
du gas acide muriatique déphlogiftiqué. ( Voyes^
A cide R égalin . §. II. ) M. Schéele a obfervé
que , pendant cette décompofition du fucre , on
n’appeçcevoit point de matière noire , mais qu’il
s'élevoit des vapeurs de vrai vinaigre. Mém. de
Chym. part. I , pag. 75.
Mais nous pouvons abandonner ici les conséquences
qui réfultent de la néceffité d’une affinité
double pour ces fortes de décompofition & de
converfion à l’état d’acide ; le fujet préfente des
argumens plus direâs 0 & qui me paroiflènt dé-
cilifs..
S i , comme le penfe M. Lavoifier, le fucre entre
tout entier dans Y acide faccharin, il fuit néceffaire-
ment que le fucre doit exifter dans toutes les fubf-
tances dont on retire cet acide par le même intermède
; c’eft ce qu’il n’eft pas poffible d’admettre :
le fucre n’entre .donc pas tout entier dans la compofition
de Vacide fficcharin.
Je dis qu’// ejl impojjihle admettre que le fucre
exifle dans toutes les fubfiances que Von peut employer
À la formation de Vacide faccharin ; & , pour s’en
convaincre , il fuffit de fe les rappeller & de con-
fidérer leur nature diverfe : ce ne font pas feulement
les fucs fucrés, les muqueux fermentefcibles, les
végétaux aceïcens, c’eft encore,& en même temps,
& de la même manière , la partie amilacée & la
partie glutineufe des graminées , l’huile gralfe pe-
fante & l’efprit ardent, le fel piquant de l ’ofeille,
le jus aigre du citron & les filamens infipides qui
entourent les graines du cotonnier : ce font des
fubftances tout auffi diverfes entr’elles, qui appartiennent
au règne animal, tels que les poils, la
peau , les mufcles , la partie rouge du fang , la
férofité , la graille, le jaune & le blanc de l’oeuf,
& c . Quoi 1 le fucre feroit réellement partie conf-
tituante de tous ces corps ; ils le recéleroient dans
une proportion a fiez confidérable, & les caraélères
extérieurs de la plupart femblent plus faits pour
l’exclure que pour l’annoncer ! H faudroit croire
que l’efprit-de-vin- , par exemple , qui ne s?unit
pas meme au fucre en toute proportion, en contient
pourtant un quart de la maffe, puifque 8
onces d’efpritfde,-vin en donnent 3 d’acide faccharin,
& que M. Lavoifier n’y fait entrer lui-même l’air
acidifiant que pour un tiers ! Il faudroit imaginer
enfin que le fucre fût à la fois un principe affez
fimple pour entrer comme élément dans prefque
tous les individus des deux règnes organiques,
aflez fort pour réfifter à ,1’aâion de l’acide nitreux
bouillant, & pourtant affez deftruâible pour dif-
pàroître même avant de fe manifefter par aucune
propriété dans toutre autre analyfe de tous ces
corps, fi l’pn en excepte la dalle des muqueux
fucrés ! C’efl pour le coup que l’on feroit dans l,e
cas d’exiger des preuves bien précifes d'un pareil
fyftème ; & on defire encore des probabilités.
Ce. ne font pas cependant les feules objeélions
que l’pn puiffe faire au fyftème de M. J.ayoifier :
il fuppofe que le lucre eft de toutes les mai
tière« celle qui doit fournir d’avantage d'acide faccharin
; c’eft une conféquence évidemment nécef-
faire de fes principes, puifque toutes les autres matières
ne contiennent qu’en partie ce qui le conftitue
en entier ; & cette conféquence eft démentie par
l’obfervation. M. Bergman n’a pu retirer qu’une
partie dtacide faccharin de trois parties de fucre ,
en prenant tous les moyens poffibles pour atteindre
le maximum de ce produit, & la laine a donné à
M. Berthollet plus de moitié de fon poids de cet
acide concret. Il n’eft plus permis de dire après
cela que le fucre tout entier palfe dans cet acide.
