
(N. ) P A R T I T I O N , C f. Grammaire',
Selles-Lettres. Partage , divifîon , ou diftribution
«l’une chofe en Tes parties ; en latin Partitio.
Nous avons , de la main de Cicéron, un Traite
abrégé de l ’Éloquence intitulé D e Partitione
oratorià dialogus. Cicéron le compofa dans lé^
temps que , Célar s’étant rendu maître de la République,
notre orateur le retira à fa maifon de
campagne de Tufculum, où il eut de favants entretiens
fur l ’Éloquence & fur la Philofophie avec
quelques jeunes gens choilis. Cicéron donne à ce
.Traité le nom de Partitions oratoires { car c’eft
■ ainfi que nous le traduifons ) ; parce , qu’il y distribue
en différentes parties tout ce qu’il y dit fur
l ’art oratoire , & que des divifions les plus générales
51 defcend aux plus particulières.
« Les Partitions oratoires , dit l ’abbé Colin
( P r é f. de la trad. de l’Orateur ) , feroient une
» Rhétorique complecte , fi les règles y étoient ac-
» compagnées d’exemples. Elles contiennent l ’ef-
» .fenciel & la fubftance de tout ce que l’auteur
» avoit dit dans fes livres précédents.. C’ eft un
» dialogue entre Cicéron & fon fils ; le fils inter-
» ro g e , & le père répond. Les demandes & les
» queftions du fils font juger qu’i l étoit' déjà initié
» dans les .principes de l’Éloquence ; & les ré-
» ponfes du père , non feulement fortifient cette
» idée, mais nous donnent encore lieu de penfer
» que ce jeune homme avoit beaucoup d’efprit &
» de pénétration, puifque Cicéron y emploie des
» raifonnements qui n’auroient pu convenir a un
$> auditeur d’un elprit médiocre ».
Ce q u i, au jugement de cet écrivain, manque
aux Partitions oratoires pour être une Rhétorique
complette, M. Charbuy a cffayé de le fup-
pléer dans fa Traduction de cet ouvrage, accompagnée
de Notes pour réclairciffêment du texte ,
& de Remarques fuivies d’Exemples fur toutes les
parties de la Rhétorique , i vol. in- n , 175 6-
Nous avons auiîî-, fous le même nom, ùn ouvrage
latin, compofé pour les collèges, de Hollande
& de Weftfrife, intitulé, Gerardi - Joannis
VoJJii Rhetorices contractée , Jive Partitionum
oratçriarum. Lib. v . 1 vol. pet. in-Z°. JM . BEAUZÉE.
|
* P A S , PO IN T . Synonymes.
P a s énonce Amplement la négation : P o in t appuie
avec force & femble l ’affirmer. Le premier fouvent
ne nie la chofe qu’en partie ou avec modification :
le fécond la nie toujours abfolument totalement,
& fans réferve. Vo ilà pourquoi l’un fe place très-
bien avant les modificatifs, & que l’antre y auroit
manvaife grâce. On diroit donc, N’être p as bien
riche & n’avoir pas même le néceffaire ; -mais fi
l ’on vouloit fe fervir de P o in t , il faudroit ôter les
modificatifs & dire , N’êcre point riche, n’avoir point
J.e néceffaire.
Cette même raifon fait que P a s eft toujours
employé avec les mots qui fervent à marquer le degré
de qualité ou de quantité , tels que Beaucoup ,
Fort , U n , & autres femblables ; que P oint figure
mieux à la fin de la phrafe devant la prépofition D e ,
& avec du tout, qui, au lieu de reftreindre la négation
, en confirme la totalité.
( Pour l ’ordinaire i l n’y a pas beaucoup
d’argent chez les gens de Lettres. La plupart des
pKilofophes ne font pas fort raifonnables. Qui n’a
pas un fou a dépenfer, n’a pas un grain de mérite à
faire paroîlre. *
S i , pour.avoir du bien, il en coûte à la probité
, je n’en veux point. Il n’y a point de
reffource dans une perfonne qui n’a point d’ e(prit.
Rien n’eff sur avec les capricieux : vous croyez
être bien ; point du tout, l’inftant de la plus belle
humeur eft fuivi de la plus fâcheufe. ( L ’abbé Gi-
RARD. )
Quand P a s ou P oint entre dans l ’interroga“
tion , c’eft avec des. fens un peu différents : car fi
ma queftion eft accompagnée de quelque doute ,
je dirai, N ’avez-vous point été là ? Mais fi j en
fuis perfuadé, je dirai, N’avez-vous pas été là ?
