
qui réfiflent davantage au froid, foit ceux qui fe
congèlent plus facilement, reçoivent cette propriété,
fi non de quelque fubftance fixe étrangère
qu’ils devroient laitier après leur diftillation, du
moins de quelque différence dans les proportions
de leurs parties con Aimantes, ou*peut être de quelque
principe qui échappe à nos recherches par fa
volatilité ; & j’avoue que comme il n’y a pas d’effet
fans caufe, il eft permis de fufpendre fon jugement
jufqu’à ce qu’on ait découvert à quoi
tiennent ces différences. Cependant je hafarderai
encore ici une conje&ure à laquelle mes obfer-
vations de 1782 m’a voient déjà conduit; c’eft que
ces différences ne viennent peut-être que de la
difpofition qu’un acide qui a été une fois congelé
à un degré de froid violent, acquiert à fe congeler
de nouveau à un degré de froid fort inférieur.
Si c’eft encore une forte de décompofitiou, dans
la rigueur du terme, que cette abftraâion d’unë
portion de matière de la chaleur à un fluide qui
ne le reprend que difficilement, elle n’intéreffe
que bien foiblement les autres propriétés de notre
acide-, & c’eft bien sûrement la feule décompofi-
tion que puiffe avoir fubi l’acide que; j’employois
lorfqu’il fe regela, .le thermomètre étant à zéro,;
Iprfqu’il perfifta en l’état de glace, la température
étant.à 5 H-o. Dans cette expérience, ainfi
que dans toutes celles qui me font propres,'je n’ai
pu confondre la congélation par le froid avec, l’état
glacial de l’acide de Nordhaufen, puifque je n’ai
employé que des acides retirés du foufre, puif-
qu’en aucun temps les glaçons n’ont été nifumans*
ni même odorans. Voye^ A c id e v i t r i o l i q u e
FUMANT.
IV . L’acide vitriolique attire Yeauû puiffamment,.
que quand il eft très-concentré f il fe fait à l’iriftant
du contaél un bouillonnement accompagné de vapeurs
confidérables , & d’un.bruit pareil à celui,
d’un fer rouge ou d’un charbon ardent qu’on éteint,
dans l’eau. I f fe dégage en même-temps beaucoup
de chaleur. MM. Lavoifier & de la ,Place ont ob- .
fervé que, pendant le mélange de deqx livres d’acide
vitriolique à ; 1,870 5 8 de pefanteur fpécifique
avec 1 4 livre d’eaü, l’un & l’autre étant à zéro,
la chaleur réfultànt de la combinaifon fondoit trois
livres 2 onces 2 -gros de glace , c’eft - à - dire que
ces trois ivres { de mélange, fondoient autant de
glace que deux livres 5 onces 7 gros 43 grains
d’eau bouillantef ou , ce qui revient au même,
qu’elles dévelo'ppbient autant de chaleur que fi
elles euffent été chauffées â 53,3 degrés au-deffus
dé zéro.
Les Chymiftes attribuoient anciennement cette
chaleur, ou a la collifion des parties, ou même aux
parties de feu contenues dans lacide; j’ai fait voir
précédemment que l’eau perdoit elle - même dans
cette combinaifon une partie do fa chaleur fpéci-
fîque, de forte qu’il eft très-probable qu’elle eon-
tribuc plus que l’acide à produire cêite quantité de
chaleur qui fe manifefte dès qu’elle eft rendue
libre.
L’acide vitriolique concentré expofé à l’air en
attire promptement l’humidité, & il n’eft pas douteux
qu’à mefure qu’il en reçoit, il ne fe dégage la
même quantité de chaleur que fi l’on y verfoit à-
la-fbis autant d’eau, puifqu’il y a même augmentation
de poids abfolu , & même accroiflement
de denfité. M. Achard ayant dirigé le vent d’un
iouffiet fur la boule d’un thermomètre trempé dans
l’acide vitriolique concentré, a vu ce thermomètre
s’élever de 14 degrés ( Schriften ,&c.pas. zpf).
Il eft évident qu’il n’a fait que rendre instantané
l’effet que fans cela l’air eût également produit,
mais dans un temps beaucoup plus long.
AI. Schéele s’eft fervi habilement de cette propriété
pour deffécher une mafîè d’air dont l’humidité
auroit pu l’induire en erreur dans quelques expériences,
& il a obfervé que la déification étoit
telle, que des caraéières tracés fur une bande dé
papier, avec l’encre de Cobalt, y prenoient la
couleur verte.
