
ehvlfager : dilpofition , comme dans encourager,
endormir, engrojjer , enhardir , enrichir, enj'an-
glanter, enivrer. Lorfque le mot fimple commence
par une des labiales h , p ou m , la Particule En
devient Em; embaumer, empaler , emmaillotter :
& rabréviateur de Richelet, l ’abbé Gouget , pèche
contre l ’ufage & contre l ’analogie, loriqu’i l écrit
enmaillotter, enmancher, enménager, enmener.
Zra eft une P articule qui a dans notre langue -,
ainfi qu’elle avoit en latin, deux ufages très-différents.
i°. Elle conferve en plulîeurs mots le fens
de la prépofition latine zn, ou dé notre Particule françoife en ., & par conféquent elle marque pofi-
tion ou difpcfîtion : pofition , comme incarnation
, infufer, ingrédient, inhumation , initier,
inoculation , infcrire, intrus, invafion ; difpofi-
tion , comme inciter , induire , influence, z>z-
nover, inquifition, injigne, intention , înver-
fion. In & ii/z ont tellement le même fens , quand
on les confidère comme venus de la prépofition ,
que l’ufage les partage quelquefois entre des mots
limples qui. ont une même origine & un même
fens individuel , & qui ne diffèrent que par le Cens
fpécifique : inclination, enclin ; inflammation ,
enflammer ; injonction, enjoindre ; intonation ,
entonner. z°. In eft fouvent une Particule privative
, qui marqtie l’abfence de l’idée individuelle
énoncée par le mot fimple : inanimé fmconfiant,
indocile , in ég a l, infortuné, ingrat, inhumain ,
inhumanité, inique , injufîice , innombrable ,
in o ü i, inquiet, inféparable , intolérance, involontaire
, inutile. Quel que puiffe être le fens de
cette Particule , on en change la finale n en m
devant les mots fimples qui commencent par une
des labiales £ , p ou. m ; imbiber, - imbu , imbécile
, impétueux , impofer, impénitence | im-
merfeon , imminent, immodefle : n fe change en l devant L, & en r devant r; illuminer, illicite, irruption
j irradiation, irrévérent.
M é ou M/j eft la même Particule dont l’Euphonie
fupprime fouvent la finale j- : elle eft privative
, mais dans un fens moral, & marque quelque
chofe de mauvais, le mai n’étant que l’ab-
ience ou la privation du bien.'‘"L’abbé Reo-nler
( page 562 , z'/z-iz , ou , in - s f ) ., a
donné la lifte de tous les mots compofés de cette
Pa r ticule, ufités de fon temps , & il écrit Mej
partout, foit que l ’on prononce ou que l ’on ne
prononce pas ƒ : en voici une autre un peu différente
j je n’ai écrit ƒ que dans les mots ou cette
lettre fe prononce, & c’eft lorfque le mot fimple
commence par une voyelle ; j’ai retranché quelques
mots qui ne font plus ufités , & j’en ai ajouté
quelques;uns qui fxit d’ufage ; mécompte , mé-
compter ; méconnoiffable, méconnoijflance , w/-
connoître ; mécontent, comme malùontent (voyez
les Remarques nouvelles de Bouhours , ro/zze i ,
pag* 2 7 1 } , mécontentement , mécontenter ; nze-
eréant ; médire , médifance , médifant ; mé/aire ,
méfait ; mé garde { méprendre, mép/ife ; mépris ,
mép ri fa b le , méprifant, méprijer; méfia i f . , comme
malaife ; méflalliance , méflallié ; méfleflimer ;
méfintelligence ; mèfoffrir ; mejféance , mejféant,
comme m.alféant ; méflufler ; mévendre , mévente. '
Les italiens emploient /tz/j dans le fens de notre
més ; & les allemands ont mijfy qui paroît être l a ..
racine de notre P articule. Voyez le Glojf. germa--
nique de Wachter, proleg. fleét. v .
