
59* U que 1 empereur Claude voulut introduire dans Tal*
phabet romain , pour être le ligne non équivoque
de cette articulation, ell une preuve de l ’ana-
logie qu*îl y avoit entre celle-là & celle qui eft
iepréfentée par F ( Voye\ P ) . Une autre preuve
que cette articulation eft en effet dé Tordre des
labiales , c’eft que l ’on trouve quelquefois F
pour B , velli pour beth, Danuvius pour Danubius.
En prenant 1 alphabet latin, nos pères n’y trouvèrent
que la lettre U pour voyelle & pour çon-
fonnej & cette équivoque a fubfîfté long temps
dans notre écriture: la révolution qui a amené la
ùiftinétion entre la v o y e lle . U ou. u & „ la icba-
fonne V ou v , eft fî peu ancienneque nos Di.cr
tionnâires mettent ' encore enfemble les ' mots qui
commencent par U$c par F , ou dont la-^différencé
commence par Tune de ces deux lettres;, ainfî, Ton;
trouve de fuite, dans nos Vocabulaires ,. utilité
vue , uvée ,* ou bien augment avant le mot
avide j celui - ci avant aulique, aulique avant
le mot a v o c a t&e. C ’eft un refte d'abus dont je
me fuis déjà plaint en parlant de la lettre I , Sc
dont j.efpere qu'il ne reliera aucune- trace dans
la prochaine, édition du Dictionnaire de TAcadé-
mie, comme i l n’en reste, aucune dans ^celui-ci. ;
Wé f. m. C’eft, d'après cette corré&îon, la vingt-
unième lettre de l'alphabet françois, & la cinquième
voyelle. L a valeur propre de ce caractère eft de
reprefenter ce fbn fourd & confiant qui exige le ra-
prochement des 'lèvres & leur projeélion enMehors,
& que les grecs appeloient upjîlon.
Communément nous ne repréfentons eu François-
le fon u que par cette voyelle , excepté dans quelques
mots , comme j’ai eu , tu eus, que vous euf-
fie'î ? ils e«rent, Ewftache : heureux., fé prononçait
hureux , i l n’y a pas long temps, puifque
l ’aBbé Régnier & le P. Buffier le. difent èxpref-
fément dans leurs Grammaires fraaçoifes | & que
le Dictionnaire de l ’Académie Ta indique de meme
dans fes premières éditions ; l ’ufage préfent eft
de prononcer le même fon dans les deux fyllabes,
heureux.
Nous employons quelquefois u (ans le prononcer,
apres les confonnes c & g , quand nous voulons
leur donner une valejir gutturale ; comme dans
éueuillir, que plufieurs-Icrivent cueillir, & que
tout le monde prononce keuillir} figue, prodigue,
.qui fe prononcent bien autrement que f ig e , prodige,
par la feule raifon de l’a , qui du refte eftabfo-
lument muet.
I l eft aufli prefque toujours muet après la lettre q;
comme dans qualité, querelle , marqué, marquis ,
quolibet, queue , Scc , que Ton prononce ka lité ,
kerelle, marké, markis,, kolibet., keue.
Hors ces mots , la lettre u fait diphthorigue avec
V i qui fuit; comme dans lui , cuit, induire, muid,
p u i s , fuivre, &c.
Dans quelques mots qui nous viennent du* latin ,
Ü N C
u eft le /igné du fon que nous repréféntons aÏÏIéu&
par ou ,• comme dans équateur, aquatique, qUafm
drattire, quadragéfime, que Ton prononce éjdonateur,.
akouatike , kouadrature, kouadragéÇime
conformément à la prononciation que nous don*
Bons aux mots latins oequator, aqua,quadrum
quadragefimus*. Cependant lorfque la voyelle I
vient après qit, l’a reprend fa. valeur naturelle dans
les mots de pareille origine ;. & nous difons,. par
exempler kuinkouagéfime pour quinquagéfime, de
même que nous difons kuinkouagéfimus pour quin-
quagefimus. ( M. R e au zé e . ),
U N L IA L E S y adj; £ pl. A'ntiq, Les' antiquaires
donnoient cette’ épithète a certaines lettres,
ou grands caraélères dont on fè fervoït''autrefois.
