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» diy ( çiv'ière );, te terme(ççjafif divîfer a-éfé
» formé fur un objet phyfiquelf ,à la;vue des ri»
» vières qui féparoient naturellement' les terrés.
» De même de rivales , qui .fe dit dans le £èns pro-
» pre des' béftiaux. .qui s'abreuvent a une même
». ri vie ré ou à un njçpe gué', on a fait ap:!figur|é
» rivaux;, ,/vV<z//ré,[p.our fignifier la jàloufié entre
» plulïeurs prétendants à une même .chofe^
'' » Cqnfi'dê'rèr , p eft .xegard'er un aftré, ‘ de fîd u s y
» f de ris. Réfléchir :, c ’eft plier en deux , comme
» fi l ’on _plioit fes penfées les unes fur les' autres
v pour les raflembler & les co mbiner. Remarquer,
» c’eft diftinguer im objet , le,!partiçular]fer , le
» circonicfire. jeni le féparaptf des autres ,..:de la xa-
» cirie allemande mafk ( borné , certifia, f » .
J’omets , pour abréger , ' quantité'df autres .exemples
cites par le même àcadëpidçn & penYieflS
a une'explication qu’i l établit lui Vmême fup cps
exemples. » Renaïquez en générât y dit-il, qu’il
» n’eft pas poflïble , -dans aucune langue,, d'e çit.ef
». aucun terme moral,,dont la.racine ,né Toit, phy-
» fique. J’appelle ferjnés ghyftques f les noms de
» tous les individus qui ; exiftenf1 féëliement, dans
» la nature: j’appelle termes, m o r a u x les noms
» des chofes' qui, n’ayant' pas'une exiftèncé* réelle
» 8c fenfîble dans la nature!, ' trexiftent ’fqueî 'par
» l ’entendemenr humain " qui ' èn a produit lés
» archétypes ou originaux. Beiit-êtrè. pourroit- dn
» dire à la rigueur, que -les rnots* jp/f & marque
» ne font pas des noms de ;lubftàbce ;'phÿfique &
t> i réelle -, mais de * 'mode- & de relation. ' Mais rl
» ne faut pas préfrer têci Telo^: une-Mëtâphyïrqcie
» ’ trôprigdurèufe':leSqualité§&lés fubft^ncésVéëlfes » peuvent bien; êtrè rangées ici -daîfÿ là “piaffe
» Phyfique, : à laquelle élLes apartiennent bien plus
« qu’à celle des purs êtres moraux. :
» Citons encore un exemple tiré-de la racine
». fidùs y propre à montrer que-les termes qui
» n’apartiennent qu’au 9 fenriment- de l’âme font tous tirés des objets corporels^c'elt le .mot déjirr » fyncopé du latin defiderhlm,: qui irgnifiànt, dans
» cette langue, .plus encore le regret; de la perte
» que le fouhait de? la poffefiîon ,.:s’eft partiqu-
.» lièrement étendu dans la nôtre à cé: dernier
» fentimént de l’âme : la particule -privative de, » précédant le verbe Jîdérare, nous, montré que
» defiderare ;dans fa fignification purement IMé-
» raie, ne voqloit dire autre chofe quêtre privé » de la - vue des affres ou du foléil. Le terme qui
» exprimoit la perte; d’ùno chofe fi fouhaitablé
» pour l ’homme , s’eft généralifé _{; par une Synecdoque
de la partie pour le Tout; }y»Ipour tous les
» fentiments de regret j & ehfuite[ par une autre Synecdoque
de l’efpèce pouf le genre ] » pour tous
» les fentiments de défir qui font encore plus
» généraux : car le regret.n’eft que lefouhait.de
» ce que Ton a perdu! ; & le défir regarde aufll bien
»..ce que l’on vouâroit. obtenir que ce que Ton,
» ne pofsède plus. Ces deux exemples font d’au-,
$ tant plus frapants, que les deux cxprefilons conjï-
T e o rf â$ra'ré8c defiderare, n’ayant rien dé commun dàftg
:»i ridée qu’ils préfentenc ni dans - i’affedtioude l’âme
» & fe trouvant chajçu.o précédé d’une particule qui
» les caraélérife , on ne pourroit les tirer ainfi tous
» deux de Jidéràre, fi le devélopement de l’opération
» de l’efpiit, dànsTâ for'iîiafiob des mots’, navoit été
?> ..te,l quoq.vi:en.t>d1etle.déqrirer » .
