prime ici ^antériorité d’exiftence ï l ’égard d’une
époque qui eft a&uelle relativement au moment
détermine par je crois , qui, dans l ’exemple , eft
envifagé comme poftérieur; je croirai ou je pourrai
dire, JB crois.
3°. Je ne croyoispas que v ous eussiez entendu ;
c’eft à dire, je pouvois dire, je crois que vou s
r iavez pas entendu : or vous ave\ entendu exprime
encore l'antériorité d’exiftence à l ’égard d’une
époque qui eft aéluelle relativement au moment
déterminé par je crois, q u i, dans cet exemple, eft
envifagé comme antérieur; je croyois ou je pouvois dire y je cr o is.
Les dèvelopements que je viens de donner fur
ces trois exemples, fuffifent atout homme intelligent,
pour lui faire apercevoir comment on pourroit
expliquer chacun des autres , & démontrer que
chacun des Temps du Subjonctif y eft raporte à
une époque a&uelle relativement au moment déterminé
par le Préfent du verbe principal. Mais a
l ’égard du premier Temps de chaque clafle, l ’actualité
de i ’ép'oqne de comparaifon peut être également
relative, ou à un Préfent aftuel , ou à un
Préfent poftérieur, comme on le voit dans ces mêmes
exemples; & c’eft par cette confidération feulement
que je regarde ces Temps comme indéfinis : je
regarde au contraire les autres comme définis ,
parce que i’aétualité de l’époque de comparaifon y
•eft néceffairement & exclufivement relative à un
Préfent antérieur; & c’ eft auflî pour cela que jè les
qualifie tous d’antérieurs»
Ainfi, le moment déterminé par l ’un des pré-
fents du verbe principal eft pour les Temps du
Subjonctif, ce que le feul moment de la parole eft
pour les Temps de l ’Indicatif ; c’eft le terme immédiat
des relations qui fixent l ’époque de . comparaifon.
A l ’Indicatif, les Temps expriment des
raports d’exiftence à une époque dont la pofition
eft fixée relativement au moment de la parole : au
SubjonCtif, ils expriment des raports d’exiftence
à une époque dont la pofition eft fixée relativement
au moment déterminé par l ’un des Préfents du verbe
principal.
Or ce moment déterminé par l ’un des Préfents
du verbe principal peut avoir lui-même diverfos
relations au .moment de la parole, puifqu’il peut
être ou aCtuel, ou antérieur, ou poftérieur. Le
rapport d’exiftence au moment de la parole, qui
eft exprimé par un Temps du SubjonCtif, eft donc
bien plus compofé que celui qui. eft exprimé par
un Temps -de l’Indicatif : celui de l ’Indicatif eft
compofé de deux raports ; raport d’exiftence à
l ’époque , & raport de l’époque au moment de
la parole f celui du SubjonCtif eft compofé de crois ;
rapport d’exiftence à une époque , raport de cette
époque au moment déterminé par l ’un des Préfents
du verbe principal, & raport de ce moment principal
i celui de la parole.
Quand j’ai déclaré & nommé indéfini le premier
de chacune des fix clafles de Temps qui conftituent
le SubjonCtif , & que j’ai donné au fécond la qualification
& le nom de défini antérieur 3. je ne con-
fidérois , dans ces Temps , que les deux premiers
raports élémentaires , celui de i’exiftence à l ’épo-
u e , & celui de l ’époque au moment principal,
’ai dû erç agir ainfi , pour parvenir à fixer les
caractères diftérenciels & les dénominations dift-
tin&ives des deux Temps de chaque clafle ; car
fi l ’on confidère tout à la jois les trois raports élémentaires
, l ’indétermination devient générale, 8c
tous les Temps font indéfinis.
