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ÏI. Homberg avoit tenté de déterminer les proportions
dans lesquelles l’acide & l’alkali entroient
dans la compofition du, vitriol de potaffe, mais
il ne tenoit pas même compte de l’eau de cryf-
taHifation de ce fel; parmi les modernes, deux
très-grands Chymiftes, MM. Bergman & Wenzel,
ont donné des anaiyfes un peu plus exaâes de
quelques fels neutres, mais ils étoient comme
réduits à confidérer comme acide pur l’acide
chargé de toute l’eau qu’ils ne parvenoient pas
à en féparer ; & jufques, dans ces derniers temps
on n’auroit pas imaginé qu’il fût poflible de déterminer
la quantité d’acids réel contenu dans un
acide actuellement uni à une portion d’eau plus ou
moins confidèrable. Le célèbre Kirwan a ofé entreprendre
la réfolution de ce problème, & l’approximation
très - fatisfaifante à laquelle fon travail
l’a conduit, n’eft pas une des moindres preuves
de ce que l’on doit attendre des progrès de
la Chyinie, quand ceux qui- la cultiveront réuniront
à la pratique de l’expérience le génie qui
en ordonne les procédés & l’elprit mathématique
qui en foumet les réfultats au calcul.
M. Kirwan avoit remarqué qu?à la différence
des deux autres acides minéraux, l’acide muriatique
pouvoit être mis en état de gas fec &
privé de toute eau; il fit de cette obfervation
la première bafe de fes recherches : confidérant
ce gas comme l’acide ré e l, il le mêla à. l’eau en
diverfes proportions, & forma d’après cela une
table des quantités d’acide réel correfpondantes
aux pefanteurs fpécifiques. Voye£ A cide MURIATIQUE.
L’opération devenoit bien plus difficile pour les
deux autres acides minéraux ; mais fes expériences
avec l’acide muriatique qu’il avoit lui-même
compofé de gas muriatique , lui avoient appris j
qu’il falloit 46,77, grains de ce qu’il appelloit
acide muriarique réel pour la faturation de 100
grains de potaffe cauftique , & 36,23 grains
pour 100 grains de méphite de potaffe ; il fup-
pofa pour lors que la même quantité de potajfe
pouvoit faturer le même poids d'acide réel quelconque ;
il calcula d’après cette fuppofition la pefanteur
fpécifique de l’acide réel de chacun des deux autres
acides minéraux, & les calculs fe trouvant
correfpondre affez exa&ement avec l ’obfervation
de la faturation des trois- acides , à différens degrés
de denfité, il en conclut que fon opération
étoit jufte. Telle eft l’idée générale de la marche
qu’il a fuivie : il faut expofer maintenant, avec
un peu plus de détail, ce qui regarde particuliérement
l’acide vitriolique.
M. Kirwan a pris 2519,75 grains d’acide vitriolique
dont la pefanteur fpécifique étoit 1,819;
il y a ajouté peu-à-peu 180 grains d’eau diftil-
lée ; fix heures après, fa pefanteur fpécifique
A C I
J n’étoit plus que 1,771. Il y verfa encore 178,75;
grains d'eau , & le mélange refroidi au degré de
l’ahmofphèfe (qui étoit entre 50 & 60 de Fa-
renheit, à-peu-près 10 de Ré a mur) n’avoit plus
que 1 ,7 19 , de denfxté. Ge Chymille avoit d’abord
établi fon calcul fur ces obfervations ; mais
après la publication de fon premier mémoire, il
s’apperçut que ces mélanges avoient acquis beaucoup
plus de denfité ; il en conclut qu’il ne fuf-
fifoit pas de les laiffer refroidir à la température
de l’atmofphère,- qu’il falloit un intervalle de
12 heures au moins avant que le mélange de
l’acide vitriolique concentré avec le double de
fon poids d’eau eût atteint le maximum de den-
fité dont il étoit fufceptible, & que l’intervalle
devoit être d’autant plus confidèrable, que la pro^
portion d’eau étoit plus foible., Il recommença
donc ces expériences, & trouva en effet qu’a-
près 24 heures la denfité de fon premier mélange
étoit 1,798, au lieu de 1,771.
D ’autre part, M. Kirwan avoit reconnu que
6,5 grains d’acide vitriolique à 1,819 de pefanteur
fpécifique faturoient ta même quantité de
potaffe qu’un poids donné d’acide muriatique qui
contenoit 3,55 d’acidè réel. Il avertit qu’en cherchant
ce point de faturation , il faut avoir l’attention
d’affoiblir l’acide d’une certaine quantité d’eau
pour empêcher la diffipation de l’acide par la chaleur
; cette quantité d’eau étant connue, il eft
facile delà déduire après.l’opération.
C ’eft avec ces données que cet académicien a
cru pouvoir déterminer la pefanteur fpécifique
de l’acide vitriolique réel, & voici fon raifonne-
ment.
