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trioliqueà 1,778 de pefanteur fpécifique ( la tem- T
férature fuppofée la même),
tiennent. . . . 364,43 de principe fourni par j
le foufre,
156,42 d’air vital,
230,15 d’eau que la concentration
ne peut en féparer,
Et 149,00 d’eau ajoutée pour amener
fa pefanteur fpécifique,
à 1,778.
1000,00.
Au refte, que ces déterminations, qui ne peuvent
être rigoureufement exaâes, foient plus ou moins
approchées du vrai, il n’e'n eft pas moins démontré
par :outes les opérations d’analyfe & de fynthèfe,
que l’air vital augmente très-fenfiblement le poids
du foufre, qu’il fait partie conftituante de l’acide
vitriolique, & entre effentiellement dans fa com-
pofition , comme principe acidifiant ou oxygine.
C ’étoit là le point important, où pour mieux dire
fondamental, qu’il falîoit acquérir.
Maintenant il eft facile de fuppléer ce qui man-
quoit à l’explication de,la fameufe expérience de
Stahl : la calcination de l’hépar de foufre eft une
vraie combuftion lente, pendant laquelle l’air vital
ou la portion refpirable de l’air commun eft
devenue partie conftituante de l’acide qui a produit
le vitriol.
La décompofition fpontanée de l’hépar de foufre
en liqueur, dans les flacons dont les bouchons
font le plus exaâement ajuftés, pouvoit faire
naître un doute, par la difficulté de comprendre
comment ,1’air pouvoit y pénétrer , & même
comment la fluidité fans chaieur pouvoit favori-
fer une efpèce de combuftion dans ces vaiffeaux;,
pour déterminer les vraies conditions du fait, j’ai
préparé exprès de Thépar de foufre avec la poraffe
par la voie sèche, & de l’hépar calcaire par la
voie humide; j’ai diflous le premier dans l’eau.difi-
tillée, & les deux liqueurs filtrées ont été mifes
fur-le-champ dans de petits ballons de verre qu’elles
rempliffoient à 8 -ou 9 lignes près de l’extrémité
• du co l, & dont le bout a été tiré à la lampe d’é-
mailleur: ces deux ballons ont été placés à l’ombre.
Deux autres ballons, anffi fcellés hermétiquement
& remplis de même de liqueurs pareilles,
ont été expofés à la^ lumière , pour ob fer ver en
même-temps fi elle n’avoit pas quelque part à
l ’effet ; enfin , deux autres ballons feniblables ont
été'placés en même-temps au jour, mais hors
la portée du foleil. Au bout de huit mois, aucun
d’eux n’avoit fouffert la plus légère altération, les
liqueurs éçoient toutauffi colorées & fans le moindre
dépôt. Ainfi ,• tout concourt à établir que,
lins l’acçeffion de l’air, il ne peut fe former un
Qtôme d’acide vitriolique.
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Afin dé rendre les preuves de cette vérité Indépendante
de tout ce qui peut préfenter encore
quelque incertitude, je n’ai employé jufqu’ici aucune
expreffion qui ne convînt également aux
deux fyftêmes que j’ai annoncés fur la nature de
la bafe acidifiable de l’acîde vitriolique ; je paffe
à l’examen de cette queftion.
III. Suivant M. Lavoifier & les célèbres Chy-
miftes qui ont embraffé fon opinion , il n’y a
point de phlogiftique dans le loufre, il devient
acide par compofition, & il y exifte tout entier :
ceux , au contraire, qui reftent attachés à la doctrine
de Stahl, & qui font encore en grand nombre
, regardent le loufre comme un compofé qui
ne devient acide qu’en perdant une de fes parties
conftitüantes, .c*eft-à-dire, le phlogiftique, &
recevant dans la même opération l’air vital principe
acidifiant. Cette fécondé condition me paroît
déformais inféparable après les preuves que j’en
ai raffemblées.
