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Sauffure »voit déjà ©hfervé que le gas acide carbonique
pajfoit pat les vejjies comme au travers d'un crible :
il ajoute à la vérité que cela n’arrive plus quand la
veffie a été complètement imbibée d’huile, & que
ce gas s’y conferve alors tout entier & fans altération
; mais il convient en même temps que le gas
qui y eft renfermé fe met hygrométriquement en
équilibre avec l’air ambiant. ( EJfais fur VHygrom.
§ .170.) D’où il faut conclure que la communication
n’eft pas parfaitement interrompue, ce qui n’empêche
pas que cette précaution ne foit fiiffifante 8c même
ne puiffe devenir avantageufe dans beaucoup de cir-
çonftances.
V . Il n’étoit pas aufli aifé de foupçonner que les
vaiffeaux de poterie cuite en grais puffent eux-mêmes
livrer paffage aux fluides aériformes; c’eft ce qui a
été bien conftaté par les expériences de M. le Duc
de la Rochefoucault : ayant traité du carbonate de
chaux au feu de calcination dans' des Cornues de
Heffe , le gas s’échappa prefque en totalité par leurs
pores, quoiqu’elles euffent été recouvertes de lut
( Journ. phyj. Olïlobre 177$ ). On fe fîgureroit diffici-
. lement à quel point les plus parfaits de ces vaiffeaux
deviennent perméables, fi je ne foifois con-
noître quelques - unes des expériences qui ont été
faites depuis fur ce fujet, & qui préfentent d’ailleurs
des phénomènes dignes d’attention.
Au mois de Février 1783 , M. Prieftley obferva
que lorfqu’on expofoit au feu de calcination de la
chaux avec de l’eau dans une cornue de grais, de
porcelaine ou de v erre, dont l’intérieur avoit été
dépoli, il ne paffoit point de vapeur, mais une quantité
d’air prefque correfpondante au poids de l’eau &
peu différente de l’air commun, de forte que i’eau
paroifloit convertie en un fluide élaftique permanent.
( Tranf. philof. 1787. ) M. Kirvan m’ayant fait part
de cette curieufe expérience, même avant qu’elle eût
été communiquée à la Société royale, je m’empref-
îfai de la répéter.
Je diftiflai dans une excellente cornue de grais 2
onces de chaux vive & 1 once d’eau diflillée, &
j’obtins en effet 204, 66 pouces cubiques d’air prefque
aufli bon que l’air commun, toute déduâion faite de
l’air refté dans la cornue & d’une petite portion
d’acide carbonique qui fut abforbée par l’eau du
récipient. La chaux fe trouva pefer 2 onces 64
grains, & avoit par conféquent encore retenu 64
s’échappât une feule bulle de l’air qu’elle contenoit.
Je traitai de même l’eau & la chaux dans une
-cornue de verre blanc, de la capacité de 89 pouces
cubes ; il me fut knpoflîble d’en faire fortir plus de
68} c’eft-à-dire, la portion d’air dilaté qui remplif-
foit la cornue au moment que le fiphon fut placé
fous le récipient.
Pour me rapprocher des conditions de l’expérience
de M, Prieftley, je voulus encore répéter cette dif-
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filiation dafls une cornue de verre întérieuremcftt
dépolie; j’imaginai de la dépolir par le moyen de
l’acide fluorique, ce qui réuflit très - bien fur une
cornue de verre un peu épaiffe ; je pouffai le feu
au point que 4 onces de chaux ne retinrent que 1 5
grains d’eau ; cependant il ne paffa dans le récipient
qu’un volume d’air d’environ les trois cinquièmes de
la capacité de la cornue.
