
revêtu de ces deux propriétés ; & c’eft lui-même
qui établit le principe incontestable qui attache
cette conféquence au fai t, je veux dire , ^invariabilité
de la lignification des mots : » Car c’eft
» par accident , dit-il ( chap. ix )-, fi elle varie
» quelquefois , par équivoque ou par métaphore ».
Mais li la lignification démonstrative & la vertu
conjonctive font les deux propriétés qui caràétérifent
cette forte de mot , a quoi bon le dé ligner par la
dénomination de R e la t if , qui eft vague',' qui convient
également à tous les adjedifs , qui convient
même à tous les mots dune phrâfe, pullqü^ïs-font
tous Üés par les raports refpedtifs qui les font
concourir à l ’expreSfion de la penfée ? Né vaut-il
pas mieux dire tout Amplement que c’eft un àd-
je c l i f démonftratif^ & conjonctif ? Ce fê tait, en
le nommant, eri déterminer clairement la deftioa-
tion , & pofer, dans la dénomination même , • le
principe justificatif de tous les nfag.es que les langues
en ont faits. Cependant comme II y a d’autres
adjeftifs démonstratifs , comme is , ea, id ; hic ,
heee , hoc ; ille , ilia y i l lu d f ijle , ijla , ijlu d ,
&e ; & que cette idée individuelle ne donne lieu
aucune loi particulière de Syntaxe : je crois que
l ’on peut fe contenter delà dénomination d’adjectif
conjonctif y telle que. je l ’ai établie d’abord, parce'
que c’eSt de cette vertu conjonctive & dè la nature
générale des adjectifs, que découlent les règles de
Syntaxe qui font propres à cette forte de mot.
Première règle. U a â je è iif côAjoncîifYiiccotAë
en genre , en nombre, & en cas avec un cas répété
de l ’antécédent, foit exprimé foit foufenteridu. je
m’exprime autrement que ne font les rudimentaires,
parce que la Phrlôfbphre ne doit pas prononcer
Amplement fur des apparences trop Souvent trom-
peufes , & prefque toujours infuffifantes pour justifier
fes décifions- On dit communément que le
R e la t if s’accorde avec l ’antécédent en genré, en
nombre, & en perfonne ; & l ’on cite ces exemples
: Deu s' Qx/.e m àdôramus efi omnipoiens ,
timete Deum QUI mundum condidit. On remarque
fur le premier.exemple, que quetn eft au fin-
gulier & au mafeulin , comme D e u s , mais qu’il
n’eft pas au même cas , & qu’il eft à l ’accufatif,
qui eft le régime du verbe adoramus; fur le fécond
exemple , que qui eft de même au fingulier & au
mafeulin , comme Deum, mais non pas au même
cas , puifque qui éft au nominatif, comme Sujet
de condidit : on conclut de là que le R e la t if ne
s’accorde pas en cas avec l’antécédent. On remarque
encore qut qui , dans le fécond exemple, eft
de la troifième perfonne, comme Deum, puifque
le verbe condidit eft à la troifième perfonne, &
qu’il doit s’accorder en perfonne avec fon fujet, qui
e f t q u i
Ce qui fait que l’on décide de la forte , c’eft le
préjugé univèrfel que qui, qqoe , quod eft un pronom
: il eft vrai que le cas' d’un pronom ne fe
décide que par le rapo'rt propre dont il eft chargé
dans l ’enfemble de la phrafe', quoiqu’il fe mette
au même genre & au même nombre que le nom’
fon corrélatif, dont il tient la , place ou qui au-
roit pu tenir la fîenne ; mais ce n’eft pas tout à
fait la même chofe de l’adjectif conjonctif y & la
Méthode latine de Port - Royal elle-même m’en
fournira la preuve. » Le R e la t if Q U I , Q U Æ,
» QUOD doit ordinairement être confidéré comme
>i entre deux cas d'un même fubftantif exprimés ou
» foufentendus : & alors il s’accorde^ avec l ’antécé-,
» dent en genre & en nombre ; & avec le fuivant,
» même . en cas , tomme'avec fon fubftantif ».