On trouve dans les tranfaâions philofophiques
de 1684, le journal des obfervations de M. Go nid,
fur l’augmentation de poids de l’àcide vitriolique concentré
expofé à l’air ; il en réfultè, i ° . que la force
avec laquelle l’acide attire l’humidité va. toujours
en décroiffant ; 180 grains d’acide en ont pris 68
le premier jo u r , 58 le fécond, 39.le trolfième,
23 le quatrième, 18 le cinquième, fur la fin 5 ,
î 4 > 3 » 4 ? 3 > &c,; le vingt-cinquième, jour, l’aug-
: menration étoit à peine a’un demi-grain.
20. Que; ces augmentations varient fuivant la
conftitutio.n de l’air plus ou moins humide ; il a
paru qu’elles étoient plus grandes par le froid que
par le chaud, & quand le vent tournoit au fud
1 ou à .l’oueft, que quand il tiroit au nord ou à
; l’eft ; en 12 heures du Sixième jour l’acide prit
10-grains & demi; dansiez 12 heures fuivantes,
il n’en prit que 5 y le lendemain il. en prit 9 dans,
le même intervalle dé 12 heures.
3°. Que toutes chofès égales, l’augmentatîçn
par.oît être proportionnelle à la fiirface de l’acid$
qui eft mife en contaâ avec l’air.
Par ce que dit M. Gould, que dans les deux mois
d’hiver que durèrent fes expériences, l’acide n’avoit
acquis que 3,166 fois fon poids, ou 39© grains,
& qu’ajqïs l’augmentation parut 's’arrêter , on peut
conjeéhirer que^fon acide n’étoit pas auffi concentré
qu’il le croyoit. Neuman dit avoir expofé
à l’air, pendant un ntois feulement, en feptem-
bre 1736, dans un; vaiffeau qui n’étoit pas trop
evafé, 480 grains d’acide vitriolique, & qu’apfès
cela il fe trçuva avoir acquis 6,25 fois fon poids
ou 2,920 grains, fans qu’il pût en féparer parla
précipitation qu’une très-petite quantité de pouf-
fière. M. Beaumé ayant laiffé à l ’air, dans- une
càpfule de verre plate, évafée, 144 grains d’acide
vitriolique bien concentré, il obferva qu’au bout
de cinq jours il avoit pris 486 grains ou 3,375
fois fon poids. Si cette proportion s’éloigne beaucoup
de celle de Neuman , c’éft fans doute parce
que l’acide n’eut pas le temps de fe faturer.
Une dernière remarque de M. Gould, qui ne
mérite pas moins d’attention, c’eft que quand l’acide
vitriolique eft fature de 1 humidité,qu.il peut
recevoir de l ’a ir, il en rend à l’air plus fec , de forte
qu’une balance, dans laquelle on a mis une certaine
quantité de cet acide en équilibre avec un
| acide méphitique & de fer ; ce qui eft bien capable
contrepoids, n’eft jamais en repos, annonce par
les variations de fon aiguille la léchereffe & l’hu-,
midité de l’air, & peut fervir d’hygromètre.
IV. L’acide vitriolique eft un des plus grands
diffolvans; les naturaliftes le trouvent prefque
avec toutes les fubftances comme neutralifant ou
minéralifateur ; il eft pour l’art un des plus puif-
fans inftrumens de l’analyfe, & il y a peu de
matières qu’il n’attaque, du moins à l’aide de la
chaleur. ,
Il noircit promptement avec toutes les matières
huileufes, & on a penfé jufqu’à prèfent que
c’étoit par fon a&ion - directe fur "le phlogiftiqué :
cependant M. Bergman a remarqué dans fes notes
fur Scheffer, que l’addition de la pouffière de charbon
ne changeoit pas fa couleur; M. Prieftley
rapporte (part. 1, Jeâl. y ) que l’acide vitriolique,
mis en cont;.â avec le gas inflammable, n’en
éprouve aucune altération fenfible. On fent combien
ces phénomènes méritent d’attention par leurs
rapports avec les grandes théories; -je m’en occuperai
à l’article acïde vitriolique phlogiftiqué ; mais
je ne dois pas omettre ici une obfervation importante
du célèbre phyficien Anglois, c’eft qu’en
faifant tomber le foyer de la lentille fur du v itriol
de potaffe dans du gas inflammable , on produit
de l’hépar de foufre. (Journ.phyf. tom. X X V I19
S U 402.) , . . . . . ‘
Suivant M. de Fourcroy , l’acide vitriolique
expofé à la lumière dans des vaifleaux tranfpa-
rens & bien bouchés, prend peu-à-peu de la couleur.
