
ut in v id ta t, ut pettimefccU'uliquid, ut ad flttum
mifericordiunique deducatur ; nifi omnes ii motus
quos orator adhibere volet judici , in ipfo.
oratore impreffi ejfe atque inufii videbuntur. Pour
moi, ajoùte-il, je n’ai jamais fu inlpirer qué ce
que j’ai profondément fenti. Non , me Hercule ,
unquam apud judices aut dolorem , aut mife-
ricordiam , aut invidiam , aut odium excitare
di cendo volui, quin ipfe , in commovendis ju d ic ious
, iis ipfis ferifibus ad quos illos adducere
•vellem permoverer. I l fe repréfente déchirant la
xobe d’Âquilius , & montrant aux juges le$ cicatrices
dont fa poitrine étoit couverte. Ce ne fut
p as , dit-il , fans une grande émotion & fans un
accès de dpuleur que-je rifquai cette action hardie.
-Quern enim ego confident fuijfe , imperatorem
omai um à Senatu , ovantem in Capitolium af-
cendijfe meminiffem , hunequum afflicïum , de bill
ta tum , mccreniem , in Jummum difcrimeji ad-
duSlum' viderem, non priùs fum conatus miferi-
cordiam ali is commovere , quam mifericordid
Jum ipfe cap tus. Senfi quidem turn magnopere
moveri judices , quum excitavi moejlum ac fior-
didatum fenem , & quum ijla fe c i ...non arte...
Jrd mozu magno animi ac dolore, ut difeinderem
lunicam , ut cicatrices ofienderem . . . . Non
fu i t hoec fin e me is lacrymis., non fine dolore
magno miferatio , omniumqué deoxiLm. , <& ho-,
minum, 6* civium, & fociorum imploratio : quibus
omnibus verbis, quae à me turn finit habita, f i
dolor dbfuijfet meus, non modo non. mife-
rabilis , fed etiam irridenda fuijfe t oratio me a.
( De orat. )
I l fe complaît à rappeler les fcènes pathétiques
qu’il a jouées dans fes péroraifonsv ,Ç)«4 nos,
ita dolenter uti folemus , ut puërum iufantem
in mtuùbus pérorantes ternierimus ,\ u t , 'alia in
caufâ, excitato reo- nobili^ fublato etiam jilio
parvo , plangore & la.mentatione compleremus
forum.
Mais i l ne s’agit pas feulement de favoir infpirer.
la commifération : il faut,. dit-il, favoir de même
irriter, appaifer le juge. Sed etiam ejl faciendum
ut irafeatur ju d ex , mitigetitr,- invideat,.
fa v e a t , contemnat, admiretur , oderit, diligat ,
cup ia t, fatietate afficiatur, fperet, me tu â t, loe- ■
te tur , doleat : quâ in yarietate , , duriorum ,
accufatio fuppeditabit exempla ; mitiorum, defen-
fiones mere. ( Orat./)
Ainfi, 1 orateur fe regardoit comme un homme
tout dévoué à fon client;.. & fon -devoir , fa fo i ,
fa probité , fon honneur, confiftoit à le bien défendre
: Quibus rebus adducli etiam quum aliénif-
fimos defendimus, tamen eos- alienos f i ï p f i viri
boni volumus haberi , exiflimare, non pojfumus.
( De orat.)
Mais le sur moyen de n’ employer jamais le
Pathétique inutilement & à froid, c’eft, de le
réferver aux caufes qui en font, fufceptibles ; & de
&££ ; abftenir dans celles où les. efprits, trop
aliénés , en repoufleroient l ’impreflion : Primum
confiderare f o l e o dit Antoine , pofiuletne caufa :
nam neque parvis in rebus adhib.endae fient hce
dicendi fa c e s , neque ita animatis hominibus
ut nihil ad eorum mentes oratione flecïendas
proficere pojfimus ,* ne aut inifione, aut odio
digni putemur^fi aut tragædias agamus in nugis,
agi convellere adoriamur ea quae non poffunt com-
moveri. ( De orat. )
C’eft une étude intéreflante pour l’orateur &
plus férieufe encore pour les juges, que de' voir,
dans ces livres de Rhétorique , de combien de
manières on peut s’y prendre pour les féduire, les
étourdir, les égarer dans leurs jugements, & fou-
lever en eux toutes lés pallions contre l’équité naturelle.
