
les moyens de s’affurer de fa pureté & de le re&i-
fier.
Il eft aflez fou vent noirci par des matières phlo-
giftiques; une addition d’eau diftillée fuffit pour
lui rendre la limpidité, en précipitant les matières
charbonneufes, par le changement de denfité
• de la liqueur ; Texpofition de cet acide à l’air libre,
eft encore un moyen sûr de le décolorer en faci-
Jitant l’évaporation du phlogiftique; mais , parces
procédés, la concentration de l ’acide eft diminuée
a raifon de l’eau ajoutée, ou de celle que l’air dp.nne
en échange du pblogiftique qu’il attire. On poùr-
roit s’en contenter vu que pour les^ufages internes
on ne peut employer cet acide ' qü’aftoibli
par une quantité d’eau plus ou moins grande;
mais comme on doit defirer fa concentration dans
les occafions où l’on veut s’en fervir en qualité
de cauftîque, comme il eft facile d’aftoiblir le plus
concentré, il vaut beaucoup mieux avoir recours
; à la diftillation.
Par la diftillation on parvient à le féparer &
des fubftances plus volatiles, & dés fubftances
plus fixes.qui s’y trouvent mêlées. L’acide vitrio-
lique qui eft à préfent dans le commerce tient,
comme on l’a dit précédemment, prefque toujours
de l’acide nitreux , du vitriol de potafle &
quelques fois du vitriol de plomb formé par les
parois des caifles dans lefquelles fe fait l’opération.
En graduant la diftillation , & changeant à-propos
les répipiens, MM. de Laflone & Cornette ont
fait voir que l’on recueilloit d’abord tout l’acide
nitreux. SL on veut avoir un acide très-concentré ,
on féparè encore le produit fuivant, qui eft le plus
aqueux : en augmentant le feu on a l’acide vitrio-
liqtie blanc très-pur; les fels fixesreftent dans la
cornue.
Les propriétés médicinales de l’acide vitriolique
pur font, i ° . de nentralifer les humeurs alkalef-
centes & de s’op-pofer aux progrès de la putréfaction.
De s’emparer du phlogiftique lorfqtie l’ardeur
de la faifon, le jeu des vaifleaux, l’abon-
cknice des matières bilieufes, ou quelque autre
caufe phlogiftiquante, ont développé ce principe
avèc excès dans la mafîe humorale, ©u l’en ont
furchargée.
3°. D’attirer l’eau dans laquelle nagent les molécules
humorales & celle qui abreuve nos folides
. 6c entre dans la compofition des fibres-.
Par la première de ces propriétés, l’acide vitriolique
eft un antifeptique édulcorant, proprement
dit, & un antifeptique prophilaélique.
Il eft, par la fécondé, un antipblogiftique puif-
fa n t , un tempérant nervin , un rafraîchiftant.
Il eft, par la troifième,; un édulcorant conden-
fant des humeurs, un roborant refterrant des fibres,
& conféquemment un apéritif, un aftringertt,
un irritant, dont l’énergie peut' faire rftf
vulnérant cauftîque.
C’êft fous ces différens points de vue que Tob-
fervation & l’expérience ont montré aux praticiens
les plus célèbres l’acide vitriolique. Et c’eft d’après
la connoifTan.ee des indications qu’il étoit capable
de remplir, que, Sydenham, Boerhaave, MéacF,
Huxam, Pringle, Vanfwieten &: une infinité
d’autres médecins l’ont employé, &confeillé comme
Tantifeptique le plus efficace dans les fièvres
putrides, nerveufes & éruptives; dans les fièvres
pourprées, dans celles des hôpitaux & des priions;
dans les varioles malignes,fur-tout dans celles
où les malades rendent du fang par les Telles & par
les urines; dans le feorbut très-avancé; dans la
maladie noire, & dans toutes les hémorrhagies par
difiblurion de la mafle humoralé.
Il eft encore recommandé en qualité de neu.»
tralifant des âcres alkalefcents,, dans les coliques
flatueufes , dans les douleurs d’eftomac occafion-
nées par des digeftions putrides.