Quelle fera donc la fubftance que nous regarderons
proprement comme la bafe acidifiée par
l’air vital dans Y acide faccharin ? Il eft poffible que
nous n’ayions pas toutes les données néeeffaires
pour réfoudre complettement ce problème; mais
nous nous tiendrons du moins dans les bornes d’une
conjeélure plus raifonnable , en difant que c’efl:
le principe qui exifle le plus abondamment dans les
matières qui fourniffent le plus de cet acide ; que
c’eft celui qui rapproche le plus effentiellement
toutes ces matières, foit par leurs propriétés extérieures
, foit par les produits de leur analyfe ;
que ce doit être enfin celui qui, par-tout où il fe
rencontre , confetve des caraâères plus Amples ,
plus uniformes, & femble donner à la maffe une
apparence d’autant plus homogène, qu’il y eft plus
dominant : o r , toutes ces confidérations excluent
préçifémept le corps fupré , & indiquent aflez
clairement une huile tenue, réduite à .fa plus grande
pureté, ifolée de tout ce qui la mettoit auparavant
dans l’état favonneux, & à plus forte raifon de
| ce qui p.ortoit ce fayon à pn ordre ultérieur de
compofition.
Dans cette hypothèfe , on concevra du moins
pourquoi trois parties de fucre ne donnent jamais
qu’une partie d'acide faccharin , quoique tout le
fucre foit décompofé ; pourquoi cet acide une fois
formé , il n’eft plus poffible d’en féparer la moindre
partie de fucre ( ce qui devroit arriver fi ce n’étoit
qu’une fimple furcompofition du fucre tout entier ),
mais feulement les principes que donnent à l’ana-
lyfe les huiles qui laiffent le moins de, charbon.
; L ’attention qu’a eu M. Lavoifier de recueillir les
produits aériformes dans tous les temps de l’opération
, nous a fait voir que, même pendant la
formation de Y acide Jaccharin , il fe dégageoit déjà
de l’acide méphitique & du gas inflammable ; ce
n’étoir pas l’acide nitreux qui les fourniffoit, ils
étoient donc féparés du fucre , il y a lieu de
croire que le gas inflammable n’étoit que la portion
fnrabondanre à celle qui eritroit dans le gas nitreux;
que l’un & l’autre faifoient partie du fucre, ou
plutôt de l’acide propre du fucre ou acide fyru^
peux , q u i, étant déplacé , fe refolvpit en fes. élé>-
mens analogues à ceux de tous les acides yér
gét^ux,
On
SCI 2 5 t
On ne manquera pas d’obje&er que , comme 1
1 'adde faccharin lui-même fe réfout par la ito n du
feu prefque tout entier en ces deux gas , il nelt
m poffible de diftinguer ce qui vient de fa del-
truéfion ou de celle des autres parties comptantes
«lu fucre : il eft vrai que je n’ai à oppofer « cette
©bjeâion que la fucceflion aflez marquée des eftets,
& je fens bien que ce feroit y répondre dune manière
peu fatisfaifante , que de dire vaguement,
avec la plupart des Chymiftes , que ce font les
proportions de ces principes & leur union plus ou
moins intime qui conftituent les différences de
tous les corps qui fe rapprochent par ces produits
analytiques ; voilà pourquoi je n’ai pas craint
d’avouer qu’il nous manquo>t quelque connoiffance
pour l’explication de ces phénomènes, à laquelle on
n’arrivera peut-être que quand on aura acquis de
nouvelles lumières fur le calorifique, élément plus
fugace que tous ceux que nous fommes déjà venus
à bout de coercer, & qui joue vraifemblablement
un rôle dans toutes ces operations; mais jufques-
Jà je ne vois pas que ce foit un motif de regarder
comme identiques des corps que nous voyons
d’ailleurs manifefter des propriétés fi différentes,
que ce foit une raifon de penfer quil y ait plus
de fucre dans la laine que dans le fucre même,
ou que l’efprit-de-vin contienne plutôt du fucre
dont il ne donne aucun indice , que le lucre ne
contient de l’huile qui s’y decele de tant de manières
différentes.
Deux obfervations d’un autre ordre viennent a
l ’appui de ces raifonnemens.
