
tante de fit^ nature, & j’ai annoncé très-clairement
» que je nai choilï le fyftême des Voies (impies
» ulitées dans notre langue, que comme un point
» fixe pour appuyer'les notions générales que j’avois
» a établir j ear au furplus chaque idiome a fur cet
* objet fon fyftême particulier ». ( Gramm. gén.
tom. I p. zz & 13 .)
» D ailleurs eft-il bien v ra i, continue M. Thié-
» bault, que ces quatre Foies É , I , U , O U , ne
» deviennent jamais graves, même en devenant
» longues ?» Je ne veux pas foutenir trop affirmativement
une chofe qui eft moins du reffort
du raiionnement que de celui des organes, qui varient
félon les fujets. Je confens donc volontiers
quen regardant ces F o ix comme confiantes par
raport à la nafalité , on les diftingue en graves &
aiguës de la manière fuivante :
É f grave.........................» . . . * pénible.
i. a i g u ë .............. * . ................. pénétrant.
I f g r a v e ................................ gîte.
\ a i g u ë .................. ................. agite.
XJ ƒ g rave ...................................... jflûte.
\ aiguë . . . . . . .................fluet.
U f g rave * .............. .....................j e goûte.
, ] ; aiS u ë ...............> • * • • • la goûte.
( Af. B eauzée. )
; * V O IX . (fGramm. grèque & latine ). On diftingue
, dans ces deux langues, la V o ix aâûve &
la F o ix paffive.
La F o ix aftive eft la fuite fyftématique des
inflexions & terminaifons entées fur une certaine racine
, pour en former un verbe de lignification aétive.
La F o i x paffive eft-. la fuite fy fié mari que des inflexions
& terminaifons entées fur la même racine ,
pour en former un autre verbe de lignification paf- !
five. Foye-% A c t i f & P a s s i f .
Par exemple, en latin, amo, amas, amat, & c ,
font de la V o ix aétive ; amor, amaris,amatur, & c ,
font de la F o ix paffive. Les unes & les autres de
ces inflexions font entées fur le même radical am,
qui eft le ligne de ce fentiment de l ’âme qui lie
les objets par la bienveillance : mais à la Voix
active , il eft préfenté comme lin fentiment dont le
fujet du difeours eft le principe ; & à la Voix paffive,
comme un fentiment dont le fujet du difeours eft
l ’objet.
( ^ Dans la langue grèque , outre ces deux F o i x ,
on diftingue la Voix moyenne, C ’eft la fuite fyftématique
des inflexions & terminaifons entées fur
le même radical, pour én former un autre verbe
de lignification moyenne .', c’eft à dire , tantôt aétive
& tantôt paffive ( Foye\ Mo y e n ). Les circônf-
tances du difeours déterminent laquelle des deux
lignifications doit avoir lieu dans chaque, phrafe. )•
La génération de ces trois V o ix , li on la ra-
porte au radical commun , appartient' donc à la
dérivation philofophique j mais quand on tient une
fois le premier radical a é ïif, paffif, ou moyen ,
la génération des autres formes 4e la même F o ix I
eft du reffortdela dérivation grammaticale. Foyer
D é r i v a t i o n & F o r m a t io n .
, ( 1 La langue françoife ainli que Ces foeurs ,
l’italienne, Tefpagnole , & la portugaife , & l’on
peut y joindre l’allemande & fes diale&es ; toutes
ces langues 11e connoiilent que la F o ix aétive :
elles ont pourtant des reffources pour exprimer le
fens paffif ; mais ce n eft point pat un fyftême de
conjugaifon, & par conféqueut ce n’eft point par une
F o ix proprement dite. )
Ce qu’on a coutume de regarder en hébreu &
dans quelques autres langues comme différentes
conjugaifons du même verbe, eft plus tôt une fuite
de différentes F o ix . La raifon eii eft que ce font
autant de fuites différentes d’inflexions & termi-
naifons verbales, entées fur un même radical, &
différenciées entre elles par la diverlité des lens
acceffoires ajoutés â celui de mune. l’idée radicale comPar
exemple (méjart en lilant félon Maft
clef ), tradidit ; toqu ( noume'far), traditus eft;
“VOOrK heméfir)i tradere fe c it ; ."^aan ( héméjar}
tradere faêtus e f l , félon l’interprétation de Maf-
clef, qui veut dire effectuai eft ut traderetur;
*lü»O Onnn (v oheitt,m déifta rl ’a) bfbeé iLpafudmvo ctarta d( idit. pag. 24), que
» les. conjugaifons en hébreu ne font pas différentes-
» félon les différents verbes, comme en grec, en
» latin , ou en françois ; mais qu’elles ne font que
» le même verbe conjugué différemment pour expri-
» mer fes différentas lignifications ; & qu’ainfi il n’y
» a en hébreu , â proprement parier, qu’une feule
» conjugaifon , fous fept formes différentes d’expri-
» mer les lignifications d’un même verbe ».