De toutes ces pallions, il paroît que l’envie étoit
celle doiit les romains étoient le'plus facilement
& le plus ardemment émus; & à la manière dont
Cicéron enfeigne à l’éjcciter, on peut juger de fes
recherches dans l’art de rèmiier les autres. Invi-
dent homines maximè paribus , aut inferioribus ,
quum fe relicios fentiuiït, illos autem dolent êvo-
lajfe. Sed etiam fuperioribus \invidetur fôepe ve-
hementer y & eo magis ,fi intolerantiüs fe ja c -
tant , & cequabUitatem commuais jur is , praef-
tahtiâ dignitatis aut fortunes fuoe , tranfeunt :
quoe f i infiammandà fun t , maximè dicendum
ejl non ' ejfe virtute parata , deinde etiam vitiis
atque peccàtis ; tum f i erunt honefliora atque
graviora , tamen non > ejfe tanti ulla mérita ,
quanta infoientia hominis quantumque fa f l i -
dium. ( Ibid; j ‘
Il eft donc bien vrai que l’Éloquence pathétique
fut dans tous les t.emps au Barreau une Éloquence
pïperejfe , comme rappelle Montagne ; &
l’on ne fàuroit trop recommander aux juges d’en
étudier les tours & d’àdrelTe & de force, pour
aprendre à s’en garantir. Voye\ Barreau.
L e P athédque de laChaire a pour moyens la crainte,
l ’elpérance , la tendre piété , la commifération pour
foi-même & pour fes fehiblables , le grand intérêt de
l ’avenir. On en voit peu d’exemples dans nos
Célèbres orateurs: ils femblent avoir une forte de
pudeur qui lès modère 8c qui les refroidit. En fe
livrant aux grands- mouvements de l ’Éloquence ,
ils croirôient prêcher en miftionnaires; & c’eft alors
qu’ils féroient fublimes. Bofluet ne l ’a jamais été
plus que dans l’oraifon funèbre d’Henriette; Maf-
fillon eft fort au deffus de lui - même dans fon
fermon du Pécheur mourant; fi Bourdaloue avoit
eu autant de chaleuî dans fes mouvements & dans
fes peintures , que de vigueur dans fes raifonne-
ments, rien jamais, dans ce genre, ne l ’auroit égalé.
C ’eft donc en effet dans lés miflionnaires qu’il
faut chercher les grands mouvements de l’Éloquence
pathétique : & il refte un moyen de porter le talent
de la Chaire plus loin qu’il n’a jamais été; c’eft de
compofer comme Bourdaloue , d’écrire comme
Maffillon, & de fe livrer aux mouvements d’une âme
profondément émue, comme Bridainç.-) ( NI. M ARM
O N T E L . )
P A TR O N YM IQ U E , adj. Les noms patronymiques
font proprement ceux? q u i, étant dérivés du
nom propre d’une perfonne, (ont attribues a tous
fes defeendants. RR. irccT-np , gen. iretrlpos , contr,
iraxals, pater p & ovoy,x , nomen : ç eft comme
fi l ’on difoit , patrium nômen. Selon cette étymologie,
i l fembleroif que ce nom ne devroit
être donné qu’aux defeendants immédiats dé la perfonne
dont le nom propre eft radical , comme
quand He&or , fils de Priam, eft appelé Priar
mides , ou Énée , Anchifiades, &c. Mais on .les
applique également â toute la defcendance, parce
que le même homme peut être, réputé père de tous
ceux qui defeendent de lui ; & c’eft ainfi qu’Adam eft
le père commun de tous les hommes.
On a étendu encore plus loin la lignification
de ce terme , & l ’on appelle ngms patronymiques,
ceux qui^ font, donnés d’après celui d’un frère ou
d’une foeur, comme Phoronis, c’eft à dite , J f i s
Phoronei fioror ; d’après le nom d’un prince, à fes
fujets, comme Thejides , c’eft à dire , Athenienfis,
à caufe de Théfée roi d’Athènes ; d’après le nom
du fondateur d’un peuple , comme Romulides
c’eft’ à dire, Romands', du nom de Romulus ;
fondateur de Rome & du peuple romain. Quelquefois
même , par anticipation, on donne à quelques
perfonnes un nom patronymique , tiré de celui de
quelque illuftre defeendant, qui eft confidéré comme
le premier auteur de leur gloire, comme Ægidee ,
les ancêtres S Égée.
La Méthode grèque de Port-Royal ( liv. v i ,
chap. 4 ) fait connoître la dérivation des noms v
patronymiques grecs ; & la petite Grammaire
Latine de :Voftius ( edit. Lugd. Ba t. 1644 >
pag. 75 ) , explique celle des noms patroivymiques
de la langue latine.
