
en acide méphitique. En reffettant 'ainfi les con-
féquences trop étendues des obfervations de
M. Landriani, elles rentrent, comme l’on v o it ,
abfolument dans le fyftème de M. Lavoifier, elles
confirment ce que difoit M. de LafTone (Mém.
.«le 1*Acad, année 1 7 7 6 ) , en rendant compte de
fos expériences fur l’acide nitreux 3 que d’autres
acides pouvoient auffi, par des altérations intimes,
produire un gas aérien du même carà&ère, &
que, fi cette vérité»importante fe trouvoit bien
établie, on commenceroit à mieux appercevoir
les vrais principes qui conftituent & qui modifient
les différens acides, ces agens du premier ordre
dans prefque toutes les opérations de la nature.
Les propriétés communes au plus grand nombres
des acides font :
1 ®. De manifefter fur la langue un goût piquant.
çl°. De rougir les couleurs bleues végétales.
3°. De reftituer les couleurs altérées par les
alkalis. * m
4°* De s’unir à l’eau facilement , quelquefois
même avec bouillonnement 8c chaleur, quand
ils font bien concentrés.
Ils ne peuvent agir par la voie humide,
qu’autant qu’ils font en état de fluidité. Queb
ques-uns ne peuvent être rendus concrets par
le feu, ou ils s’élèvent en vapeurs ou ils fe
décompofent, ou ils reprennent l’humidité de
l’atmofphère , à mefure que la chaleur la vo-
latilife.
5 0. De réfifter à un certain point à la congel-
lation par le froid; on verra que Y acide vi-
triolique efl lui-même fufceptible de cet état
de foHdité.
De produire différens gas lorfqu’ils entrent
en certaines combinaifons.
7°. De s’emparer d’autant plus avidement du
phlogiflique qu’ils font plus fimples.
S°. De former des fols neutres ou moyens avec
les terres, les alkalis, 8c les fubflances mé?
talliqftes.
9 0. De former des huiles éthérées avec l’efprifc-
de-vin.
ïo ‘?. De précipiter les diffolutions alkalin.es.
ï i °. Il eft certain que quelques acides agiffent
les uns fur les autres ; mais cette adtion ne fe
borne pas à former un diffolvant nouveau a
compofé des deux acides, tels qu’ils étoient
~ avant le mélange ; il paroît qu’il y a déeom-
pofition de l’un des deux, toutes les fois qu’il
en réfulte de nouvelles affinités.
128. On ne peut douter que les acides n’agiffent
encore fur les fols neutres 8c particulière?
ment fur les fols neutres de leur genre, qu’ils
ne contrarient avec eux une véritable union,
,8c que leur puiffance difîblvante n’en foit
fenfiblement affaiblie. C ’eft un fait auquel les
Chymifles n’ont pas donné, ce me femble,
jufqu’ici affez d’attention ; cependant tous les ,
Tels qu’on ne parvient par excès à rendre folubles que acide, toutes les diffolutions qu’il
efl impoffible d’amener au point de faturation,
.en fourniffent dés exemples. Voyez Agéte
BAROTIQUE , PHOSPHATE CALCAIRE , Vl~ TRIOL BAROTIQUE , 8CC.
Or , fi les acides s’unifient aux fols neutres
fans les décompofer, fi les corps qui fervent
de bafe aux acides exercent auffi réciproquement
leurs aélions les uns fur les autres, fi
les fols neutres enfin attaquent à leur tour un
grand nombre de fubflances, il me paroît démontré
que toute matière fimple, compofée,
ou fur-compofée jouit d’une force difîblvante,
d ’une puiffance d’affinité, 8c que les acides n’ont
ici d’autre avantage que la fupériorité.
13?. Il y a bien quelque reffemblance dans la
manière d’agir de tous les acides fur les differentes
bafos ; mais la marche des affinités n’efl
pas la même, 8c cette variété fait la richeffe
de la jChymie, puifqu’elle multiplie les inf-
trumens 8c les produits de l’art. Il n’eft pas
poffible conféquemment d’indiquer cès affinités
fous un titre commun ; cependant je crois
devoir placer ici quelques obfervations pour
donner «ne idée des divers phénomènes qui
peuvent fe préfonter dans les combinaifons
acides.