P a r ou jPer eft une Particule ampliative, qui
marque l ’idée acceffoire de plénitude ou de perfection
; p a rfa it, entièrement fait ; parvenir, venir r
jufqu’au bout ; perflécuter , comme perfequi, luivre
avec acharnement ; péroraiflon , ce qui donne la
plénitude entière à l ’oraifon, &c. La Particule
latine P e r avoit la même énergie ; c’eft pourquoi
devaüt les adjeétifs & les adverbes elle leur don-
noit le fens ampliatif ou fuperlatif : periniquus ,
tres-injufte j perabflurdè, d’une manière fortâbfurde,
Nous avons encore plufieurs autres P articules
,qui viennent de nos prépofitions ou des prépofi-
tions latines , ou de quelques Particules latines r ■
elles en confervent le fens dans nos mots compofés,
& n’ont pas grand befoin d’être expliquées ici y
en voici quelques exemples : entreprendre * interrompre
, introduire j pourvoirr prévoir , produire y
raffembler, rebâtir, réaffigner , réconcilier, rétrograder
2 jubvenir 2 flubdélégué, floumetire , flourire,
flurvenir , traduire , tranflpofler.
Je remarquerai feulement fur la Particule JRe
ou P e , que fouvent un même mot fimple reçoit
des lignifications très - différentes , félon qu’il eft
précédé de Pe. avec l’e muet, ou de P c avec IV
fermé: repondre., c’eft pondre une fécondé fois5
répondre, c’e-ft répliquer à un difcours : reformer ,
c’eft former de nouveau j réformer, c’eft donner une
meilleure forme': repartir, c’eft répliquer, ou partir .
pour retourner j répartir, c’eft diftribuer en plufieurs
parts.
On peut lire avec fruit fur quelques Particules
p rép ofitiv es les Remarques' nouvelles du P. Bouhours
( tom. 1 , pages 2 57,258 , & 5 5 6 ).. 1
Le nombre de nos P articules poftpôfiti'Ves n’eft
pas grand ; nous n’ en avons que trois , ci , là St da..
Ci indique ■ des objets plus prochains ; là , des
objets plus, éloignés : de là la différence, de fens
que reçoivent les mots , félon qu’où les termine
par l ’une ou par l ’autre de ces P articules ; ceci y
cela ; voici, voilà; celui-ci , celui-là; cet homme-
ci , cet homme-là.
D a eft ampliatif dans l’affirmation oui da ;
& e’eft le feul cas où l’ufage permette aujourdhui
de l ’employer. Cette Particule èiùïx. autrefois plus’
ufitée comme affirmative: Il avoit une épée da ;
C ’efi un habile homme da. Plus anciennement
elle s’écr-ivoit dea ; & Garnier , dans fa tragédie
de Bradamante , commence ainfi un vers :
Vea, mon frère, hé J pourquoi ne me Payiez-vous dit?-
I l y avoit donc une forte de diphthonguè : fur quoi
je ferai une obfervation que l ’on peut ajouter à
celles de Ménage j c’eft que, dans le patois de
Verdun, i l y a une affirmation qui eft vie dia ,
& quelquefois on dit p a la vie dia ; ce que je
crois qui fignifie par la vie de Dieu : en forte
que vie dia c’eft vie de D ie u , ou vive Dieu.
O r dia & dea ne diffèrent que comme i & e ,
qui font des fons très-approchants & fouvent confondus
j ainfi, rien n’empêche de croire que da n’eft
affirmatif, qu’autant qu?il prend Dieu même à témoin.
( M. B e a u 'Zé 'e. )
(N .) P A R T I C U L É , E , adj. Précédé d'une
particule , ou exprimée , ou incorporée par contraction,
ou foufentendue. Dans Vene^ à moi, le
mot moi eft particulé exprefféinent ; dans Vous
me donnerez cela, le mot me eft particulé par
contraction , parce que me vaut à moi ; dans
Donnez-moi c e la , le mot moi eft particulé par
foufentendu, parce que à eft foufentendu avant
moi.
L e mot Particulé eft un terme nouveau , imaginé
par l’abbé d’Olivet ( Effais de Grammaire,
édit. 176 7 , p . 158 ), « pour m’épargner , dit-il,
une circonlocution ». Je penfe au contraire que la
circonlocution eft préférable à un terme nouveau :
i° . parce qu’il s’agit ici du langage didactique ;
que la circonlocution eft alors un dèvelopement
analytique , préférable en ce genre à un mot que
la Synthèfe rend plus obfcur : 20. parce' que ce
terme fuppofe l ’abus condamné dans l’article précédent
, de regarder comme particules tous les petits
mots d’une fyllabe , noms , pronoms , prépofitions,
&c. (M . B e a u z é e . )
( N . f P A R T I E , P A R T . , P O ’R T I O N .
Synonymes.
L a Partie eft ce qu’on détache du Tout. La
P a r t eft ce qui en doit revenir. L a Portion eft
ce qu’on en reçoit. La premier de ces mots a ra-
port à l ’affemblage ; le fécond , àu droit de propriété
; & le troifiéme, à la quantité.
