
leffive colorante également purifiée a verdi tout
de fuite le mélange, & il s’en eft féparé une fécule
bleue.
J ’ai mêlé d’autre part la diffolution du même
fel avec l’eau chargée d’acide méphitique, elle n’a
éprouvé d’abord aucun changement; mais l’ayant
laiffée pendant vingt - quatre heures dans une bouteille
bien bouchée & renverfée fur f©n bouchon ,
elle s’eft trouvée le lendemain avoir pris une couleur
verte très-marquée, tout de même que la troi-
fième liqueur d’épreuve dont je parlerai..dans un
inftant, & cette couleur ne pouvoir venir que d’un
peu de fer.
On voit que ces effais n’ont pas dû diflîper mes
doutes ; mais comme je n’ai pu multiplier lés expériences
j j ’attendrai la foludon de çette queflion
intéreffante d’un examen ultérieur, en obfervant
néanmoins que fans aller auffi loin que M. Schéele,
la fimplicité de fa méthode obtiejidroic encore la
préférence.
T roisième liqueur d’épreuve , prußte tri-
'fule calcaire. J ’ai penfé que lés Chymiftes me fau-
roient gré de leur indiquer cette troifième liqueur
plus facile à préparer, plus permanente qu’aucune
autre. Si celle de M. Schéele eft reconnue abfolu-,
ment exempte de f e r , célle-ci offrira l’avantage
précieux de fe ccnferver ; fi la première n’eft pas
plus fujette à fe décompofer, ce fera un double
inftrument dont l ’application fervira à confirmer
les réfui ta ts.
On met dans une cucurbite de verre deux onces
de lieu de PruJJe du commerce, pulvérifé &. lave
auparavant dans fulfifante quantité d’eau bouillante
pour en extraire tous les fels étrangers ; on
verfe deffus environ deux pintes ou quatre-vingt-
feize pouces cubiques de bonne eau de chaux ; on
fait bouillir ce mélange quelques inftans ; on s’af-
fure que la terre cauftique eft faturée en y plongeant
une lame de papier teinte par le curcùma ou par
le fernambouc, o u , encore mieux, par la fleur
de mauve, qui ne doit éprouver aucune altération ;
la diffolution filtrée eft une excellente liqueur
d’épreuve, qui n’a befoin d’aucune rectification ,
parce que , comme je l’ai dit, elle ne diffout qu’une
infiniment petite portion de bleu de Prüfte.
J’ai fait plufieurs effais de cette liqueur comparativement
avec celle de M. Schéele, & je n’ai pas
apperçu la plus petite différence ; elle découvre
de même , par un beau précipité bleu, le peu de
fer caché dans quelque liqueur que ce foit ; elle
n’en donne pas la moindre trace , même à l’aide
.du temps & de la chaleur, dans les acides purs;
elle précipite, comme la première , les diffolutions
de cuivre en rouge-brun, celles de mercure, de
manganèfe & de terre barotique en blanc, fans mélange
de parties bleues ni vertes. ,
Cette liqueur eft très-limpide , & n’a qu’un très-
léger coup-d’oeil jaune ; fa pefanteur fpécifique
•eft 1,005, elle peut être portée par l'évaporation
à 1,007, & non au-delà ; car alors elle commence I
faire pellicule: il me femble que cet état moyen
de concentration eft plus favorable que nuilibte
aux épreuves ,_puifqu’on eft plus maître de s’arrê»
ter au point convenable , & que quelques gouttes
de. plus font paffer une partie du précipité par le
filtre. Au refte, cet inconvénient eft bien plus facile
à éviter avec cette troifième liqueur qu’avec
tout autre réaétif du même genre ; j’ai éprouvé
que dans la plupart des diffolutions .martiales, elle
avoit achevé la précipitation , & portoit même
dans le mélange un excès de principe colorant
capable de précipiter une autre diftolution, avant
que vla liqueur filtrée eût pris la moindre teinte
bleue ou verte.