Ces expériences ne rendoient pas plus facile à imaginer
comment l’air pouvoit s'introduire du dehors au
dedans des cornues de grais, dans des circonftances
où on auroit plutôt jugé que celui de l’intérieur
devoit s'échapper, ainfi que l’avoit obfervé M. le
Duc de la Rochefoucault ; elles fuffifoient néanmoins
pour décider i° . que l’eau n’étoit pas convertie en
air ; 20. que celui qui avoit paru le produit de cette
converfion, avoit été tranfmis par les pores des cornues,
de grais ; 3°. que ces fortes de vaiffeaux doi-
vent être rejetés comme infidèles dans la plupart
des opérations fur les gas ; 40. enfin, que les cornues
de verre qui avoient pu donner lieu à la meme
tranfmiffion, avoient néceffairement reçu, par la manière
dont elles avoient été dépolies , quelques craquelures
qui les avoient mifes dans la même condition
que les cornues d’argille. Mais M. Prieftley eft
allé bien plus loin : après avoir exactement circonf-
crit les conditions du phénomène, & vérifié qu’il
avoit lieu toutes les fois que la cornue contenoit de
l’eau, de l’alcohol, de l’huile, même du mercure , il
a démontré par les expériences les plus ingénieufes
que tandis que le fluide renfermé dans la cornue en
pénétroit la fubftance pour en fortir, l’air extérieur
s’introduifoit dans fa capacité ; que le gas hydrogène,
le gas nitreux, le gas ammoniacal y etoient tranfmis
comme l’air commun , quand la corrnie plongée dans
tin récipient rempli de ces gas étoit échauffée par
une forte lentille ( Voye{ figure 32 des appareils pour
les g a s .)’, que ce n’étoit pas feulement les cornues
de grais qui dans ces circonftances livroient paffage
à ces gas, mais aufli des cornues de craie, de pierre,
de marbre blanc ; enfin que c’étoit une vraie tranf-
miflion par les pores , puifqu’elle *eeffoit dans les
vaiffeaux qui réfiftoient à l’épreuve de la machine
pneumatique, puifqu’elle fé faifoit beaucoup mieux
dans ceux dont les pores étoient plus étroits, comme
l’afcenfion des liqueurs étoit d’autant plus confidé-
rable que les tubes étoient plus capillaires.
Oii ne s’attend pas à trouver ici une plus ample
explication de ces faits , je ne les rappelle en cet inf-
tant que pour fervir à diriger l’Obfervateur dans le
choix des vaiffeaux qu’il peut employer fuivant les
circonftances; & la nature des matières qu’iLa à
traiter.
V I . Le mercure luir-même ne bouche pas toujours
exactement les vaiffeaux qui renferment des gas :
M. Prieftley a reconnu que lors même qu’il y avoit
une épaiffeur d’un pouce de mercure hors des vaiffeaux
& de deux ou trois pouces en dedans, il f®
gliffoit encore quelquefois un peu d’air commun
A I R
dans l’intérieurparce que le mercure n’étant pas
en contaél parfait avec le verre, les ondulations de
Pair ambiant pouflpien-t infenfiblement l’air adhérent
entre le verre & le mercure, lequel étoit aufli-tôt !
remplacé par de nouvel air. Comme cet accident peut
devenir une fource d’erreurs dans des expériences
délicates , il confeille de le prévenir en mettant en
dehors fur le mercure un peu d’eau, qui étant fof-
-ceptible d’un contaâ plus parfait avec le v erre, intercepte
abfolument la communication avec l’air intérieur.
( Continuation , &c. vol. III. fetf. III. )
V I L II n’y a guère d’opérations fur les gas dans
lefquelles il ne foit important de dofer ; c’eft-à-dire,
de déterminer ailffi exactement qu’il eft poflïble les
quantités employées 8c les quantités produites , ce
qui fe fait ou par le poids ou par le volume. La
première méthode eft longue 8c pénible; on s’en
tient donc le plus fouvent à la dernière qui eft très-
expéditive , & qui fuffit quand on eft d’ailleurs bien '
affuré de la nature du gas dont il s’agit ; car les pe-
fanteurs fpécifiques de tous les fluides aériformes étant :
une fois connues & rapportées fur des tables que '
l’on peut confulter, il eftx aifé de juger que,' dans
ce cas, le volume indique le poids.
Mais le volume des fluides élaftiques éprouve des
variations fréquentes 8c fouvent affez confidérables,
fuivant l’intenfité de la force qui les comprime 8c ;
par l’augmentation ou la diminution de la chaleur : ce !
îie feroit donc qu’une expreflion indéterminée , fi
l’on n’indiquoit pas en même temps la preflion qu’é- j
prouve actuellement le fluide dont il s’agit, & la !
température à laquelle on en a pris la mefure.
La prejfion eft le plus ordinairement le poids de
la colonne de l’athmofphère» Les tables de pefanteurs
comparées des fluides élaftiques fuppofent cette pref-
fion à 28 pouces de fufpenfion du mercure dans le
baromètre; ainfi lorfque le gas n’eft réellement chargé
que de cette colonne, on n’a autre chofe à foire que
de noter l’élévation du mercure dans le baromètre,
au moment où l’on mefure le volume du gas, & à
l ’aide d’un calcul trés-fimple on en foit la réduCiion,
en partant de ce principe, que les efpaces occupés
par des quantités égales de fluides aériformes ( la
chaleur étant fuppofeè égale ) font en raifon inverfe
des poids qui les compriment; c’eft-à-dire, que leurs
volumes font d’autant plus grands, que ces poids font
plus petits, 8c réciproquement.
