dégénérer en puérilités ; Hoc genus fa c ile in puériles
ineptias excidit.
On les appelle communément Rébus de P i cardie
, parce qu’anciennement , en Picardie ,
les clercs de Basoche ( dit en propres termes
Ménage dans Ton Diclionnaire étymologique, &
non pas les eccléflafliques, comme le lui fait
dire le chevalier de Jaucourt dans le Diclionnaire
univerfel & raifonné des fciences, des arts, &
des métiers ) fefoient tous les ans, au Carnaval,
certains libelles qu’ils appeloient DE R é b u s
qu-oe geruntur ( des chofes qui fe paffent ) :
c étoient des efpeces de fatires, oli l ’impudence le
déguifoit un peu fous le voile de l’équivoque, &
de 1 exprefllon grotefque qui conftitue la nature
de cette fadaife; & le peuple, qui entendoit dire
«n latin de rebus , croyoit que c’étoit en françois
des Rebus. Le Rébus eft 'donc également mé-
prifable, & par fa forme , & par la turpitude de
fon origine, & par la groflïèreté de fa dénomination.
Le mot de Rébus fe prend, figurément & par
extenfion , pour toutes fortes de mauvaifes plai-
fanteries & de mauvais /eux de mots. Cet ufage
eft une confirmation folennelle du jugement que
l ’on vient de porter fur la valeur de cette .ineptie. '
{ M . B e a u z é e . )
R E C E VO IR , ACCEPTER. Synonymes.
Nous recevons ce qu’on nous donne ou ce qu’on
nous envoie. Nous acceptons ce qu’on no lis offre.
On reçoit les grâces. O n 'accepte les fervices.
Recevoir exclut Amplement le refus. Accepter
femble marquer un confentement ou une approbation
plus expreffe.
i l faut toujours être reconnoiffant des bienfaits
quon a reçus. I l ne faut jamais rejeter ce qu’on a
accepté. ( L ’abbé G i r a r d . )
* R É C IPRO Q U E , R É F L É C H I , adj. Synon.
Dans le langage grammatical, le pronom françois
f e & fo i y en latin f u i , fibi & J e , en grec
v > i «, eft celui que quelques grammairiens
nomment réciproque, que d’autres appellent réfléchi
r & que d’autres enfin défignent indifféremment
par l ’une ou par l ’autre de ces deux dénominations.
Toutes les deux .marquent la relation
d’une troifîème perfonne à'une troifième perfonne •
quand on ne veut rien dire autre chofe, on peut
regarder ces deux adjeâifs comme fynoaymes : ,
£infi, on peut les employer peut-être affez indif-
remment, quand on envifage le pronom dont il
s’agit en lui-même , comme une partie d’oraifon
particulière & détachée de toute phrafe.
Mais fi on regarde ce pronom dans quelque emp
lo i actuel , on doit, félon la Remarque de l ’abbé
Fromant ( Supplém. au chap. viij de la / 1 part.
ffe fe Grajnm. génér. ) ; dite qu 4 m f r o q u e .
s’emp l0ie avec les verbes qu i fignifienÉ
1 aétion de deux ou de plufieurs fujets qui agiffent
refpeétivem ent les uns fur les autres de la même
m a n iè re , com m e dans cette p h ra fe ., Pierre &
Paul s’aiment l ’un Vautre: Pierre eftu n fu jet q ui
aime, l ’objet .de Ion amour eft Paul ; Paul eft
en m êm e tem ps un fujet qui aime y & Pierre eft
a^fon tour l ’objet de cet am our de Pauli ce que
l ’un des deux fujets fait à l ’égard du fécond, le
fécond le fait à l’égard du p rem ier; ni l ’un ni l’autre
n’eft l’objet de fa p ro p re aétion ; l ’a& ion d’aim er eft
réciproque.
D ans les phrafes au contraire o ù le fujet q u i
» a g it fur lu i-m êm e , com m e Pierre s’aime 9
le pronom fe que l ’on joint au verbe doit ê tre
appelé^ réfléchi, parce que le fujet qui a g it eft
alors l ’objet de fa p ropre aCtion ; l ’a&ion retourne
en quelque m anière vers fa fource , com m e une
b alle qui tom be perpendiculairem ent fur un p lan ,
rem onte vers le lieu de fon départ ; la direction
eft ro m p u e , fleélitur, & e lle repaffe fur la
mêm e lig n e , refleclitur, c’eft; à d ire , rétro flec-
titùr.
