
Un troifième fragment, mis dans la cuiller de
platine avec la foude, a fait effervefcence ; mais je
n’ai pu le’ réduire globule vitreux à la manière du
quartz. .
J’ai mis dans un cretifet de hefle 32. grains du même
réfidu avec pareille quantité de cryftaux de foude
frittés , & je 1 ai tenu pendant une heure au feu de
vitrification fous un plus grand creufet renverle.
J ai en effet obtenu par ,ce procédé un verre bien
-fondu, net & tranfparent, mais q ui, à peine refroidi
, étoit gras au toucher, & attiroit déjà rhumi-
dité de l’air au point d’altérer fenfiblèment le papier
teint par le fernambouc. J’ai verfé fur ce verre de
1 acide nitreux très-pur,reétifié à la manière deMeyer;
il-a été diffoùs aflez promptement, & fans donner
la moindre apparence de gelée, comme le fait en
pareilles circonffances la-liqueur des cailloux.-Enfin,
cette difloltition filtrée , & tenant de l’acide par
excès , a précipité fur-le-champ les diflblutions ni-
treufes d’argent & de mercure , & la difiblution de
muriate calcaire.
Les eaux qui avoient fervi à édulcorer le premier
réfidu ont précipité le muriate calcaire , & attaqué
le fer , à l’aide de la chaleur, comme l’acide phof-
phorique.
Le temps ne m’a pas permis de multiplier aflez
lès expériences pour déterminer la nature & les
quantités des parties' conftituantes de la matière
reftée dans la cornue ; mais celles que l’on vient-de
voir fuffifent, à ce qu’il me femble, pour engager à
fufpefidre fon jugement fur une décompofitionque
l’on n’eft en drpit d’affirmer qu’après avoir épuifé
tous les moyens de la vérifier. Il y a lieu de croire
que dans l’opération des Chymiftes de Laufanneil
fe fublime d’abord plus ou moins d’acide boracin
à la faveur de l’eau , & fuivant qu’elle eft plus ou
tnoins abondante ; que l’acide phofphorique.eft lui-
même emporté à la diftillation par une forte d’affinité
d’union avec l’acide boracin ; que le réfidu de
la cornue eff un compofé de ce qui refte des deux
acides, & qui a la propriété de réfiffer à la vitrification.
C ’eft, je l’avoue, un phénomène bien fingu-
lier que deux fubfiâncés , fi facilement yhrefcibl.es,
produifent par leur union un compofé invitrefcible ;
mais, au fond,cela ne-répugne pas plus que la vitrification
du quartz & du cal ce , l’un par l’autre,
tandis qu’ils font par eux-mêmes fi réfraraires, Cela
peut tenir d’ailleurs à l’état de bafe acidifiable auquel
)’’ai fait Voir que l’açide phofphorique pouvoitçtre
réduit de manière à n’être plus ni acide ni phofphore ;
dans cette vue on pourrojt efiayer fi l’acide phofphorique
, réduit d’abord en cet état, pulvérifé &
mêlé à l’acidç boracin en certaine proportion , ne
donneroit pas aufiî le même compofé invitrefcible ;
çe feroit probablement la voie'la plus courte de
tenter la réfolutjon complette de çe problème iqté-
feffant.
Règne v é g é ta l.
J*’acide faccharin, ou acide du fucre, 2 perdu par i
’ de nouvelles expériences le rang qui lui avoit été
donné parmi les acides végétaux, & ne doit plus
être regardé que comme un être identique avec
l’acide oxalin ; j’en ai donné le précis à l’article A cide
végéta L. On y trouvera aufii les analyfes d’après
lefquelles j’ai admisXacide malufîen, comme devant
être diffingué des autres acides propres à ce règne.
Règne animal,
J’avois d’abord eu le projet de raflembler dans
un article particulier, fous le titre d'acide çootique,
les faits nouveaux, bien plus multipliés, que j’ai
à ajouter pour completter le fyftême des acides
du régne animal ; mais l’emploi de ce terme pouvoir
être querellé comme notant pas juftifié par
une utilité aflez évidente , & cette réflexion m’a
décidé à réunir ici tout Amplement ces decouvertes
en forme d’additions à l'article acide
animal.
