
6 V A L
7„ , . J (ans avoK etc défaits ; parce que, le
lendemain de la perte d'une bataille , ils étaient en
«Ut d en donner une nouvelle.
On peut auffi obferver que les mots Vaincu &
„ 7 ? “ n" s’appliquent qu'à des armées ou à de
grands corps : ainfi , on ne dit point d'un détache-
ruent, qu il * h t défait ou vaincu; on dit qu'il a
«te battu. ( D A l e m b e r t . ) a
V A L E U R , CO U R A G E . Syn. Le Valeureux
peut manquer de Courage; le Courageux eft toujours
martre d avoir de la Valeur. -
La Valeur fert au guerrier qui va combattre ; le ffigffffa tous les êtres qui , jouïffant de
1 exiftence, font fujets a toutes es calamités qui
i accompagnent. V
- Que vous (erviroit la Valeur, Amant qu'on a
trahi , Pere éploré que le fort prive d'un fils ,
î-fp .j?1wa ,Çlamdr,e dont lo fils n’ eft pas- vertueux »
"Y V “ qui allez, être fans père & fans mère,
' 7 dont 7 mi “ ‘ut la vérité , ô Vieillards qui
allez mourir, Infortunés, c’eft du Couvage que vous
- ayez, befoin ! o i
Contre les pallions que peut la Valeur, fans
Courage ? elle eft leur efclave, & le Couraac eft
leur maure. m n : •- • °
La Valeur outragée fê venge avec éclat, tandis
^ue le Courage pardonne en filençe.
Près d une maitrefTe perfide le Courage combat
i amour, tandis que la Valeur combat le rival.
La V u-leur brave les horreurs de 13 mort : le
Courage, plus grand-, brave la. mort & la vie.
4 M . d e P e z a y . )
( T Valeur.eft plus tôt une dilpofition naturelle
6c avantageule de l ’âme & du corps, qu’elle
n eft une vertu : on en peut faire , comme de plu-
dieurs autres qualités feinblables , un bon ou un
mauvais ufage ; elle fe trouve en de méchants
hommes , & elle, a quelquefois rendu méchants des
hommes qui auroient été bons fans elle. La V a leur
ne devient louable & refpedïable, que par
une vertu fupérieure qui l ’emploie & qui la dirige:
cette' vertu, dans le fujet on dans le citoyen eft
1 amour de fon prince & de fa patrie , guidé par ■
la limple obeiffance ; dans le prince on le chef
«le la République, c’eft l ’amour de fes peuples
éclairé par la juftice qu’il obferve à l ’égard même
ide fes votfins & de fcs ennemis-; dans le héros :
éenhn , e eft 1 amour des hommes en général ou l’hu-
mamté, conduite-par un zèle fondé fur une vive
etpérance de la protedtion du Ciel.
. Le ,''rai‘ Courage,_ qui , pris en général, convient
a foute condition & même à tout fexe
coufifte à braver toutes fortes depérils pourfüiJré
le devoir. C eft cette feule vâe du devoir qui dif-
tmgue le Courage de la Valeur, & qui rend tou-
jours ranonnable 1 héroïfme même . . . Bien loin
de ne chercher qu’une gloire vaine , il s’expofe ,
pour le fervice de fa patrie ou du genre humain,
V A N .
^ aux Interprétations bizarres ou aux condannations
injuftes des hommes mêmes qu’i l veut fervir : gh
capable de commettre une aétion lâche , fous quel
que prétexte d’utilité que ce puifle être, il ne'
. fâcrihe jamais l ’honneur réel qui dépend de lui-
mais ferme dans fes-projets , il’ fàcrifie fans peine’
Çour les accomplir, l’honneur apparent qui tient
! a l ’opinion paflagère des hommes envieux ou mal
inftruits. ( L'abbé Te r r a s so n . ),
VA LEU R , PRIX. Synon. Le mérite des chofes
en elles-mêmes en -fait la Valeur i & l ’eftimation
en fait le P r ix .
La _ Valeur eft la règle du P r ix ; mais une règle
afîez incertaine, & qu on ne fuit pas toujours.
De deux chofes, celle qui eft d’une plus grande
Valeur vaut mieux ,. & celle qui eft d’un plus grand
P r ix vaut plus.
