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d’affinité avec l’argent & avec le plomb, & plus d’affinité
avec l’étain, s’empare de ce dernier & l’entraîne
avec lui fur les bords de la Coupelle., où il
eft porté j>ar le mouvement de l’affinage. Le fécond
moyen eft également fur, mais plus difpendieux ; il
a pour objet de déterminer la volatilifation de l’étain
par l’addition du muriate mercuriel ou fublimé cor-
rofif dans la coupelle ; il fe forme du muriate d’étain
qui fe fublime , & le mercure lui-même s’évapore
très-promptement. ( Mém. de VAcad. R. des Sciences,
arm. 1736', pâg. 167.).
M. Sage regarde comme un fait remarquable , que
la chaux d’étain, qui fe vitrifie fans addition , ré-
fifle à cette vitrification lorfqu’elle eft combinée avec
le plomb ; mais il me femble que l’explication de
ce phénomène peut fe déduire des propriétés connues
de ces différentes fubftances. La chaux d’étain
fe vitrifie feule , mais elle exige pour cela un degré
de chaleur bien fuperieur à celui qui fait couler en
verre la chaux de plomb ; la chaux d’étain a d’ailleurs
une tendance affez marquée à la volatilifation,
qui affoiblit néceflkirement fon adhérence avec la
chaux de plomb plus fix e, & qui la fbuftrait à fon
aétion vitrifiante ; il faut tenir compte enfin de la
propriété même du vafe d’abforber le verre de plomb
auffi-tot qu’il eft formé, & qui achevé de décider
la féparation avant que la chaux d’étain ait pu fe
vitrifier. Ce que jed is ici de la volatilité de la chaux
d’étain , eft prouvé par la forme élancée qu’elle prend
non-feulement fur les coupelles, mais toutes les fois
qu’on lui fait fubir une violente calcination ; je l’ai
particulièrement obfervé fur un amage d’étain avec
la platine , on eût pris cette -chaux pour des fleurs
d’antimoine, il n’y àvoit de différence qu’en ce que
les filets fbyeux étoient moins alongés.
Par rapport à la propriété de la coupelle d’abforber
le. verre de plomb, on n’héfitera pas de croire qu’elle
contribue réellement à l’effet, lorfqu’on confidérera
qu’il n’y a pas feulement écoulement à travers les
pores de ce vaifleau, mais ce que j’ai appellé ailleurs
attraction de tranfmijjion , c’eft-à-dire, une vraie
affinité de la matière qui abforbe avec la matière
abforbéè; en faut-il d’autre preuve que ce qui arrive,
lorfqu’on ne met dans une coupelle que la moitié
du plomb qu’elle peut imbiber ? Le verre de plomb
refte alors dans la moitié fupérieure, cet écart des
Loix hydroftatiques exclut toute idée d’un fimple
écoulement par les pores. Il eft facile d’appuyer la
même cenféquence fur une démonftration, encore
plus direde ; car fi on fe fert d’un têt évafé capable
de contenir le verre de plomb, la féparation
de la chaux d’étain eft à peine fenfible , & l’alliage
entier paffe affez rapidement à l’état d’émail ou de
verre blanc opaque, fuivant la proportion d’étain.
Le fe r , lorfqu’il eft en très-petite quantité, laiffe
Seulement fur le baffin de la coupelle une tache rouge
brunâtre ; lorfqu’il eft plus abondant, il eft rejeté fur
les bords en forme de fcories vitreufes noires. M.
Sage a obfeiyé que ces fcories étoient attirables à
l’aimant, après avoir été pulyérifées. Le même Chy- j
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mifte a cOUpellé, avec 12 parties de plomb, 24 grains
d’or tenant un 12*. de fe r , le déchet de l’or a été
de j | , dont partie avoit été abforbée par la coupelle *
niais ayant coupellé avec 24 parties de plomb de
l’or allié de 3 parties de fe r , un fixième de l’or a
été enlevé par le fe r , & s’eft trouvé difféminé en
forme de grains dans les fcories martiales.
Le fine, qui a la propriété de s’enflammer, &
dont la chaux eft encore plus volatile que celle de
l’étain , au moment où elle fe forme, préfente dans
fa coupellation avec le plomb des jets de flamme
bleue & verte, & d’autres phénomènes que M. Sage
compare aux explofions , d’un volcan, parce que le
bourfoufflement de l’alliage, dès qu’il commence à
rougir , forme en effet une forté de bouche conique
ou de cratère ; mais ces phénomènes varient fuivant
les proportions de l’alliage, & même fuivant le degré
de chaleur de la moufle, lorfqu’on le jette dans
la coupelle. Si le zinc-eft en très-petite quantité, il
s’évapore à mefure qu’il fe trouve en contaél avec
l’a ir, & ne laiffe aucunes traces fenfibles.
