
b 2 $ f R O
Q u e ce héros entre n ou s v eu t former}- '
D ifp u to n s feu lem en t à q u i fa it mieux l ’aimer.
' ^ ans Prologue êêAmadis, le plus ingénieux
oe tous, 1 éloge de Louis X IV fembloit plus dif-
BciLe a amener ; & le poète l ’y a fait entrer d’une
laçon plus adroite encore & plus naturelle que
idans tous les autres. C ’eft le réveil d’Urgande &
«e la fuite apres un long enchantement ;
U R 0 a v D B.
3.orfqu*Amadis p é r i t , une d o u leu r p ro fo n d e
..Nous fit retirer dans ces lieu x :
U n charme a (Toupillant , d e vo ir fermer, n o s ieux v
J u fq u a u x temps fortunés que l e d e ftin du njQjidç.
epêndroit d’ un héros encor plus g lorieux.
A L Q ü I Fi
C e héros triomphant veu t que tou t foie tranquile,.
E n vain m i l e en v ieu x s’arment de toutes parts.:;
D un m o t ,.d?un feul de, le s regards..,
^ tendre â fo n gré leur fu reu r in ufi Ig.
( Enfemble.)
C ’ eft à lu i d ’enfeigner
A u x maîtres d e la ■ terre-
I-e g rand arc de la guerre y
C ’ eft à lui d ’ enfeigner
l e g rand art de régner.-
J ax recueilli ces traits, parce qu’ils font mis en
«uibil, que ces Prologu es n’ ont plus lieu, & que
gerloune ne s’amufe guère. de les lire, perfuacfé
somme on l ’e’ft, qu’ils ne font pleins que de fades
louanges & de petits airs douceureux. On y
peut voir que , de tous les flatteurs de Louis X IV
Quinault a été le moins, coupable , puifqu’en. le
louant à 1 excès du coté, de la gloire des armes
i l n’a ceilé de ' mettre au deffus ’ de. cette gloire
anême la magnanimité', la clémence , la juftiçe, &
L’amour de la paix, & que, les lui attribuer comme
fes vertus. 6ry.ori.tes., c’étojt du moins les lui recommander.
Depuis qu’on a inventé l ’Opéra-ballet, c’eft' a dire,
nn fpedacie compofé d’âdes détachés quant à l ’action,
mais réunis fous une idée collective „ comme
les Sens , les Elémens., I t P rologue leur, a fervi de
frontifpice commun': c’eft ainfî que le débrouillement
du cahos fait le Prologue du-ballet des Éléments
;. & le début de ce Prolbgue eft digne d’être
cité pour modèle à côté dë ceux de Quinault.
L é s temps font arrivés : c e lie z , trîfte C ahes.
P a r o if fe z , Éléments: D ie u x , a liez leu r preferire
L e mouvement & le repos
T e n e z - le s enfermes chacun d an s.fon empirer
C o u le z , O n d e s , . coulez} v o le z ., rapides F e u x :-
V o i le azuré. des. airs., eipbraffez Ja,nature*,
ï> R O
T e r r e , enfante des fru its, co u v re - to i dev'erduffc
M a illez , Mortels-', pour o b é ir a u x d ieu x ,
i ( M. Marm on TEL»)
PRO LU SIO N . f. f. Littérature. Terme qu’on-
applique quelquefois dans la Littérature à certaines
pièces ou comportions que fait un. auteur préfé-
; rablement à d’autres, pour exercer fes forces, &
comme pour effayer fon génie.
Le grammairien Diomède appelle le Culex- de
• Virgile & fes autres opufcules, des Prqlujions; parce
■ que ces petites pièces ont été commeles eliais' de
la mufe, & le prélude des poèmes qu’il donna par
; la fuite. Les Prohibons de Strâda lont des pièces
• fort ingénieufès, & dont M. Huet, évêque d’A-
) vranches , fefoit tant de cas,, qu’il les favoit toutes
par mémoke.:( ANQWY$dE.)
