
trevu l’exigence d’une force d’attraétion variable ,
indépendante de la maffe, & il étoit réfervé à
l’illuftre Buffon de démontrer les califes phyfiques
6c néceffaires de cette inégalité dé puiffance, dans
les inégalités de diftance que produifent les figures
des corps dans les attractions, prochaines.
Nous devons à l’hiftoire de la fcience , le précis
des erreurs qui ont précédé les lumières que quel-
•ques génies ont répandues fur cette matière : îorf-
tju’on commença à abandonner les qualités occultes
, la plupart des Chymiftes regardèrent Y acide
comme un fe l compofé de petites parties pointues qui
fe faifoient fentir au goût, <S* Valhali comme un fel
vuide qui fermentoit avec les acides ; c’eft ainfi qu’en
parloit un médecin de Paris, nommé André, dans
l ’ouvrage qu’il publia en 1667, en réponfe aux objections
du célébré Boyle ; Homberg expliquoit de
même l’effervefcence des diffolutions en fuppo-
Jfant que la matière de la lumière poufToit les particules
acides dans les pores des alkalis ; S thaï ne
larda pas à combattre le fyftême de cette divifioa
purement méchanique, & fur-tout dans fon traité
des fëls ; Keil avoit mis fur la voie de la vérité
dans fes théorèmes fur les loix de l’attraCtion ; cependant
Lémery n’abandonna pas cette do&rine ;
elle avoit tellement- faifi les efprits que le célèbre
médecin ( de Senac ) qui eut la première
idée de rapprocher Neuton oc SthaL, fit encore
ulage de Yanalogie des pores pour rendre raifbn
de l’aCtion inégale des acide-s fur les différens corps.
Quelques C h ym ifte s c om m e Venel, aimèrent
mieux revenir aux qualités.-fimpathiques ou occultes
, que d’admettre ni l’explication méchanique
des pointes, ni la diffolution par attraCtion ; enfin ,
M. Macquer eft le premier qui ait réellement fait
fervir les loix phyfiques à l’explication des phénomènes
chymiques ; on verra à l’article Affinité j
tout ce que la théorie de cette fcience a acquis
depuis, 8c à qui elle en eft redevable.
Après avoir donné la vraie définition de Yacide,
il faut indiquer les cara&ères , ou pour mieux dire,
les propriétés par lefquelles on a coutume de le
reconnoître.
YYacide a une faveur piquante ; c’eft-à-dire, qu’il
exerce fur l’organe du goût, une aétion vivë , rapide
8c qu’un peu plus d’intenfité rendroit doulou-
reufe. Cette propriété eft une conféquence nécef- i
faire de la puifiance que lui attribue notre définition
; car il eft tout iimple que ce qui attire forte-
' ment, ce qui tend à s’approprier par la“ combinai-
fon les parties du corps qu’il touche, y produite
quelque altération. Toute matière animale eft
compofee de principes fur lefqueîs Y acide a plus
ou moins d’affinité ; quand il ne feroit que lui reprendre
le principe aqueux dont il eft fort avide,
c’en feroit affez pour concevoir qu’il ne peut la toucher
fans changer fa manière d’être.
/ U ne autre propriété dont on fe fort affez habituellement
pour reconnoître la préfence d’un acide,
eft l ’altération en rouge des couleurs bleues végétales^
telles que l’infiifion de Tournefbl, le firop
de violettes 8c autres dont il fera fait mention à
l’article Réactifs. Mais ce n’e ft, comme nous le
difons, qu’une propriété 8c non un caractère effen-
tiel : ce changement eft produit par une vraie affinité
de Y acide avec la matière colorante, 8c c’eft le
propre des compofés cTacquérir des propriétés nouvelles
que. n’avoient pas. les parties compofantes;
la propriété acquife eft donc ici de réfléchir différemment
la lumière. La preuve que la couleur n’eft
pas détruite, comme on l’a cru lo n g -tem p so u
pour parler plus exa&ement, quelle n’eft détruite
que par compofition, réfulte de ce que la couleur
bleue reparoît dès que l’acide en eft féparé, foit
qu’il s’échappe, par fa propre volatilité, comme l’a -,
eide méphitique, foit qu’il cède à l’affinité plus
puiffame d’un autre corps , comme lorfqu’Qn fa-
ture l’acide par l’alkali ; fi la couleur bleue avoit été
précédemment changée en verd par un alkali, ou la
couleur jaune du curcuma altérée en rougepar le même
moyen, lafubftance qui tes reftitueroit dans leur
premier état, en s’emparant de l’alkali, donneroit
un indice tout auffi certain de fa nature acide que fi
elle eût effectivement rougi le papier bleu.
