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chargé l ’alkali de madère' colorante,par lëbitume, ;
•& Al. Goettling, très-abondamment par les agarics ^
-ou champignons du frêne & d’autres bois.
M. Sage a avancé ique l ’alkali qui fiervoità pré- ;
;cipiter le bleu de Prujfe n’étoic autre chofe qu’un
•alkali faturé décide phofphorique ; mais M . Lavoi- *
fier remarque avec raifon , que dans cette fuppoli- J
-tion le fel formé d’acide phofphorique:&d*alkali,
devroit préoipiter la dilTolution.de vitriol de mars ]
--en bleu , & c; eft ce.qui ji’arrive pas. { Acad, des Sc. |
m i > F*ge 1 1 )*
L ’illuftre Bergman ( dans fes notes fur le § . 1^5 J
des leçons de Chymie-de Schefter ) -a auffi foup- ,
•jçonné ;que quelqu’acide animal pouvoit être p i
-principale caufe de la propriété qu’acquéroit l’ai- )
-kali , il dit même avoir obiervé uiïeeflervefcence;
- feisfible lorsqu’il verfioit 1 fur du bleu de Prujfe de |
l ’alkali qui n’étoit pas complètement cauftique ; ■
-mais il avoua ;que cet acide lui étoit inconnu , & ■
.fie garda de le confondre ;avec l ’acide phofphorique.;
Plufieurs ont cherché des lumières fur cet obje
t dans l’analyfe du bleu de Pr-ujfe;MM. Dey eux ,
Parmentier, Bergman , Erxleben, Délias , S copoli._
-en ont retiré, à la diftillation, de}l’alkali volatil.
-Les deux premiers ont cru l’avoir dégagé par l’ai-;
rtlfasli .fixe & par la chaux 11 ‘eft sûr' encore qu’il
donne »une liqueur empyreumarique, d’une odeur
tout-à-fait particulière, & que j ’ai bien reconnue
par ce :qu’en dit M. Deyeux, qu’elle ne peut être
comparée à .aucune autre odeur.
iLes obfervations s’accordent moins fur . les
autres produits de la diftillation; MM. Masquer,
Baumé, Bergman , Erxleben ont trouvé, ainfi- que
Geoffroy, une véritable huile dans le récipient;
d’autres/.comme MM. Martin, Scopoli, Spielman,
Witwer, Parmentier & Deyeux n’ont pas"apperçu
la moindre trace d’huile; les deux derniers ont
recueilli feulement une -portion d’acide qu’ils ont
reconnu pour de l ’acide vitriolique-à ‘ fon odeur
fulphureufe, & parce qu’il s’étoit fiublimé en partie
en état de foufre. La différence de ces réful-
tats vient néceffairement de l’état plus ou moins
pur du bleu de-Prujfe, & peut- être auffi de ce
qu’il n'eft pas toujours préparé de là même manière
dans les différentes fabriques. M. Schéele
examinant diverfes efpèces de bleu de Prujfe du
commerce,y a.en effet trouvé des traces de Touffe
- d'a'lkali volatil, d’âlkali -fixe '•& d’acide vitri-olique,
matières qui fe rencontrent (d it-il) auffi bien dans
la leffive de fang que dans la leffive de fuie , Sc
qui, lors de la préparation du bleu de Prujfe , fe
fixent dans le précipité.
M. Fontanaa obfervé que le bleu de Prujfe phlo-
grftiquoit l’acide vitriolique, & oceafioanoit un
peu de détonnation avec le nitre.
D ’autres Chymiftes fe font particuliérement appliqués
à l’examen de la leffive phlogiftiquée : ' M.
Weber Ta regardée comme <une -efipèce de favon ;
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M. Lionhardi, comme une combinaifori de l’alkali
fixe avec .un peu. d’alkali volatil & de phlogiftique,
M. Landriani eft porté à confiéérer ce fel comme
un foie de foufre animal ; ce favant phyficien a
recueilli de fa diftillation une petite portion de
liqueur fenftblement acide, de l’huile empyreuma-.
tique , & une grande quantité de fluide élaftique
-qui étoit en partie- de l’air phlogiftique , en partie
du gas inflammable ne détonnant pas avec l’air
^commun, mais détonnant très-fortement avec l’air
\ vital.
M. Brugnatelli en a également retiré du gas inflammable,.
mais il affure que -lorfqu’il eft bien pur,
il .ne produit pas une détonnation fenfible avec le
nitre, quoiqu’il bouillonne & fe bourfolïflle lorsqu'on
le: jette dans le creufet.
