
le complément eft un nom modifié par un adjectif
conjonctif y ainfi, ils fuppofent pour antécédent
ce meme nom modifié par l ’adjeéiif démonftratif
correfpondant : tels font les adverbes cur ou quare,
quamobrem, quando , quapropter , quomodo, quo-
7iijrn, & les adverbes de lieu, ubi , un de , quà
quô. 7 *
Cur, quare , quamobrem, quapropter & yao-
niant , font à peu près également équivalents à
rem, qui font les éléments dont quamobrem
eft compofé , ou bien à propter quam caufam,
de re, ^ua rfe causa 3 d’où il faut conclure que
1 antécédent, que 1 analyfe leur afligne, doit être ea
res , ou ea caufa.
Quando veut dire zVz quo tempore , & fuppofe
çonlëquemment l’antécédent z'/f tempus, exprimé
ou foufentendu. Quomodo eft évidemment la même
chofe que in ou. ex quo modo , & par conféquent il
doit être précédé de l'antécédent is modus.
Ubi veut dire in quo loco y un de fignifîe ex quo
loco y q u à , c’eft per quem locum y quà eft équivalent
à in _ ou ad quem locum y du moins dans
les circo tfiances ou ces adverbes dénotent le lieu :
ils fuppofent donc alors pour antécédent is locus.
Quelquefois ubi veut dire in quo tempore y unde
lignifie fou veut ex quâ causa , ou ex quâ origine ,
ou ex quo principio y quo a par fois le lens de ad
quem finem : alors il eft également aifé de fuppléer
les antécédents.
Quidm , quin & quominàs ont encore à peu
près le meme fens que quare, mais avec une négation
de plus 3 ainfi, ils lignifient propter quam rem
non, & ce non doit tomber fur le verbe de la pbrafe
incidente.
Tous ces mots conjonctifs, & d’autres que je
m abftiens de détailler , font alfujétis aux règles
qui ont été établies fur q u i, quæ , quod, en con-
fequence de fa vertu conjonctive : ils ne peuvent
qu apartenir à une proportion incidente ; leur antécédent
doit faire partie ■ de la principale 3 s’ils
font employés dans des phrafes interrogatives, il
faut les analyfer comme celles ou entre q u i, quæ ,
quod, je veux dire, en rappelant l ’antécédent pro-
ôc 1 impératif qui doit marquer l ’interrogation.
b
I l y a de pures conjonftioas qui fuppofent de
même un terme antécédent : telle eft, par exem- j
pie , u t , que je remarquerai entre toutes les autres
, comme la plus importante 3 mais c’eft aux
circonftances du difeours à déterminer l ’antécédent.
Par exemple, l ’adverbe ftatim eft antécédent de
ut dans ce vers de Virgile :
Ut regem aquoevum crudeli vulnere v'idï
Exjpirantem animant.
C ’eft l ’adverbe fie dans cette phrafe de Plaute : U t
voles f comme s’il avoit d it , Dicmihi fie U T va-
le s ! C eft ita dans celle de Cicéron : Invitus fe c i
U T L . Flaminium de fenatu ejicerem, c’eft à
$ fe y f c ç i j t z u t ejicerem. C ’eft adeq dans cette
| autre de Plaute : Salfa f u n t , tangere u t non
velis, c’eft à dire , Suntfalfa adeô UT non velis
tangere. C’eft in hune finem dans ce mot de Ci-
r° n \v^T die am, c’eft à dire ( in hune finem )
UT dicam verè, a cette fin .QUE je dife avec vérité,
pour dire la vérité. C ’eft ainfi qu’il faut ramener
par l ’analyfe un même mot à préfenter toujours
la même lignification, autant qu’il eftpoflîble;
au lieu de fuppofer, comme on a coutume de
faire, qu’il a tantôt un fens & tantôt un autre ,
parce qu’on ne fait attention qu’aux tours particuliers
qu’autorifent les différens génies des langues,
fans penfer à les comparer a la règle commune
, qui eft le lien de la communication uni-
verfelle, je veux dire, à la conftruftion analytique.
