avoit ordonné, lui répond : A yê g a r d é lu maifon,
n e s o i s p a s sorti , ne te soi s p a s enivré , que
m'importe, f i tu n ’a s p a s f a i t ce que j e voulois ? Il eit évident i°. que ces expreÆons, àye g a r d é ,
rte f o i s p a s f&rti , tie te f o i s p a s enivre , font à
1 Impératif, puifqu’elles indiquent l ’âquiéfeemènt
dû maître iùx affetittris du dO'meftiqûë : z°* ou*elles
font au Prétérit aftuel, puifqu’elles énoncentTexlf-
*en^e. ^es qui Y f°n* énoncés , comme
anterieurs au ©qmërft. fâêftië bû U’qb parle; '& le
maître auroit pu dire, T u As gardé la maifon, tu
n'fiS p a s s o R f i , tu ne t ’es p a s enivré , que
m’ importe , &c.
Le Prétérit de notre Impératif peut donc être
raporté à différentes époques, & par conféquent il
eft indéfini. C ’eft d’aptes cette correction que je
vas préfenter ici le fyftême des Temps de ce mode
un peu autrement que jé n’ai fait à l’article qui
en traité èxprèffément. Ceux qui ne (e rétractent
jamais ne donnent pas pour cela des dédiions
jffÜs sTires ils ont quelquefois moins de bonne
foi.
S Y S T Ê M E D E S T E M P S D E L ’ I M P É R A T I F .
P R É S E N T p*os t é ' k ï -e v t l ,
P R É T É R I T INDÉFINI ,
r.
•'chante,
aye chanté.
I L
arrive. '
fo is arrivé, ou vée.
II:Ï.
révolte - toi.
^ Les verbes pronominaux n’ont pas lé Prétérit
indéfini a l ’Impéràtif , fi ce n’ efi avec ne pas ,
cô firme dans l ’exemple ci-deffus, ne te : fo is pas
enivre : niais on fie dirait pas fans négation , te
fa is enivré-; il faûdroit prendre ufi autre tour. On
pourroit peut-être croire que ce feroit un Impératif,
.fi pn difoit, le .fo i s.- tu enivré pour la
’dénïière fo i s ƒ Mais i ’inverfion du pronom fub-
jeétif tu nous avèrtit ici d’une ellipfe , & c’eft
,celle de la Conjonction que & du verbe optatif je
défire , j e 'défire qite tu te fo is enivré, ce qui
marque le Subjonctif ( voye\ Subjonctif) : d’a il-,
leurs le pronom fubjeétif ri’eft jamais exprimé7
av'ec nos Impératifs , & c’ eft même ce qui en constitue
principalement la forme- diftinCtive. Voye\
Impératif .
§• 3. De s Te m p s du Suppofitif. Nous avons
dans ce mode un Terhps fimple, comme les Préfonts
de l ’IndicatiF; je chanterois , j 3arriverais , I.
j e me révolterois. Nous en avons un qui eft com-
pofé d’un Temps fimple de l’auxiliaire avoir ou
de l ’auxiliaire être, comme lés Prétérits pofitifs
de l’Indicatif ; j ’aurois chanté, je ferots arrivé
ou vée y j e me ftrois révoltéy ou tée: un «autre
Temps eft furcompofé, comme les Prétérits .comparatifs
de l ’Indicatif ; j ’aurois eu chanté j j ’aurois
été arrivé y ou vée y j ç me ferais eu révolté y
ou tée : un autre emprunte l ’auxiliaire venir ,
comme les Prétérits prochains de l ’Indicatif ; je
viendrois de chanter ^ d'arriver, de me révoltes»
Enfin i l en eft un qui fe fert dé l ’auxiliaire devoir y
comme les Futurs pofitifs de l ’Indicatif 'yje devrois
chanter y arriver y *me révolter. L ’analogie, qui,
dans les cas réellement femblables«, établit toujours
les ufages des langues fur les* mêmes principes, nous
porte à ranger ctsiemps du Suppofitif dans les mêmes
claffes, que ceux de l ’ Indicatif auxquels ils font analogues
dans leur formation. Voilà fui quoi eft fondé le
S Y S T È M E D E S T E M P S D U S U P P O S I T I F .