La facilité avec laquelle l’une & l’autre de ces
hypotlièfes paroiffent fe prêter à l’explicatipn de
la plupart des phénomènes , fuffit pour faire pref-
fentir toute la difficulté de la queftion,, &. en
même-temps combien fa résolution devient importante
aux progrès de là théorie chymique. Quand
on met en contaét de l’acide vitriolique avec du
charbon, de l’huile , un métal , ou feulement
qu’on l’expofe à une for;e chaleur, & qu’il contra
6te par-là une odeur fenfiblement fulfureufe , il
fejnble que l’on peut dire; avec une égale probabilité
que l’air acidifiant eft repris par le charbon >
par les chaux métalliques,- qu’il eft chaffé par la
chaleur , & ^qu’une partie ; de l’acide fe retrouve
en état de foufre par cette privation ; ou bien
qu’il y a dans chacune de ces opérations deux effets
fimultanés, privation d’air vital & reftitution
de phlogiftique. Cependant, fi l’on veut affurer
fy.n jugement par la manière cîe r^ifoncer, on eft
qblige de convenir,d’abord qu’une çirçorjftance qui
accompagne un phénomène n’en eft pas toujours
neceffairement la capfe immédiate, ni epeore m,oin$
la caufe unique; que ce n’eft pas:^ffez .d’ayoir démontré
qu’un principe exifte dans, un ccimpofé
pour en conclure que fa préfencepu fon abfence
décide feule fes différentes manières d’être ; qu’il
n’y a en cette matière- d’explication fatisfajfante
que celle qui relie tous les faits analogues ,& cor^
refpondans à la même caufe ; q u i . en . même-
temps, fait reconnoître le principe par fes propriétés^
& fait concevoir comment il agit par la feule
puiffance de fes affinités fimples; en un mot, qu’un
feul fait qui force d’admettre un autre agent quelconque
, rend négatives & incomplettes toutes les
preuves réfulrantes des explication dans lesquelles
j ôn peut s’enpaffer. O r , quelques réflexions diri-
| gées dans ces vues me parpiffent fuffire pour dé- ,
_| cider le choix 8c faire adopter J’hypathéfe des
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deux principes, du moins jufqu’à ce que l’on ait
acquis de nouvelles lumières.
La combuftion du foufre, en tant que combuftion
qui s’opère par l’air v ital, & qui produit
de la chaleur, eft bien certainement le même phénomène
que celle du phofphore, du charbon, du
z inc, &c. Il y a donc dans tous ces corps un principe
identique, indépendant de la produéfion d’un
acide, d’une cendre ou d’une chaux métallique ;
c’eft celui que nous nommons combuftible ou phlogiftique.
Si l’exiftence du phlogiftique n’étoit encore fondée
que fur ce raifonnement, je fens bien que
l’on pourroit dire que ce que nous érigeons en principe
matériel exiftant dans tous ces corps, -n’eft
peut-être que la faculté commune à tous ces corps,
Comme tels , de décompofer l’air vital fans fouf-
frir eux-mêmes aucune décompofition, & de fixer
fa matière propre en mettant en liberté fa chaleur:
mais une foule d’objeélions fe préfente contre cette
hypothèfe ; je n’en rappellerai que quelques-unes
des plus importantes, ou qui ont un trait plus
direéf à notre acide.
1°. Il eft certain que l’air vital n’agit pas di-
re&ement fur le foufre , qu’il ne le convertit en
acide qu’à la faveur de la chaleur d’incandefcence ;
& la preuve que cette chaleur n’eft pas une fim-
ple condition d’une plus grande fluidité, & qu’elle
détermine un concours de forces divellentes, en
augmentant la volatilité du . phlogiftique, & diminuant
fon adhérence à la partie fixe du foufre,
c ’eft que la même converfion en acide s’opère
fans chaleur , quand il y a à portée une autre
fubftance qui exerce une force quelconque fur le
phlogiftique: telle eft la décompofition du foufre
par la mànganèfe & l’acide muriatique déphloigiftiqué.