M. Bergman a foupçonné que cet acide agiffoit un
peu fur le diamant en poudre, parce qu’il fe colore
& dépofe des pellicules noires qui paroiffent annoncer
qu’il a. attaqué la matière graîle de. cette
fubflance que tout le monde reconnoît aujourd’hui
pour combuftible (de la terre de gemmes , § . 8 ) ;
mais j’ai déjà remarqué fur ce paffâge que l’acide
vitriolique expofé feul au feu dans des capfules,
donnoit de lui-même de femblables pellicules, &
qu’ainfi l’on ne pourrait rien conclure de cette
expérience, que quand elle auroit été faite en
vaifleaux clos, & dans le cas où l’acide deviendrait
fenfibîeinent fulfureux.
Cet acide n’a aucune aftion fur le quart^ qui
eft diffous à la longue par l’eau chargée de gas
de faire revenir les Chymiftes de leurs idées
fyftématiques fur la pùiffance des diffolvans, en.
proportion de leur fimplicité, de leur fixité, de
leur pefanteur, &c.
L’acide vitriolique s’unit à la t e r r e a l u m i n e u f e ;
ilTa prend même fans chaleur, à l’aide du temps ,
aux compofés les plus dursainfi que l’a fait voir
M. Bayen, & que je l’ai moi - même éprouvé
fur le jafpe, le mica ,1a pierre de Labrador, Sec. & c .
ce qui le rend très-précieux pour l’analyfe.
Il attaque avec effervefcence les t e r r e t & lès
a l k a l i s unis à l’acide méphitique, & forme avec
fes bafes des fels auxquels nous donnons le nom
générique de vitriol , qui , avec 1 expreffion de la
bafe, défigne de la m anière la plus fini pie & la
plus facile à retenir chacun de ces'fels & fes parties
conflituantes. C ’eft fous ce mot que nous reu-,
nirons les procédés de leur préparation & leurs
propriétés. V o y e ç V lT R IO L C A L C A IR E , V IT R IO L
d e s o u d e , V itrio l a m m o n i a c a l , & c. &c.
Cet acide,ne touche pas à l’or , à moins qu’il
n’ait été précipité d’un autre diffolvant, ou calcine
par l’étincelle éleétrique ; il n agit de meme fur
la p l a t in e qu’en état de précipité , S ç quand elle a
été calcinée par le nitre ou par letain ; il ne s unit
à l’argent & au mercure en raalTe qu’à la chaleur
de la diftillation, & la portion qui pafte'dans le
récipient eft alors très-fulfureufe. V o y e ^ V i t r i o l
d ’o r , V i t r i o l d ’a r g e n t , &c.
L’acide vitriolique agit plus efficacement fur tous
les métaux imparfaits & les demi-metaux ; il y en
a cependant, tels que le c u i v r e , 1 e p l o m b , a n t i m
o in e , le b i fm u t h , le c o b a l t & le n i c k e l , dont la
diffolution ne s’opère encore qu’à l’aide de la
chaleur; pendant ces diAblutions, il fe dégage du
gas inflammable , l’acide qui ne f e . combine pas
avec la terre métallique prend l’odeur fulfureufe,
& quelquefois il fe forme du vrai foufre comme
dans la diffolution del'é t a in & du f e r . Il s’unît très-
facilement aux chaux & précipités métalliques , à
moins que l’effet de la calcination sèche ou humide
n’ait été porté trop loin, c’eft à-dire, fuivant fes
Stahliens, que ces métaux ne foient trop déphlo-
giftiqués ; fuivant M. Lavoifier , qu’ils ne foient
firfch’argès d’air vital ; fuivant nous, qu’ils s’approchent
trop de l’etat d acide , ce q u i,ne peut fe.
faire que parce qu’ils perdent de leur phlogiftiqué
en proportion de c.e qu’ils acquièrent du principe
acidifiant. C’eft pour cela que les chaux d’étain , de
fe r , de manganèle font peu folubles, ou meme
infolubîes dans cet acide, & qu’il faut ajouter des
fubftances combuftibles, les revivifier à un certain
point, pour favorifer leur diffolution. M. Kirwan
remarque que cet acide ne diffout pas les chaux
d’étain. V c y e { V i t r i o l d e c u i v r e , V i t r i o l d e
p l o m b , V i t r i o l d e z i n c , & c. &c.
V . Quoique l’acide vitriolique foit le plus ancien*
Bbb a