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&, pendant la diffolution des parties alliées ! Tels font
les phénomènes que préfentent les obfervations de
M. T ille t , & dont il n’eft pas poffible de douter,
lorfqu’on a fuivi, dans le mémoire de ce célèbre
Académicien, toutes les précautions qu’il a prifes,
toutes les preuves qu’il a réunies pour en conftacer
la réalité.
Si nous n’avions à expliquer que le premier de
ces phénomènes, on pourroit croire qu’il fe forme
ici un diffolvant eompofé dè l'acide & de la chaux
métallique; j ’ai déjà remarqué que nous n’avions
pas donné julquapréfent affez d’application à cette
efpèce de difîolvans pour juger toute leur puiffance ;
cette hypothèfe 11e me paroit_ répugner à aucun
des principes établis, elle acquiert même quelque
vraifembla-nce, lorfqu’on confidère que le métal de
l ’alliage , qui perd le premier une portion de
fbn phlogiflique, fe rapproche par cela même de
l ’état d’acide ( Voye% ACIDE MÉTALLIQUE ) , que
du moins il conferve une tendance à reprendre
cette portion de phlogiflique qui ajoute infailliblement
à la fomme des forces qui exiflent dans
le mélange , pour déphlogifliquer à fon tour le
métal plus réliftant. Ainfi, on concevrait, par
exemple, que dans lèpremier inftant l’argent leul
eft attaqué ; le phlogiflique qu’il perd fort du mélange
fous forme de gas nitreux, il n’en relie donc
plus dans la liqueur que ce qui eft nécelfaire à la fa-
mration des deux terres métalliques; s’il n’y avoit
pas «d’acide excédent, toute action cefferoit fans
doute , mais l’affinité , par elle-même impuiffante ,
de cet acide furabondant fur Je phlogiflique de la
platine venant à être aidée par l’aélion flmultanée,
quoiquégalement impuilfante de la chaux d’argent
pour fe revivifier'aux dppens de la platine, une
portion de cette dernière peut , être obligée de
céder fon phlogiflique qui, une fois dégagé,, eft
bientôt transformé en gas nitreux, & il n’eft plus
étonnant que la chaux de platine qui a fôuffert
cette perte foit tenue en diffolutiou avec la chaux
d’argent, s’il y a pour cela une quantité fuffilànte
d’acide.
Cependant le fait de la diffolubilité de la platine
eft tellement lié avec les deux autres phénomènes ,
que ce n’eft qu’avec la plus grande réferve que
j’ofe propofercette explication, uniquement fondée
fur la théorie générale, & qui ne fe relie en
aucune manière à la circonftance de .[altération
que la platine paroît éprouver dans toute fa fubf-
tance. Au relie j’ai déjà annoncé que le nitre
feul en fufion étoit une épreuve auffi terrible que
celle de M. Tillet pour ce métal, que l’on nommé
parfait. Ce moyen, qui n’a rien dé commun avec
la diffolution à la faveur de l’alliage, concourt ici
à fortifierlaprobabilité de mon hypothèfe, puifque
les deux effets peuvent être féparés; comme il
eft plus fimple , je m’en fervirai ailleurs pour déterminer,
autant qu'il fera poffible, la vérité & les
progrès de l ’altération de la platine dans fa fuhltance
effeatielle.
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Lorfqu’on fait diffoudre clans Yacide nitreux une
fubftance qui tient du phlogiflique, il fe dégage
toujours du gas nitreux : or nous avons vu que ce
gas étoit formé du radical nitreux , & poavoit
reproduire l’acide par l’addition de l’air vital ; d’où
il réfulte que dans toutes ces diffolution s , il y
a toujours une portion de l’acide décompôfée ;
cette portion eft moins confidérable quand la dif-
lolurion eft plus lente & moins accompagnée de
vapeurs rutilantes; mais comme il eft néceffàire
que le me cal perde de fon phlogiflique pour entrer
en combinai fon avec l’a id e , il doit fe former
auffi'a la longue un peu de gas nitreux, qui fe
diflipe plus infenfiblement. 11 ne paroît pas que
M. Wenzel ait fait état de cette perte néceffàire
de l’acide dans fes expériences pour déterminer la
quantité d'acide nitreux qu’exigent les différens
métaux pour leur diffolution, & cette circonftance
ne peut manquer de jetter de l’incertitude fur fes
réfultats, parce qu’il n’y a aucune raifon de croire
que cette perte „fe fane toujours dans la même
proportion.