Ajoutons que toutes les couleurs bleues végétales
ne font pas altérées par tous tes acides;
l’infufion de Tournefol eft la feule fur laquelle l’acide
méphitique faffe une impreffion fenfible, le
vinaigre ne rougit 'pas le papier bleu qui enveloppe
les pains de fucre, & l’indigo réfifte même
à l’acide vitriolique concentré.
, 11 poffible enfin, qu’il exifte des acides qui
n aient aucune affinité avec la matière extraftive
des parties bleues végétales , comme il y en a
qui 11’ont d’aCtion que fur les couleurs de tels ou
de tels végétaux. L’arfenic blanc recèle bien fûre-
ment un acide qui n’eft qu’imparfaitement faturé,
& il a déjà perdu la propriété de produire cette
alteration. L’air pur cl le feu agiftent comme les
aÇides fur une infinité de corps & avec bien plus
d’énergie, & cependantleur impreffion ne fe mani-
feftepas par un changement auffi rapide des couleurs.
Bornons-nous donc à chercher dans ce phénomène
un moyen avantageux de s’affurer dans la
pratique de la préfence des acides, que l’obferva-
tion nous a fait connoître comme jouiffant de
-cette propriété, & n’en faifons pas un caractère
effentiel à tout acide.
L ’effervefcencèaveçles alkalis, les terres & les
métaux étoit encore placée par les anciens Chymiftes
au nombre des lignes earàétèriftiques
des acides : il eft bien vrai que pendant la plupart
des diffolutions acides, il s’élève des gas qui
fe raffemblent en bulles -& produifent une efpece
de bouillonnement très - fenfible , mais ce n’eft
réellement que dans ces'derniers temps que l’on
à bien connu ce qui fe paffoit dans ces opérations
, & la nature des fluides aériformes qui fe
dégageoient, comme nous aurons ocCafion de le
taire voir dans la fuite, 6c particulièrement aux
articles Acide méphitique , Effervescence ,
& Gas ; il fuffit d’un acide peut fed ’afvaierret irf aincsi qefufee rlvae fccoemncbei nfaeinfofin-
ble, quand le corps qu’il attaque n’eft pas aduel-
laelkmaelins t 8pc oluesr vtue rrdees cl’auunf tidqeu ecse ss’ ugnaisff e;n et na uexf faecti dleess
fcairncso nefftfaenrvceef caecncceid :e cnete nll’ee,f t ddoonntc el’nôcbofererv laàt iqoun’ uenfet
fans doute utile dans la pratiqué, mais qui èft indépendante
de l’aétion propre des acides.
A in fi, 1e feul caractère effentiel de l’acide eft
dans cette force diffolvante qu’il exerce fur la
plupart des fubftances même les plus folides, qui
eft d’autant plus puiffante qu’il eft plus libre, qui
décroit à mefure qu’il eft plus faturé ,. qui dans
cette compofition perd fes propriétés , change
celles du corps auquel il s’unit, produit ce qu’on
appelle un fel neutre ou moyen , 8c confer've
néanmoins une tendance à une faturatiôn plus
complette dès qu’on lui préfentera une autre fub-
ftance avec laquelle il aura plus d’affinité.. Or ,
tous ces effets font renfermés dans notre définition.
Avant que de paffer à l’examen des propriétés
particulières aux différens acides , il importe de
lavoir ce qu’on a penfé de l’origine 8c de. la formation
des acides, 8c fur-tout de déterminer s’il
y a réellement un acide primitif & univerfel dont
tous les autres acides ne foient que des modifications.
Quelques Chymiftes ont admis avec paracelfe un
élément falin ou principe acide univerfel qui
communiquoit à tous fes compofés, la faveur 8c
la diffdmbilité. Beocher fit un pas de plus, il jugea
qpe quoique l’acide dût être naturellement une
fubftance des plus fimples , il n’y avoit cependant
aucune raifon de le placer au nombre des
élémens, 8c le fuppofa formé de l’union de l’eau
avec la terre vitriafible. Sthal regarda cette opinion
comme démontrée par la diftillation de l’acide
vitriolique avec une bulle effentielle , il en-
feigna que cet acide , le plus puiffant de tous, le
plus abondament répandu dans la nature,' étoit
en effet le principe falin univerfel ; 8c cette doctrine
, quoique véritablement deftituée de preuves
, a été affez généralement adoptée julques
dans les derniers temps.