’ pour faire des inferiptions & des épitaphes : on
les. nqmmoit en latin litterce unciales Ce; mot
vient ftuncia, qui étbit la douzième partie d’un
T out, & qui en mefure géométrique valoit la-
douzième partie d’un pied ou un pouce; & telle
étoit la groffçuc de ces lettres.-(Le chevalier DE
J AU COURT. );
U N I, PLAIN. S y non. Ce qui e R'uni ri eft pas-
raboteux. Ce qui. eft élévation. plain n’a ni enfoncement ni
Le marbre lé plus «ni eft le plus beau. Un pays,
où il n’y a ni montagnes ni vallées ,, eft 'un pays-
plain. ( Vabbé Girard. )>
U N IO N , JO N C TIO N . Synonymes. UJThiom regarde particulièrement deux différentes chofes
qui. fe trouvent bien enfemble. La Jonction regarde
lp’ruonper eamupernèts ddeeu xl ’achuotrfee.s él*oignées qui fe raprochent
Le mot d'Union enferme une idée d’accord ou de
mcoznfrvcehnea onuce u. nC‘ melouuiv deem Jeonnt.ction femble fuppofer une
On. dit T Union des çouleurs, &,la Jonction des
armées ; T Union de deux voiftns , & la Jonctiori.de. deux rivières.
Ce qui n’ell pas uni eft divifé. Ce qui, n’eft pas
joint eft féparé.
On s unit pour former des corps dé fociété.
On fe joint pour fe - raffembler &. n’être pas
feuls. j ; •
Union s’emploie fouvent au figuré; mais on
ne fe fert de Jonction que. dans le iens littéral.
L’Unionfoutient les ramilles & fait lapuiffance
des États. La Joriction dés ruiffeaux forme lés grands
fleuves. ( Uabbé Girard. ),
U N IQ U E , SEUL. Synonymes. Une cHofe
eft unique-, lorfqu’il n’y en a point d’autre de la.
même efpèce; Elle eft feule ,. lbrfqu’elle n’eft pas
accompagnée.
Un enfant qui n’a ni frères ni' fdéurs', eftifnivué.
Un homme abandonné de tout le monde , refte
ftu L '
U N I
Rien n'eft plus rare que ce:qui eft unique. Rieu
n’eft plus ennuyant que d être toujours feul. ( U abbé
G i r a r d . )
J’obferverai qu’i l y a des oecafions où le mot
Unique fe peut joindre à un pluriel, quoiqu’il
femble exclure la pluralité. Molière, dans fa comédie
des Fâcheux , fait dire plaifamment à un-
joueur ;
Je croyois bien du moins faire deux points uniques.
(L e chevalier d e J AU c o u r t . )
UNITÉ , B elle s-Lettres. Qualité qui fait qu’un
ouvragé'eft partout égal & foutenu. Horace , dans
fon Ar t poétique , veut que l ’ouvrage foit un :
V civique f it quodvis fimplex duntaxat & ununx.
Et Defprèaux a rendu ce précepte par celui-ci:
Il faut que chaque chofe y foit mife en fon lieu »
^Que le début, la. fin , répondent au milieu.
Ar tpo ét. chant, j . ...
I l n^y a: point d’ouvrage d’e/prit, de quelque
étendue qu’on le fuppofe, qui ne foit fujet a cette
règle. L ’auteur d’une ode n’eft pas moins oblige
de fe feutenir, que celui d’une tragédie ou d’un
poème épique ; & s’il y manque ,, on excufe moins
aifément ce défaut dans un petit ouvrage que dans
un grand. Cette Unité confifte à dittinguer un
ordre général dans la matière qu’on traite , & a
établir un point fixe auquel tout puiffe fe raporter.
' C’eft l ’art d’affortir les diverfes parties d’un ouvrage
,. de né choifi-r que le néceffaire de réjeter
le luperflu , de favoir a propos facrifier quelques
beautés pour en placer d’autres qui feront plus en
jour , d’éclaircir les vérités les unes par les autres y
& de s’avancer infenfiblement de degré^s en degres
vers le but qu’on fe propofe. Enfin 1 Unité eft ,.