J ’ai déjà annoncé que, fuivant la rapidité ou la
lenteur de la diffolution, elle retenoit plus ou
moins de phlogiflique ; on en trouvera des exem-r
ples frappans aux articles nitre mercuriel, nitre de
cuivre 3 dkc.
Quand Y acide nitreux déjà engagé dans urre bafe
fe trouve dans un mélange fluide en contaél avee
un autre fel neutre, les doubles affinités-> ou les
produits de l’aélion fimultanée de quatre fubftance&>
déterminent des effets que l’on a regardés longtemps
comme faifant exception aux loix générales-
des affinités, mais qui n’en font réellement que
des conféquencçs, ainfi que l’a fait voir l’illuftre
Bergman.
C ’eft ainfi que le nitre calcaire déeompofe îe
vitriol de potaffe & le vitriol de fonde.
M. Cornette, qui s’eft appliqué à vérifier ees
faits déjà obfervés par MM. Margraff & Baumé.,
affure q u’il en eft de même du nitre magnéfien T
c’eft-à-dire , qu’il y a échange de bafes entre les
deux acides, lorfqu’il eft mis en contaél dans un
fluide avec le vitriol de potaffe ou le vitriol de
foude, quoiqu’il ne s’annonce par aucun précipité
fenfible, parce que le vitriol magnéfien qui fe
forme, refte en diffolution dans la liqueur. (^Acad*
royale des Sciences, ann„ 1780 , pag. 338. )
Le même Académicien place au nombre de ces
faits la décompofition du vitriol magnéfien par le
vitriol calcaire; mais il n’y a dans ce cas aucune
anomalie apparente, puifqu’ii eft tout fimple que
l ’acide le plus puiffant s’empare de la bafe calcaire
avec laquelle.il a plus d’affinité, & que Y acide
nitreux, forcé de la lui céderreprenne la- magnëfïè
qui fe trouve libre.
On a vu au commencement de cet article Ç Éj. j r
n°. 1 1 .) un problème du même genre, dont la
folution paroiffoit. bien plus difficile , puifque Yacidea
c 1 a c i
ntireux, quoique le plus fo r t , laiffe dans ce cas
la bafe alkaline à l’acide muriatique plus foible,
& refte uni à la terre calcaire , &. cependant , à
l’aidé d’un fimple calcul, ce phénomène rentre
dans l’ordre. L ’explication affez étendue que j ’en
ai donnée s’applique tout naturellement aux
anomalies que je viens d’indiquer. C ’eft par la
même raifon que l’acide muriatique ou un acide
encore inférieur en puiffance , enlève dans certaines
circonftances, les bafes alkalines à l'acide
nitreux. Voye£ ACIDE MURIATIQUE , ACIDE
/NITREUX P H L O G I-S T I Q U É , & AFFINITÉ
DOUBLE.
M. Baumé a obfervé que Y acide nitreux traité à
la difiillation fur le vitriol de potaffe dégageoit
l’acide vitriolique, & prenant fa place, ’ formoit
du nitre ; & comme il étoit d’ailleurs très-certain
que l’acide vitriolique décompofoit abfolument le
nitre, les Chymiftes admettoieat une affinité
réciproque pour l’explication de ces phénomènes ;
mais M. Bergman à reconnu que cette décompofition
prétendue réciproque avoit un terme par
rapport à l’aélion de Yacide nitreux, & qu’elle ne
S’opérait qu’à la faveur de la propriété du vitriol
de potaffe, de prendre un excès d’acide. Voye£
A cide v it r io l iq u e .
Le barote, ou terre du fpat pefant, eft de toutes
les bafes connues celle que préfère l’acide nitreux ;
cependant ii la cède à l’acide oxalin , lorfque
çeïui-ci lui porte en échange l’alkali volatil.
Au contraire, Y acide nitreux ne cède pas la
bafe ammoniacale à l'acide vitriolique, lorfque
celui-ci eft faturé de mercure.
L’illuftre Bergman remarque très-bien que les
précipitations métalliques dans les acides ne
s’opèrent jamais que par affinité ' double ; ainfi, la
chaux de cuivre ne déeompofe pas le nitre d’argent,
al faut que le phlogiflique intervienne comme
quatrième principe.