Parmi les modernes, on peut citer Meyer qui
a placé le principe d’acidité dans une fubftance
particulière qu’il a nommée cauflicüm , ou acide
gras ; M. Sage, qui regarde l’acide phofphorique
comme l’acide primitif qui produit tous les autres
par compofition , 8c M. Vallerius qui foutient
dans fon Traité de Vorigine du monde, 8ëc. ■ que
te principe falin réfulte de l’union de ' l’eau avec
la matière calorifique, 8c qui appuie cette affer-
tion fur ce que l’eau diftillée expofée au foleil
dans une bouteille bouchée, contraire à la longue
oe 1 acidité. Mais ces hypothèfes propofées dans
nn temps où l’on paroît d’accord de rejetter tous
les fyftêmes qui ne font pas fondés fur des expériences
exa&es, ont trouvé peu de fe&ateurs parmi
les gens inftruits. Voici des faits qu’ils ont jugé
plus dignes d’attention 8c qui peuvent en effet
fervir à éclaircir ce point important de théorie.
Les auteurs des élémens de Chyrnie de l’académie
de Dijon , afiùrés par les belles expériences de
M. Lavoifier de la préfence de l’air vital dans l’acide
nitreux, 8c ayant de plus obfervé que le
foufre 8c le "phofphore abforb’oient une quantité
d’air*en paffant à l’état d’acide, commencèrent à
foupçonner que ce fluide entroit comme partis
conftituante dans la compofition de tous les acides,
qu’il étoit effentiel à leur état de combinaifon
aqueufe, en un mot qu’il pourroit bien être le
vrai acide univerfel , l’élémënt acide , au lieu de
l’acide du foufre qui n’exifte pas lui - même tout
formé dans le foufre.
M. Lavoifier a développé cette idée dans fes
confidérations générales fur la nature des acides,
imprimées dans les mémoires de l’académie royale
■ des fciences pour 17 78, où après avoir établi par
des expériences auffi ingénieufes qu’exaétes, que
l’acîde du fucre retenoit l’air vital ou refpirable
qui conftituoit l’acide nitreux employé à fa préparation
, il conclut que cet air eft le vrai principe
àxigine ou acidifiant, 8c que lorfqu’il fe combine
avec un corps quelconque, fans le décompofer ,
il le converti en un acide particulier , qui indé-
pendament des caractères généraux communs à
tous les acicîes-, en a qui lui font propres. Nous
aurons plus d’une fois oecafion de dire, & particAulièrement
aux articles Acide vitriolique , cide saccharin , Phlogistique , &c. &c.
que nous femmes bien éloignés d’adopter en entier
l’explication dans laquelle ce favant Chymifte
croit pouvoir fe paffer, abfolument du phlogifti-
que ; mais cela n’intéreffe en aucune manière la
vérité de fes obfervations 6c des conféquences néceffaires
que nous venons de rapporter. M. de
Buffon , qui dans fes fublimes méditations a fi fou-
vent deviné la nature, avoit déjà annoncé dans
le premier volume de fes fupplémens, qu’il re-
gardoit comme démontrée la formation des acides
par le feu & Vair fixe*
M. Landriani eft allé plus loin dans fes opufeoli
fcelti &c. ; il a crû que c’étoit l’acide méphitique
qui étoit l’acide univerfel parce qu’il a obtenu
de l’acide méphitique en traitant phifieurs acides
avec des matières. inflammables ; mais fes expériences
très-importantes pour éclaircir la matière
des gas, ne me paroiffent préfenter d’autre conféquence
néceffaire , fi ce n’eft qu’il entre dans la
compofition de tous les acides de l’air vital qui
fe convertit en acide méphitique lorfqu’il vient
à etre furpris par le phlogiftique dans l’acte de
fon dégagement. On ne peut pas dire pour cela
que tous les acides font convertibles en un feul,
piïifqu il n’y a réellement qu’une des parties compofantes
de ces acides qui puiffe être convertie