I. I 1. I I I.
PRÉ SENT,
PRÉTÉRIT
F U T U R ,
je chanterois. j ’arriverois, j e me révolterois..
positif-, j ’aurois chanté. jeferois arrivé y ou vée. j e me feroit révolté y ou tée.
comparatif, j ’aurois eu chanté, j ’aurois été arrivé y ou vée. j e me ferais eu révolté, ou tée*
fRO chain , jéviendr'ojs de Chanter, j e viendrais d’arriver, j e viendrois de me révolter
j e devrais chanter. -,je devrois arriver. j e devrois me révolter..
Achevons d’établir, par des exemples détaillés,
ce qui n’eft encore qu’une conclufion générale de
l ’analogie ; & reconnoiffons , par 1 analyfe de
l ’U fage , la vraie nature de chacun de ces Temps.
i° . L e Préfent du Suppofitif eft indéfini; i l en
a les caractères , puifqtf*étant raporté tantôt a une
époque & tantôt à une autre , il ne tient effectivement
à auéune époque précife & déterminée.
Si Cïèment V i l eut traité Henri V I I I avec
p lu s de modération, la religion catholique feroit
encore aujourdhui dominante en Angleterre. Il
eft évident , par l ’adverbe aujourdhui, que fe roit
eft employé dans cette phrafe comme Préfent
aétuel.
En peignant dans un récit le défelpoir d’un
homme lâche-, on peut dire : I l s ’arrache les
cheveux , i l f e je tte à terre , i l .fe relève , i l
blafpliême contre le Ciel, i l détefie la vie qu.il
en a reçue , i l mourroit j‘'’ i l avoit le courage de
f e donner la mort. I l eft certain que tout ce que
Ybn peint ici eft antérieur au moment ofi l ’on
parle; i l s’arrache , i l f e jette y i l Je relève y il
plafphême, i l détefie, font dits pour i l s ’arra-
choit, il fe je to i t , i l j e relevoit, i l blaj'phémoit,
il déteftoit y qui font des Préfents antérieurs, &
qui, dans l’inftaot dont on rappelle le fouvenir ,
pouvaient être remplacés par des Préfents actuels
: mais il en eft de même du verbe zY mourroit
; ou pouvoit l ’employer alors dans le fens
-^Ctuel, & on l’emploie ici dans le fens antérieur
comme les verbes précédents , dont il ne diffère
que par l’idée acceffoire d’hypothèfe qui carac-
térife le mode fuppofilif.
S i ma voiture étoitprêteyVi. partirois demain :
l ’adverbe demain exprime fi nettement une époque
poftépieure , qu’on ne peut pas douter que le verbe
je partirois ne foit employé ici comme Préfent
poftérieur.
z0.. Le Prétérit pofitif eft pareillement indéfini,
puifqu’on peut pareillement le raporter à diverfes
époques félon la divèrfité des occurrences.
Les romains auroient conservé l ’empire de la
terre , s ’ ils avoieht confervé] leurs anciennes
vertus ; c’eft à dire que nous pourrions dire aujourdhui
, Les romains ont conservé , &c : or le
Verbe ont confervé étant raporté à aujourdhui y
qui exprime une époque actuelle , . eft employé
comme Prétérit aCtuel : par conféquent il faut dire
la même chofe du verbe auroient confervé, qui
a ici le même fens , fi ce n’eft qu’il ne l ’énonce
qu’avec l’idée acceffoire d’hÿpothèfe', au lieu que
Ion dit ont confervé d’une manière abfolue &
indépendante de toute fuppofition.
J ’ a u r o î s f in i cet ouvrage à la f in dit mois
prochain , f i des affaires urgentes ne m dvoient
détourné : le Prétérit pofitif, j ’ aurois f i n i , eft
relatif ici à l ’époque défîgnée par ces mots, la
fin du mois prochain , qui eft certainement une
époque poftérieure ; & c’eft comme fi l’on difoit,
J e pourrois dire à la f in du mois p ro cha in , j’ai
fini, S>tc: j ’ aurois f in i eft donc employé dans cette
phrafe comme Prétérit poftérieur.
30. Ce qui eft prouvé du Prétérit pofitif eft également
vrai du Prétérit comparatif il peut, dans
'différentes phrafes, fe raporter à différentes époques;
il eft indéfini.