L’antimoine eft rejeté fur les bords de la coupelle,
où il forme un cercle élevé & frangé d’un blanc jaunâtre,
qui eft un mélange de chaux d’antimoine &
de verre de plomb. M. Sage a obfervé que , lorfqu’on
jetoit un demi-gros d’antimoine dans une demi-once
de plomb en fufion, il y avoit une forte effervef-
cence, qu’une partie de l’oeuvre étoit jetée çà &
là , & entraînoit même une portion des métaux fins ,
fi ce métal en contenoit. Après avoir indiqué la
manière de féparer l’argent du fer par l’antimoine
crud, ou pyrite d’antimoine, Cramer recommande
expreffément de feorifier l’antimoine uni au plomb
avant de les coupéller : la coupelle , d i t - i l , feroit
incapable d’en foutenir l’aâion, ils y feroîent des
fentes , la rougiroient & la pénétreraient de manière
qu’elle fe gonflerait comme une éponge. ( Docimajl,
part. I l , $e. Procédé.)
Le cobalt, mis en morceaux dans le plomb fondu,
eft rejeté fur les bords, de la coupelle ; le plomb
paffe & les parois du bàflm prennent, à l’endroit
où le çobalt fe feorifie, ;une couleur violette , que
M. Sage croit la couleur propre de la chaux de cobalt
vitrifiée fans addition ; mais fi cette chaux eft
mêlée avec un verre quelconque, elle lui donne
une couleur bleue. Le mélange'de verre de plomb,
qui eft naturellement jaune, produit du vert. Le
cobalt pulvérifé, projeté dans le plomb fondu, en
arrête la calcination en gagnant la furface , où il fe
convertit en fcories noires.
Uarfenic ne foutient pas plus la coupellation que
le mercure, & fe diffipe fans laiffer par lui-même
aucune tache fur la coupelle.
Le nickel, mêlé' au plomb en très-petite quantité,
paffe affez bien , & laiffe feulement fur lé baffin de
la coupelle des cercles verts. Si le nickel eft dans la
proportion d’un trentième, il eft rejeté vers les bords
de la coupelle, & le baffin préfente toujours des
cercles verts. M. Sage attribue cette couleur à la
chaux de cobalt, parce qu’il ne veut pas reconnoître
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ïe nickel pour un métal particulier, de fon genre;
mais le nickel calciné donne, fans addition , une
chaux verte, qu’on n’obtiendra jamais avec le cq-
balt, ni avec aucun de fes alliages ; & la nuance
de vert particulière à cette chaux, qui colore les
coupelles dans l’opération dont il s’agit, eft bien différente
de celle qui réfulte du mélange de verre de
cobalt & de verre de plomb;
J’ai coupellé une partie de manganèfe (en régule)
avec fix parties de plomb ; ce demi-métal fi vitrei-
cible par lui-même, a été rejeté, comme le fe r ,
en forme de feorie fur les bords de la coupelle.
La rareté de la molybdène & de la tungjîène, &
fur-tout la difficulté de réduire leurs mines, n’ont
pas encore permis de déterminer la manière dont ces
nouvelles fubftances métalliques fe comportent à la
coupellation. MM. d’Elhuyar ayant formé un alliage
de 100 grains d’or avec 50 grains de chaux jaune
de tungftène, alliage dont la fufion étoit encore très-
imparfaite, puifque le bouton pouvoit être mis en
morceaux fous les doigts , ils efîàyerent de le cou-
peller avec le plomb ; l’or refta pur-, mais l’opération
le fit avec affez de difficulté. ( Mémoire de VAcad. de
Touloufe, tom. 2 , pag. 164.)
. La coupellation par le bifmuth pouvant être employée
avec avantage dans quelques expériences , il eft bon
de connoître d’avance les . phénomènes particuliers
qu’elle préfente avec les diverfes fubftances métalliques.