Par exemple , celui que j’appelle Préfent défini
antérieur, j>eut au fond exprimer la fimultanéité
d’exiftence a l ’égard d’une époque, ou aCtuelle, ou
antérieure, ou poftérieure. Je vas le montrer- dans
trois exemples, 011 le même mot françois fera
traduit exactement en latin par trois Temps différents
qui indiqueront fans équivoque l'aCtualité ,
l ’antériorité, & la poftériorité de l’époque envifagée
dans le même Temps françois*
i°. Quand je parlai hier au minifire, je ne
croyois pas que v ous entendissiez; (AUDiREte
non exiftimabam ).
i°. Jenecrois pas que v o u s entendissiez hier
ce que je vous dis , puifque vous riave\ pas
fu iv i mon confeil,’ ( audivisse te non exiftimo).
30. Votre fùrdité étoit f i grande , que je ne
croyois pas que vou s entendissiez jamais ; (ut
te unquam auditurum esse non exiftimarem ).
Dans le premier cas,, vous etitendijfie^ eft relatif
à une époque aCtuelle , & il eft rendu par le Préfent
audire ; dans le fécond cas , l’époque eft
antérieure , & vous entendijfie\ eft traduit par le
Prétérit audivijfe ; dans le troifième enfin , i l eft
rendu par le Futur auditurum ejfe, parce que
l ’époque eft poftérieure : ce qui n’empêche pas
que, dans chacun des trois cas , vous entendiffie\
n’exprime réellement la fimultanéité d’exiftence à
l ’égard de l ’époque , & ne foit par conféquent un vrai
Prêtent.
Ce que je viens d’obforver fur le Préfent antérieur
fe vérifieroit de même fur les trois Prétérits
& les deux Futurs antérieurs; mais il eft inutile
d’établir • par trop d’exemples ce qui d’ailleurs
3 eft connu & avoue de tous les grammairiens, quoiqu’un
d’autres termes. » Le SubjonCtif, dit l ’auteur
de la Méthode latine de Port-Royal ( Rem. fur
les Verbes , chap. ij , §. iij ) , » marque toujours
» une lignification indépendante & comme fuivânte
» de quelque chofe : c’eft pourquoi dans tous
» fes Temps il participe fouvent de l ’avenir >». Je
ne fais pas fi cet auteur voyoit en effet, dans la
dépendance de la lignification du SubjonCtif, l’indétermination
des Temps de ce mode ; mais il la
voyoit du moins comme un fait, puifqu’i l en recherche
ici. la cause : & cela fuffit aux viles que
j*ai en le citant. Vofliusl ( An a l. I I I ,x v ) eft de
même avis furies Temps du SubjonCtif latin; ainfi
que l’abbé Regnier ( Gram.fr. i n - i t , pag. 344 >
in - 4° j pag. ^61 ) , fur les Temps du SubjonCtif
françois. *
Mais indépendamment de toutes les' autorités ,
chatun peut aifément vérifier qu’il n’y a pas un
feul Temps à notre SubjonCtif qui ne foit réellement
indéfini, quand on les raporte furtout au
moment de la parole : & c’eft un principe qu’il
faut faifîr dans toute fon- étendue ,, fi l ’on veut
être en état de traduire bien exactement d’une
langue dans une autre , & de rendre félon les ufages
de l ’une ce qui eft exprime dans l'autte fous une
forme quelquefois bien differente.
§ . f. De s Temps de l’Infinitif. J’ai.ddja fuffi-
famment établi ailleurs, contre l ’opinion de ianc-
ti 11s & de fes parlifans , que la diftinftiui^des
Temps n’eft pas moins réelle a 1 Infinitif qu aui
autres modes f l B H M É i l B ° “ Z* V°U'
ici que l ’erreur de ces grammairiens n eft venue
que dé l ’indétermination de l ’époque de comparaifon
dans chàcun de ces Temps, qui tous lont
effenciellement indéfinis. I l y eu a cinq dans n
finitif de nos verbes françois, dont voici 1 expoliüon
fyftématique.
S Y S T E M E D E S T E M P S D E L ’ I N F I N I T I F .
I.
p r é s e n t , ! positif ,
C OM P A R A T IF
PR OCH A IN ,
chanter.
avoir chanté.
avoir eu chanté.
venir de chanter.
