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dépofé dans l’eau, L’auteur des notes fur les arts
& métiers , de l’édition de Neuchâtel, affufe avoir |
fouvent répété cette expérience avec un appareil :
de fept ballons, fans que perfonne de la matFou j
fentît l’odeur du foufre, quoique l’appareil ne fût
pas fous une cheminée , & par conféquent fans j
qu’il s’échappât la moindre partie d’acide.
g. III. De la rectification 6» concentration 'de
Vacide vitriolique.
L’acide que l’on obtient par ces divers procédés
a communément une odeur fulfureufe ; il eft
noirci par des matières inflammables, il eft délayé
dans une grande quantité d’eau; il faut en féparer
tout ce qui eft étranger avant que d’esaminer fes
propriétés, -& même pour, s’en fervir dans les opérations
de Chymie.
I. L’odeur fulfureufe fe diflipe fpontanément à
l ’air : je traiterai f éparément de l’acide qui eft-rendu
volatil par cette compofttion. Voyeç A cide v i -
TRIOLIQUE PHLOGISTIQUÉ.
Pour blanchir l’acide vitriolique noirci par des
matières phlogiftiques , quelques-uns y jettent un
peu de nitre, c’eft une fophiftication & non une
rectification ; en effet, le nitre eft -décompofé par
l’acide vitriolique plus puiffant, l’acide nitreux
s’empare du phlogiftique , paffe avec lui en gas
nitreux, & l’acide vitriolique devient blanc, mais
la bafe du nitre y refte ; il eft donc 'moins pur
qu’auparavant.
Il y a moins d’inconvénient à fe fervir pour
cela de l’acide nitreux, mais il peut en refter qui
ne foit pas décompofé par les matières phlogiftiques
, & c’en feroit affez pour induire en erreur
dans bien des expériences ; ainft l’on ne doit compter
pour les ufages de la Chymie que fur l’acide
vitriolique re&ifié par diftillation : quand on a fait
paffer dans le récipient tout ce qui eft fufceptible
de fe volatilifer en vaiffeaux clos à un certain
degré de chaleur , on trouvé dans la cornue l’acide
vitriolique blanc & fans odeur. C ’eft aufli, comme
nous le verrons, le moyen de le concentrer.
Suivant M. Macquer, l’acide vitriolique retiré
du foufre brûlé avec le nitre contient toujours
un peu d’acide nitreux qui le rend infidèle dans
les expériences , & il ajoute que c’ejl-là un inconvénient
d’autant plus grand, que la Chymie Jemble
ne fournir aucun moyen de purifier l ’acide vitriolique
de cet alliage d’acide nitreux; mais M. Crell remarque
très-bien que l’acide nitreux s’élevant à
un degré de chaleur beaucoup plus foible, il eft
poffible de le féparer par la diftillation ; il propofe
même un moyen de faire cette féparation fans
diftillation , c’eft de jetter une petite quantité de
foufre dans l’acide vitriolique, de le faire digérer
à une douce chaleur, & d’ajouter fucceflivement
affez.de foufre pour qu’il prenne une couleur brunâtre
; il fe forme, dit - i l , de l’acide vitriolique
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phlogiftiqué qui eft fur-le-champ décompofé par
l’acide nitreux ; après cela on peut le iediftiller
pour les cas où il eft néceffaire d’avoir un .acide
abfolument pur & exempt de foufre & de phlogiftique.
( Chemifche annalen , ry84, part. 1 , page
476-)
On trouve dans le volume de 1 académie royale
des fcienc.es, imprimé en 1784, un mémoire communiqué
à cette compagnie par MM. ..de Laffone
& Cornette dès 1781 , qui contient des expériences
décifives fur la queftion de favoir fi la diftillation
peut féparer tout l’acide nitreux qui fe trouve uni
à l’acide vitriolique, & qui doit difpenfer de recourir
à d’autres moyens pour faire cette féparation.
Ces deux célèbres académiciens ne fe font pas
. bornés à opérer fur les acides vitrioliques du commerce,
ils ont formé des mêlangeades deux acides,
& ont conftamment obfervé que la première
liqueur qui paffoit dans le récipient étoit chargée
de tout l’acide nitreux, & que l’acide vitriolique
qui s’élevoit enfuite étoit totalement féparé de tout
mélange d’acide nitreux. Ils ont feulement cru ap-
perceveir que lorfque les vaiffeaux étoient lyfttés,
i’acide vitriolique parvenu à un certain degré de
concentration attiroit le gas nitreux & s’altéroit
de nouveau , tandis que les vaiffeaux étant ouverts,
la chaleur de la diftillation diflipoit entièrement ce
gas & en empêchoit la réforbtion.