Ainfi, en appellant v le volume de3gï$. dont on
veut déterminer la quantité , n le nombrodes lignes
d’élévation aftuelle du mercure au deffùs de fon niveau
dans le baromètre, & x l’efpace que cette
même quantité d’air cccuperoit à 28 pouces, ou ,
cèqui eft la même chofe , à 336 lignes de fufpenfion ;
on a cette proportion n : 3 3 6 i : x : v. D’où l’on tire
Cette formule applicable à tous les cas x kg Que
Ion ait, par exemple , 80 pouces cubiques d’air
commun , à la température moyenne , 8c à 27 pouces
4 de preflion (c ’eft à peu près l’élévation
A I R 6 7 y
moyenne pour Dijon) on voit tout de fuite que ces
80 pouces ne doivent être comptés que pour 78,09,
comme ne devant occuper que cet e/pace à la^prelfioti
de 28 pouces, s
Connoîflànt maintenant la pefanteur de 100 pouces
cubes d’air commun , qui a été déterminée par M;
Lavoifier a 793 grains le pied cube, le baromètre
étant à 28 pouces ( Mém. de la Soc. roy. de Mêd:
ann. 1782, page 371 ) , on trouvera facilement que
80 pouces de ce même air ne pèfent que 35,92
grains, la preflion n’étant que de 27 pouces 4 lignes.
Le rapport dé denfité des autres fluides aériformes
avec l’air commun étant également connu , ou du
moins déterminé par des approximations dont ori
.peiitfe contenter, on n’a pas befoin d’autre donnée
pour les réduire à leur véritable quantité ; car fi l’on
admet que dans les mêmes circonftances, le rapport
de pefanteur fpécifique de l’air commun à l’air vital
foit : : 1000 : 1103, comme l’a indiqué M. Kirwan ,
il s’enfuivra que 80 pouces cubes d’air vital pefant
réellement 40,595 grains à 28 pouces de preflion,
ne pèferotft que 39,619 grains , le baromètre fe tenant
à 4 lignes plus bas, puis que 1000 : xioj
35>9* : 39>6 i9-
M. Kirwan obferve avec raifon que le baromètre
fe foutient affez généralement entre 27 pouces 9
lignes & 28 pouces 2 lignes tant à Londres qu’à1
Paris ; que de même le thermomètre ne varie guère
dans nos appartemens que de 8 à 12 ^ degrés de
l’échelle de Réaumur : il propofe en conséquence de
prendre le terme moyen entre ces limites, ce qui
donne 45,81 grains pour le poids habituel de 100
pouces cubes d’air commun. Cette métode qui abrège
quelques calculs, peut fans doute fuffire dans béait-
coup de circonftances; mais il y en a d’autres qui
exigent une plus grande précifion, il convenoit donc
d’indiquer les moyens d’y arriver.
Jufqu’ici cependant nous ne nous fommes occupés
que des différences que la preflion même de l’ath-
mofphère occafionnoit dans le rapport du poids au
volume des gas ; il y a une autre caufe de variation
qui dépend de la manipulation, & dont l’effet eft
trop confidérable pour qu’il foit jamais permis de le
négliger; c’eft la dilatation que le gas éprouve quand
le fluide qui le renferme , fait lui-même équilibre à
une partie de la'colonne correfpondante de l’athmoft-
phère ; c’eft-à-dire, quand l’eau ou le mercure font
au deffùs du niveau de la cuve pneumatique ou
de tout autre vaiffeau dans lequel le récipient eft
plongé. Suppofons, par exemple , que le récipient
E C (fig- 4 des appareils pour les gas ) foit un cylindre
de 20 pouces de hauteur ; que l’efpace d’E
en V , de 10 pouces 4 lignes de longueur, foit rempli
d’air ou de gas quelconque ; que le furplus foit rempli
de mercure, & que ce cylindre ne foit enfoncé que
de 5 lignes au deffous du niveau de la cuvette D ;
il fuffit de fe rappeller ce que nous avons dit précédemment
que les efpaces occupés par les fluides
élaftiques font en raifon inverfe des poids qui les
ô q q q ; j.