Le bifmuth réduit en poudré & expofé à un feu
gradué , fous la moufle , paffe à l’état de chaux fans
entrer en fufion. Ce demi-métal fe vitrifie plus facilement
que le plomb ; le verre qu’il forme eft
plus promptement abfbrbé par la coupelle ; les coupelles
qui en font faturées, ont une belle couleur
jaune ; elles paroiffent avoir plus de folidité que
celles qui ont fervi à la coupellation du plomb ; leur
poids , fuivant M. Sage , fe trouve augmenté de
9 ÜV. par quintal fiélif, indépendamment de la portion
de bifmuth qui fe diffipe en fumée ; elles fe
fendent quelquefois en plufieurs endroits, . ce que
M. £age attribue à l’état vitreux que prend la terre
offeufe pendant l’opération ; mais cés gerçures font
accidentelles, & le changement qu’éprouve la matière
du vaiffeau par fa combinaifon avec le verre
métallique, eft confiant : il ne faut donc chercher
d’autre caufe de ces gerçures , que l’inégalité de la
retraite produite par l’a&ion du verre métallique,
quand la chaleur n’a pas été affez ménagée pour la
rendre uniforme fur toute la furface du baffin.
M. Geoffroy avoit obfervé que le bifmuth contenoit
toujours de l’argent, de même que le plomb ;
M. Sage a retiré 1 gros 24 grains d’argent par quintal
du bifinuth ( en régule ) qu’il a fournis à la coupellation.
L extrême fufibilité du bifmuth qu’il communique
sux métaux auxquels il s’allie , & fur-tout fa fu-
lion plus ténue, comme le dit Pott, font regardées
avec raifon comme des qualités très-favorables à la
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féparation plus exaéle des métaux fins : c’eft ce qui
a déterminé la pratique de quelques Effayeurs qui
en jettent dans la coupelle, lorfque l ’aélivité du bain
eft trop ralentie fur la fin de l’opération.
M. Sage a coupellé 12 grains à'or avec 2 gros
de bifinuth, l’abforption du fin a été d’un trente-
deuxième. Il en a été de même de l’argent. Dufay
& Hellot ayant à coupeller de l’or de bas aloi, caf-
fant, & qu’il n’étoit pas poffible de couler entièrement
hors du creufet, parce qu’il avoit é té , à ce
qu’ils jugeoient', traité avec l’émeri, trouvèrent
qu’il étoit avantageux de le fondre d’abord avec du
bifmuth ; mais il ne s’agiffoit que de le#difpofer à
la coupellation par le plomb.
Le bifmuth paraît, dans les commencemens , fe
féparer de la platine un peu plus facilement que le
plomb , mais il en refte de même toujours une portion.
M. Sage a obfervé dans cette opération une
forte d’effervefcence quand l’alliage étoit en bain,
& qu’une multitude de globules de bifmuth, mêlés
de platine, étoient rejetés verticalement.
I Le même Chymifte a traité à la coupellation par le
bifinuth la plupart des autres fubftances métalliques: -
voici les réfultats de ces effais.
Il croit le bifmuth plus propre que le plomb à la
vitrification du cuivre, & il fonde cette opinion fur
ce qu’il ne faut que quatre parties de bifmuth pour
en coupeller une de cuivre. Le baffin de la coupelle
prend une couleur noire.
Un alliage de parties égales d'étain & de bifmuth
expofé au feu dans la coupelle, s’eft fondu fans'fe
bourfouffler , là furface s’eft couverte d’une chaux
bjanche, qui eft devenue rougeâtre par la réver- .
bération du feu. Pott avoit déjà remarqué que le
bifmuth ne réuffiffolt pas mieux que le plomb j
pour coupeller de l’étain qui tenoit de l’or ou de
l’argent.
Le fer fe comporte avec le bifmuth comme avec ■
le plomb. Quand l’or & l’argent font alliés de*fer,
M. Poerner recommande d’ajouter du bifmuth à la
coupellation, fi l’on veut obtenir un affinage exaél.
Cette précaution ferait fuperflue par rapport à l’argent
, f i , comme je l’ai conclu de quelques expé- .
riences, ce métal ne s’allioit pas au fer ; mais le
célèbre Rinman affure que 4 ou 5 parties d’argent
peuvent diffoudre une partie de fer (voy. A lliage) ;
avant que d’en tenter la féparation par la coupelle ,
il confeille de calciner le fer par l’acide vitriolique
évaporé à ficcité. ( Jaernchifor. §. 13p.)
Un demi-gros de fine ayant été expofé au feu
de coupellation avec une demi - once de bifmuth,
une partie du zinc a brillé en fcintillant à la furface,
l’autre s’eft réduite en chaux & a empêché le bifmuth
de fe coupeller. Le mélange de chaux & de
verre offrait diverfes nuances de blanc & de jaune ,
des cavités & des protubérances coniques.
Une partie d'antimoine, fondue fur la coupelle avec
6 parties de bifmuth, a produit une effervefcence
| qui a écarté quelques globules d’antimoine ; il eft*
[ refté dans le baffin un émail d’un beau jaune, formé
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