G’eft ce qu’on li t dans l’explication de la fécondé
règle de la Syntaxe. N ’eft - il -pas fùrprenant
que l ’on partage ainfi les relations du R e la t if y fi
je peux parler de la forte, & que l ’on en décide*
le- genre & le nombre par ceux du nom qui précède
, tandis qu’on en détermine je cas par celui
du nom qui fuit ? N ’étoit-il pas plus fimple dè ra-
porter tout au nom fù'ivant, & de déclarer la concordance
entière comme à l ’égard de tous les autres
adjeétifs ?-
La vérité de ce principe fe manifefte partout.
i°. Quand-le riom eft avant & après' 13adjectif
conjonctif, comme l it ter a s ah s te M. Cale-
nùs' ad me q ttu lit, in Q U I B XJ s Ll T T E R I s
feribis , Cic. Ultra EUM LOCUM , QVO in
LOCO Germant co nfe de rein t , Cæf. E odem lit
J URE uti fenèm liceat, QU6 J U R E fum ufiis
adolefcentior , Ter. i° . Quand, le nom eft fup-
primé après i ’adjectif conjonctif y puifqu’alors *o h
ne peut analyfèr la phrâfe qu’en Suppléant l’el-
lipféciu nom ;.comme Cognojces éx l i s Ll^TTERlf
Q'XJ A s tiherto tuo dedi , : Cic. pour esc litteris
quas litteras, dit la Me'thode latine ( loc. cit. ).
j ° . Quand le nônï eft fupprimé avant Y adjectif
cohjoriSif, pour la même rai fon ; comme Populo
ut placèrent QXJAs fecijfet FABULAS , Phæd.
c’eft à dire , populo ut placèrent FABULÆ, Qu As
FABULAS fecijfet. 4 °. Quand le nom eft fupprimé
avant & après ; comme Surit Qù ibXJS in J a tira
yideor nïmis• acer , Hor. c’éft a d'irè, fun t ho-
m i n e s y .QüiBÙ-s HOMlNÏBÜs in fatîrâ videor
nimis acer. <?°. Quand Y adjectif conjonctif étant
entre deux noms de genres pu de nombres différents
, femble s’accorder avec le premier; comme
Herculifacrificium fe c it in LOCO QÜEM P y r am
appellant , Tit. Liv. c’eft à dire , in L O c Q QU EM LOCUM appellant Pyram ; & encore ,
Darius adEUM i.o eu m qùem am a n ic a s Py -
LAS vocant pervertit y Curt. c’eft à dire, adEUM LOCUM quem locUm vocant P y l a s a m a n ic
a s. 6 °. Et encore plus évidemment,quand Yadjeclif
conjonctif s’accorde tout Amplement avec le mot
fuivant ; comme A NI MA L providum & fagaoc QUEM vocamus hominem ; quoiqu’il foit vrai
que cette concordance ne foit alors qu’une fyilepfe
( voye\ Syllepsé ) : mais ce qui a amené cette
fyilepfe, c’eft1 l’authenticité même de la règle que
Ton établit ici, & que Ton croyoit fuivre apaient-
nient.
Elle eft fondée , comme on voit, fur ce que
le prétendu pronom relatif eft un véritable ad-
jeélif, & que, comme tous les autres, il doit
s’accorder à tous égards avec le nom ou le pronom
auquel on l’applique ; & cela , en vertu du principe
d’identité. Voye^ Identité.
Seconde règle. Ua dje c tif conjonctif apartient
toujours à une propofition incidente , qui eft modificative
de l’antécédent; & cet antécédent apartient
par conféquent à la propofition principale.
C’eft une fuite néceffaire de la vertu conjonctive
renfermée dans cette forte de mot : partout où il y a
conjouétion, il y a néceffairement plufieurs propositions,
puifque les conjonctions font des mots(qui défi-
gnent entre les propofitions une liaifon fondée fur les
raports qu’elles ont entre elles : d’ailleurs la con-r
cordancc de Yadjeclif conjonctif avec l’antécédent
ne paroît avoir, été inftituée , que pour mieux faire
concevoir que c’eft principalement à cet antécédent
que doit fe raporter la propofition incidente.
Je n’infifte pas davantage fur ce principe , qui apa-
remment ne me fera pas contefté ; mais je dois faire
faire attention à quelques corollaires importants qui
en découlent.
Goroll. i . Dans la conftru'Ction analytique &
dans toutes les occafîons où Ton doit en confdrver
la clarté , ce qui eft prefque toujours néceffaire ;
Yadjeclif conjonctif doit fuivre immédiatement
l ’antécédent , & être à la tête de la propofition
incidente. La conjonction , qui eft l’un des caractères
de cet adjeCtif, eft le ligne naturel du ra-
port de la propofition incidente à l’antécédent ;
elle doit donc être placée entre l’antécédent &
l’incidente, comme le lien commun des deux, ainfi
que le font toujours toutes les autres conjonctions.
