
686 AIR - A I R pag. 2)2 ) ; on trouvera ici une proportion d’accroiffe- I de chaleur moindre de 14 ,2 degrés de Réaiimur,
ment plus que double , dans une latitude de variations | malgré l’altération démontrée d’une partie de l’air. "
T A B L E des expanjîons de l ’A i r & des principaux G AS par la chaleur, obfervées de 20
degrés en 20 degrés, depuis J a congellation ju fq u à l ’ébullition de Veau y & des quantités
totales de dilatation entre ces deux limites.
En terminant ce qui regarde les incertitudes oc-
cafionnées par les variations accidentelles de température
, il ne fera pas. inutile d’obferver que l’on
doit fur-tout être en garde contre la chaleur que les
vaifteaux peuvent recevoir des mains; il n’en faut
pas davantage; pour changer les réfuîtats & produire
des erreurs d’autant plus difficiles à corriger, qu’on
eft plus éloigné d’en foupçonner la caufe.
Lorfqu’on croit pouvoir fe difpenfer de foumettre
les gas à la defficcation par les fels, il ne s’enfuit pas de
là qu’il foit toujours indifférent de négliger de faire
entrer dans l’eftimation de leur volume le degré de fé-
cherejfe & d’humidité : il eft bien certain au contraire que
pour comparer rigoureufement les volumes de l’air &
des fluides aériformes , foit après qu’ils ont été deffè-
chés, foit lorfqu’après les avoir privés d’humidité, on
eft enfuite obligé de les remettre en contaél avec l’eau,
il fera fouvent utile de corriger les mefures prifes
dans les différens temps de ces opérations. M. de
Sauffure a fait une obfervation importante qui peut
fervir à cette correâion ; il a reconnu que l ’élafti-
€}té de Vair ( ou fon volpme) augmentait environ d’un
54e. lorfque les vapeurs en le pénétrant le faifoient paf-
fer de la fécherejfe extrême à l’extrême humidité, &
réciproquement qu’il y avoit diminution d’un 54e.
quand l’air d’abord faturé.de vapeurs en étoit privé
par dés fubftances capables de les abforber ( EJJ'ais
fur l’Hygrométrie, §. //o.) J’aurai occafion de faire
connoître une autre partie du travail de ce célèbre
Phyficien fur Feftimation de la quantité d’eau que
recèlent l’air & les gas, quantité qui, comme je
l’ai déjà annoncé , eft fujette à varier par la tenir
pérature & même par la preffion.
J’aurois encore bien des chofes ,à ajouter, fi je
voulois-épuifer les précautions indtiftrieufes que l’ef-
prit de recherche excité par les difficultés a imaginées
pour diminuer, autant qu’il étoit poffible, les incertitudes
& les fources d’erreurs dans ces expériences.
Telle eft leur nature, que fouvent il n’eft pas indifférent
de les faire au foleil ou à l’ombre; qu’une
légère altération ou du mercure qui enferme le gas,
ou de tout autre métal deftiné à porter l’étincelle
éleélrique fous les récipiens ,• fuffit pour enimpofer;
que pour retrouver les dofês on eft obligé de re-
A I R
cueillir la moindre vapeur fur les parois des vaif-
feaux au moyen de lames de papier dont on observe
l’augmentation d,e poids, Sec. &c. Mais les
détails de ces manipulations trouveront naturelle-,
ment leur place dans la defeription des procédé? auxquels
elles appartiennent plus fpécialement. Je me fuis
Amplement propofé de donner ici les règles les plus
générales , & j’en ai dit affez pour remplir cet objet.
§. I I I . Expériences qui fervent à découvrir Us principes
prochains de l ’ait.
Les fluides fe trouvant par leur nature ..dans la
condition la plus favorable aux çombinaifons, font
auffi ceux de tous les corps que l’on rencontre
le moins habituellement dans l’état de pureté ou d’i-
folement : ainfi l’air:, celui fur-tout qui eft voifin^ de
la terre, eft prefque toujours chargé de matières
étrangères, qu’il enlève & qu’il dépofe , qu’il quitte
& qu’il reprend, fuivant les circonftances & les
viciffitudes de la température. On conçoit dès-lors
que pour en.faire une analyfe exacie, dont les résultats
foient conftans & indépendans de toute com-
pofition accidentelle , il faut le prendre comme il
fe trouvé dans la portion la plus pure de l’athmof-
phère ; c’eft-à-dire, tel qu’il exifte effentiellement
par lui-même. C ’eft ainfi que je vais le confiderer
ici, me réfervant d?indiquer dans une autre feélion
les fubftances avec lefquelles il petit s’unir , les propriétés
qu’il en reçoit, & les moyens de féparer &
de reconnoître ces principes qui lui font étrangers.
