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ant, famamqut ac figurant animi mafis miani
corpons compledantur . . . . . forma mentis
esterna , quam ■ tenere & exprimere, non per
alienam materiam & artem, fed mis ipfemori-
biis potes. Quidquid ex Agrkolâ amavimus, ,
quidquut mimtijumus, manet, manfurumque êji
in annnis hominum, in oe ternit ate lemporum idmâ
rerumQ), .
Ce ne fut que par de lents progrès que Y llif-
toire ancienne parvint à ce degré de perfeàion
inimitable. Les premières annales des romans
n etoient qu un regiftre publiç, od étoient infcrits,*
1 *&lans aucun ar t, les évènements de l ’année. G’eft
d apres ce modèle qu’écrivirent YHiJioire Fabius-
PjçLor & Pi Ton ( % ). 11. en ay'oit été de même
pai.mi les. grecs ; & ç’étoit âinfi que FbérëcMe ,
Heiianiçus^ Acudiiasav-oient écrit. Mai^âu lieu que
dans Rome , ju (qu'au temps de Sallufte, YHiJioire
fut réduite a cet(c sèchereffe, à celte nuditéÙW
prenions,, ou 1 écrivain ne recherchoic pour toute
gloire que la brièveté. & | la clarté (*); dans la
Orece , elle avoit de bonne heure formé fon génie
1 *'?n S 1®; aux écoles de l ’Éloquence & à celles
1 6 rj- / , ildbphie. C’etqit de là qu’écoit forti
eèt Hérodote , dont l ’élocution ravifioit Cicéron
iui-meine : ce Thucydide., qui , .dans l ’art de par-
fer, pafla de lo in , dit-il , tqüsfés rivaux ; dont
le Jtyle elt fi plein de èhofès , que Te nombre des
■■ W. “ ' . N , ron du moins décournoit les, ieax. Il ©rdon»
•V.iioit le crime il ne le regardoit pas. Sous Domicien
»■ um îura-oïc de fupglice pour les mourants étoiè de h
voir &- d en être vus; Il tenoic regiiirè dé'ncs Ibupirs.
" & pour epier &: noter tant de '.maihWeux v îi niftifoi
“ , uCeu V i § e , a t r0 é e * t e t e r â u g e d r p r é m u n i f î o k .con n u
» c e l le d e là p u d e u n .
” Voua* Ag ritola , vous avez été heureux ;.& par récla
” vonre vie, & par une more qui* vous a épargné "h
” t e ^ c l e de tant.de maux. S’il eft un afile pour le;
” mail es h 11 ? comme- le difenr les Sages , les-grandes âme.
» ne tonrpas ctemtes au même- rnftant ■ que péri fient le,
” Homme jufte , repofez en .paix; & nous, votri
nmille enseignez-nous à vous'regretter fans foibktTe
v r a ce lier de vaines plaintes , en contemolanc ces rare"
» vertus qui nous défendent d e vous pleurer. C e W Vou
” ^°-iyenc aujourdhui & votre fille & votre épouik c’ef
” de, conferver-lî préfente •& de révérer fi temhement h
5> ü5^P®irê d an- père & d’un époux, qu’elles foienr fan
” d e / e s a’& ioH s & d e fe s p a r o le s ; ' c ’ e f
« a em b r a l l e r ‘ p lu s to c l ’ im a g e d e f o r i â m e q u e c e l le d.
L ’ âm e e f t d o u é e d ’ u l ïe f o th i e u m iT io r t e l i è , c(n,
! , ° b ,e t m à te t i e l , n u l a r t é t r a n g e r n e p e u t r e n d r e r &
” ! i VOtre a P" & pHndSr HKÏ TOS J « S
^m r B P . W w a im é , î o u t c e q u e n o u s a v o n
” ;Q aBS- A g n c o t a 1, . n o u s r e fte & r e v i v r a fa n s ce fli
d e s tem p s - ,* - 'd a n s^ la m ém o ir e d e s - h o m
‘ gJ Z) ^ nc^milu^d.inem fedhendï multï fequuti fient., au
Jjt e uLLis .ornq-mcntis , monument# ifolum.te.mporum , ho
, loçorum gejiarumque rerum i reliquerunt. Gic.. à
■ nri t tEti r ll1l ln td ll8atl\\ q 'fd dicânt, unam dicendi laudem
praunt ejje breyuaum. Ibid.