Il femble que le mot de P'rix fuppofe quelque
caport à l ’achat ou à la vente ; ce qui ne fe trouve
pas dans le mot de Valeur. Ainfi , l ’on dit, Que
ce n’eft pas être connoiffeur, que de ne juger de la
Valeur des chofes que par le P r ix qu’elles coûtent.
{ L ’abbé Gir a r d .)
V A L LÉ E , V A L L O N . Syn. Vallée femble
fignifiqr un efpace .plus étendu. Vallon femble en
marquer un plus refl’erré.
Les po.ètes ont rendu le mot de Vallon plus
ufité :■ parce qu’ils ont ajouté, a la force de ce
mot, une idée de quelque chofe d’agréable ou de
champêtre ; & que celui de Vallée n’a retenu que
1 idee d un lieu bas & fitué entre d’autres lieux plus
élevés.
On dit, la Vallée de Jofàphat, ou le Vulgaire
penfe que fe doit faire le jugement univerfel fij;
& 1 on dit le facré Vallon , où la Fable établit
une demeure des Mufes. [ L ’abbé G i r a r d . ) '
V A N T E R , LO UER. Synon. On vante une
perfonne , pour lui procurer- l ’eftime des autres ou |
pour lu i donner cfe la réputation. On la loue ,
pour témoigner l ’eftime qu’on fait d’elle ou pour
lui applaudir»
Vanter, c’eft dire beaucoup de bien des1 gens
& leur attribuer de grandes qualités , foit qu’ils
les ayent ou qu’ils ne les ayent pas. Louery c’eft
approuver avec une forte d’admiration ce qu’ils on*
dit ou ce qu ils ont fait, foit que cela: le mérite ou
ne le mérite point.
On vante les forces d’un homme ; on loue. fa. conduite.
\
( r) ( T Cette opinion populaire vient d:e ce que-le mot
J o s a p h a t (nom d’un roi hébreu qyi gagna une bataille
d'ans cette V a llé e , laquelle en a retenu le nom) lignifie
J u g e m e n t d e D i e u , n i f P , Jeoue ou. Jao Dieu, m V i ,
fçh ife t, j Uger 0l, JUgem eut, ) ( M , B e a v z Éb . )
V A R
Le mot de Vanter fuppofe que la perfonne dont
on parle eft différente de celle à qui la parole
s’adrefle ; ce que le mot -de Louer ne fuppofe
point.
* Les charlatans ne manquent jamais de fe vanter;
ils promettent toujours plus qu’ils ne peuvent tenir,
ou le font honneur d’une eftime qui ne leur a pas
été accordée. Les perfonnes pleines d’amour propre
fe donnent Couvent des Louanges ; elles fontjordinai-
rement très-contentes d’elles-mêmes.
Il eft plus ridicule, félon mon Cens, de fe louer
foi-même que de fe vanter : car on fe vante par.
un grand défir d’ être eftimé , c’eft une vanité qu’on
pardonne ; mais on fe loue par une grande eftime
qu'on a de fo i, c’eft un orgueil dont on fe moque.
( L ’abbé G i r a r d . }
(N .) V A R IA B L E , adj. Sujet au changement.
Le fyftême des fous élémentaires adopté dans cet
ouvrage, en admet de confiants & de variables.
Les fons élémentaires dont la produétion n’eft
fujète à aucun changement , font nommés confiants
( Voye\ C onstant ). Ceux dont la production
eft fujète au changement r s’appellent variables..
Les voix va?tables font celles dont l ’émiffion
peut être nàfaleou orale, & qui, dans ce dernier
cas »peuvent être graves ou aiguës ( Voye\ N a s al ,
O r a l , G r a v e , A i g u ) . Les voix variables font
en françois A , Ê , EU , O. Voye\ V o ix .
Les -articulations variables font celles dont l ’ex-
plofton peut fe faire avec différents degrés de force,
& qui en Conféquence peuvent être foibles ou fortes,
Voye\ A r t i c u l a t i o n , F o i b l e ,, F o r t .
( M. B e a u z é e *)
V A R IA T IO N , CHANGEMENT. Synonym.
La Variation confîfte à être tantôt d’une façon &
tantôt d’une autre. Le Changement conlifte feulement
à ceffer d’être le même.