La première eft due au célèbre Scheele; il a reconnu
que l’acide citronien en l’état concret &
cryftallin ne donnoit plus d'acide faccharin avec
l ’acide nitreux, tandis que le jus de citron , ou
âcide citronien ordinaire, en produifoit en quantité
( Mém. de Chymïe, édit, franc, art. X X IF . ) ; voila
deux effets oppofés dont la caufe eft bien ffirement
dans l’opération qu’on fait fubir à cet acide pour
lui donner la forme concrète ; jugeons de l’altération
qu’elle produit par les moyens qu’on emploie:
c’eft en unifiant l’acide à la chaux pour lui reprendre
enfuite cette bafe par l’acide vitriolique , qu on
l’amène au degré de pureté néceflaire , que l’on
parvient à le débarraffer de la matière extractive
iavonneufe qui’ s’oppofoit à cette cryftallifation ;
l’acide propre du citron ne contribue donc en rien
à la production de l’acide faccharin, il n y a que la
partie huileufe qui devient partie conftituante de
ce nouveau produit ; & puifque l’acide citronien
fluide paroît décompofé comme l’acide du fucre ,
puifque l’acide du fucre a auffi fon acide propre
('quoique moins à nud ) qui met auffi fon huile a
létat favonneux, il paroît aflez clair que c eft abfo-
lu,m£nt Je même ordre de phénomènes.
Venons à la fécondé ofiferyation. MM. Henni**
tadt & Weftrumb ont traité avec l’acide nitreux
î’acidule tartareux , vulgairement appelié cr,çme
de tartre, & en ont obtenu de Y acide faccharin. Le
Çhymie. Tome /»
A C I
premier travaillant à déphlogiftiquer l’acide tarta-
reux , en diftillant deflùs de l’acide nitreux , fut
fort étonné lorfqu’ayant interrrompu fon opération
avant que tout l’acide nitreux eût paffé , il trouva
après le refroidiflement des cryftaux de véritable
acide faccharin. M. Weftrumb avoit pour objet dï
découvrir dans le tartre raffiné Y acide faccharin qu’il
foupçonnoit exifter dans tous les acides végétaux;
il commença par verfer fur une once ou 480 grains
d’acidule tartareux ( crème de tartre du commerce)
a onces d’acide nitreux foible pour en faire la dif~
folution , il en fépara par le filtre 28 grains de
matière terreufe infoluble ; il fit cryftallifer le nitré
qui s’y étoit formé , & ayant diftillé à plufieurs
reprifes fiir la liqueur jufqu’à 4 onces d’acide nitreux
plus fo r t, il trouva dans la cornue une maffe
faline q u i, redifloute & cryftallifée , fournit 280
grains d'acide faccharin, indépendamment de ce qui
s’étoit perdu par la fraélure d’un vaifleaa fur la fin
de l’opération.
On a vu les conféquences qu’en tiroit M. Wef-
trumb :M. Hermftadt croit que Yacide faccharin n’eft
autre chofe que de l’acide tartareux , ou altéré par
fon union avec un peu d’acide nitreux , ou plus
dépouillé de fa partie graffe par l’aélion de l’acide
minéral , & que l’acide acétçux n’en diffère lui-
même que parce qu’il retient encore plus de matière
huileufe que l’acide tartareux.
Ce que j’ai dit précédemment me paroît devoir
fuffire pour apprécier ces opinions , fans
que j’en fafle une application direéîe ; mais cette
converfion de l’acide tarrareux me femble bien
favorable aux principes que j’ai établis. Si on retranche
delà quantité d’acidule tartareux, employée
par M. Weftrumb, i ° . les 28 grains qui n’ont pas
été diffous , & qui étoient du tartre calcaire, 20.
61 grains d’alkali qui ont produit 125 grains de
nitre cryftalltfé, il ne refte que 391 grains d’acide
tartareux, c’eft-à-dire , de la matière qui a pu être
convertie ; or le produit de la converfion a été de
280 grains, non compris la perte o.ccafionnée par
un accident ; & déduifant le tiers pour le poids
de l’air acidifiant, fuivanr l’eftimation de M. Lavoifier
, on trouve que des 391 grains de fubftance
convertible, il en a pané 183 dans le nouvel
acide. Voilà donc encore une irtatière qui
n’eft pas du fucre, & qui fournit plus que le double
du fucre à la compofition de Yacide faccharin ; &
fi on confidère en même-temps à quel point c^s
matières s’éloignent l’une de l’autre par leurs propriétés
fenfibles, fi on fait attention qu’en effet le
principe huileux domine dans l’acide tartareux ;
qu’il fe manifefte par le charbon qu’-il laifle , &. à
la diftillation ; que cette huile , quoique trop
grolfière pour entrer en combinaifon avec l’air
acidifiant, n’en recèle pas moins en plus grande
proportion Thuile plus fubtile , analogue à celle
que l’air vital prend dans l’efprit-de-vin ; enfin ,
qu’à la différence de l’acide citronien exprimé,
l’acide tartareux n’éf rouye aucune altération par