Si cet acide s’uniffoit à l’eau fans qu’il y eût diminution
de volumé*; rien ne feroit plus facile
que de déterminer la pefanteur fpécifique de l’acide
vitriolique réel, car.elle feroit, comme fon
poids abfolu, divifé par la perte de poids qu’il
éprouve dans l’eau. O r , cette perte étant comme
la perte totale des 6, 5 grains, moins la perte de
la portion d’eau, on a u r o it~ -^ = 3,572, pour la
perte totale.
De cette perte totale. . . . . . . 3,572.
Otant la perte de la portion d’eau , 2,93-.
*Refle 0,622
pour la perte de poids de l’acide réel.
A in fi, la pefanteur fpécifique de cet acide
feroit • ÿ t r = s ,7° 7.
Mais il eft bien connu qu’il y a accroiffement
de denfité, quand on mêle l’acide vitriolique avec
l’eau ; la perte de poids que donneroit l’acide pur
(dit M, Kirwan) feroit donc plus confidèrable,
À C I 3 <$3
& par conféquent fa pefanteur fpécifique plus
foible que celle trouvée par ce calcul.
Pour arriver à la folution du problème, il
falloit déduire cet accroiffement de denfité , de
manière que le refie indiquât la pefanteur fpécifique
mathématique de l’acide réel. M. Kirwan
chercha d’abord à déterminer la quantité à déduire
> par l’obfervàtion de la diminution des vo lumes
dans des mélanges d’acide & d’eau en différentes
proportions ; mais ces expériences ne lui
ayant pas donné la précifion qu’il defiroit, il préféra
la méthode fuivante.
6,96 grains de l’acide vitriolique dont la pefanteur
fpécifique eft ..1,798 (après le refroidiffe-
ment complet du mélange), contiennent, comme
on l’a v u , la même quantité de 3,55 grains
d’acide réel 9 & 3,41 grains d’eau.
Sa pefanteur fpécifique feroit donc par le calcul
1,726.
Car la perte de poids que 3,55 d’acide éprouvent
dans l’eau eft, comme ci-devant f j | 0,622
La perte de l’eau eft . . . . . . 3,4!
Et le total de ces pertes . . . . . 4,03 2.
Cependant la pefanteur fpécifique fe trouve
par l’expérience 1,798.
I j7ç8 — 1,726 = 0,72. Cette différence eft pré-
cifément l’accroiffement de denfité , en fuppo-
fant la pefanteur fpécifique de l’acide r<k/= 5,707.
Mais M. Kirwan ayant employé dans la fuite
Tin acide vitriolique encore plus concentre, &
qui étoit à 1,884^ de denfité , pour avoir une
plus grande approximation, il a trouve que cette
différence montoit à 0,104 pour un acide dont
la gravité fpécifique étoit 1,819.
L’accroiffement de denfité une fois déterminé,
«on déduit facilement, fuivant fes principes, la
pefanteur fpécifique sfë l’acide reel.
A CI
De la pefanteur fpécifique que donne
l’obfervation, . . . . . . 1,819
On ôte cet accroiffement . . . 0,104
11' refte : . . . 1,715
qui eft la pefanteur fpécifique mathématique de
cet acide.
Donc la perte de poids de 6,5 grains d’acide
à 1,819 de pefanteur fpécifique eft = 3 ,7 9
. Otant de cette fomme la perte de l’eau, 2,95
R e f t e .............................0,84
qui eft la perte qu’éprouve l’acide même, ou
le poids d’un volume d’eau égal à celui de l’acide
réel.
Ainfi 034“ 4,226 que l’on peut regarder corn-;
me une très-grande approximation de la pefanteur
fpé; ifique de l’acide vitriolique réel.
Pour vérifier ces réfultats, M. Kirwan les a
comparés avec les pefanteurs fpécifiques des mélanges
qu’il avoit faits de quantités plus confidé-
rables ; & ayant trouvé qu’en additionnant la
pefanteur fpécifique calculée ou mathématique
avec l’accroiffement de denfité, le total s’éloi-
gnoit très-peu de la pefanteur fpécifique que don-
noit l’expérience, il en conclut que fon opération
étoit jufte.
C ’eft fur ces principes, & en continuant les
mélanges d’acide & d’eau jufqu’à ce que les pefanteurs
fpécifiques fe foient rapprochées , qu’il
a dreffé la table fuivante, où l’on voit d’abord
les proportions d’acide réel & d’eau , enfuite l’accroiffement
de denfité, enfin les pefanteurs fpécifiques,
foit mathématique , £oitphyfique ou par
expérience, de ces mélanges.
Les deux dernières colonnes indiquent
traâion refpeâive de l’acide & de l’eau , aulîi
loin qu’elle marche avec l’augmentation de den-;
fité, M. Kirwan s’eft arrêté à ce terme, parce
qu’il n’a pu çonnoître la loi que cet açcroiffe*
ment fuit au-delà,