On vient de prouver que l’acide ourétique ou
du fel perlé n’étoit que l’acide phofphorique ; on
a reconnu que le calcul ou bézoard de la veffie
étoit principalement formé d’un acide particulier;
on a tiré du ver-à foie un nouvel acide : quelques
expériences ont commencé à démontrer que le fuc
gaffrique étoit un diffolvant acide : enfin diverfcs
obfervàtions ont conftaté de nouvelles émigrations
de l’acide phofphorique dans le règne minéral, de
quelques acides végétaux dans le règne animal ;
développons fuçcefiivement tous cçs objets.
I. L’açide O u r é t iq u e ou du fel perlé ne doit
plus être diffingué de l’acide phofphorique j le
célèbre Klaproth vient de démontrer l’identité de
ces deux fubftancçs, 8ç d’expliquer les phénomènes
qui paroiffoient réfifter à ce rapprochement. ( Crell,
.annal. iy8$, part i , page 138. ) Ce font bien moins
les difficultés de cette analyfe qui ont retardé cette
découverte, que l’opinion où l’on étoit que l’affinité
du phlogiffique avec certains acides étoit fupé-
rienre à celle de l’atkaU , que les acides ne pre,-
noient de toutes les bafes que jufqu’à faturation,
qu’ils ne pouvoient retenir en même-temps deux
bafes différentes, &c. On ne manquera pas de
remarquer ici j 11 fqu’à quel point les plushabilesChy?
miffes peuvent être aveuglés par ces préventions
de dodrine, puifque le célèbre Rouelle avoit dér
crijt, avec fon exa£fitude ordinaire, quelques-uns
des faits principaux qui ont éclairé M* Klaproth j
qu’il en avoit tiié précifément les mêmes confé-
quences , & que cependant ce fut lui qui , confer-
vant des doutes fur ce qu’il venoit de rendre fi
évidept, pngagça M. Prouft dans le travail d’une
analyfe plus recherchée , qui a fait croire depuis g
l’exifte.nce d’un açjde particulier. ( Voye{ ci-devant x
page ip4. )
Que l’on verfe dans la diffolution du fel perlé,
de la difiblution nirreufe ou muriatique de ferre-
calcaire jl fe jforme furrje-champ un prççipité gui
eft de la terre des os régénérée , qui fait de meme
de la félénite avec l’acide vitriolique ; c eft ce
qu’a ditM. Rouelle dans les mêmes termes. M.
Klaproth ajoute que ce précipité fe fond fur le
charbon avec lumière phofphorique, & que par
le moyen de l’acide vitriolique on en dégage du
véritable acide phofphorique: cette confequence
Ultérieure fe vérifie par le procédé qui eft préfenr
tement en ufage pour retirer le phofphore des os.
Que l’on prenne l’acide phofphorique le plus pur,
c’eft* à - dire , retiré du phofphore par eombuftion
lente ; qu’on leTature de foude, même avec un
peu d’excès, on obtient un fel abfolument fembla-
ble au fel perlé.
' Veut-on amener ce fel à l’état de la fubftance
décrite par M. Proufl'? Il fuffit de lui reprendre l’excès
de foude par le vinaigre , ou tout Amplement
d’y ajouter un peu (J’acide phofphorique.
Si l’on met dans une difiblution de fel perlé un
peu de phofpate ammoniacal, fait dirë&ement avec
l’acide phofphorique pur & l’alkali volatil, on retire
par la cryftallifation un fel tout femblable au
phofphate natif de l’urine, ou fel microcofinique.
Maintenant, que l’on prenne du phofphate natif,
ou tiré de iurine à la manière ordinaire, ou
préparé artificiellement avec i’acide du phofphore
par le procédé qui vient d’être indiqué ; qu’on
l’expofe d’abord au feu poiir faire partir tout l’alkali,
qu’on y ajoute enfuite aflez de foude pour
achever la faturation T on aura un vrai fel perlé.