Les petites exceptions qu’il peut y avoir à-ce corollaire
, dans la pratique , peuvent quelquefois
venir de la facilité que le génie particulier d’une
langue peut fournir pour y conferver la clarté de
l’énonciation , par exemple $ au moyen de la concordance
des terminaifons ou de la répétition de
l’antécédent, comme dans les langues tranfpofîti-
ves : ainfi, la concordance du genre & du nombre
fauve la clarté de l’énonciation dans cette phrafe
de Térence^ Q u A s credis effe has , non fun t
verec nuptioe, parce que cette concordance montre
affez nettement que nuptioe eft l’antécédent de quas y
qui ne peut s’accorder qu’avec nuptias ; & c’eft
à peu près la même chofe dans ce mot de Cicéron
, QU AM quifque nôrit artem , in hâc fe escer-
ceat. D’autres fois l’exception peut venir de la
préférence qui eft due à d’autres principes , en cas
de concurrence avec celui-ci ; & cette préférence ,
connue par la raifon ou fentie par l’ufage , fauve la
phrafe des incertitudes de l’équivoque : tels font
les exemples où nous plaçons entre l’antécédent &
Yadjeètif conjonctif y ou une fimple propofition ,
ou même une phrafe adverbiale dans le complément
de laquelle doit entrer Yadjeclif conjonctif
la manière même dont je viens de m’expliquer en
eft un exemple, 8c Ton en trouve d’autres au mot
Incidente.
Coroll. z. Puifque Yadje ttif conjonctif eft effen-
ciellement démonftralif, & que l ’analyfè fuppofe
dans la propofition incidente la répétition du nom
ou du pronom antécédent avec lequel s’accorde
Yadjeclif conjonctif; cet antécédent eft donc en*
vifagé fous ce point de vue démonftratif dans la
propofition incidente : mais cette propofition incidente
eft modificative du même antécédent, envi-
fagé comme partie de la propofition principale :
donc il doit être confidéré dans la principale fous
le même point de vue démonftratif; puifqu’autre-
ment, l’incidente , qui fe raporte à l ’antécédent pris
démonftrativement, ne pourroit pas fe raporter à
celui de la propofition principale. C ’eft prccifé-
ment en conféquence de ce principe que , dans la
phrafe latine , on trouve fouvent le premier antécédent
accompagné de l ’adjeétif démonftratif is ,
ou hic y ou ille y &e : Ultrà EUM locum quo in
loco germant confederani ; Cognofces ex l i s
litteris quas, &c ; & Virgile Ta même exprimé
avec le pronom ego : ILLE ego qui quondam , 8cc.
C ’eft aufti le fondement de la règle propofée par
Vaugelas ( Rem. ) , comme propre à notre
langue , que le pronom relatif ( c efi à dire, l ’ad-
jéétif conjonctif) 11e fe peut raporter à un nom
qui n a point d'article. Vaugelas n’avoit pas aperçu
toute la généralité de cette règle ; la Grammaire
générale {part. I l y chap. x ) l ’a difeutée avec
beaucoup de foin ; du Marfais , qui en a préfenté
la caufe fous un autre afpeét que je ne fais ic i ,
quoiqu’au fond ce foit le même , a réduit la règle
à fa jufte valeur ( A rticle, p. 148 col. ij ) ; Du -
clos femble avoir ajouté quelque. chofe à la précision
( Rem. fur le chap. x de la Gramm. gén. ) ;
& l ’abbé Fromant a enrichi fon Supplément ( fur
le même chapitre ) de tout ce qu’il a trouvé épars
dans différents auteurs fur cette règle de Syntaxe.
Voilà donc les fources où il faut recourir pour fe
fixer fur le détail d’un principe , que je ne dois
montrer ici que fous des termes généraux ; & afin
de favoir quels autres mots peuvent tenir lieu de
l ’article ou être!réputés articles, on peut voir ce que
j’en ai dis à la fin du mot Article [p. z 51, c. z & f .)
Coroll. 3. Comme la Signification propre de
chaque mot eft efTenciellement une , c’eft une erreur
que de croire, comme il femble que tous
les grammairiens le croient , que Y adjeclif conjo
n c t if puiSTe être employé fans relation à un
antécédent , & fans fuppofer une proposition principale
autre que celle où entre cet adjeétif. Q u i ,
que y quoi , lequel, font, au dire des grammairiens
françois , ou relatifs ou abfolus : re latifs,
quand ils ont relation à des noms ou à des personnes
qui les précèdent ; abfolus, quand ils n’ont
pas d’antécédent auquel ils ayent raport. ( Voye\
la Grammaire franç. de Reftaut, chap. v , art. 5
8ç 6 : A b uno difee omn.es. ) Dieu q u i aime