Il ne feroit pas impoflible encore que l’acide
vitriolique retiré du foufre brûlé avec le nitre
tînt une portion de nitre même, emporté par la
déflagration, avant qu’il foit décompofé, fur-tout
dans les atteliêrs où cette combuftion fe fait dans
le même vaiffeau qui reçoit immédiatement les
vapeurs acides ; & dans ce cas il y auroit du vitriol
de potaffe.
Enfin nous avons vu que dans les grandes manufactures
on avoitffubftitué des chambres revêtues de
plomb aux vaiffeaux de verre ou de grès,auxquels on
ne pouvoir donner toute la capacité qu’on defiroit :
il eft bien certain que l’aCnon de l’acide vitriolique
fur le plomb n’eft pas affez puiffante pour opérer
fur-le-champ une diffolution fenfible ; mais n’en
prend-il pas une quantité fuffifante pour le rendre
impur , infidèle dans les expériences, dangereux
dans les ufages médicinaux ? c’eft ce dont on eft
au moins en droit de douter. M. Gunther a trouvé
au fond d’une bouteille d’acide vitriolique d’Angleterre,
d’environ 100 livres, une matière épaiffe
& qui ne fe laijffoit pas diffoudre dans l’eau ; il la
mit dans un Ggjpfet, & obtint par un degré
de feu médiocre ;quatre onces de chaùx blanche
'qu i, traitées à la fufion avec le flux noir, donnèrent
du plomb. ( Crell, neUefi. entdeck. partie 2., p, 63. )
J’ai peine à croire ce qu’ajoute M. Gunther, que
tout le vitriol de plomb s’étoit raffemblé dans le
bas, & que l’acide qui étoit au-deffus n’en avoit
rien pris ; il n’en a jugé que parce que l’addition
de i’alkali déliquefcent n’y a pas occafionné de précipité
, & cela prouyoit feulement qu’il ifen tenoit
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pas en aufli grande quantité que la partie inférieure.
Ce ne peut être fans doute que par quel-
qu’accident extraordinaire que l’acide de cette bouteille
s’eft trouvé chargé de tant dé vitriol de
plomb, & c’eft parce qu’il très-rare qu’il y exifte
en quantité fenfible, que l’on n’a pas été tenté de
l’y chercher; mais lapoflibilité qu’il s’y rencontre,
à. quelque petite dofe que ce foit, doit fuffire pour
mettre en garde les Chymiftes.
'C ’eft à l’occafion de l’obfervation que je viens
de rapporter, que M. Macquer recommande ex-
preffément aux Chymiftes de préparer eux-mêmes
fuivant l’ancienne méthode, c’eft-à-dire, par la
diftillation du vitriol de mars, tout l’acide qu’ils
deftinent à des expériences, comme le feul moyen
d’être affurè de fa pureté. Je ne fais s’il ne feroit
pas encore plus avantageux d’établir à cet effet dans
les laboratoires un fourneau à double courant,
ainft que je l’ai décrit,pour la combuftion du foufre
feul, & qui donneroit bien fûrement un acide au
moins aufli pur : mais il y a une voie encore plus
courte que l’on ne manquera pas de choifir dès
qu’on fera convaincu qu’elle peut remplir le même
objet, c’eft de purifier l’acide de toute matière
fixe en le faifànt monter lui-même à là diftillation.
Il paroît que M. Macquer avoit jugé cette diftillation
peu praticable, & même fujette à des actio
n s mais il n’y a de danger que torique l’on pouffe
imprudemment le feu, de manière à faire prendre
à l’acide un mouvement d’ébullition qui ne manqué
pas d’occafionner la rupture des vaiffeaux. M.
