
le complément eft quelquefois à l ’accufatif & quelquefois
à l ’ablatifT
In , avec l’accufatif pour marquer le mouvement
ou un raport de tendance. In milites liberalis, Cic.
Jn lucern bibere , Mart. In improbos populu.ni
inflammare , Cic. In Syriani décrétés legiones,
Cic. In media arma ruere, Virg. In potejlatem
fu a n ï redigere , Cic.
Avec l ’ablatif pour marquer le repos. Sentio
niji in bonis amicitiam ejje non pojfe , Cic. In
diebus paucis , Ter. In Alexandrin , Cic. In
armis erant, T . Liv. In fu â potejlate ejje j
îT. Liv.
Le choix du cas cil quelquefois indifférent, ht
equum trajanum includere, Cic. Imaginem in~
Audit -in clypeo , Cic. Incidere in ecs T . Liv.
Incidere in esre , Cic. Stare in pedes, Plin. Stans
jtede in uno, Hor.
Sub , avec l ’accufàtif. P o fie f que- fub ipfos ni-
tuntur gradibus , Virg. Sub prima frigora, Virg.
.Sub lucis ortum, T . Liv. Sub eas litteras fiatim
récitâtes fu n t tues, Cic.
Avec l ’ablatif. Sub nomine pacis bellum latet,
Cic. Sub judice lis e j l, Hor. Sub fine morbi, Cic.
Sub eodem tempore , Ovid.
Subter , avec l ’accufatif. P lato iram in pec-
tore, cupiditatem fubterprescordia locavit, Cic.
A ug ufiï fubter vefiigia tecli Æneam | d u x it ,
iVirg.
Avec l ’ablatif. Ferre libet fubter densâ tefiudine
c a fu s , Virg.
Super , avec l’accuiatif. Super garamantas &
indos profeiet imperium , Virg. Super ripas
fluminis effufus , T . Liv. Super cesnam occifus ,
Suet. Super morbum etiam famés a jfiix it, T . Liv.
Avec l’ablatif. Multa fuper Priamo rogitans ,
fuper Heclore multa, Virg. Super fronde viridi ,
Virg. Nec fuper ipfe fuâmolitur lande laborem,
.Virg. Super aliquâ re feribere, Cic. '
Les grammairiens ont auffi placé, dans la clà-ffe
des Prépofitions latines, des mots qui n’en font
point & que j’ai en conféquence retranchés du tableau.
Je dois juflifier mon opinion à. cet égard:
& je vas le faire, en fuivant encore l ’ordre alphabétique
des mots fauflement pris poiir des Prépofi-
lions.
i . AdVersum & Adversus. Ces deux mots
font exclus de droit du nombre des Prépofitions,
parce qu’ils ne font ni Amples ni primitifs, puisqu’ils
font évidemment compofés de ad & d’un autre
jnot.
Adverfum eft le neutre de l ’adjeétif adverfus ,
A , um, employé elliptiquement dans les phrafes
du on l ’a pris pour Prépofition. Adversus eft un
adverbe, compofé de ad & de versùs. L’un &
l ’autre a un complément à l ’aecufâtif., à caufe de
la Prépofition 4P foufentendue , .aijifi que jç yas
le faire voir de versüs ; ou même à caufe de ad3 quî
eft r une de leurs racines.
C’eft ainfi qu’il faut entendre & expliquer les
exemples Suivants : Non contendam ego adversus
te , Cic. Reverentia adversus homines , Cic. D e
illâ adversus hune loqui , Ter. Id gratum fuifje
adverfum t e , Ter.
a. Cir c iter . C’eft un véritable adverbe , formé
de Cirai ou de Circàm ; de même qu’on a formé
acriter de acris, duri ter , de dur us , prudent er
de prudens. Si l’on trouve quelquefois ce mot
employé avec un accufatif, c’eft qu’il y a a Suppléer
une Prépofition qui puifle régir ce cas : ainfi,
Dies circiter quindecim iter fecerunt, Cæf. c’eft
a dire , iter fecerunt circiter pet quindecim dies.
La preuve en eft i°. que l ’on trouve Circiter
avec une Prépofition exprimée; comme A d fe x -
tum circiter idus ma'ias , Cic : a °.qu’on le trouve
avec l’ablatif, qui fuppofe une autre Prépofition ;
comme Circiter horâ décima noclis , Cic. c’eft
a dire Circiter in horâ décima noclis : 30. qu’on
le rencontre même fans autre ca$ que le nominatif
; comme E x omni copia circiter pars quarta
e ra t, Sali.