1
Quoique l ’on foit affez généralement perfuadé
que notre langue n’eft que peu ou point elliptique
, on doit pourtant y appliquer les principes
que je viens d’établir par raport au latin.: nous
avons , comme les latins, nos adverbes conjonctifs,
tels que comme, comment, combien , pourquoi ,
011 : notre conjon&ion que reffemble allez , par
l ’univerfalité de fes ufages, à Y ut de la langue
latine, & fuppofe, ctfmme e lle , tantôt un antécédent
& tantôt un autre , félon les circonftances»
Q u e ne p u is-je vous obliger ! c’eft adiré (je
fuis fâché de ce) QUE je ne puis vous obliger.
Q u e v o u s êtes léger \ c’eft à dire ( je fuis furpris
de ce que vous êtes léger léger autant ) que vous êtes , &c.
Je m’arrête , & je finis par une obfervatîon. I l me
femble qu’on n’a pas encore allez examiné & reconnu
tous^ les ufages de l ’Ellipfe dans les langues : elle
mérité pourtant l ’attention des grammairiens j c’eft
l ’une des clefs les plus importantes de l ’étude des
langues, & la plus néeeflaire â la conftruétion
analytique , qui eft le fèul moyen de réuffir dans
cette étude. Voye\ Inversion, L angue, Mé thode.
(M . B e a v z é e . )
( N. ) RE LEV É, SUBLIME. Synonymes.
On ne prend ici ces deux mots que dans le fens
ou ils s’appliquent au difeours : alors il me femblé
que celui de Relevé a plus de raport à la fcience
& â la nature des chofes qu’on traite 3 & que Sublime
en a davantage à l ’efprit & â la maniéré dont
on traite les chofes.
L ’Entendement humain de Locke eft un ouvrage
tïès-relevé. On trouve du fublime dans les narrations
de La Fontaine.
Un difeours relevé eft quelquefois guindé , &
fait fentir la peine qu’il a coûté à l’auteur : mais
un difeours fublime, quoique travaillé avec beaucoup
d’art, paroît toujours naturel.
Des mots recherchés, connus feule ment des doctes
, joints a des raifbnnements profonds & méta-
phyfiques, forment le ftyle relevé. Des expreffions
également juftes & brillantes, jointes àdespenfée$
vraies, finement & noblement tournées,,, font le ftyle
fublime. ■ ‘ •
Tous les différents ouvrages de l ’efprit ne peur
v,ent pas être relevés , mais ils peuvent tous être
fublimts y il eft cependant plus rare d’en trouver de
J.ublimes que de relevés. ( L ’abbé GlRARD. ) ; *
( | l R E M A R Q U E R , O B S E R V E R .
Synonymes.
On remarque les chofes par attention , pour s’en
reffouvenir. On les obferve par examen , pour en
juger. : ' ■ ' -
Le voyageur remarque ce qui le frape le plus,
L ’efpion obferve les 'démarchés qu’il croit de confé-
quence.
Le Général doit remarquer ceux qui fe diftin-
guent.;dans fes troupes , & objerver les mouvements
de l ’ennemi.
On peut obferver pour remarquer : mais i ’ufage
ne permet pas de retourner la phrafe.
Ceux qui obfervent la conduite des autres pour
en remarquer les fautes, le font ordinairement pour
avoir le piaifirde cenfure% plus tôt que pour apren-
dre à rectifier leur propre conduite.
Lorfqu’on parle de foi, on s’obferve & l ’on fe fait
remarquer*
Les femmes ne s’obfervent plus tant qu’autrefois;
leur indiferétion va de pair avec celle des hommes :
elles aiment mieux fe faire remarquer par leurs
foibleffes , que de n’être- point fétées par la renommée.
( Uab-bè Gi r a r d . )
RENDRE , REMETTRE , RESTITUER.
Synoiiymes..
Nous rendons ce qu’on nous avoit prête ou donné.
'Nous remettons ce que nous avions en gage ou en
dépôt. Nous rejîituons ce que nous avions pris ou
volé.
Oh doit rendre exactement, remettre fidèlement,
& rejlituer entièrement.