Bergman, dans fa differtation fur la terre des gemmes
, ne veut pas qu’on emploie à leur analyfe
d’autre acide que celui quon a fait paffer lentement
à la difiillation dans une cucurbite bafie. Gaubius
s’eft alluré qu’on pouvoit diftiller l’acide vitriolique
jufqu’à ftccité ; MM. de Laffone & Cornette rapportent
plufieurs expériences qui ne laiffent aucun
doute à cet égard ( Mém. de l ’acad. R. des fciences ,
ann. iySi, p. 649 ) ; ils ont achevé en moins de
fix heures la difiillation totale d’une livre d’acide
vitriolique non coloré , qui donnoit 67 degrés au
pèfe-liqueur de M: Baurné, c’eft à-dire, dont la
pefanteur fpécifique étoit au-deffus de 1,88; dans
cette operation, ils avoient Amplement placé la cornue
fur une afliette de terre couverte d’un peu de
fable. Enfin,M.Dollfufz dit avoir fait monter à la
diftillation un acide vitriolique dont la pefanteur
fpécifique étoit de 1,95; à la v érité, c’étoit de
1 acide fumant des fabriques de Saxe pfeù on le tire du
vitriol de mars , & nous verrons qu’il ne doit pas
être entièrement aflimilé à celui qu’on prépare avec
le foufre.
Ainfi, les Chymiftes ont préfentement le choix,
ou de préparer eux - mêmes fans grande peine
leur acide Vitriolique, ou de purifier celui du
commerce de tout mélange, foit d’acide nitreux
comme plus volatil, foit des vitriols terreux al-
ahns ou métalliques qui peuvent s’y rencontrer,
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comme étant plus fixes ; mais il ne leur eft pas
permis de négliger l’une ou l’autre de ces précautions
; la première condition pour faire des
expériences utiles eft d’employer des matières
pures,
II. La concentration de l’acide vitriolique n’a d’autre
objet que de lui enlever une portion d’eau fura-
bondame, & comme elle s’élève à un moindre
degre de chaleur , il fuffit de la faire évaporer ou
de. la faire paffer à la diftillation.
Par l'évaporation dans des vaiffeaux ouverts, on
fait partir très-facilement la plus grande partie de
l’eau quand l’acide eft très-délayé, & ce moyen
eft le plus 'expéditif pour obtenir une médiocre
concentration ; mais quand on veut avoir un acide
aufii déflegmé qu’il eft poffible, il faut avoir recours
à la diftillation, foit parce que. les dernières
portions d’eau étant plus adhérentes exigent un
plus grand degré de chaleur pour fe volatilifer ,
foit parce que l’acide approchant de l’état de concentration
, reprendrait à l’air ambiant prefque
alitant d eau qu’il en perdroit , foit enfin parce
qu’il attirerait facilement des parcelles de matières
inflammables qui l’auraient bientôt rendu noir fît
fulfureux.
On choifit pour cette diftillation une cornue de
verre capable de réfifter aux acides , on la remplit
à moitié d’acide vitriolique, on la place au fourneau
de réverbère dans un bain de fable affex
profond pour qu’elle puiffe en être prefque entièrement
couverte. Après avoir adapté le récipient,
on échauffe par degrés, & on augmente le feu
infefifiblement, de manière cependant que les
gouttes ne fe fuccèdent que lentement, fît que
l’acide ne prenne pas, fur-tout vers la fin , un
mouvement d’ébullition dont il n’eft alors fufceptible
qu’à un degré de chaleur fort approchant de'
l’ineandefcence, fît qui feroit infailliblement éclater
les vaiffeaux, en l’élevant prefque inftantané-
ment en vapeurs. Lorfque cela arrive, ou que la
cornue caffe par quelqu’aceident, il feroit imprudent
de refter dans le laboratoire.
_ On arrête la diftillation, lorfqu’on voit dans le
récipient à-peu-près tout le flegme que l’on fe pro-
pofoit de féparer de l’acide, ce qui dépend du degré
de concentration qu’il avoit auparavant,
Lorfque les vaiffeaux font refroidis , on débite
le récipient, on trouve dans la cornue de l’acide
vitriolique fans couleur , fans odeur, fît fa pefanteur
fpécifique fenfiblement augmentée. On le
tranfvafe dans des flacons bien nets, dont les bouchons
de verre ufés à l’émeri ferment exaâement.
Pour fentir la néceffité de ces précautions , il fuffit:
de favoir que l’acide vitriolique concentré attire'
puiffamment l’humidité de l’air, & que la moindre
paille, une fimple vapeur phlogiftique, le noircirait
promptement.