N ’eft-ce pas vous qui me trahïffez? (X ’A c a d é m
ie , au mot N e. )
De la même différence il s’enfuit que P a s eft
plus propre à indiquer un aéte ou quelque choie
de paffager ; & Point , une habitude ou quelque
chofe de permanent. On dira donc d un homme ,
qu’i l ne dort p o in t, pour faire entendre qu’il a
une infomnie habituelle ; & qu II ne dort pas ,
pour marquer qu’aéfuellement il eft éveillé : cju’Il
ne lit point, pour dire qu’il n’ eft pas dans 1 habitude
de lire , dans l ’habitude de s’occuper de
leéture ; & qu’il ne lit pas , pour dire qu’a&uel-
lement il fait autre chofe que de lire. Un homme
ftupide n’entend point les chofes les plus claires- ;
Un homme diftrâit n’entend p as et qui fe dit à fes
oreilles. «
Par une autre fuite de la même différence , P a s
après Tous marque une exclufton partielle ; &:
Point , une exclufion totale.. Tous ces papiers
n'ont pas été examinés , Tous ceux qu on accu-
foit nont pas été convaincus ; c’eft à dire, Quelques
uns de ces papiers , Quelques - uns -de ceux
qu’on accufoit. Tous ces papiers n’ont point été
examinés, Tous ceux qu’on accufoit n’ont point
été convaincus; c’ eft a dire, Aucun de ces papiers
n’a été examiné , Aucun de ceux qu on accufoit n à
été convaincu. ) ( M. B eAUZÉe . )
( N. ) PASSER , SE PASSER. Synonymes-.
Ces deux termes défignent également une ex if
tence paffagëre & bornée , mais ils la préfentout fous
des afpeéïs différents.
Pafftr fe rapporte à. la totalité de l’exiffence ;
Se paJJer a trait aux differentes époques fiicceflives
de l ’exiftence. Le temps pajje fi rapidement, qu’à
peine avons-nous le loifir de former .des projets,
bien loin d’avoir celui de les exécuter. Une partie
de la vie fe pajfe à délirer l ’avenir; & 1 autre, a
regretter le pajfe.
Les chofes qui pajfent n ont qu une exiftence
bornée ; les chofes qui fe pajfent ont une exiftence
qui varié & fe dégrade. Un grand motif de confo-
lation , c’eft. que les maux de cette vit pajfent
affez promptement, & que ceux memes qui paroil-
fent les plus obftinésfe pajfent a la longue & difpa-
Ce qui pajfe n’eft point durable ; ce qui fe pajfe
n’eft point ftable. La beauté paffe ; & une femme
qui veut fixer Ton mari pour toujours, doit plus
tôt recourir à la vertu qui ne pajfe point. Bien
des femmes qui fe voient abandonnées de ceux
qui leur fefoient la Cour, aiment mieux accufer
les hommes d’inconftance, de légèreté , ou même
d’injuftice, que de reconnoître de bonne'foi que leur
beauté Je pajfe infenfiblement & que le charme s’af-
foiblit. [M . BEAUZÉE-.)
P A S S IF , V E , adj. Grammaire. Verbe p a j f f ,
voix paffive, fens p a j f f , lignification paffive. Ce
mot eft formé de pajfum, fupin du verbe p a t i ,
fouffrir, être affedé- Le P a j f f eft oppofé à i’A c t
i f ; & pour donner une notion exade de l ’un , il
faut le mettre en parallèle avec l’autre : c eft ce
qu’on a fait au mot A ctif -, & a 1 article N eutre
| | II.