■ On dit, Une Partie d’un livre, & Une Partie du
•corps humain ; Une Part de gâteau , & Une
P a r t d’enfant dans la fucceffion 5 Une Portion
d’héritage , & Une Portion de réfeCtoire.
Dans la coutume de Normandie , toutes les filles
qui viennent à partage , ne peuvent pas avoir plus
de là troifiéme Partie des biens pour leur P a r t ,
qui fe partage entre elles par égales Portions.
( L'abbé Gir a r d . )
P A R T IT IF , V E , adj. Grammaire. Ce terme
«ft ufité pour caracfcérifer les adjeârifs qui défîgnent
uue partie des individus compris dans l ’éténdùe
de la. lignification des noms auxquels ils font joints ,
comme quelque , plufieurs, &c. Les grammairiens
•latins regardent encore comme partitifs, les adjeCtifs
comparatifs & fuperlatifs, les adjeélifs numéraux,
foit cardinaux , comme un , deux , foit ordinaux,
comme premier, fécond , troifiéme , & c ; parce
qu’en effet tous ces mots désignent- des objets extraits
de la totalité, au moyen de la qualification
comparative, fuperlative, ou numérique , défignée
par ces adje&ifs. Plufieurs de nos anciens auteurs
: i l ne s’agit pas ici de tous nos anciens
auteurs 5il s’agit d’une partie indéterminée qui eft
défignée par Y?À\zQéél plufieurs 2 leque l, par cette
railon, eft partitif. Deux de mes amis : il s’agit
ic i, non de la totalité de mes amis-, mais d’une
partie précife, déterminée numériquement par l ’ad-
jeftif numéral ou colle&if deux , qui eft partitif.
Il me femble que ce qui a déterminé les grammairiens
à introduire le nom & l ’idée des adjedtifs
p a r t itifs , c’eft le befoin d’exprimer d’une manière
précife une règle que l ’on jugeoit néceftaire à la
compofition des thèmes. Gérard Voffius, dans fa Syn+
taxe latine à l ’ufage des écoles de Hollande & de
Weflfrifle, s’explique ainfi {page 15*4 , édit.
Lugd. Ba t. 1645 ) : Adjecliva partitiva . . . .
& omnia partitivè pofita regunt genitivum plu-
ralem , vel colleclivi nominis fingularem : u t ,
Quis nofirum . . . Sapiemûm ocïavus . . . O
major juvenum . . , optimus populi romani . . „
Sèquimur te fancle deorum Mais cette règle - là
même eft fauffe, puifqu’il eft certain que le génitif
n’eft jamais que le complément d’un nom ap~
p ellatif, exprimé ou foufentendu ( Voye\ G é n
itif y : & il ÿ a bien plus de vérité dans 'le
principe de Sanftius ( Min. 1 1 , 3 ) ; Ubi partitio
fignificatur, genïtivus ab alio nomine fubincel-
lecto pendet. I l indique ailleurs ce qu’il y a communément
de foufentendu après ces adjectifs partitifs
; c’eft ex ou de numéro ( ibid. i v , 3 ) :
on pourroit dire encore in numpro. Ainfi , les
exemples allégués par Voffius s expliqueront en
cette manière : Quis de numéro noilrûm ; in numéro
fapientûm ocîavus ; ô major in numéro
juvenum ; optimus ex numéro hominum populi
romani ; fequimur te fancle in numéro deorum ,
8c peut-être encore mieux , fancle fupra ' coeteratn
tùrbam deorum. Voyez Superlatif.
Des modernes ont introduit le mot de P a r t i t i f
dans la Grammaire françoife , & y ont imaginé
un article partitif. L a Touche , le P. Buffier ,
Reftaut, ont adopté cette opinion ; & il eft vrai
qu’i l y a partition dans les phrafes où ils prétendent
voir l ’article p a r t itif, comme du p a in , de
l ’e a u , de l ’honneur , de bon p a in , de bonne
ea u , &c. Mais ces locutions ont déjà été appréciées
& analyfées ailleurs ( voyez A r t ic l e ); &
ce qu’elles ont de réellement p a r t it if, c’eft la
prépofition de qui eft extra&ive. Pour ce qui eft
du prétendu article de ces phrafes, ces grammairiens
font encore dans l ’erreur ; & je*crois l ’avois
démontré. Voye\ I n d é f i n i . ,{ M . B é a i /*
)