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^oit vivre , qu’il faut penfer en s'occupant cîes arts.
Un écrivain judicieux fentira mieux que je n’ai pu le
d ire, a quelles conditions il peut ôler ce que
1 Ufage lui défend ou ne lui permet point encore;
& celui a qui la nature aura refufé ce difcernement
fufte & (ain , cette fagacité d’intelligence & de
entime nt qui fait l ’homme de gou.t, celui - là ,
dis-je, n’a pas befoin, pour mal écrire, qu’on lui
en faciiite les moyens.
Qp ü f£ rencontre , par exemple, utî de ces ef-
prits vains & vagues, qui, pour déguifer leur foi-
blene & leur inanité , s’efforcent de produire des
mots en guife de penfées, & qui , n’ayant que des
idées communes., les fardent & les enluminent pour
leur donner un air de Angularité; rien ne l ’empêchera
•e le faire un langage auflî bizarrement conllruit que
péniblement travaillé.
Qu’il fe rencontre un cerveau brûlant, d’une
chaleur ftérile & fans lumière, comme celle d’un
fable aride; un de ces hommes qui, fans talent,
veulent fe donner du génie ; rien ne l’empêchera
de fe former un ftyle auflî obfcur , aulïi incohérent,
auflî informe que- fes penfées. Avec dés notions
fuperficielles & confufes, il tâchera de fe montrer
profond ; vigoureux & hardi,, avec des idées foibles;
plein de verve & d’enthouflafmé , avec une âme
lans reffort & une imagination fans élans : il cherchera
la nouveauté, la hardieffe , l’énergie, dans
un mélange monftrueux de mots étrangers l’un à
1 autre , & d’images incompatibles; & donnant fa
bizarrerie pour de l’originalité, je crois l’entendre
s applaudir d’avoir un langage qui n’eft qu’à lui.
Tant mieux qu’il ne foit qu’à lui feul. Mais eiït-
^ des^ imitateurs , des admirateurs même, pourquoi
s’en mettre en peine ? Jetons les ieux fur le
paffé ; & de ces productions fauvages dont le vafte
champ de la Littérature fut hériffé dans tous les
temps, regardons ce qui relie : obfervons à quel
petit nombre de bons elprits & de bons écrivains
tient la gloire de tout un lïecle ; & pourvu que
ceux-la prolpèrent, laiffons la foule des faux talents
fe débattre dans les liens dç l’Ufage ou s’en
echaper , n éviter la baffeffe & la trivialité que
par 1 enflure & 1 extravagance, &r. lie faire un moment
quelque bruit qu en panant de l’obfcurité dans l’oubli.
( M. MARM ON TEL. )
U S A G E , CO U TUM E . Synonymes. UUfage-
femble être plus univerfel. L a Coutume paroît
être plus ancienne. Ce que la plus grande partie
des gens pratique , eff un Ufage. Ce qui s’ell pratiqué
depuis long temps eft une Coutume.
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UUfage s’introduit & s’étend. La Coutume s’établit,& aquiert de l’autorité. Le premier fait
la mode ; ' la fécondé forme l’habitude. L’un &
1 autre font des efpèces de lois, entièrement indépendantes
de laraifon dans ce qui regarde l’extérieur
de la conduite.
Il eff quelquefois plus à propos de fe conformer
à un mauvais Ufage ; que de fe di-ftinguer même
par quelque chofe de bon. Bien des gens fuivent la
Coutume dans la façon de penfer comme dans le
cérémonial ; ils s’en tiennent à ce que leurs mères
& leurs nourrices ont penfé avant eux. ( L ’abbé
G i r a r d . )
USURPER, ENVAHIR , S’EMPARER. Syn.
Ufurper , c’eft prendre injure ment une chofe à font
légitime maître, par voie d’autorité & dé puif-
fance : il fe dit également des biens , des droits,
& du pouvoir. Envahir, c’eft prendre tout d’un coup
par voie de fait quelque pays ou quelque canton ,
fans prévenir par aucun aéle d’hollilité. S ’emparer% c’eft précifénient fe rendre maître d’une chofe , en.
prévenant les concurrents & tous ceux qui peuvent y
prétendre avec plus de droit.
Il femble auflî que le mot d’ Ufurper renferme
quelquefois une idée de trahifon ;, que celui d’üVî-
vahir fait entendre qu’il y a du mauvais procédé
que celui de s Emparer emporte une idée d’adreffe
- & de^liligence.
On i\ufurpe point la couronne , lorfqu’on la
reçoit des mains de la nation. Prendre des provinces
dans le cours de la guerre, c’éft en faire la conquête,
& non,pas les envahir. Il n’y a point d’injuftice t.
s’emparer des chofes qui nous apartiennent,. quoique
nos droits & nos prétentions, foient conteftés.. (U abbé
G i r a r d . }
U T IL IT É ,P R O F IT , AVANTAGE. Synon.
U Utilité naît du fervice qu’on tire des chofes. Le
P ro fit naît du gain qu’elles produifent. U Avantage
naît de l’honneur ou de la commodité qq’on y
trouve.
Un meuble a fon Utilité. Une terre raporte du;
Profit. Une grande maifon a fon Avantage-.