Il eft donc évident que ces diverfes formes diffèrent
entre elles , comme la forme aélive & la forme
paffive dans les verbes grecs ou latins ; & qu’on
auroit pu, peut-être même qu’on auroit dû, donner
également aux unes & aux autres le nom de Vo ixi
Si l’on avoit en outre cara&érifé ces F o ix hébraïques
par des épithètes propres à déligner les idées
acceffoires qui les différencient, on auroit eu une
nomenclature plus utile & plus lumineufe que celle qui eft ulîtée. -
( ^ Au refte , l’abbé Ladvocat compte fept F o ix en hébreu $ d’autres y en comptent huit ; & Maf-
clef, qui a abandonné les points rnafforétiques,,
n’y en compte que cinq. On peut voir à M article
S a m s k r e t , un exemple de différentes V o ix pof-
fibles, & d’une nomenclature adaptée à la diverlité
des idées qui les diftinguent. ( M. B e a u z é e . )
VOLUME, TOME. Synonymes. Le Volume peut contenir plusieurs Tomes ; & le Tome peut
faire plufieurs Volumes : mais la reliure fépare
les Volumes ; & la divifion de l’ouvrage diftiimie
les Tomes. , 0
Il ne faut pas toujours juger de la fcience de
l’auteur- par la groffeur du Volume. Il y a beaucoup
d’ouvrages en plufieurs Tomes, qui fer oient
meilleurs s’ils étoient réduits en un feul, ( Vabbé
G i r a r d - )
V O LU P T É ,D É B A U CH E , CRAPULE. Syn.
La Volupté fuppofe beaucoup de choix dans les
objets, & même de la modération dans la jouïf-
fance. La Débauche fuppofe le même choix dans
les objets, mais nulle modération dans la jouïf-
fance. La Crapule exclut l ’un & l ’autre. ( D i d
e r o t . )
(N . ) V O U L O I R , v. auxil. Avoir le délir,
l ’intention de quelque chofe. Se déterminer à quelque
chofe. Exiger ou Ordonner quelque chofe.
Telles font à peu près les fignincations naturelles
& ordinaires du verbe Vouloir, confidéré comme
verbe aftif ; mais on n’en parle ici que comme
verbe auxiliaire. En effet, Vouloir eit auxiliaire ;
dans plufieurs langues, pour marquer l ’efpèce de
futur dout l ’évènement dépend de la volonté du fujet
agent ; telles font les langues allemande , angloife,
éf C . • .
Dans quelques provinces de France, fpéciale-
ment en Franche-Comté & en Lorraine , on fe
fert de même de l ’auxiliaire Vouloir; mais ce
n eft qu’en interrogeant, & leulement a la première
perfonne fingulière ou plurièle : Feuxmj e aller en
tel lieu ? Voulons - nous demain dîner enfemble ?
C ’eft qu’on ne peut jamais avoir de doute fur fa
propre volonté j & par conféquent l ’interrogation
par la première perfonne, ne pouvant tomber alors
fur la volonté , ne peut concerner que l ’évènement
futur. Au contraire, l ’interrogation par la fécondé
ou la troifième perfonne pourroit marquer de l ’incertitude
fur la volonté même du fujet j & c’eft
pour cela que Vouloir n’ eft auxiliaire & ne perd
la lignification primitive qu’à la première perfonne.
On trouve dans le roman de L a p rincefle de
Clèves (3 . part.) un exemple de cette nature j
qui prouve que le génie de notre langue peut fe
prêter à cette vûe , & a de l ’affinité avec l ’allemand
, l’anglois, & les autres filles du Celtique.