Sa vertu rafraîchiffante en fait admettre Tufage
dans les fièvres ardentes non inflammatoires, dans
les maladies d’éehauffement fans tenfion vive des
folides.
Sa propriété roborante , reflerrante, dans tous
les cas où le relâchement, fans trop grand épaiT-
fiflement des humeurs , entretient des évacuations
immodérées-& caufe des cachéxies.
Cette même propriété & fa caufticité, qui ré-
fulte de la forte attraélion qu’il exerce fur les fibres,
& de l’avidité_ qu’il a pour l’êaii, engagent à
à l’employer à l’exterieur, comme aftringent,
fur les vaifleaux fanguins ouverts ; comme déter-
f if , & léger efearrotique, fur les ulcères fameux
& gangréneux, & notamment fur les aphtes
& les ulcères de la gorge & des gencives; dans
les angines gangréneufes & dans les affeélions feor-
butiques.
Comme il eft difficile d’avoir un acide vitriolique
d’une concentration déterminée, on ne peut
pas fixer avec précifion la dofe de ce remède, &
c’eft toujours par la fenfation que fon mélange
fait fur la langue, qu’on eft obligé de la régler ;
& tout.confifte à le mêler, jufqu a une agréable
acidité, à l’excipient qu’on a choifi.
On le donne avec cette attention, dans des
potions), dans des tifanes appropriées aux indications
qu’on eft dans l’intention de remplir.
En le mêlant à de l’eau & du fucre, on en fait
une limonnade, qui a été adoptée parmi les formules
des remèdes adminiftrés dans les hôpitaux
militaires, voye^ limonnade minérale..
C ’eft encore jufqn’à agréable acidité qu’on
mêle l’acide vitriolique aux gargarifmes employés
contre les maux de gorge gangréneux. Mais pour
déterger les ulcères & les aphtes, on aflbcie ces
âci<k, à dofe aflez forte , au miel rofat, voyc{ mix-
tares déterfives.
En combinant l’atide vitriolique avec l’efprit de-
v in , on dulcifie cet acide, que l’on nomme alors
vulgairement eau de Rabel. Le procédé à fuivre
pour cette combinaifon & fes propriétés feront
expofés au mot alkohol vitriolique.
Le premier produit de la diftillation du vitriol
imparfaitement calciné, ou qui ne la pas _éte,
connd !fous le nom de rofée de vitriol , n’a que les
propriétés ordinaires de Tacide vitriolique,- affoi-
bli par une très-grande quantité d’eau. Àinfi, malgré
les éloges iaftue'ux de plufieurs anciens chy-
miftes, cette rofée doit-être affimilée à un efprit
de vitriol très-foible.
Nous terminerons cet. article par une obfer-
vation que l’intérêt public rend bien importante.
Plufieurs limonnadiers, pour épargner le fuc de
citron, ajoutent quelques gouttes de cet acide a- la
limonnade qu’ils diftribuent dans leurs cafés. Nous
avons reconnu encore que plufieurs vinaigriers
augmenroient aufli l’acidité de leur vinaigre par
le même moyen. Quoique cet acide, à dofes rompues
, ne foit pas généralement dangereux, il feroit
nuifible à beaucoup de tempéramens, & dans
beaucoup de circonftances : ce motif doit faire prof-
crire cette fraude ; & pour que l’on puifle la rscon-
noître, nous allons propofer une expérience facile
& décifive. Que l’on verfe dans une limonnade, ou
dans un vinaigre fufpeét , de la diffolution de mu-
rîate barotique : s’il n’y a point de précipité, ces
liqueurs né contiennent point d’acide vitriolique ;
s’il y a un précipité , il ne décidé pas encore que
ce foit de l’acide vitriolique , parce qu’il y a d’autres
acides’, tels que les acides tartareux, oxaljn,
&c.' qui précipitent de même la terre barotique :
mais il eft facile de reconnoître les fels qui r.éful-
tent de ces combinaifons, en ce qu’ils fe diflol-
vent à un certain point, ou dans l’eau chaude, ou
dans les acides végétaux , &. qu’ils fe charbonnent
au feu ; au lieu que le vitriol barotique eft abfo*
lument infolu.ble, & n’éprouve aucune altération
par la voie sèche, qu’en paffant à l’état d’hepar.