J ’ai fait évaporer fur le feu cette îeflïve colorante
; j ’ai pouffé l’évaporation jufqu’à ficcité ; j ’ai
même laiffé à deffein la capfule quelques inftans fur
le fable, il s’eft dépofé fur les parois du vaiffeau
des cercles blancs ; le fond étoit garni de très-pe-.
tits grains falins ; & vers le milieu de l’efpace qui
avoit été couvert du fluide, je remarquai une zone
tirant au verd , qui me fit croire que le feu avoit
mis à nu la portion de fer qui fixoit le principe
colorant avec la bafe ■ terreufè ; cependant ce ré-
fidu rediffeus dans l’eau diftillée fe comporta comme
la meilleure leffive, précipita fur-le-ehamp le fer
en très-beau bleu, & ne donna aucun ligne de
terre cauftique libre : e’eft ce qui n’arrive pas avec
la liqueur de M. Schéele |évaporée de même, elle
donne bientôt des lignes d’un excès d’ alkali, &
précipite en conféquence les diffoludons martiales
en verd.
Le fel pruflique, qui donne à cette liqueur fes
propriétés, nTeft pas plus foluble dans Tefprit-de-
vin que celui de M. ScHéele; ilferoit donc fufcep-
tible de la même rectification ; cependant je dois
faire mention d’un phénomène particulier qui peut
fervir à éclaircir quelques points. Ayant laiffé à l?air
le filtre de papier fur lequel j ’avois recueilli le
pruflîte trifule calcaire que j ’avois précipité par l’ef-
prit-de-vin, je trouvai le lendemain la partie inférieure
de ce filtre teinte d’un rouge prefqu’auffi
vif que celui de carmin : cette circonftancene prou-
voit pas feulement la préfence d’une portion de
fer mifie à nu , elle m’aurorifoit encore à conclure
qu’il s’étoit dégagé par l’aétion de l’air, & non
pendant la. précipitation par l’efprit-de-vitf; que
cette décompofition fe faifoit mieux à l’air que par
la chaleur; qu’un peu de fer n’empêchoit pas ab-
folument cette altération fpontanéê ; enfin , que
ce pruflîte calcaire en étoit fufceptible comme celui
de M. Schéele, quoiqu’à un degré fort inférieur.
L ’eau diftillée chaude, verfée fur ce filtre >
affoiblit la couleur rouge fans la détruire entièrement
; mais ce qui me paroît digne d’attention,
c’eft que l’eau paffée fur ce filtre ne donna encore
aucune marque de terre cauftique libre, & précipita
tout de fuite le fer en' très -beau bleu , fans
, doute > parce qu’elle ne s’étoit chargée que du fel
Bon décoïhpôfé, parce que le fer n’etoif plu* en
état de diffolution , parce que la terre elle-meme ,
qui avoit pu être féparée de cette combinaifon ,
étoit devenue infoluble en recevant le gas méphitique
, agent de cette décompofition. Ce font au-
tant de çircoriftances qui me femblent recommander
fufage de ce nouveau réaétif. Je ne crois pas
avoir befoin de raffurer fur la tres-petite quantité
de félénite qu’il portera dans les diffolutions des
métaux par l ’acide vitriolique', l’erreur que pour-
roi t occàfionner le peu de folubilité de ce fel ne
méritera quelque attention que lorfqu’il s’agira de
déterminer la. quantité & non la couleur ; il fera
facile de s’en garantir en délayant le mélange, ou
même en ajoutant quelque acide pour favorifer la
diffolution du vitriol calcaire. M. Hagen avoit eu
l ’idée de cette préparation, il en parle dans fon
mémoire fur le pruflîte magnéfien. (Nevejlen. Ent-
deckung. & de M. Cvell, part. 4). Il y emploie une
once de chaux d’huître, dix grains de bleu de PruJJe
fait fans alun, & fix onces d’eau; mais on fent
qu’il y a beaucoup trop de chaux, auffi a-t-il une
pellicule abondante de crème de-chaux, & on évite
cet embarras par la préparation que j’indique.