On penfera peut-être que je devrois rapporter
ici ce qu’on a -dit d’un bleu de Prujfe natif, & des
efflorefcences bleues que l’on1 remarque quelque-
1 fois à la furfaee de l’humus ; mais, quoique je ne
veuille pas nier la poffibrlké d’-une pareille pro-
duélion fpontauée,. il s’en faut beaucoup que l’identité
d’aucune de ces fubftances avec ;notre lieu'de
Prujfe foit allez bien prouvée pour y chercher dès
lumières fur fa nature. J ’ai eu oecàiion d’examiner
un bleu natif qui formoit une croûte un peu épaiffe
fur des os qui avoient été long-temps enfouis dans
la terre : il ne fut pas décoloré par la leffive eaiifti-
que; ce n’étoit donc pas -du bleu de Prujfe, & les
circonftances de fa formation annonçoient d’ailleurs
que la terre offeufe attaquée par les pyrites -y
avoit la plus grande part. {Voye% S yd e ro tÉTË).
Ayant déjà éprouvé que l’acide vitriolique avoit
quelque aélion fur le fel colorant, puifqu’il pre-
noit à la diftillation une odeur fulphureufe, j’imaginai
de le traiter à la cornue avec l’acide nitreux ;
je ne fus pas peu furpris lorfqu’ayant arrêté la dîfi-
tillation, après que la moitié de la liqueur eut paffe ,
je vis que ni la portion qui étoit dans le récipient,
ni celle qui reftoit dans la cornue ne précipitoietit
le fer en bleu , & que celle-ci donnoit , par l ’évaporation,
un fel neutre non déliquefcent ; cette
expérience fut répétée à une des féances du coûts
de l'académie de Dijon, de 1783, & j’envoyai dans
le même-temps à M. Kiraan une portion du fel
obtenu par ce procédé, dontl’exzmen me fembldit
devoir conduire à quelqu’explication fatisfaifante
de tant de phénomènes.
Je vis bientôt après, dans les mémoires de la
fociété royale de Stockolm, pour 1782, -les expériences
par îefquelles M. Schéele étoit enfin parvenu
à remplacer les conjeélures par dès vérités
bien établies. Quand on aura fuivi Tenchaînemeht
de fes preuves, on fera en état d’apprécier les
differens fyftêmes que je viens de rappeller , on
me difpenlera volontiers de,les difcuter féparémeiit,
on me faura gré, fans doute, de né m?en être
occupé qu’hiftoriquement , & pour marquer en
quelque forte les périodes des progrès de U
fc-ieflee.
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11. Découverte de Tacide propre de la:maùère ;
colorante du bleu de Prujfe.
M. Schéele a compris que pour faire cefler toute j
Incertitude fur l’exiftence d’un acide particulier,?
il falloir s’attacher à l ’obtenir libre &, ifolé de toute]
bafe , pour le foumettre aux épreuves chymiques;!
on va voir comment il a atteint ce but, «Si les ob-1
fervarior.s qui l’y ont conduit.
I. La leffive de fa b g , ou leffive colorante du]
lieu de Prujfe, expofée. pendant .quelque semps-à j
l ’air, perd Ja propriété de précipiter le fier en bleu,]
&. le précipité qu’elle donne alors fie.-difTout entié-i
rement dans les acides. Il s’agifToit.defiavoir .quelle?
altération elle éprouvoit, quelle impreffion elle fai-;,
foitr fur l’air ; M. Schéele mit un peu.de>cette lef-j
five nouvellement préparée dans un. grand ballon?
bien bouché, & il trouva , quelque temps après
que l’air qui y étoit renfermé étoit le même qu’au---
paravant, que la leffive n’étoit point altérée; il en|
.conclut que le. principe colorantif étoit pas le pur\
lUagifiique. , . . . . . j
Il Toupçonna que l ’acide méphitique .pouvoit?
avoir quelque part >à l’altération-de la leffive à l’air ;
libre; il remplit un ballon de ce>.gas acide> après1
y avoir fait paffer un peu de leffive colorante ; il
•le tint bien-bouché pendant aq. heures, Sc la leffive, j
-effayée après cela, donna un précipité de ferentié-]
•rement foluble dans .les acides : l’altération ëjlâonc,
produite par le gas acide méphitique,
M. Schéele a-répété ces expériences, en ajou-«
tant à la leffive colorante un peu de vitriol - de!