E x p é r i e n c e I.
Si on expofe à l’air libre, en quelque lien & à
quelque température naturelle que ce foit, de l’acide
fulfurique très-concentré , dans une capfule évafée ;
cet acide prendra, dans un temps plus ou moins
long, une augmentation d’environ ,le triple de fon
poids, & cette augmentation ne fera le plus généralement
que.de* l’eau pure, ce dont il fera facile
de fe convaincre en la féparant par une nouvelle
concentration de l’acide.
Remarques. . Cette obfervation eft de W. Gould
qui la publia dans les Tranfa&ions philofophiques de
1684, où l’on voit que 180 grains d’acide placés dans
lin vaifteau de verre de 3 pouces de diamètre ont
acquis, du 9 Novembre au 4 Janvier fuivant, une
augmentation de poids de 570 grains ; que cette augmentation
a été . le premier jour de 6B , le fécond
de 58, le troifième de 3 9 ; que paffé le neuvième
jour elle n’a plus été que de 12 & au deffous ; qu’en
général & à quelques variations près^qui dépendaient
manifeftement de i’athmofphère, elle a continuellement
décrû ; enfin que les augmentations dans des
temps égaux avoient-été proportionnelles aux fur-
AIR 687 faces, puifqu’une quantité pareille du même acide,
mife dans un vaifteau d’un pouce feulement de diamètre
, 11’avoit gagné dans les fix premières heures
que ~ du poids acquis par le vaifteau de 3 pouces
de diamètre.
Ce n’eft ici, comme on le voit, qu’une expérience
hygrométrique, & les Phyficiens favent qu’il y a
un grand nombre de fubftances qui ont, de même
queTadde fulfurique ,1^ propriété d’attirer l’humidité
de l’air ; mais ayant feulement à démontrer la
préfence de l’eau, j’emploie de préférence cet acide
parce qu’en même temps qu’il montré l’effet dans
un haut degré , il donne plus de facilité pour déterminer
l’accfoiftement de poids , & qu’il a de plus
l’avantage (lorfqu’il eft fatùré d’oxigène ) de s’agir
que fur l’eau de l’air; ce qu’on ne peut pas dire de
bien d’autres corps hygrométriques & particulièrement
des terres & des fels cauftiques qui attirent
encore le gas acide carbonique.
Nous pouvons donc déjà affirmer qu’il y a de
l’eau dans l’air , mais en quel état, en quelle quantité y
exifle-t-elle ? efl-ce un de festprincipes ejfentiels? Telles
font les queftions que nous devons examiner avant
que de terminer ce premier point de fon analyfe.
I. En quel état Veau exifle-t-elle dans l’air athmoj-
phérique? Il y a long-temps que Fon a remarqué que
l’air plus humide étoit plus léger que l’air plus fec ( r ) ,
mais on n’avoit encore que des idées vagues fur la
manière dont l’eau étoit unie à l’air. L’application que
plufieurs célèbres Phyficiens ont donnée depuis quelques
années à cette matière , a avancé la folution
de ce problème ; & fans entrer dans des difeuffions
qui intéreffent particulièrement la fcience météorologique
, nous ne devons pas négliger de préfenter
les faits dont les conféquences pourront dans la fuite
répandre quelque jour fu r nos opérations.
M. le Roi de Montpellier paroît être le premier
qui ait cherché à établir que le fluide aqueux étoit
intimement combiné avec l’air ; e’eft-à-dire , qu’elle
y exiftoit dans l’état d’une vraie diffolution chy-
mique (Mém. de VAcad. roy. des Sc. ann. i jp )•
M. de Sauffure adopte cette opinion. « La par-
» faite tranfparence ( dit-il ) d’un air faturé de va-
» peurs par la chaleur, leur apparition fubite par
» le froid, leur union intime avec l’air, malgré la
» différence de leur denfite , font des indices certains
jj d’une combinaifon intime des élémens de la va-
jj peur avec les élémens de l’air ou d’une vraie diffo-
jj lution chymique. » (EJJais fur l ’Hygrométrie, §. içi.)
j II feroit difficile de concevoir que cela pût être
autrement : l’eau refte unie à l’air tant que les circonftances
ne changent, pas , c’eft ce qui n’arrive
pas aux fluides fans affinité, parce que leur mobilité
ne permet pas de fuppofer que leurs molécules
puiflent demeurer ainfi interpofées & fufpendues par
(1) Newton a dît : une athmofphère humide eft plus légère qu’ une athmofphère sè ch e , à quantités égales. Traité d’Opt,
Hv. III, queft, % .