Je rem arquerai ici une erreur fingulière od eft
tom bé l ’abbé R eg n ier, & que R eftaut a adoptée
dans fes principes raifonnés. C ’eft que l’on ou on
& quelquefois foi, e£ un nom inatif; que de foi
e,n *.e g é n itif; fe 8c à foi , le d atif, fe & foi
l accufàtif; & de foi y l’ablatif. O n prouve cette
doctrine p ar des exem ples : au n o m in a tif, On y
efi soi-^méme trompé; au g é n itif, ON agit pour
l amour d e soi; au d atif j o n difpofe de ce qui
eft A soi, o n s e donne des libertés ; â l ’accufatif,
o n s e trompe, o n rt aime que soi ; à l ’ab la tif, o n
parle DE so i avec complaifance•
J ’ai dit ailleurs quels font les'véritables, cas de
ce pronom & des autres; & ils diffèrent entre e u x ,
com m e dans toutes les langues â c a s, & com m e
l ’exige le u r dénom ination com m une d e cas, p ar
des term inaifons différentes, p ar des chutes variées ,
cajjbus ( Voyei P r o n o m ) . Je n e v eu x donc pas
infifter ici fur la A ngularité de l ’opinion cent fois
détruite dans cet o u v rag e, que les prépofitions &
les articles form ent nos cas : mais je rem arquerai
que les exem ples allégués \n e prouvent que foi,
de fo fe , à foi , & de foi , font les cas de on ,
qu’autant qu’ils o nt rap o rt â on. I l faudroit don®
dire que foi eft un autre n om inatif du nom mi-,
niftre dans cette p h ra fe , Le miniftre crut qu’il
y feroit foi-même trompé ; que de foi eft le gén
itif de çhqcun dans ç e lie -c i, chacun agit pour
l’amour de foi; que à foi eft le d a tif de Dieu
dans- cette autre , Dieu raporie tout à foi ; que
foi eft l ’accufatif de Vhomme , 'quand on dit
l’homme n’aime que foi ; & qu’enfin de foi eft
l ’a b latif du nom philçfophe , quand on dit , lt
philofophe parle rarement de foi. C om m en ta-t-o n
p u adm ettre le principe dont il s’a g it fans en voie
ïç§ ÇQofe<juenç|s j qu voit lçs çonféquençgs ,f<ms
rejeté#
rej*eter le principe? Eft - ce la ce quon appelle
raifonner ? A
Remarquez qu’il autoit pu .arriver q « il y eut
auffi de^ proiioms réciproques ou réfléchis des
deux premières perfonnes, puifque les fujets de
l ’une & de l ’autre peuvent être pnvifagés fous les
même afpeéts que ceux de la troifième ; par exemple
, Je me f la t te , tu te vantes , nous nous
promenons , &c. Mais l ’Ufage n’introduit guere
de chofes fuperflues dans les langues ; & les pronoms
réfléchis des deux premières perfonnes ne
pouvoient fervir â rien : i l n’y a que le fujet qui
parle ou qui eft cenfé parler qui loit de la
première perfonne, i l n’y a que le fujet a qui
l ’on parle qui loit de la fécondé ; cela eft fans,
équivoque : mais tous les différents objets dont on
parle font de la troifième , & il étoit raifonnable
qu’i l y eût un pronom de cette perfonne qui indiquât
nettement l’identité avec le fujet de la propofi-
tion , tel que yè & fo i. . . y
( q On emploie le même langage â l ’égard
des verbes qui fe conjuguent avec un fécond pronom
, relatif au fujet du verbe , comme j e me conduis
, tu te conduis , i l ou elle fe conduit : c’eft,
dit - on , un verbe réciproque ou réfléchi. Les
grammairiens qui veulent plus de précifîon , | distinguent
entre les verbes réciproques & les verbes \
jé flé ch is. Ils appellent réciproques , ceux qui
* expriment l’a&ion de plufieurs fujets qui agiffent
reipeétivement les uns fur les autres de la même
manière ; comme Pierre & P aul s’aiment l ’un
l ’autre : ils appellent réfléchis , les verbes qui
expriment l’aftion d’un fujet qui agit fur lui-même;
comme Pierre s ’ aime à l’excès. Mais â laquelle
de ces deux claffes raporteroient-ils les verbes de
ces exemples , Cette marchandife fe vend bien ,
Ce livre f e lit avec plaifir ? car il n’eft pas quef-
tion ici d’une aéfion du fujet, puifque le fens eft
paflif.
