
quem , qui difcipulos mandoit à fes difciples
obfcurare quae dicerent de rendre obfcurs leurs
juberet , groeco verbo difcours , ufant pour cela
utens <nco"Uv : unde illà <}a ™ot g re,c, ™ Vov :
„ . de là cet eloge merfcilicet
egregia laudatio , vciüeuXj Tanf mîeuX)
Tantomelior, neque ego » ny ai rjen entendu
quidem intellexL | moi-même.
I l y a apparence que ce maître auroit fort
applaudi l ’orateur de la fainte chapelle ; mais nous
exhortons les modernes à s’en rendre indignes,
o Vous voulez , Acis , me dire qu’i l fait froid j
» que ne difiez-vous, I l fu it froid} Vous voulez
» m’aprendre qu’il pleut ou qu’il neige ; dites,
» I l p leu t, il neige '. Vous me trouvez bon vifage,
» & vous défirez de m’en féliciter ; dites , Je vous
» trouve bon vifage. Mais répondez - vous, cela
» eft bien uni & bien clair ; d’ailleurs qui ne
» pourroit pas en dire autant ? .Qu^mporte , Acis ?
» eft- ce un fi. grand mal d’ être entendu quand on
» parle, & de parler comme tout^ le monde ?
» Une chofe vous manque, A c is , a vous & a
» vos femblables les difeurs de Phébus ; vous ne
» vous en défiez pôint, & je vais vous jeter dans
» l ’étonnement ; une chofe vous manque, c eft
» l ’efprit : ce n’eft pas tout; il y a en vous
» une chofe de trop, qui eft l ’opinion d en avoir >
» plus que les antres : .voilà la fource de votre
» pompeux Galimathias , . de vos phrafes em-
» -brouillées , & de vos grands mots qui ne fignifient
» rien ». Caracl. de la Bruyère, chapitre v,.
( M. B e a u z é e . )
PHÉRÉCRATE ou PHÉRÉCRATIEN , adj.
Belles - Lettres. On caraétérife ainfi , dans 1 ancienne
Poéfie , une forte dé vers compofe de trois
pieds , favoir d’un daéiÿle entre deux fpondees ;
comme
Çras do nüberïs hcedo.
F e jfs vomere
On conjecture que ce nom lui vient de Phéréçrate,
fon inventeur. ( AnàNYME. )
P H R A S E , f. f. C’eft un mot grec francifé;
q fai<ris , locutio ; de . <pp«Ç«, loquor* Une Phrafe
eft une manière de parler quelconque , & c’eft par
un abus que l’on doit prolcrire, que les rudiment
taires ont confondu ce mot avez Propofition ; eh
voici la preuve. Legi tuas Hueras^, litteras
tuas legi , tuas legi litteras; c’eft toujours la
même propofition , parce que c’eft toujours- Tex-
preflion de l ’exiftence intellectuelle du même fujet
.fous le même attribut : cependant il y a trois Phrafes
différentes , parce que cette propofition eft énoncée
.en trois manières différentes. • '
AulTi les qualités bonnes ou mauvaifes de la
Phrafe font-elles bien différentes de celles de la
propofition. Une Phrafe eft bonne ou mauvaife ,
félon que les mots dont e lle réfulte font affem-
hlés, terminés, & eonftruits d’après ou cpntre les
règles établies par l ’iafàge de la langue : unepro*
pofition au contraire eû bonne ou mauvaife , félon
qu’elle eft conforme ou non -aux principes immuables
de la Morale. Une Phrafe eû. coneCte ou
incorrecte , claire ou obfcure, élégante ou commune
, fimple ou figurée , &c ; une propofition
ell vraie ou faulfe, honnête ou deshonnete, jufte
ou injufte , pieufe ou fcandaleufe , &c , fi^ on
l ’envilage par raport à la matière ; & fi on 1 en-
vifage dans le difcours, elle eft direCtc ou indirecte
, principale ou incidente , &c. Voye\ Propo-
j SITION.
Une Phrafe eft donc tout aflemblage dé mots
réunis pour l ’expreflïon d’une idée quelconque : Sc
comme la même idée peut être exprimée par différents
affemblages de mots, elle peut etre rendue
par 'des Phrafes toutes différentes. Contra Ita -
liam , eft une Phrafe fimple ; Italiam contra j
eft une Phrafe figurée. A io te y Æacida , ro-
manos vincere pojfe, eft une Phrafe louche , arm>
biguë, amphibologique , obfcure ; te Romani
vincere po jfunt, eft une Phrafe claire & precife ;
Chanter très - bien , eft une P h r a f e correCte,
Chanter des mieux y eft une Phrafe incorrecte.