I4Q. On donnoit autrefois comme une règle
générale que les acides avoient plus d’affinité
avec les alkalis qu’avec toutes les autres fubf-
tanccs, e’eft qu’on ne diftinguoit par les àl-
kalis purs ou cauftiques des alkalis unis XV acide
méphitique ,'aériforme, qui produit un *ou b le
affinité. Nous verrons que les alkalis cèdent
là plus grande partie des acides à la terre cal?
caire 8c fur-tout à la terre barotique.
15 °. Les acides diffolvent les métaux , mais ce
n’eft jamais en état de métal complettement
pourvu de phlogiftique; il faut'qu’ils commencent
par les priver d’une portion de ce
principe qui fe dégage alors le plus fouvent
fous la forme de gas inflammable. Lorfque le
phlogiftique eft fixé par une affinité plus forte
' avec la chaux métallique, il n’y a pas de
diffolution. D e - là vient que plufieursl acides
s’unifient très - bien à une chaux métallique
qu’ils n’auroient pu attaquer en état de régule.
16A II ne faut pas non plus qu’une chaux métallique
foit trop, dépouillée de phlogiftique
pour fe combiner ou même pour refter en
combinaifon avec les acides ; le vinaigre ne
diffeut rien du fer bien calciné „ 8c le vitriol
martiaf* fe décompofe à mefure que l’air lui
enlève le phlogiftique qui fervoit d’intermède
d’Union.
170. Un métal peut être tenu en diffolution par
un même acide avec plus ou moins de phlor
giftiqiie, 8c ces diffolutions ont alors des pço?
pMrEiéRtéCsU fReInEfLib ,l eNmlTeRntE dDifEfé CreUnItVesR. EF, oOytCe.1^-'|ifT$RE
ï8°. Quelquefois Vacide s’unit lui-même au phlo-
eiftique qu’il dégage des métaux , 8c alors il
change d’état, Voyez Acide vitrioliqub PHLOGISTIQUÉ & ArSENIATE MARTIAL.
Quelquefois il n’y a que la partie, bafe de
Vacide qui s’unit à ce principe. Voyez Gas
NITREUX.
ïoo. Souvent V'acide ne fait que s’emparer du
phlogiftique du métal, 8c ne retient qu’une
très-foible portion de fa terre en diffolution.
Voyez Nitre d’étain, Vitriol antimo20°
n.i aIll a,r r8icvce. enfin que lorfqu’on préfente à un
acide une terre métallique bien déphlogiftiquée,
la diffolution s’opère à la faveur du phlogiftique
que F acide lui-même contient, 8c qu’il
eft forcé de céder à l’affinité fupérieure de la
nchoairuex dmeé mtaallniqguarei è;f oc ’se’ufnt,i at inàf ip lquufiee ulars chaux acides qui font réellement décompofès de cette ma
nière. Voyez fur-tout Phosphate de man- ganèse & Acide muriatique. La réduétion
des chaux dé mercure en globules métalliques
par une fimple digefiion dans Vacide formicin+i
fournit un exemple bien frappant de la ré--
duétion du métal, 8c de la décompofition de
Vacide par le jeu des affinités,) ufques dans lavôie
humide^
Après avoir rapporté' ce qu’il y a de plus certain
, de mieux établi fur la nature 8c les propriétés'des
acides en général, nous allons nous occuper
de leur divifion,
La Chymie n’a eu , pendant long-temps, que fix
acides , le' nombre én a plus que triplé depuis
quelques années , 8c l’on ne doit pas diffimuler
que bien des gens ont reçu la nouvelle de ces
découvertes avec une forte de chagrin les uns
ont rejetté, par efprit de fyftème , tout ce dont
ils n’ayoient pas réfervé la place dans l’édifice
de leurs connoiffances ; les autres, effrayés de ce
qui leur reftoit à étudier, ont cherché de vains
prétextes pour avoir droit de le dédaigner. Si l’on
prend la peine de lire notre article Axiomes de ,
Chymïe , on verra que nous ne différons que par
la-, manière de raifonner , 8c que les faits les-
mettront bientôt d’accord avec nous , quand ils ;
auront une même logique; Heureufement pour la
fcience , leurs déclamations n’ont pas fait grande
impreflion , parce qu’on a vu les vrais- Chymiftes
de tous les p ay s , s’empreffer de recueillir ces ri-
cheffes nouvelles, 8c d’en affiner la valeur par
leurs propres obfervations.