L ’abbé de Dangeau avoit fenti cette difficulté,
& il avoit voulu la prévenir, en donnant , aux
verbes qui fe conjuguent avec un pronom relatif au
fujet, le nom de verbes pronominaux ( Hoye"[ P ronominal ). L’ Académie françoife , qui a reconnu
le vice de la dénomination ordinaire, &
qui l ’avoit employée jufqu’â préfent dans fon
Di&ionnaire , y a renoncé abfblument ; & dans
la prochaine édition on n’en trouvera aucune
trace.
L a vérité eft que , fi ces verbes expriment l ’action
réciproque de plufieurs fujets les uns fur les
autres ou l’aétion réfléchie d’un fujet fur lui-même,
c’eft: l ’aétion qui eft, félon l ’occurrence , ou réciproque
ou réfléchie ; & les verbes méritent d’autant
moins ces dénominations , qu’ils n’expriment
point eux-mêmes la réciprocité ou la réflexion 8
qui eft feulement indiquée par le pronom mis en
régime.
Mais les pronoms mêmes de la troifîème personne,
appelés jufqu’ici réciproques ou réfléchis,
Cr a m m . e t L i t t é r A T . Tome J IL
ne font en effet ni réciproques ni réfléchis:
s’ils défignent la troifième perfonne comme objet
de l ’aétion exprimée par le verbe & produite par
le fujet, c’eft qu’ils font en régime : leur forme
les y deftine,] & c’eft pour cela qu’ils n’ont
point d’autre cas fubjeélif que celui du pronom
direét ; s’ils défignent comme objet de cette aétion
la même perfonne qui la produit & qui eft fujet
du verbe, c’eft qu’ils renferment dans leur lignification
l ’idée acceffoire d’identité avec le lujet
du verbe dont ils font régime. V o ilà , pour le
dire en paffant , ce qui doit fonder la dénomination
diftin&ive de ces pronoms : i l elle font les
pronoms dire Ils de la troifième perfonne ; f e , f o i ,
en font les pronoms identiques.) ( M . BEAU-
ZÉE. )
R É C IT , f. m. H ijl. Apolog. Oraifon, Épopée•
L e R é - it eft un expofé exaét & fidèle d’un évènement
, ç’eft à dire , un expofé qui rend tout
l ’évènement, & qui le rend comme il eft : pir s’il
rend plus ou moins, i l ‘n’eft point exaét; & s’il
rend autrement, il n’eft point fidèle. Celui qui raconte
ce qu’il a v u , le raconte comme i l l ’a vu , & quelquefois
comme i l n’eft pas; alors le Récit eft fidèle 9
fans être eXaét.
Tout Récit eft le portrait de l ’évènement qui
en fait le fujet. Le Brun & Quinte - Curce ont
peint tous les deux les batailles d’Alexandre : celui-
ci , avec des lignes arbitraires & d’inftitution, qui
font les mots y l’autre, avec des lignes naturels &
d’imitation , qui font les traits & les couleurs. S’ils
ont fuivi exactement la vérité, ce font deux hifto-
riens ; s’ils ont mélé le faux avec le vrai, ils font
poètes , du moins erf la partie feinte de leur ouvrage*
Le caractère du poète eft de mêler le vrai avec le
faux, avec cette attention feulement que tout paroiffu
de même nature :
Sic veris falfa. remifcct,
Primo ne medium, medio ne diferepet imum.
Quiconque fait un R é c it , eft comme placé entre
la vérité & le menfonge : il fouhaire naturellement
d’intéreffer : & comme l ’intérêt dépend de
la grandeur & de la fingularité des chofes ,- i l eft
bien difficile à l ’homme qui raconte , furtout quand
i l a l ’imagination v iv e , qu’il n’a pas de titres
trop connus contre lu i , & que l ’évènement qu’i l
a en main fe prête jufqu’à un certain point, de s attacher
à la feule vérité & de ne s’en écarter en
rien. I l voit fa grâce écrite dans les ieux de l ’auditeur
, qui aime prefque toujours mieux une vrai—
femblance touchante", qu’une vérité sèche. Quel
moyen de s’affervir alors aune fcrupuleufe exactitude
?
Si on refpe&e les faits oi\ on pourroit être
convaincu de . faux ,-du moins fe donnera - t - on
carrière fur les caufes. On fe fera un plaifir de
tirer les plus grands effets, les plus éclatants, d’un
N n