C’eft varier dans fes fentiments , que de les
abandonner & les reprendre fucceffivement. C’eft
changer d’opinion , que de rejeter celle qu’on avoit
embraflée pour en fuivre une nouvelle.
Les Variations font ordinaires aux perfonnes
qui n’ont point de volonté déterminée. L e Changement
eft le propre des inconftants.
Qui n’a point de principes certains-, eft fujet à
varier. Qui eft plus attaché à la fortune qu’à la
vérité, n’a pas de peine à changer dedoétrine. Voye-[
C h a n g e m e n t , V a r i a t i o n ,. v a r i é t é , fynonym.
( JJ abbé Gir ar d .)
V A STE , GRAND. Synon. S. Èvremont a fait
une difTertation ,. pour prouver que Vafte défîgne
toujours un défaut : voici comment il fè trouva
engagé à écrire fur ce fujet en \66y. Quelqu’un
ayant dit , en louant le cardinal de Richelieu ,
qu’i l avoit l ’efprit v a fe 3, fans y ajouter d’autre
V E N 6 t 7
épithète : S. Èvremont foulint que cette expreffion
n étoit pas jufte ; qu’Efprit vafle fe prenoit en bonne
ou en mauvaife part, félon les circonftances qui
s’y trouvoient jointes; qu’un Efprit vafle, merveilleux
, pénétrant , marquoit une capacité admirable
; & qu’au contraire un Efprit vafle & dème-»
furé étoit un efprit qui fe perdoit en des penfées
vagues , en de vaines idées, en des deffeins trop
grands & peu proportionnés aux moyens qui nous
peuvent faire réufïir. Madame de Mazarin , la belle
Hortenfe , prit parti contre S. Èvremont ; & après
avoir long temps difputé , ils convinrent de s’en ra-
porter à MM. ae l’Académie.
L ’abbé de S. Réal fe chargea de faire la cônful-
tation ,. & l ’Académie polie décida en faveur de
madame de Mazarin. S. Èvremont s’étoit déjà condamné
lui-même avant que cette décifîon arrivât :
mais quand il l ’eut vue , il déclara que fon défaveu
n’étoit point frncère , que c étoit un pur effet de
docilité, & unaffujétilTement volontaire de fes fentiments
à ceux de madame de Mazarin ; mais que ,
quant à l’Académie, il ne lui devoit de la foumifîion
que pour la vérité.
Là-defTus, non feulement il reprit l ’opinion qu’i l
avoit d’abord défendue , mais il nia abfolument que
Vafle feul put jamais être une louange vrare. i l
foutint que le Grand étoit une perfeftion dans les
efpri,ts ; le Vafle , un vice; que l ’étendue jufte <5c
réglée fefoit le Grand j & que la grandeur dème-
furée fefoit le Vafte : qu enfin la fîgnification la
plus ordinaire du Vafius des latins, c’eft trop fpa-
cieux, trop étendu, demefuré.
Je crois pour moi qu’i l avait à peu près raifora
en'tous points. Je vois du moins que VA STUS
homo, dans Cicéron , eft un coloffe , un homme
d’une taille trop grande; &dansSallufte, V A STU S
animus eft un efprit immodéré, qui porte trop loin
fes vues & fes efpérances. [Le chevalier de Ja u -
COVRT. )
(N . ) VENIR , v. n. Se tranfporter en im lieu
dans lequel _gft oa ira la perfonne qui parle ou
à qui on parie s ou encore Paner d’un lieu à iii®
autre plus voifin de la perfonne qui parle ou à qui
l ’on parle. Voilà les lignifications les plus ordinaires
& les plus naturelles de Venir. Mais il fert
à1 un autre ufage , qui eft là feule caufe pourquoi
l ’on en parle ici ; c eft qu’il eft auxiliaire en françois
pour deux efpeces de temps. Voye^ A u x i-
L ï A T R E .
i° ‘. Venir eft auxiliaire pour les prétérits prochains
; & alors il fe joint par la prépofition de:
à l’infinitif du verbe conjugué \je v ie n s d’entrert
je VENDIS d’entrer. Les italiens ont depuis quelque
temps adopté cet idiotifme ; ïo VENd.o di entrare
y ïo ven ivO di entrare..
I l eft bon d’obferver que nous avons deux manières
d’exprimer les prétérits prochains': on vient
de voir la première ;; la fecoade confifte a plaçai