régnante ; Oldembcurg,
le Surnom des rois de Danemarck; & Habjbourg\
Surnom de famille des empereurs de la Maiion.
d’Autriche.
Duchefne obferve que les Surnoms étoient
inconnus en France avant l ’année .987 , lorfque les
feigneürs commencèrent à prendre les noms de
leurs domaines. Cambden raporte que l ’dn commença
à les prendre en Angleterre un peu avant
la conquête qui fe fit fous le roi Édouard le con-
feffeur : mais i l ajoute que cette coutume ne fut
pas établie parfaitement parmi le commun du
peuple avant le règne d’Édouard II ; car jnfqu’alors
on ne prenoit que le nom de fon père : fi , par
exemple, le pere s’appeloit Richard, le fils prenoit
le nom d.e Richard fon , c’eft a dire , f ils de
Richard; mais depuis ce temps-là l’ufage des Sur-
noms fut établi , à ce que difent quelques auteurs
par un a été dû Parlement.
Les plus ancien s'Surnoms font ceux que l ’on
trouve dans le grand cadaftre ou terrier d’Angleterre
, & dont la plupart font des noms de-places
devant lefquelles on met la particule de : comme
Godefndus de Mannevilla, TValtérus de Ver-
non , Robert de Oyly, Scc.
D ’autres prenoient le nom de leurs pères, comme
Gulielmus filius Ofberni; d’au très , lé nom de leur
charges , comme Eudo Dapifer , Gulielmus Ca-
meraHus , Giflebertus Cocus, &c. Mais les fimples
particuliers ne prenoient que leurs noms de baptême,
fans y ajouter aucun Surnom.
En Suède , perfonne ne prit de Surnom avant
l ’année 15 14 ; & le commun du peuple n’en prend
point encore aujourdhui, non plus que les irlandois,
polonois , bohémiens, &c<
‘ Ceux du pays de Galles n’en prennent que depuis
peu , encore ne font - ils formés que par la lup-
preffion de Ya dans le mot a p , dont ils ajoutent
le p au nom de leur père : comme au lieu de dire
Evan ap R ic e , ils difent aujourdhui Evan P r ic e ,
&c.D
u Tillet foutient qu’originairement tous les Surnoms
furent donnés par forme de fobriquëts j & il
ajoute que tous ces Surnoms font fignificatifs &
intelligibles pour ceux qui entendent les anciens
diale êtes des différents pays.
La plupart des Surnoms anglois & ceux des
plus grandes familles , font des noms de terres de
Normandie , où avoient lents domaines ceux qui
paffèrent en Angleterre avec*Guillaume le conquérant
, & qui portèrent les premiers ces noms \
tels font les noms Mortimer ou Mortemart, JVar-
ren ou Varennes , Albigny ou Aubigny, P ie rcy ,
d’Évreux , Tankerville , N eu il, Montfort, &c„
I l ajoute qu’il n’y a pas un village en Normandie
qui n’ait donné le nom à quelque famille d’Angleterre.
Les autres Surnoms dérivent des places
d’Angleterre, comm é AJlon> Sutton y TVotton>
&c.
•Parmi les anciens faxons > les particuliers prenoient
le nom de baptême de leur père ou de leur
mère , en y ajoutant le mot fit\ .y plufieurs prenoient
le Surnom de leur métier, comme Jean
Maréchal y P a u l Charpentier , Jâques T ailleurs
François Tijferand, &c j d’autres , celui de leur
office, comme Portier y Cuifinier , Sommelier,
Berger, Charretier, &c ; d’autres, de leur com-
plexion , comme F a ir fa x , c’eft à dire, beaux-
cheveux y blond ou jaune ; d’autres , des noms
d’oifeaux, comme Roitelet, Pinfon , &c j d’autres,
des noms d’animaux, comme Mouton, Lièvre, Cerf y
&c ; d’autres , des noms de faints, &cf
En France les noms de famille font héréditaires,
tant pour les roturiers que pour les nobles j ceux-
ci feulement ajoutent un nombre au nom de baptême
qu’ils peuvept avoir commun avec leurs ancêtres
: ainfi , l ’on dit dans les généalogies, Jean
de Rochechouart, deuxième du nom; Charles de
Rohan- Guèmenée , troifième du nom : mais cette
dénomination numérale n’apartient qu’aux aînés des
Maifons. ( A K ON Y ME. )
SURPRENDRE , TROMPER , LEURRER ,
DUPER. Synonymes.
Faire donner dans le faux , eft l ’idée commune qui
rend fynonymes ces quatre mots. Mais Surprendre ,
c’eft y faire donner par adreffe, en faififfant la circonf*
tance de l ’inattention à diftinguer le vrai. Tromper,
c’eft y faire donner par déguifoment, en donnant
au faux l ’air & la figure du vrai. Leurrer, c’eft y
faire donner par l ’appât de i ’efpérance, en le
fefant briller comme quelque choie de très- avantageux.
Duper y c’eft: y faire donner par habileté ,
en fefant ufage de fes connoiflances aux dépens de
ceux qui n’en ont pas ou qui en ont moins..
Il femble que Surprendre marque plus particulièrement
quelque chofe qui induit l ’elprit en erreur
J que Tromper dife nettëment quelque chofe
qui blefle la probité ou la fidélité ; que Leurrer
exprime quelque chofe qui attaque diredtement
l ’attente ou le défir ; que Duper ait proprement
pour objet les chofes où il eft quèftion d’intérêt & de
profit.