3. Clam eft employé fans complément & fignifie
fecrètement, en cachette , à la dérobée,;- c’eft un
véritable adverbe. Clam ferro incautum fuperat *
Virg. Si on le trouve avec un complément, c’eft
celui d’une Prépofition foufentendue y & de là vient
qu’on le trouve tantôt avec l ’accufatif & tantôt avec
1 ablatif. Bona multa faciam clam meam hanc
uxorem ; Plaut. fuppl. ergà. Clam prceceptore ,
Cic. fuppl. à.
4. C oram eft pareillement employé fànscom-
plémént & comme adverbe : Coram in os lau-
dare aliquem, Ter. ( Louer quelqu’un en face
ouvertement ). Coram tecum loquar , Cic. ( Je
vous parlerai ouvertement ). Si on le trouve donc
avec un ablatif, ce cas eft le complément d’une
Prépofition foufentendue , & communément de pro
( devant ) : Coram patribus , Tacit. Corccm fe -
n a tii, Cic. c’eft à dire , coram pró patribus,
coram pro Senatu ( ouvertement devant les féna-
teurs, devant le Sénat). :
5. Juxta eftauftiun adverbe, quiparoît dérivé
de ju n g o , jttn x i , au lieu de quoi l’on difoit
anciennement ju g o , ju x i , & fans doute juxtum ;
d’où nous vient ju x tà , ainfi que l ’adverbe ju x -
tim3 que l ’on trouve dans Lucrèce. Cette dérivation
même eft un premier titre pour exclure
ju x tà de la claffe des Prépofitions ; & un titre
pour le préfumer adverbe , c’eft que jux tim a
paffe d’ufage & qu’il n’eft refté que ju x t à , parce
qu’i l a le même Sens. En effet il y a tant d’exemples
qui prouvent que c’eft un adverbe, que les
Diâiohnaires le font Prépofition & adverbe j ce
que j’ai déjà dit plufieurs fois être contraire aux
vÙAS immuables de lmftitutiondu langage. LitterU
græcts & latinis ju x tà eruditus,T2.cït Æ fiils
hiememque ju x tà ferens , Sali. Juxtà mecum
omîtes intelligitis , Cic. Rem parvam & ju x tà
màgnis difficilem , T . Liv..
Quand on trouve ju x tà Suivi d’un accufatif, ce
cas eft le régime d’une Prépofition foufentendue.
Juxtà viam, ju x tà ripam , Cic. c’ eft à dire, ju x tà
ad viam, ju x tà ad ripam. Juxta fedititionem ven-
tum, Cæf. i l eft clair qu’i l faut encore fuppléer ad
avantJeditionem.
6. P a l am s’emploie fans complément & fe
joint, comme homologue , avec dés adverbes ou
■ des phrafes adverbiales. Altenim quidem , ut
videmus , palàm ; alterum , ut fufpicamur, obf-
curius , Cic. Exercitum educunt, Pompéius
clàm & noclù. , Coefar palàm atque interdite,
Cæf. Palàm beatus, Ter. On trouve , dans Cicéron
, palàm 3 accompagné d’une Prépofition , ce
qui prouve que palàm ne l ’eft point : Palàm in ore
atque oculis omnium.
Ainfi, quand on rencontre palàm avec un ablat
i f , ce nom eft le complément d’une Prépofition
foufentendue. Palàm populo , T . Liv. ç’eftpalàm
pro populo (publiquement devant le peuple ) :
Palàm luce y Virg. c eVtpalàm in lace ( manifefte-
mentau grand jour).
7. P ropè eft un adverbe qui répond à notre
près : notre près eft toujours fuivi de la Prépo-
fition DE ; & le propè des latins fuppofe toujours
ad ou ab , félon qu’il eft accompagné d’un
accufatif ou d’un, ablatif. P rop è , comme les autres
adverbes, reçoit la forme comparative propiàs,
& la forme fuperlative proximè, d’où l’on a même
tiré enfuite les adjeétifs propior & proximus. Or
tous ces mots fe conftruifent également avec l ’ac-
cüfatif, foit en exprimant la P répofitionad, foit en
la foufentendant : Eidem qiuim propè ad annum
oclogefimum profpera manfiffet fortuna , Nep.