■ •:» Il fqroit. aifé. d$'W®lü#liçff.cés, exemples en
» très-grand nombre [ 8c j’en Supprime ëtfeétive-
ment une quantité confidérable dont M. le pféfi-
dent de Broffes a enrichi fes Mémoires ] : iTcebx-
» ci doivent• fuffirç aux perfonnes’intelligentes
» pour les mettre fur les voies de la manière dont
» procède la formation de ces fortes de, termes
»Uqui expriment des 'idées ^rèlativés -, ou '■ inteljec-
»» tduee lcleestt.e Poeufpr.èlecue r, qduéiq ionnetr e* rv iqeun?niei -n 'dy’u enrei a!impoaignet
»v d’un objet extérieur , phyfiquê & fenfible j- c’ef^
» qu’étant difficile de démêler le fil de.ces fortes
» de. dérivjations., où fouvent la racine, n’eft plus
» connue , où l’opération de l’homme eft toujours
»■ vague i arbitraire > & fort compliquée dn dôit,
» .en.jbonneLpgique , ; juger des icHofes que l’on
>); n-er peut çpnnôîrre , ; par; celles de même efpèce
» qui font bien* connues , en les ramenant à ;ua
principe dont l’éyidençe fe. fait apercevoir par-
» tout oit là vue p^edt s’éfqndre. Quelque? langues
»■ que . Ton veuille /parcourir, on y trouvera^, dans
» la ’formation de leurs mots, le .même procédé
» dont, je .viens cTe donner des exemples pris de. la
» ’langue.Tfrançoife »•. .
, _Qu’^ft - ce, autre çhqfe ».quq fies Trqpes . des
Méiapiiofes' continuéllçs', qui favorife cette, for-
fïiatîbtf aés’ termes. intèllè&uels. ? La. Çompa.raifon
&’ la Sîmilitude ÿ.' fopt! fenfiblés. Or ..il 'eû .copf-
tant que lei hommes ont eu befoln de très-bonne
heure' de cette' ëfpècé; de termes j & H n’y a pref-
qüe pas à douter, que l’expédient de les prendre
paV ànaloeie cfaiis i’brdré pjyfiqqe , ne foit.auffi
âncied’& ne Vienne.yâe la même fource que le
Lak gue ). ,Noûs pouvons-
dopé Croire".<^ue!lès’ fTrdpés doivent leur première
origiftjé, â'_là4 néce^é^' que çq que. dit Quln-
tilien dé la Métaphore , eft vrai 'de tous ies T?opes $
fdvoîr., que preefiat ne ulli re\ homen dêejfe yi-
déatiir. ’( M. B e au z é è . )
La vivacité avec laquelle n,qus reffentons ce que
nfapi.su s voulons qxprimer , dit )âvec,irgifoj>.ldu, Mar- ,( lpc% cït. excite en nous cqs images $ nous
en lomme? .occupés les -premiers,. & noirs nous en
fervons epfurt^ pour mettre en quelque forte, devant
les. jeux des au.tres ce que nous jouions leur
faire entendre . . . Les rhéteurs ont enfuitè remarqué
que telle cxpreffion étoit plus noble ,. telle
autre plus énergique , celle-là plus agréable, celle-
ci ‘moins dure ; en un m ot, ils ont fait leurs ob-
fervations fui: le langage ;dés. hommes. ( D u Ma r -
S A i s . )
* E t T a rt s’e ft é ta b li j(ùr le s p ro c é d é s, n éçç.ffaires de
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la nature i les différents degrés de fuccès des
ïiioyens fitggérés par le beioin , oi)t fervi de
fondement aux régies fixées enfuite par Tart, pour
ajouter l ’agréable à l ’utile. ( M. B e a u z é e . )
. Pour faire voir que l ’on fubfiitue quelquefois
des termes figurés à la place des mots propres
qui manquent, ce qui eft très-véritable, Cicéron :
iD e Orat. lih. i i i 3 n°. 15 f , aliter xxxviij ) , !
Quintiiien ( Inflit. v ill> vj ) 8c Rollin (tom. i l ,
■ pug. ?-4;é ) , qui peme & qui parle coipme ces
grands,hommes, difi/nt que c'eit par emprunt &
par Métaphore qiCon a appelé Gemma le bourgeon
de la iùgnè , parce , difent - ils, qu’i l n’y
avoit ppitit de mot propre pour. Vexprimer. Mais
'fi nous' en croyons .les étymolpgiftes, Gemma eft
le mot propre pour fignifier le bourgeon de la
vigne y & ç’a été enfuite par figure que les latins
ont donné ce nom aux perles ' 8c aux pierres pré-
ciëufes. Gemma efl id quod in arbo/ibus tumefùit
curn parère incipiunt , à geno, id e fl, gigno :
Juiic, margarita & deïnceps omnis lapis pre-
tiofus ficitur Gemma . . . Quo.d hafret, quoque
Berôtius, cujus heee fun t verba : » Lapillos gemmas
vôcavere à fimilitudine gemmarum quas in
vitibusr five arboribus cernimus ; gemmæ enim
propriè fient ociili quos primo vues emittunt ;
& gèrhmare' vices dicüntur, dum gemmas émit- tient ('Martinii , Lexic. voce Gemma ). Gemma
oculus vitis propriè. z. Gemma deinde generale
nomen efl làpidum pretioforum ( Baf. Fabri ,
Thefadr.vozt Gemma]. En effet, c’eft toujours le
plus commun*5c le plus connu qui eft le propre,
'& qui le prête enfuite "au fens figuré. Les laboureurs
du'paÿs ‘iatiu’ connoifToient las Bourgeons
dès vignes 86 dbsJ arbfèé , & leur avoiént donné un
nom avant que d’avoir vu des perles 8c des pierres1
précieufes v mais comme dri donna enfuite, par
figure 8c par imitation', ce même horp aux perles
aux pierres précieufes , & qu’apparemment C icéron
iQuintil'ién ,& Rollin ont vu plus de perles
<§Ue. de-î bourgeons dé vigney ils ont cru que ïe
«om-de cé qui leur étoit le plus co'nnu ^'tblt le
nom propre, & que le ' figuré étoit tè lui de ce
quais? côünoiffoiem moins1. ( D u M a r s Al S. )