On peut faire la même épreuve d’une manière
encore plus expéditive, en laiffant tomber dans la
liqueur fufpeéie quelques gouttes d’acète de plomb
ou fucre de faturne; s’il fe forme un précipité que
l’on ne puifle faire difparoître par l’addition du
vinaigre ni par l’acide faccharin , on peut conclure-
qu’il y a fophiftication par l’acide minéral.
§•
Vacide vitriolique phldgijliqué eft connu en médecine
fous le nom $ efprit-de-foufre , quoiqu’il y ait,
cpmme on l’a v u , bien d’autres manières de le
produire qu’en le retirant de cette fubftance miné*-
-raie. Il n’eft réellement dans cette condition que
quand il eft nouvelleipent préparé, & s’altère trçsproniptéiiièrit
dans les flacons qni bouchent le plus
exaâement. / ' < .
Cet acide a les mêmes propriétés médicinales
que l’acide vitriolique ordinaire, mais à un degre
bien inférieur, parce que fa combinaifon avec- le
phlogiftique affoiblit fa qualité irritante. Il petit
être employé à plus grande dofe, pourvu qu il
foit entièrement phlogiftiqué, c’eft à-dire , exempt
de mélange d’acide vitriolique ordinaire qui en
porteroit la concentration à un degré dont il n’éft
pas lui-mème fufceptible. Mêlé à L’eau , à la quantité
de quatre ou cinq gouttes par once , il donne
une préparation qui peut être fubftituee à \’e?.a
minérale gafeufe, ou chargée d’acide méphitique,
dans les traitemens des maladies putrides, & qui
agit comme antifeptique.
A c id e VO LA T IL . Il paroîtque quelques auteurs
ont voulu codjprendre fous cette dénomination
un certain nombre d’acides, tels que Tacide vitriolique
phlogiftiqué , les acides tirés de quelques
matières végétales âcres, les fels acides concrets
qui fe fubliment comme les fleurs de benjoin ou
acide benzonique, & en général tous les efpiits
acides qui montent à la diftillation. Mais pour fen-
tir combien cettev divifion feroit vague &. illufoire,
il fuffit de confidérer que les acides les plus
deviennent volatils à ùn certain, degré de feu , &
dans certaines circonftances. L’acide du borax s e-
lêve avec l’eau; Tacide phofphorique a la faveur
d’une ^portion de phofphore non decompofe, &
peut-être d’un peu de matière calorifique ; Tacide vitrioliqueTe
plus pur peut être lui-même diftille en
totalité. L’illuflre Macquer a donc raifon de dire
que les acides volatils font ceux qui ont plus de
volatilité que les autres , & ce que nous appelions
propriété différente n’eft ic i , comme en tant
d’autres occafions , qu’un degré different de
la même propriété. Cela n’empêche pas qu’on n en
tire les mêmes avantagés quand ces degres font
aflez marqués pour que le même effet ait lieu dans
des temps fenfiblement différens ; ainfi Tacide
vitriolique peut être débarrafle de tout mélangé
d’acide nitreux, parce que celui-ci s’élève à line
moindre chaleur. Il y aÇlus ,MM. deLaflonne &
Cornette ont fait voir que par une diftillation graduée
on pouvoit féparer complètement 1 acide
nitreux de tout mélange d’acide muriatique ; &
qu’en arrêtant l’opération après avoir fait pafler
l’acide muriatique, Tacide nitreux reftant dans la
cornue ne précipitoit plus la diflolution d argent.
( Mèm, de l'acad. roy. des fc, ann. iy$i9 page 64$ )
S’il y avoit une divifion à établir entre les acides
par rapport à leur volât lité, ce feroit pour diftin-
guer ceux qui s’élèvent à un feu jde diftillation
plus ou moins fort , & ceux qu’il eft impoffible de
diftiller, parce qu’au degré de chaleur néceflalre
pour les mettre en vapeurs, ils fe décompofent,
non pas feulement en partie, comme les acides
acçteux, benzonique, gallique , &c. qui prennent
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