Ainfi l’on peut à volonté transformer ces deux
fels l’un en l’autre , ce qui démontre à - la - fois
l’identité de leur acide , la nature & les proportions
des bafes qui les conftituent en ces différens
états, & que l’acide du fel perlé, eft tout aufîi
propre à la préparation du phofphore , avec la condition
de le féparer d’abord de la bafe ajkaline qui
s’oppofe par fon affinité à ce qu’il abandonne fon
air vital pour s’unir au phlogiffique. Ces faits bien
éclaircis peuvent fervir à vérifier la conjecture que
j’avois propofée fur l'utilité du muriate de plomb
dans le procédé de Margraf pour le phofphore
\voy.pag. 2/0); car on fait préfentement qu’en
plusieurs circonffances les alkalis font déplacés par
les chaux métalliques: il eft très-sur que quand on
verfe de la difiblution de muriate de plomb dans
la difiblution de fel perlé ordinaire ou phofphate
.de foude furfatiiré., il fe' précipite fur-le-champ
du phofphate de plomb; la même chofe le pafie
vraifemblablement par la voie sèche.
Il n’eft pas befoin de dire après cela qu’il ne
fera plus queftion de fels ourétiques, & que ce
qu’on appelloit fel perlé ne doit plus être confi-
dérè que comme un phofphate de foude furfaturé
«le fa bafe.
II. La découverte d’un acide dans le calcul eft
! encore le fruit des travaux de MM. Schéele &
, Bergman. Le nom de bézoard ayant été appliqué
| à toute concrétion animale (ancien. Encyclopéd. au
mot bézoard') , il m’avoit paru tout Ample d’en tirer
l’exprefîiOn $ acide bé^oardique ; mais comme
les vrais bézoards font réellement d’une nature
différente, cette dénomination n’eût pas été fuffi-
famment appropriée. Pour prévenir toute confu-
fion, je préfère la dénomination d’A c id e l it h ia s
iq u e , dontla racine eft confacrée par l’ufage que
les Chymiftes & les médecins , qui ont écrit en
latin fur le calcul, ont fait du mot lithiajis.
Paracelfe regardoit les concrétions animales
comme des fubftances moyennes entre le tartre
& la pierre, dont la réfine animale formoit la
matière première ; &il n’admettoit point de différence
entre les calculs de la veflie, qu’il nomme
duelech, & les concrétions arthrytiques ou des
goutteux, fi ce n’çft que les premiers étoient durcis
par l’e.fprit d’urine, que les derniers tenoient
plus de fel. Vanhelmont, après avoir longuement
difierté fur cette matière, déclamé à fon ordinaire
contre l’école, & releyé les erreurs de Paracelfe ,
conclut que le duelech eft un coagulé anomal, né
des fels de l’urine & d’un efprit volatil terreux ,
fans aucune matière vifqueufe ni mucilagineufe ,
fans endurciflement progrefiif, & qu’il diffère ab-
folument de la craie arthrytique qui n’eft produite
que par l’endurciffement delafynov ie & l’acidification
lente dè cette fubftance vifqueufe. ( De U-
thiafi, cap. 3. )
Boyle avoit trouvé le calcul compofé d’huile &
d’une grande quantité de fel volatil ; Boerbaave
y fuppofoit une terre fubtile intimement unie aux
fels alkalins volatils ; Haies avoit obfervé qu’un
calcul du poids de 2.30 grains donr.oit à la diftillation
pneumatique 645 fois fon volume de fluide
-aériforme , & qu’il ne rëftoit qu’une chaux du
poids de 49 grains: il crut pouvoir l’afiimiler au
tartre qui donne aufli une quantité prodigieufe de
gas, & il en conclut que le calcul étoit un tartre
animal.
On avoit bien quelques obfervatîons de médecins
célèbres, tels queAlfton , W h itt, Butter, de
Kaen , &c. fur la vertu diflolvante ou lithontrlp-
tique du favon, de l’eau de chaux & des alkalis >
la préparation alkaline connue fous le nom de
nitre\fixé étoit fur-tout recommandée par Vogel &
Meckel, & on favoit enfin que le Iithontriptique
de jurin n’étoit que la foude cauftique ou lefîive
des favonniers Murray , opufcula , &c. page 22$ ) :
cependant l’opinion la plus générale étoit encore,
il y a peu données, que les acides- étoient le vrai
diffolvant de ce bézoard, qu’il contenoit une terre
foluble, ou même une terre animale tout - à - fait
analogue à celle des os.
Telles étoient nos connoifiances fur cette pro»
duéhon animale lorsque MM, Schéele & Bergmaa