;mars;cette leffive ne fut plus-altérée par fion fié jour?
dans le gas acide méphitique. 11 en fut de même ;
de la leffive qu’il avoit fait bouillir fur une diaux’
de fer précipitée parJ’alkàli , elle n?éprouva au-j
cun changement dans'-le.gas méphitique , èHe:-pré-}
cipita le fei* comme auparavant. Le fer à donc la)
propriétéde fixer le principe colorant, de le défendre ;
de l’aélion du gas méphitique, &. de là vient que;
le fel neutre colorant, formé ;dë;Talkàli ■ bpifilli'-fur j
le Heu de Prujfe , ne perd pas'-auifi fiaeilement fesî
propriétés. '
Mais fi l ’on fait digérer la îëffive-- coloyaiîçè furf
une chaux de fer complettement calcinée (comme]
celle que l’on retire du vitriol de mars, bouillit
’dans l’acide nitreux , & précipitée enfui te par]
‘l’àlkali cauftique ) , la leffi ve n’en diffout rien ; cette j
digettion ne l’empèehe plus d’être altérée par le!
gas ; ■ & fi on y ajoute du vitriol, même après y •
avoir verfé des acides par excès , on n’a point de»
bleu dePruffe. Il ejl donc nécejfaire que le fer retienne\
une portion de phlogijlique pour fixer le principe colo- i
'■ rant.
11 falloit favoir maintenant ce que devenoit ce
principe dans les cas où la leffive étoit altérée part
fie gas méphitique: pour, le découvrir, M. Schéele]
'mit dans un ballon ^rempli de gas acide méphitique, '
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:!dé ta leffive de .fang ; il fiufpendit au bouchon de
liège-.un morceau• d.e...'papier qui avoit .d’abord été
trempé .’dans la -d!Ablution;de • vitriol de mars, &
dur lequel, 111 avoit enfui te'étendu deux gouttes de
liqueur alkalinei pour .-précipiter Je fer ; le papier
ayant été retiré au bout de: deux'heures, il fe couvrit
: d’un -, très --beau-'bleu par Taddrtion d’un peu
■ 'draeide muriatique.
L ’expérience répétée .avec*.la .leffive chargée par
excès *■ diacide vitriolique va'-eu’-le même fuccès,
• e?eft-à-dire, que de.papier chargé de chaux de
- fer, & fufpendu au-deffus , ;a été coloré en bleu
, par l’addition de^l’acide muriatique ; d?où il fuit que
hi principe ■ colorant xjl.'dégagé par les -acides,-- qu'il
'•eft dégagé fans décoinpojîtion , & encore propre'd être,
<\ji&é -parla clmux- de i fer qu’il, rencontre, pourvu;
qu’elle' ne -foic pas abfolument déphlogiftiquée ; car
ïorfque l’on emploie une pareille: chaux , il ne : fe
forme^point de bleu, & l ’acide: muriatique la diffout
entièrement;
..Quoique les acides .dégagent Je ipjdncipe :colo-
rant de l ’alkali , il eirrefte cependant une quantité
fieiifible’ dans la ieffive ,:chargée ?par excès d’acide
- v itr io liq u e& .M . Schéele a éprouvé que le même
, mélange-reridoit l ’air teignant:fucceffiveinent dans
plufieurs ballons.
II. Le bleu de Prujfe traité à la diftillation, d’a'borâ
avec l’acide vitriolique, enfuite feul, a fourni à Ce
Ghymifle- dé 'nouvelles preuves de ces premier®
apperçus.
Avec Vacide vitriolique, la première portioh de
liqueur qui, pafta -dans* le récipient-à un fieu doux^
itenoit bien ma peu d’acide vitriolique , puifqu’elle
• '.précipita la terre barotique ; mais en y jet tant une
-chaux de fier non complectement déphlogiftiquée ,
ou précipité du vitriol de mars, & y ajoutant,
une heure après ,-quelques gouttes d’acide vitrio-
lique, il obtiric .un beau ffilêu. Cettè même liqueur
perdit abfolument toute propriété colorante à l’air
libre ;! le-fécond produit de la diftillation n’étoit que
.de l’eau pure mêlée d’acide vitriolique.
Le lieu de Prujfe àiàulé feu/ lui donna une liqueur
qui avoit l’odeur de l’alkali-volatil retiré de
la corne de cerf, qui précipita le vitriol de mars ,
& .:qui prit une couleur bleue par l ’addition d’un
acide. L ’air du récipient fe trouva chargé d’acide
méphitique, d’alkali volatil, & de principe colo*
- rânt ; la matière rëftée dans la cornue étoit attira-
1 Me a l’aimant, &. donna du gas-hépatique lorfiqu’oli
•y verfa quelqu’acide.
Ce n’étoit encore là qu’une analyfe de matière
impure Sc bien différente du Heu de Prujfe préparé
exprès dans le laboratoire | comme on le
verra dans la fuite, cependant l’auteur pouvoit
j déjà en conclure que le principe colorant étoit,'du
moins en partie dégagépar les acides ou par la chaleur,
fans. fe décompofer ; de iorce-qu’il ne reftoit.plus
qu a chercher la manière de le recueillir exempt
de parties hétérogènes, '