Les richeffes ne font d’aucune Utilité ,. quand on
n’en fait point ufage. Les Profits font beaucoup
plus grands dans les finances, & plus fréquents dans
le commerce. L’argent donne beaucoup d Avantage
dans les affaires ; il en facilite le fuccès.. ( U a l l é G l-
R A R D . ),
V
V f. m. C ’eft la vingt-deuxième lettre & la I
dix - feptième confonne de notre alphabet. Elle
repréfente l ’articulation femi-labiale foible, dont
la forte eft F ( voye\ F ) ; & de l i vient qu elles
fe prennent aifément l’une pour 1 autre. JSeuf, devant
un nom qui commence par une voy e lle , fe
prononce Neuv ,' & l’on dit neuv hommes, neuv
articles y pour neuf hommes, neuf articles. Les
adjectifs terminés par F changent F en ve pour le
féminin : br e f, m. brève, f ; v i f , m» vive, t ;
veuf! m. veuve., f.
Déjà avertis par la Grammaire générale de P. R*
de nommer les confonnes par i’e muet, nos peres
n’en ont pourtant rien fait à l ’égard de celle-ci quand
l ’ufage s’en eft introduit ; & on l’appelle plus communément
vé que ve.
II paroît que c’étoit le principal caradère ancien
pour repréfenter la voyelle & la confonne. I l fer- t
voit à la numération romaine, bd V vaut cinq;
IV vaut cinq moins un ou quatre ; V I , V I I , VIII
valent cinq plus un , plus deux, plus trois, ou
Jix , fept , huit : V = 5000.
Celles de nos monnoies qui portent la lettre V
fimple , ont été frapées àTroyes : celles qui font
marquées du double W , viennent de L ille .
{ M . B e a u z é e . )
{ N. ) V A CANC ES , V A C A T IO N S . Synon.
Ces deux noms pluriels marquent le temps auquel
ceffent les exercices publics; ce qui les diftingue ,
c eft la différence des exercices & celle de leur déification.
Vacances fe dit de la ceffation des études publiques
dans les écoles & dans les collèges : V a cations
, de la ceffation des féances des gens de
Juftice.
Le temps des Vacances femble plus particulièrement
deftiné au plaifir ; c’eft un relâche accordé
au travail, afin de faire reprendre de nouvelles
forces. Le temps des Vacations femble plus fpé-
cialement deftiné aux befoins perfonnels des gens
de Juftice.; c’eft une interruption des affaires publiques
, accordée aux gens de loi afin qu’ils puiffent
s ’occuper des leurs.
Les écoliers perdent le temps durant les Va-r
cances : les avocats étudient durant les Vacations.
On ne doit pas dire Vacations en parlant des
études ; parce que ce n’eft qu’une fufpenfion accordée
au plaifir. Mais on peut dire Vacances en
parlant des féances des gens de Juftice ; parce que
ce temps étant abandonné à leur difpontion , ils
peuvent à leur gré l ’employer à leurs affaires perv
A c
Tonnelles ou à leur récréation : dans le premier cas,
ils font en Vacations ; dans le fécond, ils font eu
Vacances. (M . B e a u z é e . )
V A C A RM E , T U M U L T E . Synon. Vacarme
emporte par fa valeur l ’idée d’un plus grand bruit}
& Tumulte, celle d’un plus grand delordre.
Une feule perfonne fait quelquefois du Vacarme:
mais le Tumulte fuppofe toujours qu’i l y a un grand
nombre de gens. s _ r7-
Les m allons de débauche font fujetes aux V a -
carmes. Il arrive fouvent du Tumulte dans les vi e*
mal policées.,:jL ’abbé G lR A R D . )
Vacarme ne fe dit qu’au propre. Tumulte fe
dit, au figuré, du trouble & de l’agitation de 1 âme :
Ou tient mal une réfolution qu’on a prife dans le
Tumulte des pallions, ( Le chevalier DE J A V -
C O U R T . )
V A IN C R E , SURM O NTER. Syn. Vaincre
fuppofe -fin combat contre un ennemi qu on attaque
& qui fe défend. Surmonter fuppofe feulement des
efforts contre quelque obftacle qu’on rencontre SC
qui fait de la réfiftance.
On a vaincu fes ennemis , quand on les a fi
bien battus qu’ils font hors d’état de nuire. On
a furmontè les adveriâires , quand on eft venu" a
bout de fes delfeins malgré leur oppofition.
I l faut du courage & de la valeur pour vaincre,
de la patience & de la force pour furmonter.
On fe fert du mot Vaincre à l’égard des paf-
fions} & de celui Surmonter pour les difficultés.
De toutes les paflions , l ’avarice eft la plus difficile
à vaincre,- parce qu’on ne trouve point de
fecours contre e l le , ni dans 1 âge ni dans la foi-
bleife du tempérament, comme on en trouve contre
les autres } & que d’ailleurs , étant plus refferrée
qu’entreprenante-, les chofes extérieures ne lui oppofent
aucune difficulté à furmonter. ( L'abbé G l
R A R D . )
V A IN CU , B A T TU , D É FA IT . Synonymes:
Ces termes s’appliquent en général à une armée qui
a eu du deffous dans une aftion. Voici les nuances
qui les diftinguent.
Une armée eft vaincue , quand elle perd le
champ de bataille. Elle eft battue quand elle le
perd avec un échec ‘confidérable , c’eft à dire , eo
lai fiant beaucoup de morts & de prifonniers. E lle
eft défaite , lorfque cet échec va au point que
l’armée eft diffîpée , ou tellement pffoiblie qu’elle
I ne puiffe plus tenir la campagne.
On a dit de plufieurs Généraux, qu’ils avoieuj
I i i i i