
a uffe p ro p riété qui le diftingtte dur vers Je S uit
fyllabes ; c’eft fa lég èreté dans les choies badines ,
lo rfq u ’il faifit le rhythm e du vers d’A n acréo n , 'dont
la m efure eft'fon modèle#
L a divificn fym étrique de la Stance de dix
v e rs, eft en un Q uatrain & deux T ercets ; &
R ouffeau l ’a prefque toujours ofcférvée. Mais M alherbe
ne s’y étoit pas affujéti ; & dans les exem ples
que j’en ar c ité s, l ’on p eu t voir ce qui lu i arrive
le p lus fo u v en t, fallo ir, de m arquer le repos au
iîxieme vers , & de lie r le feptièm e avec les trois
autres : quelquefois m êm e il fait ^couler rap id em
ent lès fix derniers fans aucune p a u fe , com m e dans
l ’ode à la R égente.
Que fauroic enfeigner aux- prince® .
Le grand. Démon qui les conduit-,
Donc ta fagefie, en nos provinces-,.
Chaque jour .n’épande le fruit i-
E t qui juttetnent ne peut «tire,.
A te voir régir cet Empire,.
Que; fi ton heur étoit par-eil-
A tes admirables-mérites,.
T u ferois dedans fes limites ,»
Lever & coucher le foteil ?
C e rhythm e indécis- 8c irrégu lier peut’ trouver
fon exeufè , en ce que d’une haleine on prononce
aifém ent & fans fatigue fix vers de huit fyllabes-;
m ais les poètes qui auront l’o reille fcrupuleufe, préféreront
la coupe de R ouffeau.
Q uelques poètes o n t fait le Di-xain en vers de
'douze mêles de vers- de h u it : mais- la période me
Semble alors tro p étendue ; & fa marche , pénible &
le n te . C ’eft à. la Stance de quatre ou de. lix-vers au
p lu s q u e convient le vers héroïque..
Pour qui compte les jours d’une' vie inutile",
L ’age du vieux Priam pafle celui d’Heâor.
Pour qui compte les faits les ans. du jeune Achille'
L ’égalent à Neftot..
Le Ciel nous vend toujours les biens qu’il nous prodigue.-
Vainement un mortel fe plaint. & le fatigue
De fes-. cris fuperfius :■
L ame d’un vrai héros , tranquile, eourageute,-
Sait comme, il faut fauffirir d’une» vie orageufe
L e flux êc le reflux.
Tantôt vous tracerez la courte dé votre onde;;
Tantôt d’ un.fer courbé dirigeant vos ormeaux,.
Vous ferez remonter leur sève vagabonde
Dans de plus utiles rameaux-;
L ’on v o it dans ces exem ples', non feulem ent
l ’a rt d’entrem êler au gré de l’o re ille les petits
yeïs. avec les grands, mais encore quels font les
petits vers que l ’oreille a.choifis pour tien affortik
ce mélange. Le vers de fix fyllabes doit naturellement
s’allier avec celui de douze ,. puifqu’il en
. eft un hémiftiche. Celui de fep t, dont là mefure
i eft tronquée & le rhythme p r é c i p i t é , n'e s’ac*
: commode pas de- même au caractère du vers héroïque.
Celui de huit fyllabes, dont la marche
eft plus ferme , lui eft au contraire très-analogue ;
& une chofè remarquable , c’eft: que- leur alliance
répond à- celle de l ’afclépiade & devers gliconL*
I que, ddnt Horace a - formé ijne fi' belle ftrophe.-
Ergo Quintitînm perpetiitis jopor
Urget ! Cui Pudor y & Jujiitia foror
Incorrupta Fides ,'nudaquë Veritas
Quando ullum inyenient parem l-
; Tant il eft. vrai que les principes de- l ’harmonie
font immuables en Poéfie comme en Mufique ; 8c
1 que , dans tous les temps, une oreille jufte & fen-
fible aura la même prédilection pour des nombres
heureux que pour d’heureux accords..
' S TR O PH E , f. f. Dans la Tragédie grèque r
les perfonnag'es qui- compofoient le- choeur- exé-
catoient une eipèce de marche, d’abord adroite,.
& puis à gauche; & ces mouvements, qui figu-
roient, dit-on , ceux- dë la terre d’un tropique À-
1 autre , fe terminoient par une ftation. Or la partie'
du chant qui répondoit au mouvement du choeur,,
allant a droite, s’appeloit Strophe la-partie dix-
chant qui répondoit à fon retour , s^àppeloit A n t i-
Jlrophe ; 8c la tïpiftème , qui répondoit à fon-
repos , s’appeioit Épod'e on Clôturée IL en-étoit de’
même des chants religieux.
C’èft- vraifemblàblement de là que la Poéfie:
lyrique avoit pris le nom de Strophe , qu’elle, a
donné à" ces couplets dé vers dont l ’Ode"ancienne
étoit compofée , au moins le plus-fouvent, comme
om le voit dans celles- de Bindare &'dans les deux
qui reftent dfc Sapho.
Lorfque j’ai dit que, dans la Poéfie lyrique des:
Anciens, la Période- poétique , ou la Strophe ,,
avoit été moulée fur la période mufioale je n’ai
pas entendu que chaque poète neih jamais qu’un;
chant & qu’une même coupe dë vers, ni que
P*Ode eût toujours cette ftructure fymétrique. L e
vers d’Anacréon eft- toujours le même;, mais on
n’aperçoit ‘dans fes odes aucune coupe régulière,;
aucune égalité d’intervalle entre les repos. Peut-
être, en étoit-il de même d’Alcman ,.d’Alcée», &c.