I l faut obfervçr que les noms pdtfoiiymiqicés font
absolument du ftyle poétique, qui s’éloigne toujours
plus que la profe de la fimplicité naturelle.
( M. B e a UZÉE. )
- (N.) P A U V R E T É , IN D IG EN C E , DISETTE,
B E SO IN , NÉCESSITÉ. Synonymes.
La Pauvreté eft une fituation de fortune op-
pofée à celle dés richeffés, dans laquelle on eft
grive des commodités de la vie , & dont on n’eft
pas toujours le maître de fortir ; c’eft pourquoi l ’on
dit qué Pauvrèté n’eft pas vice. L ’Indigence
enchérit fur la Pauvreté ; on y manque des chofes
néceflaires ; elle eft, dans l ’état de la fortune ,
l ’extrémité la plus baffe, ayant à l ’autre bout, pour
antagonifte , la fuperfluïté , que fourniffentles biens
immenfes : i l n’y a point d’Jiomme qui ne puifle
s’en tirer , à moins qu’il ne foit hors d’état de travailler.
La Difette eft un manque de vivres, dont
l ’oppôfé eft l ’abondance; elle ferhble venir d’un
accident ou d’un défaut de provifions, plus tôt
que d’un défaut de biens-ffonds. Le B e fo in & la-
Nécejfitê ont moins de raport à l’état & à la fituation
habituelle , que lés trois mots précédents -*
mais ils en ont davantage, au fecours qu’on attend
ou au remède qu’on cherche , avec cette différence
entre eux deux, que le Befoin femble moins preflant
que la Nécejfité.
Une heureufe étoile ou d’heureux talents tirent
de la Pauvreté ceux qui y font nés , & la prodigalité
y plonge les riches. Un travail aflidù eft
le remède contre Y Indigence ,• fi Ion manque d y
avoir recours, elle devient une jùfte punition de la
faméantife. Les fages précautions préviennent las
Difette ; les confo iminations fuperflues & immodérées
la caufent quelquefois. Quand on eft dans
le Befoin, c’eft à fes, amis qu’il faut demander de
l ’aide ;~màis il faut aufli s’aider foi-même de peur
de les. importuner. Le moyen d’être fecouru dans
une extrême Néceffité, c’eft d’imploèer les perfonnes
véritablement charitables.,
.Les Lettres ne font guères cultivées au milieu
des. richeffes, & elles le font mal dans la P a u vreté,
une fortune hbnnête'eft leur état convenable.
L e plus noble & le plus doux plaifir que procurent
les grands biens à ceux qui les pofsèdent, eft
de pouvoir répandre un fuperflu , qui fouruiffe le
néceffaire à céux qui font dans YIndigence ; s’ils
penfent & ufent autrement dé leur -fortune , ils en:
font indignes. Les Difettes qui. arrivent dans l’ÉcSafi
fpnt. une marque indubitable que la police n’y eft
pas parfaite ou qu’elle n’y eft pas fidèlement ad-
miniftrée. On connoît le véritable ami dans le
Befoin ; mais tant qu’on peut, il ne faut pas le
mettre dans le pas de faire cette épreuve. Un grand
coeur né fe lai (Te point abattre-dans la Nécejfité;
il cherche des expédients pour en fortir, ou il lai
fouffre ay.ee une patience, que l ’obfcurité n’empêche
pas d’être héroïque. .( U abbé Gir a r d . )
* P E N S É E , f. f. A r t oratoire. L a Penfée
en'général eft là reprpfentation de quelque chofe
dans l ’efprit ; & l’Expreflion eft la repréfentation de
la Penfée par la parole.
Les Penfées doivent être >confidérées dans l ’Art
oratoire comme ayant deux fortes de qualités : le s
unes font appelées logiques , parce que c’eft 1*
raifon & le bon fens qui les exigent; les antres
font des qualités de goût, parce que c’eft le goût
qui en décide : èelles.-là font la fubftance du difeours,
celles-ci en font l ’affaifonnement.
La première qualité logique effencielfe de la
Penféey c’eft qu’elle ïb itvraie ,c ?eft à dire, qu’elle
repréfente la chofe telib. qu’elle eft. A cette première
qualité tient la Jhfejfe : une penfée parfaitement
vraie eft jufte. Cependant IV.Cage- met
quelque différence entre la Péri té & la
de la Pçnféé: la Vérité figuitie plus précii'.i.u‘a ‘