On peut donc fe flatter déformais de porter dans
ces expériences une connoiffance un peu plus
exaéte de la matière qui en eft le principal inftru-
ment. On a de plus commencé à fentir la néceffité
de diftinguer les précipités qu’elle pouvoir redif-
foudre ; c’ eft beaucoup fans doute, mais nous ne
devons pas nous diflîmuler ce qui nous manque encore
pour en juger complètement les effets. Dans
la décompofition réciproque des diffolutions métalliques
&. vde nos liqueurs* d’épreuve, il n’eft pas
fcoflible que l’acide de la diffolution épuifée de métal
fe trouve toujours correfpondrè précifémen.t à
la quantité néceffaire , à la faturatiûn de l ’aîkali
devenu libre par la perte du principe colorant ;
c’eft un article dontperfonne que je fâche ne s’eft
encore occupé, & qui eft cependant affez inté-
reffant, puisqu’un excès d’alkali ne peut manquer
de changer très-fenfiblement les réfultats de l ’ana-
lyfe. Mais pour (avoir ce qui fe paffe dans ces
circonftances, il faudroit avoir d’abord bien déterminé
les dofes des principes , foit des fels employés,
foit des fels qui doivent fe former: or, on eft forcé
d’avouer que la Chymie .eft fort peu avancée à cet
• égard, & que c’eft une de fes parties à-la-fois les
plus importantes & les plus difficiles. L ’illuftre
Bergman eft un des premiers qui ait tenté de défricher
ce vafte champ. Voici ce qu’on peut conclure
de fes données , par rapport à la précipitation
du vitriol de mars.
Dans cent grains de ce vitriol il y a trente-neuf
d’açide, & vingt-trois de fer.
■ Le bleu de Prujfs pur & fec ne contenant, fui-
vant ce Chymifte, que le fixième de fon poids de
for, ces vingt-trois livres de fer donneront cent
vingt-huit de bleu.
■ Mais M. Bergman a obfervé que l’acide contenu
dans cent vingt-huit de bleu de PruJJe pouyoit fa-
turer à-peu-près deux cents foixante-dix-huit d’aU
kali du tartre.
Et comme les trente-neuf d’acide vitriolique ne
peuvent prendre, que cinquante d’alkali, il fuit de
ce calcul qu’il doit refter en excès dans le mélange
plus de f de l’alkali.
11 s’en faut de beaucoup que les obfervations
s’accordent avec cette conclufion : à la vérité , la
liqueur qui paffe par le filtre quand' tout le fer eft
précipité, eft un peu alkaline; mais tant que dure
la précipitation , elle rougit le papier bleu , fans
cela on conçoit que l’alkali qui fe trouyeroit déjà
furabondant ne manqueroit pas de précipiter en
jaune la terre martiale , avant que 1 on y eût porte
affez de leffive colorante pour la précipiter en bleu.
Auffi n’ai-je voulu indiquer ces proportions que par
forme d’exemple de ce qu’il falloit faire pour obtenir
une approximation plus fatisfaifante. V
les articles A n a l y se , D o s e r , Se l s , & c.
Après avoir fait connoître la manière de préparer
les différentes liqueurs d’épreuve par ïacide
pratique, & la confiance qu’elles méritent, il me
relie à préfenter les obfervations de M. Schéele
comme les plus propres à fixer les opinions fur
les couleurs des divers précipités métalliques, par
l’attention qu’a eu ce favant d’opérer avec Y acide
prujfique combiné directement avec la terre calcaire,
de prendre des diffolutions très-pures & parfaitement
faturées, de prévenir enfin delà folubilité
de quelques-uns de ces précipités, & des -autres
circonftances qui peuvent induire eh erreur.
T a b l e des réfultats de M. S c H É E L È.
L ’o R. diffous dans l’eau régale eft précipité en
blanc; ce précipité eft foluble dans l’excès de la liqueur
pruflîque, non foluble dans les acides.
La PLATINE n’eft pas précipitée.
L ’ A R G E N T eft précipité en blanc , en confif-
tance caféeufe ; ce précipité eft foluble dans l’excès
de la liqueur, non foluble dans- les acides.
Le MERCURE diffous dans l’acide muriatique
(en l’état corrofif) n’eft pas précipité., quoiqu’il y
ait décompofition.
Diffous à froid dans l’acide nitreux eft précipité en
noir, & c’eft du mercure réduit.
Le CUIVRE diffous’ dans l’acide vitriolique eft
précipité en jaune citrin; ce précipité eft foluble dans
l’excès de la liqueur, folublè dans l’acide muriatique
, &. en partie dans les autres acides.
Le PLOMB diffous dans l'acide acéteux eft
précipité en blanc; ce précipité eft infoluble dans l’excès
de la liqueur, foluble dans les acides.
L ’ É TAIN diffous dans l’eau régale eft précipité
en blanc", ce précipité, laiffé aller V acide pruffique,
on ne trouve qu’une chaux pure qui le dillouc
dans les acides.
H h *