Quand j ’aurois æu pris toutes mes mefures
avant l ’arrivée duminifire , je ne pouvois réujjir
fa its votre crédit. Il y a ici deux événements pré-;
Tentés comme antérieurs au moment de la parole,
- la précaution d’avoir pris toutes les mefures , &
l ’arrivée du miniftre : c’eft pourquoi j ’ aurois eu
pris eft employé ici comme Prétérit aétuel, parce
qu’il énonce la chofe comme -antérieure au .mo- ,
ment de la parole ; il eft comparatif,’ afin d’indiquer
encore l ’autériorité des,mefures prifes a l ’egard
de l’arrivée du miniftre., laquelle eft également
antérieure à l ’époque aélueîle. C ’eft comme lï l ’on
difoit, Quand à l ’ arrivée du mini f i ré ( qui eft au
Prétérit aétuel , puifqu’elie eft a&uellement paflée),
j ’aurois pu dire ( autre Prétérit^ également jic-
tuel ) , j ’ a i p r i s toutes mes mefures ( Prétérit
raporté immédiatement à l’époque de l ’arrivée du
miniftre, & par comparaifon à l ’époque aétuelle ).
S i on lui avait donné le commandement,
j 'é c o ï s s u r 2 « ’ l L A U R O IT EU R E P R IS lO Ù ie S IIOS v 'ttte S
avant que les ennemis puffent Je montrer ,* c^eft
à dire, je pouvois dire avec certitude y il aura
repris toutes nos v ille s , &c : or U aura repris
eft vraiment le Prétérit poftérieur de l ’Indicatif y
i l aurait eu repris eft donc employé confine
Prétérit poftérieur , puifqu’il renferme le même
fens.
40. Pour ce qui concerne le Prétérit prochain, il
eft encore indéfini, & on peut l ’employer avec relation
à -differentes époques.
Quelqu’un veut tirer, de ce que je viens de rentrer
, une conféq-uence que je défavoue , & je lui dis :
Quand je viendrois de rentrer , celaneprouve
. rien. Il eft évident que ces mots, j e viendrois de
rentrer Y font immédiatement relatifs au moment
où je parle , & que par conféquent c’eft un Prétéfiî
prochain attuel ; c’eft comme fi jedifois, J ’avoue
que je viens de rentrer a&tiellement, mais cela
' ne prouve'rien.
Voici le même Temps raporté à une autre épô-
que , quand je dis: Alle\che\ mon frère y & qua\id
ilviendroit de rentrer, amenc\-le ici. Le verbe
amene\ eft certainement ici au Prëfent poftérieur ,
& il eft clair que ces mots, i l viendroït de ^entrer
y expriment un Événement antérieur à l ’iépoque
énoncée par a m e n e qui eft poftérieure,- par’com-
féquent i l viendroit fie rentrer eft ici un' Prétérit
poftérieur.
50. Enfin le Futur eft également indéfini, puifqu’il
fert aufli avec relation aux diverfes époques,
comme on va le voir dans,ces exemples'.
Quand je ne D E V R O IS ' p as V IV R E long
temps y j e veux cependant améliorer cette terre ;
c’eft à dire, quand j e ferois. sur que j e ne DOIS
pas V I VRE : or j e dois vivre eft évidemment
le Futur pofitif indéfini de l ’Indicatif, employé ici
avec relation à une époque'a&uelle; & i l ne prend
la place de j e devrois vivre , qu’autant que j e devrois
vivre eft Également raporté à une époque a&uelle :
c’eft donc ici uu Futur a&uel.
Nous lui avons fouvent entendu dire qu’ i l vou*-
loit aller à ce fiège , quand même il y D E V R O IT
P É R IR ,* c’eft à dire, quand même il feroit sur
q u i l y DEV-O'IT PÉ R IR : o r , i l devait périr eft
le Futur pofitif antérieur de l ’Indicatif ; & puifqu’il
tient ici la place de il devrait périr, c’eft que il
devrait périr eft employé dans le même fens, & que
c’ eft ici,un Futur antérieur.
Tous les Temps du Suppofitif font donc indéfinis
; on vient de le prouver en détail de chacun