, MI
2e. Si les foufres entroient tout entiers dans la
compofition de leurs acides, il en feroit de même
pour le foufre phofphorique que pour le foufre
vitriolique, ; cependant l’acide pnofphorique expofé
a l’aéfion d’un feu violent, dans un creulet de pla-
.tine qui ne peut lui fournir aucunè bafe, laiffe
une matière vitreufe qui n’eft ni acide, ni foufre
combuftible, qui peut redevenir acide avec l’air
vital 8c phofphore avec le charbon; il lui man- 1
quoit donc en cet état le principe que lui reftime j
le charbon. Il ne manque à la bafe du foufre qu’un j
.peii plus de fixité pour préfenter le même phéno- j
mène. >
3°. En admettant que le foufre s’unit fans dé- 1
compofition à l’air vital, il eft impoffible de reri- j
dre raifon de la détonnation du nitre avec le fou- j
-fre ; car, puifqu’il eft .connu -que le nitre ne dé- j
■ tonne pas feul, en quelque quantité que l’on porte j
«le foufre dans le mélange, il ne décompofera le 1
nitre que pour s’approprier fon air v ita l, & en J
proportion de ce qu’il pourra s’en approprier: c’eft !
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la loi de toute affinité fimple,de ne dégager d’un
compofé que ce qu’elle peut auffi - tôt enchaîner
dans un autre, parce qu’alors ii n’y a véritablement
d’aâion que par la tendance à cette nouvelle
combinaifon ; il devroit donc fe former paifible-
ment de l’acide vitriolique , mais ce n’eft point
ce qui arrive; l’explofion démontre qu’il y a dégagement
fubit d’une quantité confidérable de
fluide aériforme, il faut bien qu’il y ait dans le
foufre un autre principe qui le décide.
4°. Le foufre peut être mis.en état de gas ; &
fi , dans les eaux qui en font imprégnées naturellement
ou artificiellement, & que nous nommons
fulfureufes, on verfe de l’acide nitreux ou de l’acide
muriatique déphlogiftiqué, ou de l’acide ar-
fénical, on décide fur-le-champ la précipitation du
foufre : voilà un effet,'& qui très-certainement ne
peut être atrribué à l’affinité du foufre avec l’air
vital exiflant dans ces acides, puifqu’au-lieu d’une
précipitation, ce feroit une converfion en acide
qu’il produiroit ; il agit donc fur quelque autre
principe qui eft partie conftituante du gas hépatique.
On ne connoît encore aucun phénomène
qui puiffe faire foupçonner que ce foit fur la matière
pure de la chaleur, & mille phénomènes
anologues nous indiquent l’être combuftible par
effence ou phlogiftique, q u i, dans les doubles affinités
, eft toujours le fujet de la première aêfion
de l’air vital.
5 °. L’acide vitriolique devient fulfureux quand
on le traite à la diftillation avec les métaux; l’étain,
le fe r , le zinc, &c. convertiflent au creu-
fet le vitriol de potafle en h épar; on peut dire
avec quelque vraifemblance qu’ils ne font qu’enlever
à l’acide une portion d’air vital : mais M.
Prieftley a fait du foufre en portant le foyer de
la lentille fur de l’acide vitriolique mis en conta
â avec du gas inflammable; il a fait de l’hépar
dè foufre lorfqu’il a placé dans le même appareil
du vitriol de poraffe ( TranfaÜ. philof. 1783, page
Voilà pour le coup une matière phlogiftique
fenfibîe , un être diftinét de la terre métallique
, de l’air vital & du foufre, & qui devient
partie conftituante d’un compofé nouveau ; le produit
de cette compofition eft du foufre régénéré;
j le principe gafeux qui le régénère eft précifement
- le même que celui que les métaux laiffenr aller en
paffant à l’état de chaux: il eft bien difficile de
concevoir qu’il ne contribue pas matériellement
à cette reprodu&ion , & même qu’il n’y ferve pas,
tandis qu’il eft uni au métal, abfolument comme
quand il en eft léparé.
6°. Enfin, s’il étoit vrai que le foufre entrât
tout entier dans la compofition de l’acide, il fuffi-
roit de mettre en contaâ l’acide 8i le foufre pour
produire fur-le-champ , même à froid, l’acide fulfureux
volatil, cm ce que les StahÜens appellent
acide vitriolique phiogiftiqué, parce que cet acide
ne feroit plus qu’un compofé dans lequel le foufre
fe trouveront par excès ; & l a , poffibilité de