» Elle trouva qu’il étoit prelque impoffible qu’elle
» pût être contente de la paffion. Mais quand j e
» le pourrais être , difoit-elle, qu'en u e u x - J E
» f a i r e ? V e u x - j e la s o u f f r i r ? V e u x -
tu j e y r é p o n d r e ? V e u x - j e m ' e n g a g e r
» dans une galanterie? V e u x - J E M A N Q U E R
» à M . de Clèves? V e u x - J E me m a n q u e r
» à moi-même Y E t V e u x - J E enfin m ' e x p o s e r
» aux cruels repentirs & aux mortelles -douleurs
» que donne l'amour? » ( M. B e a u z é e . )
(N .) V O Y E L L E , f. f. La parole comprend
deux fortes d’éléments, les Voix & les Articulations.
La Voix eft 'un- fon qui réfulte de la fimple
émiffion de l’air , 8c dont les différences effencielles
dépendent de la forme du paffage que la bouche
prête à cet air pendant l ’émiffion. L ’Articulation
eft le degré d’explolîon que reçoivent les Voix par
le mouvement fubit & inftanlané des différentes
parties mobiles de l’organe. Voye\ Voix &
A r t i c u l a t i o n .’ A ces deux efpèces d’éléments de
la parole , répondent dans l’écriture deux efpèces
de lettres ; les Voyelles pour repréfenrer les Voix
fimples , & les. Conformes pour repréfenter les Articulations.
Voye\ C o n s o n n e . Les Voyelles font donc des lettres confacrées
par l’ufage national à la repréfentation des Voix
limpleîî JLe mot Voyelle eft féminin, à caufe du
nom général de Lettre , comme fi l’on avoit voulu
dire Lettre voyelle ou de Voix> Lettre qui reprê-
f ente une V o ix : ainfî, Voyelle eft originairement
un adje&if féminin, qui eft devenu nom par l’ufage,
parce qu’on y a attaché l’idée primitive de Lettre. On a vu ( article Voix, Gramm. gén.) que
nous avons dans notre langue huit voix fondamentales,
dont les variations ont multiplié ces fons
jufqu’à dix fept, félon le calcul de Duclos, 011 même jufqu’à vingt & un, félon la correction indiquée
par M. Thiébault. Faudroit-il également admettre
dix fept ou vingt & une Voyelles dans notre
alpJhea bcreot i?s que 'c e f'eroit multiplier les lignes fans
néceffité, & même effacer les traces de l’analogie
naturelle des Voix qui exigent une même dilpofîtion
dans le tuyau organique de la bouche. En defeen-
dant de l’A à TOU, il eft aifé de remarquer que
le diamètre dû canal de la bouche diminue, &
qu’au contraire le tuyau qu’elle forme s’alonge par
des degrés , inappréciables peut-être dans la rigueur
géométrique , mais auffi réellement diftingués entre
eux que les huit Voix fondamentales qui caraété-
rifent ces degrés : il ne paroît pas au contraire qu’il
y ait, dans la difpôfition de l’organe , aucune
différence fenfible qui puiffe cara&érifer les variations
dont les Voix fondamentales font fufceptibles ;
ces changements ne paroiffent guère venir que de
l’affluence plus ou moins conlidérables de l’air fonore,
de là durée plus ou .moins longue du fon , ou de
quelque autre principe également indépendant de
la forme aétuelle du paffage.
Il feroit donc raifonnable, pour conferver les
traces de l’analogie , que notre alphabet eût feu-
| lement huit Voyelles, qui repréfenteroient les huit
Voix fondamentales. Dans ce cas , un ligne de
longueur , tel que pourroit être notre accent grave ,
naturellement deftiné à cet office par fa dénomination
j & un ligne de nafalité , comme pourroit être
notre accent circonflexe , dont les deux pointes
défigneroient les deux -iffues du fon nafàl; ces deux lignes,
avec nos huit Voyelles, feroient tout l’appareil
alphabétique de ce fyftême. La Voyelle qui n’au-
roit pas le ligne de nafalité , repréfenteroit une
Voix orale; celle qui n auroit pas le ligne de longueur,
repréfenteroit une Voix brève: & quoique
Théodore de Bèze ( De francicce linguæ recta
pronunciatione tractatus, Gtnev. 1584) ait prononcé
que Eadetn Syllaba acuta quæ productd t
N n n n a