III. De la manière de faire ufage des Tropes.
C ’eft particulièrement dans les Tropes, dit le
P. . Lamy ( Rhét. liv. IT} chàp. î v ) , que confif-
îentles richefles du langage. Auffi, comme le mauvais
ufagejdes' grandes ncheffés canfe le dérèglement
des .États , le mauvais ufage des Tropes eft
la fource de quantité de fautes que l ’on commet
dans le difeours : c’eft pourquoi i l eft important
de le bien régler , 8c pour cela les Tropes «loi-
vent fur-tout avoir deux qualités 5 en premier lieu
qu’ils foient clairs 8c faffent entendre ce qu’on
veut dire, puifque l ’on ne s’ep fert que pour rendre
le difeours plus expreffif ; la fécondé qualité , c’eft
qu’ils foient proportionnés à l ’idée qu’ils doivent
Réveiller. -
f T r o is chofes ernpêcbeüt le s Tropes d’ être c la ir s ,
T R O ySy,
i°. La première, s’ils font tirés de trop loin & pris do
chofes qui ne donnent pas occafion à l ’âme de
penfer d abord à ce qu’il faut qu’elle fe repréfente
pour découvrir. la penfée de celui qui parle.
Pour éviter ce défaut, on doit tirer les Métaphores
& autres ' Tropes de chofes fenfibles , &
qui foient fôiis les ieux, dont l ’image par con-
fëquent fe préfente d’elle-même fans qu’on la cherche.
La Sageffe divine , qui s’accommode à la capacité
des hommes , nous donne, dans les faintes
Écritures, un exemple du foin qu’on doit avoir
de fe fervir des chofes connues à ceux qu’on infi-
ttuit, lorfqu’il eft queftion de leur faire comprendre
quelque chofe de difficile. Ceux qui ont
Tefprit petit , & qui cependant. ofent critiquer
T'Écritufe , y condannent les Métaphores & les
Allégories qui y font prifes des champs, des pâturages
-, des brebis, des 'chaudières : ils ne prennent
pas garde que les ifraélites étoient tous bef<
gers , . & qu’ainh il n’y avoit rien qui leur fut plus
connu que le ménage de la campagne. Les prêtres,
à qui l'Écriture s’adreffoit particulièrement, étoient
perpétuellement occupés à tuer des bêtes dans le
temple', a ies écorcher, 8c à les faire cuire dans
lès grandes cuifines qui étoient autour du temple.
Les écrivains facrés ne pouvoient donc pas choifir
des chofes dont les images fe préfentaffent plus facilement
à l ’efprit des ifraélites.
z°. L ’idée du Trope doit être tellement liée
avec.celle du mot propre, qu’elles fe fuivent, 8c.
qu’en- excitant l ’une des deux, l ’autre foit renouvelée.
Le défaut de cette liaifon eft la fécondé chofe
qui rend les Tropes obfcurs.
30. L ’ufage trop fréquent des Tropes eft une
autre caufe d’obfcurité. Les Tropes les plus clairs
ne fignifiént les chofes qu’in dire de ment : l ’idée
naturelle de ce que Ton n’exprime que fous le
voile des Tropes , ne fe préfente à Tefprit qu’après
quelques réflexions.; .on s’ennuie de toutes ces ré^
flexions , & de la peine de deviner toujours les
penfées, de celui qui parle. On ne condanne pourtant
ici que le trop fréquent ufàge des Tropes
extraordinaires; il y en; a qui ne font pasrmoins
ufités que les termes naturels, & ils ne peuvent
jamais obfcùrcir le difeours.
ij. Si je veux donner l ’idée d’un rocher dont la
hauteur-eff extrabrdinairé; ces termes grand,.haut:
élevé» qui; fe difent 'des rochers d’iine hauteur commune
, n’en feront qu’une peinture imparfaite :
mais fi je- dis que ce rocher femble menacer le
ciel y l ’idée du ciel ? qui eft la chofe la plus
élevée de toute la nature, l ’idée de ce mot bze-
nacer, qui convient à un homme qui eftaudeffus
des autres, forment l ’idée de la hauteur extraordinaire
que je ne pouvois exprimer d’une autre
manière ; mais l'image auroit été exceftive , fi je
ne difois que le rocher femble menacer le ciel : 8c
c’eft ainfi qu’il faut prendre garde qu’il y ait tou-
jour? Çjuç}%ue proportion entre l ’idée naturel!*