FU TU R , devoir' chanter.
Je ne donne à aucun de ces Temps le nom
d’indéfini, parce que cette dénomination, convenant
à tous, né fautoit être diftinCtive pouE aucun dans le
mode infinitif.
Le Préfent eft indéfini , parce qu’il exprime la
fimultanéité d’exiftence à l ’égard d’une époque quelconque.
L ’homme veut être heureux ; cette maxime
d’éternelle vérité , puifqu’elle tient à l ’effence de
l’homme, qui eft immuable comme toutes les autres,
eft vraie pour tous les Temps & l ’Infinitif être
fe raporte ici à toutes les époques. Enfin je
peux vous e m b r a s s e r ,Te Préfent embrajferex prime
ici la fimultanéité d’exiftence à l ’égard d’une époque
a<£fcuelle, comme fi l ’on difoit., Je peux vous
e m b r a s s e r a&uellement. Quand j e voulus p a r l
e r ,Te Préfent parler eft relatif ici à une époque
antérieure au moment de la parole , c’eft un Préfent
antérieur. Quand je pourrai s o r t i r , le Préfent
fortir eft ici poftérieur , parce qu’il eft relatif à
une époque poftérieure au moment de la parole.
Après les détails que j’ai donnés fur la diftinc-r
tio.n des différentes etpèces de Temps en général,
je crois pouvoir me difpenfer ici de prouver, de
chacun des Temps de l’Infinitif, ce que je viens de
prouver du Préfent : tout le monde en fera aifément
l’application. Mais je dois faire obferver que
c’eft en effet l’indétermination de l ’époque qui a
fait penfer à SanCtius, que le Préfent de i ’Innnitif
n’éloit pas un vrai Préfent, ni le Prétérit un vrai
I I . I I I -
arriver. fe révolter.
être arrivé, ou vée. s ’ être révolte, ou tee.
avoir été arrivé, ou vée. s ’ être eu révolté, ou tée.
venir d ’arriver. • venir de fe révolter,
devoir arriver. _. devoir fe révolter.
Prétérit ; que l’un & l ’autre étoient de tous les
T em p s . I n r eliq u um , dit-iL ( M in . I , xJ v ) ,
in f in i t i verbi t e m p o r a c o n f u f a f u n t , & a v e r b o
p e r fo n a li t e m p o r i s fzg n ifica tio n em m u tu a n tu r : u t
cupio LEGERE f e u l e g is s e P r æ f e n t i s e ft ; cupivi
■ LEGERE f e u L E G fs .S E , P roe t e r i t i ; cupiam LEGEREf e i c
l e g is s e , F u tu r i . I n p a f f iv â v e to , aman, legi ,
audiri, f in e d ife r im in e om n ib u s d e fe r v iu n t ; ut
voluit d i l i g i , vult d i l ig i , cupiet d i l t g i . Ce grammairien
confond évidemment la pofition de 1 époque
& la relation d’exiftence : dans chacun des
T em p s de l ’Infinitif, l ’époque eft indéfinie; &
en conféquence elle y eft envifagée ou d une manière
générale ou d une maniéré particulière t
quelquefois comme aétueile , d’autres fois comme
antérieure , & fouvent comme.poftérieure ; c’eft ce
qu’a vu S.anélius : mais la relation de 1 exiftence a
l ’époque, qui conftitue l’effence des T em p s , eft-
invariable dans chacun ; c’eft toujours la fi militari
éi té pour le Préfent , l’anleriorite pour les Pie.-
térits, & la poftériorité pour les Futurs; c if t
ce que n’a pas diftingué l e ‘ grammairien efpagnol.
§. 6. Des T em f s du Participe. Il faut dire la.
même chofe des Temps du Participe, dont j ai
établi ailleurs la .diftintlion , contre l’opinion du
même grammairien & de fes feélateurs. Ainfi, je
me contenterai de préfenter ici le fyftême entier
des Temps du Participe, par raport à notre langue.
Gr a m m , e t L i t t é r a t . Tome I I I , V vy
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