Horace, dans fes- odes , femble s’être joué, non;
feulement à les imiter tour à-tour , en employant
les vers qu’ils avoient inventés,, mais à mêler ces;
vers de vingt manières différentes en leur affo-
ciant tantôt l ’ïambe, & tantôt l ’héroïque : il les
a même décompofés ; 8c de leurs éléments il a fait
à fon gré de nouvelles combinaifons-, pour en varier
l’harmonie*
S T R
C e p en d an t, ni toutes les ode-s d’H orace ne font
écrites en v ers m ê lé s, ni elles ne font toutes- divi-
fées en Strophes.
I l y en a trois en vers aftlépiades fans m élange
& fans autres divifions que les repos mêmes du fens.
I l y en a trois encore en une efpèce de vers alcaï-
ques , qui ne différent de l’afclépiade que p ar un
choriam be , — v u — , intercalé après l a céfure.
C om m e c'et article eft expreffém ent deftiné aux
jeunes gens curieux de connoître le méchanifme
de la Poéfie ancienne , je crois devoir pour eux en-
figurer les éléments.- •
Vers afclépiacîe*
Gens hümàna rult per vetïtum rih'fas
Grand alciiique»
Scü plures hic me s , feu trïbîiit Jüpïtcr ultïmdnt.
H orace a de plus un grand- nombre d’odes qui
femb-lent coupées en diftiques , & qui cependant
ne le font pas. E lles font compofées chacune de
deux efpèces de‘ v e rs, alternativem ent cïoifés &
comme accouplés l ’un à l ’autre ; mais vainem ent
y ch^rcheroit-on dès- divifions régulières & m arquées
par dès repos.-
Il eft bien vrai que par la coupe du dialogue
l ’ode Donee grams eram tibi eft divifée e n -p arties
égales ; il eft vrai auffi que dans les' o d e s,
Mater féeva eupidinum , Intermijfa Venus diu ,-
& dans quelques autres encore , la même coupe
eft obfërvée : m ais'dans le s odes , Sic te divapo-
tens Cypri.; Querre tu , Melpomene ,femel ; Quantum
di fl et ab ïnachô ; Intaclïs opulentior ; Quo
me , Bacche , r apis y & c l e s - efpaces- 8c les repos
»’ont p lu s aucune fymétrie^
QtiérfL tu, Melpomene , femel
Nafcenteni placido lumine v ideris ,»
Ilium non labor ijlhmius
Clara-bit pugilem 'j lion eqjius impigeY
Cürru ducet Acb.aio‘ ~
Viclorem ; neqùe res bellica délits-
OrnaStum foliis- ducem,
Qitod regnm tumidas contuderi-t minas-y
OJlendet Capitolio
Sed quoe Tiéur aquoe fertile perfluunt y
Et fpijfoe nemorum comoe,
Fingent oeolio-' carminé nobiletiUD
ans c'ette continuité de fe n s, dont le repos
n eft qu’au' douzièm e vers , on voit une période
foutenue & d èv elo pée, mais nullem ent cette coupe
en diftiques dont les érudits on t parlé.
D ans H o ra c e , les feules de fes odes qui foient
xéellem ent divifées en Strophes , font celles où
S T R 7 3 ?
la période eft com pofée de quatre vers d’efpèce
différente, mais les mêmes dans le u r retour , 8c
toujours combinés de m ême. C es odes font au
nom bre de foixante dix n eu f , & de quatre form es
diyerfes.-
Dans» les unes , la Strophe eft celle de Sapho ,
com pofée de trois faphiquès & du p e tit vers ado~
niqüev
O decus Phoebiet ddpïbüs süprcmi
Grata te/lûdo jovïs, d lqborüm
Dülce lènlmèn, mïKt cünqiie salve
Rite vocantè.
C e lle s-là font au nom bre de v in g t-fix , & c’eft le
rhythm e du Carmen fæculdre..
D ans quelques au tres, "ce font ‘ deux, vers af-
clépi'ades , un Vers hémihèxam'ètre & un glico*
nique.1
V ltd s Kînnuleo me sïmïlts , Chine',
Qüoercntï pàvïdàm mÔntïbüs ïnvïïs
Mat rem, non s the veuio.
■ A-ürclrum et sXLûæ m'élit.-
C elles-ci font au nom bre de fept ;' & le rhythm e en
eft agréable.
D ’autres-'font compofées- de trois afelépiades &
d’un giieo n iq u é. E lles font au nom bre de neuf;- &
rien de plus, harm onieux.
Quarito quijqué sïbï plurev iiegavérit,
A dis piürà ferèt* Nrl cüpXentïum
Nüdüs cdflrcL peto ; et trànsfüga. dîvitiimt.
Pariés lànquere geJlïo\
Mais, la form e q.u’H orace p a ro ît avoir le plus
a im é e , & q u i lu i'e ft la p lus fam ilière , eft celle
oit deux veis alcaïqueS , diviféS com m e i ’afclé-
piade , & term inés de m êm è , m ais ayant y ne.
fîambê, û — ,. à' la place du prem ier dactyle , font
füivis d ’un vers ïambi'que de quatre pieds & dem i ,.
& d’un alcaïque form é de deux daétyles & de'deu»
chor-ées.' . - , '
Fortes cfeantür fort obus et bonis:
ÈJl in jüvèncis, eft ïn equîs pdtrüm
Virtùs ,* née imbellém féroces
P régénérant aquiloe columbam^
C es odes font aü nombre-' de trente fept.- L e
rhythm e ert eft m ajeftueux, &' le poète y a répandu
les penfées & les im ages avec la plus riche-
abondance. A infi, dans les odes d ’H orace , la
Strophe eft com pofée de quatre façons différentes ^