« Cette façon de parler , dit Thomas Corneille
fur la Remarque i z 6 de Vaugelas, » n’eft point
» reçue parmi ceux qui ont quelque foin d écrire
» correctement ».
« Il eft indubitable, dit Vaugelas ( Remarq.
préf. §, ixy pag. 6 4 ) , » que chaque langue a fes
» Phrajes, & que Teffence, la richeffe, & la
» beauté de toutes les langues & de l’ élocution con.
» fiftent principalement a fe fervit de ces Plirafes-
» là. Ce n’eft pas qu’on n’en puiffe faire quexque-
» fois . . . .a u lieu qu’il n’eft jamais permis de
» faire des mots : mais il y faut bien des precau-
» tiens , entre lefquelles celle-ci eft la principale >
» que ce ne foit pas quand l’autre Phrafe qui
» eft en ufage approche fort de celle que vous
il inventez. Par exemple, on dit d’ordinaire, Lever
» les ieux au ciel . . . c’eft parler François de
» parler ainfi : néanmoins, comme (quelques ecri-
» vains modernes ) croient qu’il eft toujours vrai
» que ce qui eft'bien dit d’une façon neft pas
» mauvais de l’autre , ils trouvent bon de dire ,
» ÈUyer les ieux. vers le ciel y & penfent enrichir
» notre langue d’une nouvelle Phrafe. Mais au
» lieu de 1 enrichir , ils la corrompent j car fon
» génie veut que l’ondife leve\, & non pas eleve^
» les ieux ; au ciel y & non pas vers le ciel. Ils
» s’écrient encore que, ,fi nous en fommes crus ,
» Dieu ne fera plus fupplié’ , mais feulement prié.
» Je foutiens avec tous ceux qui favent notre lan-
» gue, que fupplier Dieu n’eft point parler fran-
» çois, & qu’il faut dire abfolument prier Dieu ,
» fans s’amufer à raifonner contre l ’ufage qui le
» veut ainfi. Quitter Venvie pour perdre Venvie ,
» ne vaut rien non plus . . . Mais pour ^fortifier
» encore ce'tte vérité , qu’il n’eft: pas permis^ de
» faire ainfi des Phrafes y je n’en alléguerai qu’une,
» qui eft que l ’on dit Abonder en Jon f e u s , &
» non pas Abonder en fon fentiment, quoique fens
.t) & fentiment ne foient ici qu’une même chofe j I
» 8c ainfi d’une infinité d’autres, ou plus tôt de
» toute la langue , dont on faperoit les fondements,
» fi cette façon de l’enrichir étoit recevable. Qu’011
» ne m’allègue pas , dit ailleurs Vaugelas
» ( Remarq. 12.5 ) } qu’aux langues vivantes non
» plus qu’aux mortes , il n’eft pas permis d’inventer
» de . nouvelles façons de parler , & qu’il faut
» fuivre celles que i’ufage a établies j car cela ne
» s’entend que des mots . • . Mais il n’en eft pas
» ainfi d’une Phrafe entière , qui , étant toute
» compofée de mots connus & entendus, peut
» être toute nouvelle & néanmoins fort intelli-
» gible Y de forte qu’un excellent & judicieux écri-
» vain peut inventer de nouvelles façons de parler
» qui feront reçues d’abord , pourvu qu’il y aporte
» toutes les circonftances requifes, c’eft à dire, un
» grand jugement à compofer la Phrafe claire &
» élégante , la douceur que demande l ’oreille , &
» qü on en ufe fobrement & avec diferétion ».
Qu’il me,foit permis de faire quelques obferva-
tions dur ce que dit ici Vaugelas. « Un excel-
» lent & judicieux écrivain peut inventer , d it-il,
» de nouvelles façons de parler qui feront reçues
» d’abord , pourvu qu il y aporte toutes les
» circonjlances requifes ». Il me femble qu’<rz- 1
porter les circonjlances requifes, n’eft point une
Phrafe françoife j on aporte les attentions requifes
, on prend les précautions requifes , mais on
eft dans les. circonftances requifes , ou on les attend
•, d’ailleurs un grand jugement, & la douceur
que demande Voreille, ne peuvent pas être
regardés comme des circonftances, & moins encore
comme circonftances d’un même objet. Vaugelas
njoiîte , ' & qu’ on en ufe fobrement; ç’ eft une
Phrafe louche : on ne fait s’il faut ufer' fobrement
d’un grand jugement, ou de la douceur que demande
Tore ille , ou d’une Phrafe nouvellement inventée, I
ou du pouvoir d’en inventer de nouvelles. Il paroît,
par le fens , que c’eft fur ce dernier article que
tombent les mots ufeiy fobrement ; mais par là
même , la Phrafe , outre le vice que je viens d’y
reprendre , eft encore eftropiée. a On dit qu’une
» Phrafe eft eftropiée quand i l y manque quel-
» que chofe , & qu’elle n’a pas toute l ’étendue
» qu’elle devroit avoir » .( Bouhouis , Remarq.