Il eft difficile que la religion du prince ne foit
pas furprife par l’un ou l ’autre des partis , lorsqu’il
y en a plufieurs dans fes États. Il y a des
gens à qui la vérité eft odieufo j il faut neceflai-
rement les tromper pour leur plaire. L’art des
Grands eft de leurrer les petits par des promeffes
magnifiques j & l ’art des petits eft de duper les
Grands dans les chofes que ceux-ci commettent à
leurs foins. ( L ’abbé GlRARD. )
(N .) S U R P R I S E , É T O N N E M E N T ,
A D M I R A T IO N . Synonymes.
Ces trois mots expriment une fituation extraordinaire
de l ’âme j qui tient communément à un.défaut
de connoiffance \ c’eft en quoi ils font fynonymes :
voici en quoi ils diffèrent.
Ce qui eft imprévu, caufe de la Surprife. Ce
qui n’eft ou ne paroît. pas conforme au cours ordinaire,
caufe de Y Étonnement. Ce qui, dans 1 un
ou l’autre cas , excite en nous une idée forte de
grandeur ou de perfedlion , caufe de Y Admiration.
La Surprife fufpend tout à coup le cours des
opérations naturelles de l ’âme j c’eft un mouvement
fubit, mais peu durable « bientôt remplacé par la
joie ou la triftefTe, par le défir ou la crainte, par
l ’amour ou l ’averfion , ou même par l ’apathie ,
félon les circonftances. L ’Étonnement abforbe ,
pour ainfi dire , les facultés de l’âme , dont i l bou-
leverfe les idées : ce n’eft pas un fimple mouvement
; c?eft un état qui peut être plus ou moins
durable, & produire le doute , l ’incertitude , la Ferplexité. U Admiration naît de la manière dont
efprit envifage l’objet, & c’ eft une efpèce d’hôm-
mage qu’i l rend à la grandeur & aux perfections
qu’il croit apercevoir ; fi ce mérite de l’objet n’eft
qu’aparent, Y Admiration s-’évanouït par la réflexion
5 s’il eft réel , Y Admiration dure & fe
foutient ; fi l ’examen y fait remarquer des perfections
qu’ on n’y avoit pas aperçues, Y Admiration
augmente & fe fortifie.
Les plaies dont Moïfe frapa l ’Égypte , causèrent a cette nation une cruelle Surprife :■ les preftiges
que les magiciens de Pharaon opposèrent aux
miracles de Moïfe datèrent d’abord les ifraélites
dans Y Étonnement ; mais la mort des premiers-
nés de l ’Égypte & le paflage miraculeux de la mer
rouge, les firent bientôt paffer dë 1 Étonnement
à une Admiration religieufe , qui infpira a leur
conduCteur ce cantique fublime, fi.digne lui-meme
de Y Admiration de tous les peuples & de tous les
fiècles. .
Dans les écrivains qui n’ont que de 1efprit, vous
êtes étonné à chaque pas que vous faites avec .eux ;
mais vous ne lés devinez jamais : ils vous furpren-
nent, mais ils ne fe font point admirer. ^ ■
Ma fortune alloit-être entièrement renverfee ,
faute d’une fomme , qu’il falloit payer & que je
n’avois pas ; Arifte parut au moment que je m’y
attendois le moins & m’offrit cette fomme^ : j en
fus furpris , parce que je ne le croyois pas inftruit
de ma fituation j mais je n’en fus point étonné,
parce que je ne vis dans ce procédé que la marche
ordinaire de fon amitié pour moi ; j admirai^ cependant
la grandeur & la nobleffe de fa genérofite.
( M. B e a ü ZÉE. )
(N .) SUSPENSIF, V E , adj. ( Rhétorique).
Qui fort à tenir l ’efprit en fufpens. Le trait qui
eft amené par un tour fu fpen fif a bien un antre
effet, que s’il fe préfentoit fimplement & fans apret.
Voyez-en la preuve dans les exemples de 1 article
fuivant. (M .B e a ü z é e ..)
( N. ) SUSPENSION , f. f. Figure de penfe'e
par dèvelopement , qui c-onfifte à tenir long temps
en fufpens ceux à qui l’on parle, & a. Te^ fur-
prendre enfuite par quelque chofe qu’ils n atten-
doient pas ou qu’ils n’avoient pas même lieu d’attendre
: tour heureux, qui fait du trait final comme
un foyer , où fe réunifient les rayons de lumière
qui partent de tous les objets précédents.
La Sufpenfion naît quelquefois de la fimple
ftrudure du difoours , où une conglobation de
phrafes incomplètes , & par là indéterminées, force
l ’elprit d’attendre, la fin pour être décidé fur le fens
total. En voici un exemple, tiré des Entretiens f o -*
litaires de Brébeuf, qui parle a Dieu :
Les ombres de la nuit à la clarté du jour ,
Les tranfports de la rage aux douceurs de 1 amour ,
A l’étroite amitié la difcordc ou l’envie,
Le plus bruyaut orage au calme le plus doux ,
La douleur au plaifir , le trépas à la vie,
Sont bien moins oppofés que le pécheur à vous.
Quelquefois, après avoir) débuté par une annonce
ui fait attendre une conclufion, on en tire une
utre fort éloignée de celle quon attendoit. T e l
ft , dans la tragédie de Cinna ( V . ï ) > Ie oif"
ours d’Augufte à ce romain , lorlqu’il lui deplare
[u’il eft inftruit de fes projets contre fa perfonne :
1 commence par exiger de lui un filence abfolu
ufqu’à ce qu’il ait achevé tout ce qu’il préte?d
ni dire r nuis il lui rappelle tous les bienfaits