A d fimilitudinem propius accedere , Cic. Id
propiüs fidem e f t , T . Liv. Proximè videntur
ad noftram difeiplinam accedere, Cic. Utquam
proxima Italiam f i t , Cic. Proximus ad domi-
nam fedeto , Ovid. Proximus Pompéium fede-
bam y Cic. On trouve même proximus avec un
datif, qui eft l ’équivalent de l ’accufatif avec ad:
Proximus huic labor eft.
Quand on trouve donc un accufatif feul avec
propè y il eft évident qù’on doit y foufentendré ad :
ainfi, Propè me habitat, T . Liv. c’eft propè ad
me ( près de moi ) ; Propè mecum res fu e ra t,
T . Liv. c’eft encore propè ad metum (près de la
peur ) , peu s’en étoit fallu qu’on ne prît l ’alarme ;
Propè feiidonem ventum eft, Tacit. c’eft à dire ,
propè ad feditionem ( près de la fédition ) , on
en vint prefque à une fédition; Cubatis propè
Coefaris hortos , Hor. fuppl. ad. On trouve dans
Cicéron , avec propè , la Prépofition Aon A R fuivie
de l’ablatif : Propè à mûris (près des murs); Propè
üb domo (près de la maifon j.
Il fe préfente ici une difficulté : comment à ,
ab , ou abs d’une part, & ad d’autre part peuvent-
elles être également les Prépofitions énoncialives
de la diftance ? & comment peut - il fe faire que
l’on puifle également dire Propè à Coefaris Hortis
& Propè ad Coefaris hortos ? C’eft un choix qui
dépend de celui du point d’où l ’on partirait pour
mefurec la diftance : fi l ’on v a, du lieu qui eft
propè y vers les jardins de Céfàr , c’eft ad, comme
fi l ’on difoit Propè eunti ad Coefaris hortos ; fi
l ’on part des jardins de Céfàr pour venir vers le
lieu qui eft propè, c’eft à ou ab'y comme fi l ’oqi
difoit Propè venienti à Coefaris hortis.
Tout cela prouve que Propè n eft pas une Pr é pofition
: c’eft donc un adverbe, & l’on en a une
nouvelle preuve en ce qu’on le trouve employé
feul & fans aucun cas qui fafle équivoque. Propè
intueri, Cic. regarder de près. Propè adventat,
Plaut. ( il arrive prefque ) il va arriver. Propè
adejl tempus quant alieiio more vivendum ejl
tibi y Ter. ( le temps eft près) voici le temps où
i l te faudra vivre felon l ’humeur d’autrüi. Propè
annis viginti natus ; cet ablatif ne fait point équivoque
, parce qu’il eft évident qu’i l fe raporte à
natus y comme s’il y avoit natus e x annis propè
viginti ( né depuis environ vingt ans ) âgé de près*
de vingt ans.
8. P r o p t e r fe trouve employé comme, adverbe
, à peu près dans le fens de propè : par
exemple , Propter eft fpèlunca quoedam , Cic.
il y a tout près une caverne. Ibi angiportum
propter ejl y Ter. il y a là autour une petite rue.
Fenit per auras cor ni x , & propter volans,
Phæd. une corneille vint par les airs , & volant
tout près. Que propè & propter ayent des fens
analogues & foient également adverbes, cela eft
dans lordre : propter paraît fyncopé de propiter,
que l’on trouve dans Apulée avec le fens de propè ;
& tous deux paroiflent venir de propus ou propis
inufité, comme de durus font venus duré & duriter7
èc de fo r tis y forte & f o niter.
. Si l ’on trouve donc le même mot, avec le même
fens, accompagné d’un accufatif; il n’y a point
de doute qu’il ne faille fuppléer une Prépofition ,
parce qu'un adverbe ne peut recevoir aucun complément
que par ce moyen ainfi , Ipfe propter
aquilam adftitït, Sali, veut dire , ipfe propter
ad aquilam adjlitit. Propter patrem cubantes
Cic. c’eft propter ad patrem cubantes. Propter
aquoe rivum, Virg. fignifie propter ad aquoe ri-
vum. La raifon de cet ad eft Ta même qu’aprèe
propè.
Lorfque propter eft employé pour à caufe de f
en confidération de , pour Vamour de , &c. c’eft
qu’on le tranfporte du fens phyfique au fens moral
, parce que les égards font comme des raprô*-
chements de l’efprit vers les objets qu’il confidèie :
cette nouvelle vue ne doit rien changer à la fyr\.
taxe de propter. Ainfi, P ropter honejlatem, Prop tel