Je ferai feulement ici une remarque c’eft qu’il
y a des verbes qui ont le fens p a j f f fans avoir
la forme pajjiv e, coqjme en latin perire , & en
françois périr; qu’il y en a au contraire qui ont
la forme pajjive , fans avoir le fens p a jjif , comme
en latin ingrejfus fum , & en françois j e fu is
entré ; enfin , que quelquefois on emploie en latin
dans le fens ad if des formes effedivement deftinées
& communément -con&crées au fens p a j f j , comme
fle tu r , que nous rendons en françois par on pleure ,*
car fletur n’eft appliqué ici à aucun fujet qui foit
l ’objet p a jjif des larmes , & ce n’eft que dans ce
cas que le verbe lui-même eft cenfé p a jjif. Ce
xi’eft qu’un tour particulier pour exprimer l ’exif-
ience de l ’adion de pleurer, fans en indiquer aucune
caufe, fletur , c’eft à dire , flere ejl ( l ’adion
de pleurer eft) :_on prétend encore moins marquer
un objet p a jjif , puifque flere exprime une adion
intranfitive ou abfolue , & qui ne peut jamais fe
raporter à tel objet. Voye\ Impersonnel.
Nous fefons quelquefois le contraire en françois,
& nous employons le tour ad if avec le pronom
réfléchi pour exprimer le fens p a j f f , au lieu
de faire ufage de la forme paffive; ainfï, l ’on
dit , Cette marchandife fe débitera , quoique la
tnarchandife foit évidemment le fujet p a jjif du
débit, & qu’on eut pu dire fera débitée, s’il avoit
plu à l ’ ufage d’autorifer cette phrafe dans ce fens.
J e dis dans ce f in s ; car dans un autre on dit
très-bien , Quand cette marchandife fera débitée,
j ’ en achèterai d’autres. La différence de ces deux
phrafes eft dans le temps : Cette marchandife f e
débitera, eft au préfent po'ftérieur, que l’on con-
noît vulgairement fous le nom de futur fimple,
& l ’on diroit dans le fens a d if, ‘Je débiterai cette
marchandife ; Quand cette marchandife fera
débitée, eft au prétérit poftérieur , que l ’on regarde
communément comme futur compolé, & quelques-
uns comme futur du mode fubjondif, de 1 on diroit
dans le fens a d if, Quand j ’aurai débité cette mar-
chandife.
Cette obfervation me fait entrevoir que nos
verbes p ajjif 's ne font pas encore bien connus de
nos grammairiens , de ceux mêmes qui reconnoif-
fent que notre ufage a autorifé des tours exprès
& une comjugaifon pour le fens p a j f f • Qu ils y
prennent garde: fe vendre, être vendu, avoir
été vendu , font trois temps différents de l’infinitir
p a j f j du. verbe vendre ; cela eft évident, & entraîne
la néceffité d’établir un nouveau fyftême de conjugai-
fon paffve. (AZ. B e AUZÉe . )
PASSIONS , f. f. pl. Rhétorique. On appelle
ainfi tout mouvement de la volonté , qui , caufe
par la recherche d’un bien ou par l ’apprehenfion
d’un m a l, aporte un tel changement dans l’efprit,
qu’il en ré fuite une différence notable dans les
jugements qu’il porte en cet état, & que ces mouvements
influent même fur le corps. Telles font la
pitié , la crainte , la colère } ce qui a fait dire à un
poète ,
Impedit ira ammufii ne pojjit cernere verum.-
L a fondion de la volonté eft d’aimer ^ou dé
haïr, d’approuver ou de défapprouver.Par 1 intime
liaifon qu il y a entre -la volonté & l ’intelligence ,
tout ce qui paroît aux ieux de celle-ci fait im*
preffion liir celle-là. L ’impreffion fe trouvant agréable
, la volonté approuve l ’objet qui en eft io c -
cafion j elle le défapprouve , quand l ’impreffion en
eft défagréable. Cètte volonté a différents noms ,
félon les mouvements qu’elle éprouve & auxquels
elle fe porte. On l ’appelle Colère , quand elle
veut fe venger ; Compaffion , quand elle, veut lou-
lager un malheureux; Amour, quand elle veut
s’unir à ce qui lui plaît; Haine , quand elle veut
être éloignée de ce qui lui déplaît ; & ainfi des
autres fentiments. Quand Ces etpèces de volontés
font violentes & vives , on les appelle plus1 ordinairement
P a jfo n s : quand' elles font paifibles &
tranquiles , on les nomme Sentiments, Motive—
ments , P a jfo n s douces ; comme l’amitié , l’ef-
pérànce, la gaieté , &c. Les P a jfo n s douces
font ainfi nommées parce qu’elles ne jettent point
le trouble dans l ’âme , & qu’elles fe Contentent de
la remuer doucement : il y a dans ces P a jfo n s autant
de lumière que de chaleur, de coünoîffance que
Ùe fentlmenL