PRONOM, f. m. Grammaire. » Depuis le
; » temps qu’on parle du Pronom, on n’eft point
» parvenu à le bien connoître ; comme fi fa nature
» étoit,. dit le P. Buffier ( G rcrm. franç. n°. 4 )
: » un de ces fecrets impénétrables qu’il n’eft jamais-
; » permis fd’aproFondir.- Pour faire fentir r. con-
; » tin-ue-t-il, que .je n’exagère en rien, i l ne faut que
' » lire le favant Volîius, la lumière de - fon temps
» & le héros des grammairiens. Après avoir dér
». claré [ & avec raifon'] que toutes les définitions
» qui avoient été. données du Pronom jufqu’alors
» n’étoient nullement juftes, il prononce que le
» Pronom ejl ifn. mot qui en premier lieu Je rapporte
au'nom , & qui en fécond lieu jignifie
» quelque chofe. Pour moi, avec le refped qui eft
» dû au mérite-d’un fi grand’homme , j avoue que
» je ne comprends rien à fa définition du Pronom ».
Quoique l ’abbé Regnier prétende ( Gram f r .,
p . zv6y in -iz , p . 2,-28 in- 40. ) que Voifius en cela,
a très-bien dé ligne la nature du Pronom, je fuis.
cependant de l ’avis du P. Buffier. Car s’il ne s’agit
que de fe rapo.rter au nom $£. de fignifier quelque
chofe,. pour être Pronom i l y a trois Pronoms
dans ce vers de Phèdre , 111. 9.
Vulgare amici nomen, fed ram eji fides.
Vulgare fe raporteau nom nomen, il fignifîe
quelque chofe; ram. &. ejl fe rapportent au nom
Jides j & fignïfient aulîî. quelque chofe : ainfî , vulgare,
para, & ejl font des Pronoms, s’i l en: faut
juger d’après la définition de Volîius. L ’Abbé. Régnier
lui-même-, en la louant., fournit des, arm es
pour la combattre; il'avoue quelle n’exprime pas-
toutes les qualités du Pronom , & qu’il, y manque
quelque chofe, fiirtout à l ’égard' ‘du Pronom fran-
çois , qui femble , dit-il, avoir befoin d’une définition
plus étendue. Or une définition du Pronom
qui ne convient pas à ceux de toutes les langues,
& qui; n’exprime, pas le fondement de toutes les
propriétés du Pronom ,.n’en eft pas une définition..
Au fiirplus ce qu’ajoûfe ce grammairien i c e l le de
p R o
fVoffius , la charge inutilement fans là rectifier.
Sanétius ( Minera. J. 2 ) prétend que le Pronom
n’eft pas une partie d’oraifon différente du nom; mais
les raifons qu’ il allègue de ce fentiment font fi
’.foibles & prouvent 11 peu, qu’elles ne méritent
pas d’être examinées ici : on peut voir ce qu’ÿ répond
l ’Abbé Regnier au commencement de ion Traité
des PRONOMSi Le P. Buffier, qui adopte le même
fyftême, le préfente fous un jour beaucoup plus
fpéçieux.
« Touslesmots, dit- il ( nos. 80-84)’, qui font
» employés pour marquer Amplement un fujet dont
» on veut affirmer quelque chofe, doivent être tenus
» pour des noms; ils répondent dans le langage a
» cette forte de penfées , qu’on appelle idées dans
» la Logique. La plupart des fujets dont on parle
» ont des noms particuliers ; mais il faut recon-
» noître d’autres noms qui , pour n’être pas tou-
» jours attachés ' au même fujet particulier , ne
» laiffentpas d’être véritablement des noms. Ainfî,
» outre Te nom particulier que chacun porte &
» par lequel les autres'le délignent, il s’en donne'
» un autre quand il parle lui-même de foi ; & ce
» nom en françois eft moi ou j e , félon les diverfes
». occafîons . . . Le nom qu’i l donne à la per-
» fonne â qui il parle , c’eft vous, ou t u , ou
» toi, &c. Le nom qu’il donne à l’objet- dont il
» parle, après l ’avoir nommé par fon nom parti-
w culier ou indiqué autrement, eft i l , ou Lui , ou
» elle, &c. Les noms plus particuliers ont retenu
» feuls,. dans la Grammaire, la qualité de noms;
» & les noms plus communs de moi, vous, lu i ,
» & c , fe font appelés Pronoms, parce qu’ils s’em-
» ploient pour les noms particuliers & en leur
» place ».
A Toccàfîon de la Grammaire françoife de
M. dçWailly , l ’auteur de f Année littéraire ( 1754,
tom. v i l , lettre JC) propofe une difficulté dont
i l réçonnoît devoir le germe a M. l ’abbé de Con-
dillac ( EJfai fu r Vorigine des connoiffances humaines,
part. I l , chap. x , §. io£ ). Ou va voir
qu’il auroit pu en avoir l’obligation au paffage
que j’ai raporté du P . Buffier , ou au, chapitre que
j ai cité de la Minerve' de Sanétius. Quoi qu’il en
foit,. voici comment s’explique Fréron.