M. Lavoifier a. grande raifon dè dire: que le
nombre des acides efl encore abfolument indéterminé r \
puhfquon' ne connote pas - toutes les' fubflances qui J
Jpnt fufceptibles de fe combiner avec U-principe aci- j
diflant».
MM. Schéele 8c Bergman, penfent que la nature
abonde en acides divers, que les terres peuvent
être des acides particuliers rendus folides
par l’eaii, 8c les terres métalliques d’autres acides
rendus folides par le phlogiftique, comme l’acide
arfénical qui acquiert, avec' un peu de phlogiftique
, l’apparence d’une terre , 8c avec une plus*
grande quantité la forme d’un régule.-
Les vues de ces deux célèbres Chymiftes-, méritent
bien que nous nous y arrêtions un moment»-
La première propofition eft vraie dans le fons le?
plus étendu de la définition que nous avons empruntée
de New ton , car' on ne peut nier que lav
nature abonde réellement en matières diverfes-
qui attirent puiffament 8c qui font puiffament
attirées ; il me femble cependant qu’il y auroit
de l’inconvénient à flippofer que la- nature ne'
fait rien que par les acides ; car nous avons vit
que les fois neutres avoieht auffi leur a&ion propre.
Il- faudroit, fur-tout dans cette hypothèfe*.
ne pas attacher exclufivement l’idée d’acide à un-
fluide favoureux, qui rougit le bleu végétal ,• qui
.forme des fols neutres 8cç., parce que Tes principes
plus fimples, dont font compotes nos acides-
gromers , font bien certainement' auffi actifs
quoiqu’ils ne manifeftent pas ces propriétés.
Que les terres aient elles-mêmes un. acide pour'
principe, il n’y a fans doute rien d’impoffible Ç
mais je ne vois rien qui dorine-, jufqii’à préfont
quelque probabilité à cette conje&urè, ni même'
qui faffe concevoir comment cet acide pourroit-'
être rendu folide pz£r l’eau, qui ^ fui van t les deux-
académiciens fuédôis,-eft auffi une terre’principe,.-
très-fubtile 8c joiïiffant dfiine grande fufi-bilité,-
Il n’en eft pas de même de la dernière propo*'
fition ; s’il n’eft pas prouvé que tous l'es métaux-
font des acides particuliers unis au plbgiftimie ,»
cette idée, ikme des plus belles que la Chymie"
ait enfantée fo trouve déjà- appuyée 8c prefque-'
vérifiée par plufieurs faits très-cenclüans , comme*
nous le vemmsmlus particulièrement aux articles
A cide a r se n ic a l , A cide m o l y r d iq u e m é t
a u x , 8cc.. fin rapprochant ce que dit M.- Lavoifier
, que quelques chaux métalliques , • comme'
l’arfenie, le for, & peut-être plufieurs autres coin--
binées avec le principe acidifiant, acquièrent l'es-
propriétés communes aux acides'(Acad, des Scî,-
anit. 1778. ) , on voit avec fatisfaaion que les ob-'
fervations qui dévoient produire enfin cette gran-'
de vérité, n’avoient pas moins fait d’impreffion(
en France qü’en Suède.-
Dans l’état afîuel de la-'fcienceV irons n’avoris •
cependant encore que vingt-huit acides bien connus
; nous allons les traiter féparément dans leur
ordre alphabétique, pour indiquer les matières -
dont?' on les retire, la manière de> les préparer,»
les propriétés particulières dont ils jouiffenr, &
qui' leur- affureroient une* place dans l’ordre des*
diffolvanS',- quand> même on-' parviendroit à les -
ramener à-i’état d’un autre acide plus fimple, .parce