On emprunte pour 'rendre: on fe charge d’une
chofe pour la remettre y mais on ne prend guère à
deffein de rejlituer.
L ’ufage emploie &diftingue encore ces mots dans
les occalïons fuivantes. Il fe fert du premier à l ’égard
des devoirs civils, des faveurs interrompues, & des
préfents ou monuments de tendrefle. On rend fon
amitié à qui en avoit été privé, les lettres à une
xnaitreffe abandonnée.
Le fécond fe dit â l’égard de ce qui a été confié,
& dés honneurs, emplois, ou charges dont on eft
revêtu. On remet un enfant à fes parents 3 le cordon
de l ’ordre , le bâton de commandement, les fceaux,
& les dignités au prince. *
Le troifième fe place pour les chofes qui, ayant
été qtées^ ou retenues , fe trouvent dues. On refii-
me,à. un innocent accufé^Xon éta^&fon honneur 3 on
refiitue un mineur dans la poffelfion de fes biens aliénés.
( L ’abbé Gir a r d . )
R EN O N CER , RENIER, ABJURER.; Synon.
On renonce à des maximes & à des ufages
qu’on ne veut plus fuivre , ou à des prétentions
dont on fe défifte. On rénie le maître qu’on fert,
ou la religion qu’on avoit embraflée. On abjure
l ’opinion dans laquelle ons’étoit engagé , ou dont
on fefoit profeflion publique.
Philipe V a renoncé à la couronne de France.
iS. Pierre a renié Jéfus-Chrift. Henri IV a abjuré
le calvinifme'.
Abjurer fe dit toujours en bonne part 3 c’eftl’ameur
d e là vérité & l ’averfion du faux, ou du moins de
ce que nous regardons comme t e l , qui nous engage
à faire abjuration. Renier s’emploie toujours en
mauvaife part 3 un libertinage outré ou un intérêt
criminel fait les renégats. Renoncer eft d’ ufage de
l ’une & i’autre façon, tantôt en bien, tantôt en
mal: le choix du bon nous fait quelquefois renoncer
à nos mauvaifes habitudes , pour en prendre de
meilleures 3 mais il arrive encore plus fouvent que
le caprice & le goût dépravé nous font renoncer
â ce qui eft bon , pour nous livrer- à ce qui eft
mauvais.
L ’hérétique abjure quand il rentre dans le fein
de l ’Églife. Le chrétien renie quand il fe fait ma-
hométan. L e fehifmatique renonce à la communion
univerfelle des Fidèles ,^pour s’attacher à une fo-
ciété particulière.
Ce n’eft que par formalité que les princes renoncent
à leurs prétentions 3 ils font toujours piêts
à les faire valoir , quand la force & l ’occafion
leur en fourniflentles moyens-. T e l réfifte aux perfé-
cutions , qui n’eft pas â l ’épreuve des careffes 3 ce
qu’il défendoit avec fermeté dans l ’opreflion , il le
renie enfuite avec lâcheté dans la faveur. Quoique
l ’intérêt foit très-fouvent le véritable motif des
Abjurations , je ne me défie pourtant pas toujours
de leur fincérité y parce que je fais que l ’intérêt agit
fur l ’efjpric comme fur le coeur. ( L ’abbé GIRARD.)
(N.) R EN O N C IA T IO N ,R EN O N C EM EN T .
Synonymes.
L a défapropriation eft l ’effet de l ’un & de l ’autre,
& tous deux font des aétes volontaires : voici een quoi
ils diffèrent.
Renonciation eft un terme d’affaires & de Jurisprudence
3 c’eft l ’abandon volontaire des droits que
l ’on avoit ou que I on prétendoit fur quelque chofe.
Renoncement eft un terme de fpiritualité & de Morale
chrétienne; c’eft le détachement des chpfes de
ce monde & de l’amour propre.
L a Renonciation eft un aéte extérieur , qui ne
fuppofe pas toujours le détachement intérieur. Le
Renoncement au contraire eft une difpofition intérieure
, qui n’exige pas l ’abandon extérieur des chofes
dont on le détache.
L a profeflion de la vie religieufe exige dans l’intérieur
un Renoncement entier de foi-même & de