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penfées y égale prefque le nombre de paroles r 3c
qui-réunit tant de précifto.n avec tant de ju fie fie
que l ’on ne fait fi. e eft l ’exprefii-oir qui orne i la-
penfee, ou la penfée l ’expreifion ( i ). De la
meme ecole lonirent Éphore & Théopompe,
deux hommes de génie , tous- deux difciples. d’ifo-
crate. Enfin parut ^ ajoute Cicé'ron , le digne élève
de Socrate, le-prince des hijîoriens- Xénophon
(Y). . . -, . :
T-f premier des latins qui appliqua l ’Éloquence-
a YHiJioire y ce fut Sallufte. Tite-Live l ’y déploya
, & avec autant de magnificence que Thuc
y d id e^ Xénophon lui-même ;■ mais, comme
eux, avec la réferve convenable au témoin, des-
temps. Dans les récits, comme dans les harangues,
il eft toujours près des limites, qui- doivent féparer
1 hijlonèn de l ’orateur & du poète ; mais i l . ne
les pafle jamais : & pour le charme & la- dignité
du ftyle de YHiJioire, pour le degré d’élévation
& de couleur qui lui- convient , ïampleur la
pompe, & l ’harmonie dont il eft fufceptible, je ne
crois pas qu’il y ait de modèle plus accompli que
Tite-Live. ; ’ " ' ; ;
Mars ce n eft pas tout, ce n’eft pas rnênïë a fiez:
pour YHiJioire d’être éloquente il 1-ui eft fui tout
recommandé d’être philofophique ; <& pour ce
dernier cara&ère, que j’appellerai f i vertu,- rien
n eft comparable a Tacite. Plus prefîe , plus- concis5!
plus vigoureux que Tite-Live du côté de l ’ex-
preffion, i l eft. aufii, du côté des. penfées > plus
énergique & plus profond , &. du côté des moeurs ,
plus grave & plus auftère. Qu’un peintre r d’après
leur genie , eflaye de fe figurer, & dé nous peindre
leur image ^ il va-donner à Tito - L-ive un air calme-
& majeftueux ; mais à Tacite un air mélancolique ,
mêlé de fenfibilité , de févérité,, de.bonté.. .
( « Qu on ne compare pas, dit-il, nos annales
» avec ces anciennes Hijioires de la- République
» romaine. La , dés gùer.resJ '& dès- travaux im-
» menfes, des rois vaincus- & captifs ; & au de~
w dans,. des difien|ib/ns;';des. cqfifulSKàvèc' Tes tri-
o . buns, des lois pour le partagé des terres ou
» pour aiTiîrer l’abondance , les débats des Grands
» & du peuple, font décrits avec liberté. Ici ,
» c eft un travail obfcur & reflerré dans des bornes
» ,.étroites ». Et cependant c’eft cptte obfcurité d’une
paix trift-e 8c fombre , intérieurement troublée par
la. fermentation dé|tous. les, vjees'déboutés les
pafiions d’une foule de .mauvais" princes ,. environnés
d’une Cour: déprayee' % c’eft là Te grand, intérêt
"de Tacite. Son Biftoirèiiiêâaè-oiVil annonce
(i) Q}à ita creber rerum.frequentiâ , ut vevborum prope
numer#myfententjarum nuipèrp çpnfèquatur ; ita porro verbis
aPtl‘l ^ PjeJYuà > ut Ajouts ufrum.res oratione J a it verba feit-
tentiis ilVujireniur. Ibrd. <
(i) Deinde etiarri à P hiiofophiâ-projeâàs princeps
piton, Socratiais ïllé9 ; s-
Aç fi tragiques évènements .fr)^ n’eft Jjas âufii
attachante que fes Annales,, par la rai fon que ,
dans celles' - c i , ce foqt les hommes encore plus
que les ehofes -qu?il creufe & qu’il approfondit.
Avec quels traits il peint la violence & l ’atrocité
de ce IVIételius , l ’accu fa leur de Thraféas ! quel
charme i l prête à l ’Éloquence de la fille de Sé-
ranus ! comme il eft toujours l ’ami ardent de - la
vertu, l’ami tendre de l ’innocence dans le. malheur,
£c rénneini auftère & inflexible du crime heu-
reuxi
Or c’eft ce caractère de moralité -répandu dans
YHiJioire . & fui-tout dans les Annales de Tacite,
qui en fait le : prix ineftimable.' Nul homme ,
depuis que l’on a peint le fentiment & la penfée ,
n’a plus profondément gravé dans -fes écrits l ’empreinte
de fon >âme.; C ’eft’, félon moi , de lui
qu’on doit aprendre à quel degré de chaleur &
d’intérêt le ftyle de YHiJioire peut être pouffé','
fans rien perdre de fou impartialité, & fans rien
ôter à l’écrivain de fon intégrité de juge. Dans fes
harapgues , nulle’ emphafe y dans les portraits,
nulle manière ,* dans-fes deferiptions, nul appareil
j dans fes réflexions, même les plus profondes,
nulle oftentation de penfée ; dans fés expre(fions
les plus hardies . & les plus énergiques , nulle çon-
tenttou, nul effort : partout la vérité fans fard ,
& toujours ce qu’ün témoin attentif & févèr-e ,, un
obfervateur férieux & pénétrant a vu de plus caché
dans le fond de l ’âme des hommes , lorfque :les
fityations & les évènements lui en ont révélé le
fecret. Lifez le règne: de Tibère, ou celui de
Néron ; -ces deux' terribles. &, longues Tragédies,
dont Rome' eft le théâtre, Te ou Tacite a porté
fi.. loin l’art d’émouvoir : l ’Eloquence artificielle!,
le foin d’orner & d’agrandir n’y entre pour rien.