Il eft bien connu que Yacide nitreux laiffe aller
à l’acide muriatique les chaux d’argent, de mercure,
de plomb, d’étain 8c d’antimoine, qui, a raifon
de cette propriété, ont été nommés métaux blancs
su lunaires.
M. Cornette a entrepris de prouver qu’il en
étoit de même du cuivre , du fe r , du cobalt, &c.
Acad, des Sc. ann. 1779, pag. 487.') & fes expériences
s’accordent avec les obfervations qui ont
déterminé le rang dans lequel les indiqué la table
de M. B ergman, ce qui montre de plus en plus
fa futilité de cette diftinélion de métaux lunaires
& métaux folaires ; mais je ne puis adopter la
conféquence qu’ en tire M. Cornette , que l’acide
muriatique eft plus puiffant, parce qu’en admettant
ce • fait comme une preuve de fupériorké, il
faudrait placer avant lui des acides végétaux qui
lui difputent & lui enlèvent, ainfi qu’à l’acide
vitriolique, ces mêmes bafes métalliques. Voye^
A cide muriatique.
Sf!
§. VII. De VaSlion de Vacide nitreux fur les
huiles|
C’eft une propriété remarquable de Yacide nitreux
d’enflammer les huiles. Borrichius &. Slare font
les premiers qui en aient fait robfervation ; Hoffman
affure avoir produit ce phénomène avec l ’huile de
girofle , fans avoir eu aucune connoiffance de ce
que Homberg en avoit communiqué à Slare. L ’opération
fe fait dans un petit vaiffeau évafé; on y
met une once d’huile effentielle de thérébentine,
de gayac, &c. on verfe deffus pareille quantité
àé acide nitreux, dont la pefanteur fpécifique foit
à-p.eu-près 1,525; la projeélion fe fait en deux
fois , e’eft-â-dire, d’abord des deux tiers environ,
& l ’autre tiers fur la partie qui paroît la plus
épaiffe ; on a la précaution d’ajouter un long manche
au vafe qui contient l’acide, pour n’être pa£
expofé à recevoir les jets que la réaélion des
liqueurs porte quelquefois très-loin. Cette inflammation
laiffe un charbon noir, celle de l’huile
empyreumatique de gayac le donne d’un volume
très-confidérable , qui n’eft tou jours néanmoins que
la partie la plus épaiffe de l’huile qui a été emportée
par la vivacité de la flamme, & qui eft pro-
digieufement raréfiée.
Les huiles douces ficcatives peuvent être enflammées
de la même manière ; mais pour les huiles
graffes, on eft obligé d’y porter, avec Yacide nitreux,
de l ’acide vitriolique très - concentré. Suivant M.
Macquer, l’acide vitriolique fert ici à déflegmer
tout à la fois l’acide nitreux & l’huile ; d’autre côté,
M. Baume croit que l’acide vitriolique change la
nature de l ’huile , la rapproche de l’état de réfine,
fépare fes principes mucilagineux & aqueux , &. la
réduit enfin à la nature d’une huile ficcatjve qui
s’enflamme par l’acide nitreux feul. M. Proufl s’écarte
de ces deux opinions, ou plutôt il reftreint
la première à la concentration de l’acide nitreux
par l’acide vitriolique , ainfi que M. Rouelle l’avoiit
d’abord propofée, & il rapporte plufieurs expériences
qui l’autorifent à conclure , i°. que ponr
peu que l’acide vitriolique déflegme les huiles , ou
qu’il précède feulement l’aélion de Yacide nitreux ?
il les met dans le cas d’éluder le pouvoir de ce
dernier ; 20. que l’effence de thérébentine portée
à l’état réfineux par l’acide vitriolique ne s’enflamme
ni par Yacide nitreux feul , ni par.I acide mêle
à, l’acide vitriolique. ( Journ. phyfiq. tom. XIIk t
pag. 441 y :
Ce mémoire de M. Proufl contient un grand
nombre d’autres faits qui ne font pas moins im-
portans à la théorie de ces inflammations fponta-
nées de Yacide nitreux, que pour déterminer les
fubftances qui peuvent fervir à la production de
ce phénomène , & qui deviennent congénères fous
i ce point de vue.
MM. Macquer & Bewly avoient annoncé qiie
Yacide nitreux verfé fur le charbon fec , même