« Il y a , dit-il, trois fortes de Pronoms per-
» formels, j e , me, moi, nous; t u , t e , t o i ,
» vqus, pour la première & la fécondé perfonne :
» c’eft le eri général de toutes les Grammaires
» Tous ces mots font les noms de la première Sc
» de la fécondé perfonne , tant au pluriel qu’au
» fingttlier, & ne font point des Pronoms. Tout
» mot quelconque , excepté ceux - c iap a rc ien t
» à la troifième perfonne ; ce qu’on démontre en
>3 ajoutant à un mot - quelconque un verbe qui
» aura toujours la terminaifon de là troifième per-
» fonne. Antoine revient, le marbre ejl dur, le
». froid fe fa i t fen tir , &c. Les mots j e , me , moi,.
» &c , confidérés comme Pronoms , repréfente-,
». refont donc des noms 3 .& eonféqueromeut des
P R O 2 2 j?
» noms de la troifième perfonne , puifqu’i l eft
» certain que la troifième perfonne s’empare de
» tout. Or ces mois j e , me, moi, & c , repré->
» tant des noms de la troifième perfonne, corn-
» ment feroient-ils des Pronoms de la première
» perfonne & de la fécondé ? Ces mots font donc
» les véritables noms & non les Pronoms de la
» première & de la fécondé perfonne ».
Toute cette difficulté porte fur la fuppofitiôn
répétée fans examen par tous les grammairiens
comme par autant d’échos, que les 'Pronoms re-
préfentent les noms , c’eft à dire , pour me fervir
des termes de l ’abbé Girard ( tom. I , Difc. vj ,■
pag. z 83 ) , que leur propre valeur 11ejl quuri
renouvellement d'idées qui dejigne fans peindre ,
qu'ils ne fon t que de fimples vicegérenis des
noms, Sc que le fujet qu’ils expriment 11'ejl déterminé
que par le rejfouvenir dé la choje nommée ou
fuppofée entendue.
Cette fuppofition eft née de la dcnominatioK
même de cette efpèce de mot, que les grammairiens
ont mal entendue. On a cru qu’un Pronom.
étoit un mot employé pour le nom, repréfentant
le nom, & n’ayant par lui-même d’autre valeur
que celle qu’i l emprunte du nom dont il devient
le vicegérent ; comme un proconful étoit un officier
employé pour le conful , repréfentant le
conful, & n’ayant par lui-même d’autre pouvoir
que celui qu’il empruntoit du conful dont i l deve-
noit le vicegérent. C’eft la comparaifon que fait
lui-même l ’abbé Regnier (p. 216 , in - iz ; p . zz§ ,
in-40. ) , pour trouver dans l’étymologie du mot
Pronom la définition de la chofe.
Mais, ce n’eft point* là ce que l ’Analyfe nous
en aprend ( vqye\ M o t ) ; quoique réellement
elle nous indique que le Pronom fait dans le discours
le. même effet que le nom , parce que lés-
Pronoms, comme les noms, préfentent à l ’elpric
des fujets déterminés- Les noms font des mots qui
font naître dans l ’efprit de ceux qui les entendent
les idées dès êtres dont ils font l'es lignes ; nomen
diclum quaji notamen, quod nobis vocdbulo fuo-
notas eÿiciat ( IJid. hifpal. Orig. 1 , vj ),. Les
Pronoms font pareillement naître dans l’efprit
les idées des êtres qu’ils défîgnent ; & c’eft en.
cela qu’ils vont de pair avec les noms & qu’ils
font comme des noms, Pronomina. Mais on ne
fe fêroit jamais àvifé de diftinguer ces deux efpèces
de mots , s’ils prélentoient les êtres fous les mêmes
afpeéts, & fi l ’on n’avoit pas fenti,. du moins confu-
fément, les différences caraétériftiques que 1 analyfe
y découvre..
I l faut convenir avec le P. Buffier, que tous les-'
mots qui font employés pour marquer Amplement
un fujet dont on veut affirmer quelque choie , o u ,
en d’autres termes,, .pour préfenter a i ’efprit un
être déterminé , Toit réel foit abftrait ; que tous
ces mots, dis-je , doivent être tenu*, pour être de
même nature à eet égard. Mais pourquoi les tien.-