Mais en même temps qîi’il eft impofiîble d’y
apercevoir un trait exagéré ou fuperflu , il eft im.r
poflible d’y défirer un trait fenfible & intéreflant
qu’il ait manqué ou qu’il ait affoibli.
Je fuis cependant très - éloigné de vouloir que
YHiJioire n’ ait qu’un modèle, ou que le même
foit toujours préférable ; & je commence par dif-
tingaer ’ deux hypothèfes qui demandent deux: manières
très-différentes : l ’une , où Yhijlorien fuppofe
(x) Opus aggredior. opknum cafibus, atrox prceliis, difeors
feditionibits , ipsâ etiam pace ficevum : quatuor principes
ferro interempti : tria bella civilia, plura externa, ac
plerumqds permixta . . . . Italia novis cladibus , vel poji
longam Jeeculorum feriem repetitis , affliâa : hauflee. aut
.obmtcz urbes fecundijjimâ Campanioe, orâ : urbs incendiis
.yajlata, çonfiujpptis antiquißimis dclübvïs, ipfio Càpitolio
manibiis civium incerifo : pollutce cerimonioe : magna adultérin
: plenum exiliis mare , infecti ccedibus feopuli : atro-
<dus ïn urb’e fizvitum nobilitas , opes, omijjfi gefiique honores
pro crimine, & ob- virtutes certijjimum exilium : nec
minùs pramia adulatorum invif a qûarn fee 1er a. . . . odïo
& teirore corrupti in dominos fervi, in patrohos lïberti; &
quibus deer.at inimicus, per amicos opprejjî, Hift.. 1îy, I,
des le&eurs qui ne favent rien de ce qu’on va
leur raconter ; & l ’autre qui fuppofe dés lecteurs
vaguement , confufément inftruits des évènements
qu’on rappelle. A la première doit s’appliquer
la méthode que Cicéron nous trace -(T) pour^ YHif-
toire dèveiopéej c’eft la manière de Tite-Live :
à la féconde , il convient de ferrer le tiflu des
évènements, d’approfondir au lieu d’étendre ; c’eft:
la manière de Tacite. Que. tous les lufioriens
romains euffent péri dan's un incendie , & que
Tite-Live lui feul eût’ été cônfervé ; nous aurions
fu YHiJioire romaine. -Mais qu*un écrivaini coraraç
Tacite nous fut refté feul ai* la place de T ite -
L iv e ; ces faits indiqués d’un feul.trait, ces détails
fi rapidement, fi brièvement accumulés, feroient
à chaque dnftant des énigmes inexplicables.
'Le ftyle, fi je l ’ôfe dire, fubftanciel & con-
denfé, qui convient à des faits déjà connus y &
où la penfée aide à la lettre , . n’eft donc pas
celui qui ‘convient à des récits dont le fond, les
détails V les cireonftarices , tout eft nouveau.
Deux antres, hypothèfes , relatives aux temps ,
peuvent encore exiger de YHiJioire plus-ou moins
de détails.: ce font les points de pertpedive que
les écrivains fe propofent. Pius la poftérilé pour
laquelle on écrit eft reculée , plus .1 intérêt- des
détails diminue ; & f i , à chaque trait, Vluflorien
fe demande : Qu importe à Vavenir, à üii avenir
éloigné 1 le volume des faits qu’i l aura recueillis^'
fe réduira fouvent à peu de chofe. 11 n’y a que
les peuples célèbres & les hommes vTairaent il-
luftres, dont les particularités domeftiqués foient
intéreflant'es encore à une certaine' diftance. Mais
ce' qui' po-ùr une poftérilé éloignée n’ a rien de
curieux, le temps auquel on touche , le pays ou
Pon eft peut défirer de le favoir. C ’eft là , pour
le difeernement & pour le choix de l’écrivain ,
l’ iinè des grandes difficultés. Il eft prefque afiuré
d’être' prolixe à l’égard des fié des à venir , s’il
accorde au fien les détails qu’il a droit de lui
demander: & s’il néglige ces détails, il s’expofe
au reproche de n’avoir pas rempli fa tâché car
çes détails ne font pas tous frivoles, & la proximité
des temps, peut leur donner une influence
& des ràports d’utilité qui les rendent inditpen--
fables. j f , i ■ ., ■> . •' } i «,î} • •. - .
L ’hißorien qui ne s’occupera que de fa propre
o-loire, ëvitéra aifément .ç.et écueil, en choififiant, •
parmi les fiècles. écoulés, celui qui lui préfente
\fi) In rebus magrtis memoridque dighis, confilta primumt
deinde acla , pofiea eventus exfpedantur : & de confiliofigni-
ficari quid feriptor probet: & in rebus geßis de dar a n ,
non folüni quid affiim aut dictum f i t , fed etiam quo modo ,*
& quiim de eventu dicatiir, ut caufie explicentur omnes ,
■ iel cafiis , vel fapiehtice', vel temeritaiis; hominumque ip-
forum non folum res gefice ,\fed etiam qui fatna ac no-
mineexcellent, de cnjufque vita atque' natuiä. De Or,
ly ?;2>
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