710uv. tom. 11 , pag. %9 ) : or i l manque à la
Phrafe de Vaugelas le nom auquel il raporte ces
mots, qu’ on en ufe fobrement, je veux dire le pouvoir
d’inventer de nouvelles Phrafes.
On fent bien que s’il y a quelque, chofe de
permis à cet égard , c’eft. furtout dans le fens figuré,
par lequel on peut quelquefois introduire avec
iuccès dans le langage un tour extraordinaire, ou
une âffodation des termes dont on n’a pas encore
Fait ufagë jtifques là. Mais , N je l ’ai dit ( article ‘
N éologisme) , i l faut être fondé fur un befoin
réel ou très - aparent,' f i forte necejfe eft ; 8c
dans ce cas là même il faut être très-circônfpeéf
& agir avec retenue, dabitur licentia fumptaprü*
denter»
« Parler par Phrafes , dit le P. Bouhours
( Remarq. nouv. tom. 11 , pag. 4 16 ) , »c’eft quitter
» une expreflîon courte & fimple qui fe préfente
» elle-même, pour en prendre une plus étendue
» & moins naturelle, qui a je ne fais, quoi de
» faftueux . . .. Un, écrivain' qui aime ce qu’on
» appelle Phrafes . . . ne dira pas. . . S i vous
\> javie\ vous contenir dans de juftes bornes ,
» mais il dira, S i vous avie\ fo in de retenir les
» mouvements de votre efprit dans les bornes
» d’ une ju jle modération.. ..Rien n’eft plus oppofé
.» à la pureté de notrelangue que ce ftyle ». Et-c’eft
ordinairement le ftyle que les jeunes gens rempoï-
tent du collège , où , au lieu de preferire des règles
utiles à la fécondité naturelle de leur âge , on
leur donne quelquefois des fecours & des motifs
pour l ’augmenter ; ce qui ne manque pas de produire
les effets les plus contraires au but que Ton
devoit fepropofer, & que Ton fe propofoit peut-être.
On emploie quelquefois le mot'de Phrafe dans Un fens plus général qu’on n’a vu jufqu’i c i , pour
défigner le géhie particulier d’une langue dans
Texpreffion des penlées. C’eft dans ce fens que l ’on
dit que la Phrafe hébraïque a de l ’énergie; la
Phrafe grèque , de l’harmonie <; la Phrafe latine ,
de la majefté ; la Phrafe françoife , de la clarté
& dé la naïveté, &c. . Et c’eft dans la viîe d’accoutumer
les- jeunes gens au tour & au génies de
la Phrafe latine ainfi entendue , que Ton a fait
des recueils de Phrafes détachées, extraites des
auteurs latins & raportées à certains titres généraux
du .fyftême grammatical qu’avoient adopté
les compilateurs : tels font l ’ouvrage du cardiual
Adrien, De modis latine loquendi; un autre-
plus moderne , répandu dans les collèges de certaines
provinces , Les délices de la langue- latine
celui de Mercier, intitulé Le Manuel des grammairiens
, '&c. Ce font autant de moyens média-
niques laborieufement préparés pour ne faire fou-
vent que des imitateurs ferviles & maladroits. I l
n’y a qu’une lecture aflîdùe ,. fuivie , & raifonnée
des bons auteurs, qui puiffe mettre fur' les voie s ,
d’nne bonne imitation. ( M . B e a u z ÉE. )
PIÈCE , f f. Littérature. Dans la Poéfie dra »
matique , c’eft le nom qu’on donne à la fable d’une
tragédie ou d’une comédie, ou à Taétion. q.u’ 011 y repréfente. Foye£ F able & A ction.
Chambers ajoute que ce mot fe prend plus
particulièrement pour fignifier.le noeud ou Y intrigue
qui fait la difficulté & l ’embarras d’un poème dramatique.
Cette acception du mot Pièce peut
avoir lieu en Angleterre ; mais elle n’eft pas reçue
parmi nous. Par P iè ce, nous entendons le Poème
dramatique tout entier ; & nous comprenons les.
tragédies , les comédies, les opéra , même les
opéra comiques, fous le nom générique de Pièces
de Théâtre. Depuis Corneille & Racine, nous
avons peu d’excellentes Pièces.
Qn appelle auffi Pièces de Poéfie certains ou-.