dans les arts d’imitation, ce que font 1 ordre &
la méthode dans les hautes fciences, telles que la
Philofophie, les Mathématiques -, Oc. L a fcience r
Térudition , lès penféss les plus nobles, Télocu-
tion la plus fleurie font des matériaux propres a
produire de grands effets : cependant fi la raifon
n’en règle Tordre & la diftribution , fi elle ne
marque à chacune de ces chofes le rang qu’elle
doit tenir fi elle ,ne les enchaîne avec julteffe ;
i l ne réfulte de leur amas qu’un chaos dont chaque
partie prife en foi peut être excellente,,
quoique Taffortîment en foit monftrueux. Cette
Unité,, néceffaire dans les ouvrages d’efprit, loin
d’être incompatible avec la variété, fert au .contraire
à la produire par le choix & la diftribution
fenfée des ornements. Tout le commencement de
Y Ar t poétique d’Horace eft .confacré à préfcrire
eette Unité, que les Modernes ont encore mieux
connue & mieux obfervée que les Anciens.
Unité, d'ans la Poéfie dramatique, eft une règle
U N I 593
qu7ont établie les Critiques , par laquelle on doit
obferver dans tout drame une Unité d action , une
Unité rie temps, & une Unité de lieu : c eft ce
que Defpréaux a exprimé par ces deux vers ;
Qu’en un lieû , qu’en- un jour, un feul fait accompli
Tienne j.ufqu’à la-fin le théâtre rempli»
A r t poétique. ch. iij.»
C’eft ce qu’on' appelle la Règle de* trois Unités,
fur lefauelles Corneille a fait un excellent drfcours
dont nous emprunterons en partie ce que nous allons-
dire i c i , pour en- donner au leéfeeur une idee fuffrfente.
* i a- u-
Ces trois Unités font communes a la 1 ragédi&
& à la Comédie ; mais dans le Poème épique, la.
grande & prefque la feule Unité eft celle d’aflion,
A la vérité, on doit y avoir quelque égard à 1 l/nàé^
des. temps ; mais il n’y eft pas queftion de YUnité
de lieu. V Unité de caractère n’eft pas du nombre
des dont nous parlons ici. V o y t \ Carac-
T È i tE . ( Beaux Arts. ) . „
I. U Unité d’aétion confifte en ce que la lr a -
o-édié ne roule que fur une action principale S&
fimple, autant qu’il fe peut : nous ajoutons cette
• exception; car U n’eft pas toujours d’une neceiiitfr
abfolue que cela foit ainfi ; & pour mieux entendre
ce c i, il eft à propos de diftmguer avec les.
Anciens deux fortes de fujets propres à la Tragédie
, favoir , le fujet fimple & le fujet mixte ou.
compofé. Le premier eft celui- qui , étant un &
I continué, s’achève fans un manifefte changement
au contraire de ce qu’on attendoit, & fans aucune
reconnorffance. Le (ujet mixte ou compote eft celui-
qui s’achemine à fa fin avec quelque changement
oppofé à ce qu’on attendoit, ou quelque recon-
noiffance , ou toits deux enfemble. Telles font le»
définitions qn’en donne Corneille, d’aptès Ariftote.
Quoique le fujet fimple puilTe admettre un incident
confidérable , qu’on nomme Êpifode, pourvu
que cet incident ait un raport dirêéfc & necenaire
avec l ’ aérion principale , & que le fujet mixte, qui
' par lui-même eft allez intrigué, n’ait pas befoioe
de cefecours pour fefoutenir; cependant dans 1 un,
& dans l ’autre l ’aftion doit être une & continue ,,
parce qu’en la divifànt, on diviferoit & Ion affoi—
bliroit néceffairement l ’intérêt & les impreifions,
que la Tragédie fe propofe d’exciter. L ’art confifte
donc à n’avoir en vue -qu une feule & même
aftion , foit que le fujet foit fimple , foit qu’i l
; foit compofé ; à ne la pas furcharger d’incidents p
à n’v ajouter aucun épifode qui ne foit naturellement
lié avec l ’aûion ; rien n’étant fi contraire
à la vraifemblance, que de vouloir réunir & raporter
à une même aftion un grand nombre d’itf-
cidents qui pourroient à peine arriver en plufieurs
femainés- u C ’eft par la beaute des [entimenrs , pan
». la violence des paffions , par l ’élégance des ex-
■ » prenions, dit Racine, dans fe préface de Be~
» rénice, que l ’on, doit fimtenir la fimplicité ci'irne