
que la Chymie embraffe toutes les affinités -&
tous les produits qui en réfiiltent , avant comme
après leur décompofition. Mais avant de finir cet
article, il fera bon de préfenter ici la lifte- de
tous ces acides rangés fuivant la divifion naturelle
des règnes auxquels ils appartiennent :
L'acide méphitique ou"\ - . , .
air fixe. , J Se tire d®s trois regnes*
L'acide vitriolique. \
Vacide vitriolique'phlo- J
giftiqué. 1
L'acide nitreux. I
L'acide nitreux phlogif-l
tiqué.
L'acide muriatique. I
L'acide muriatique dé-\c 11__-, j ' • » ,
phlogiftiqué. /Se “ ent d" reS"e mmera1’
L'acide regalin. f
L'acide arsenical. I
L'acide boracin. 1
L'acide fluoriquè. I
L'acide molÿbdique. 1
L'acide karabique. I
L'acide tungftique. J
L'acide acéteux. ^
L'acide târtareux. i
L'acide oxalin. w
L'acide faccharin. l e - , , , |
L ’acide citronien. ■ /^e Liieilt du reSne végétal.
L'acide lignique. |
L'acide benzonique. I
L'acide gallique. J
L'acide phofphorique. %
’L'acide prumque. J
L'acide formicin. J
L'acide fébacé, \ _ .
L'acide galactique. / Setirent du régné animal.
U acide faccharo-galac-l
tique, ou parfincope , 4
faclaétique. J
Lorfqu’on veut indiquer un des trois acides les
plus puiffans , on les comprend fous la dénomination
générale d'acide minéraux, qui ne s’applique
alors qu’aux acides vitriolique , nitreux &
muriatique ; cette façon de parler devient aujourd’hui
impropre & même équivoque, cependant
il eft bon de la connoître pour entendre, ou du
moins pour deviner les auteurs qui s’en fervent.
M. Weigel fait encore état parmi les acides v é gétaux,
de ceux qu’on peut retirer des grofeilles
rouges, de la graine de berberis ou épine-vinette,
& cïu géranium ou bec de grue. -
Mais il n’y a encore* rien de conftaté fur les
caradères propres des acides que fournirent ces
fubftances, non plus que fur ceux des acides
qu’on g retirés des calculs ou bezoards, de la
foie ^ &c. comme nous le verrons lorfqu’il fera
question de leur analyfe.
Acide. ( Pharm. ) On doit trouver dans • les
boutiques des pharmaciens , les acides acéteux ,
arfenical, boracin, benzonique', karabique , muriatique
, nitreux, tartareux de retzius, vitriolique
, vitriolique phlogiftiqué.
Le citronien, le galactique & le méphitique ne
pouvant fe conferver que difficilement pendant
un efpace de temps plus ou moins long, il fuffira
de les préparer d’après l’ordonnance du médecin.
C ’eft dans le plus grand état de pureté que l’on
doit employer les acides. On v e r r a i Article de
chacun d’eux les procédés à fuivre pour fe les
procurer & les reCtiner.'
Les propriétés médicinales des acides, font en
général dé calmer la chaleur-& decorriger la putridité
humorale, pris intérieurement ; de relever
le ton des fibres, & fouvent de porter leur aCticn
roborante jufqu’à devenir vulnérants, appliqués à
l’extérieur.-
On les emploie rarement feuls & prefque toujours
combinés avec différentes fubfiances folides
ou liquides. Nous expoferons dans les articles
fuivans leurs propriétés particulières, les combi-
naifons fous lefquelles on les adminiftre, & les
dofes auxquelles on peut les porter..
Acide acéteux } c’eft ainfi que l’on nomme
en Chymie le vinaigre ou fon acide diftillé , rectifié
, concentré ; . en un mot, dans les différens
états que l’on a cherché à indiquer par les dénominations
de vinaigre commun , vinaigre difliUé,
efprit de venus, verdet dijlillé & vinaigre radical. .
Le vinaigre eft connu depuis bien des fiècles,
cependant, à en juger par la manière dont Pline
en parle, les anciens n’avoient que des idées
bien imparfaites, de fa nature, ils n’y voyoient
qu’une dégénérefcence, qu’une altération du v in ,
qu’ils contondoient même avec la mucidité* : mu-
cefcere aut in açetum verti,... vini vitium trahfit in
-,remedia.
Dans des temps plus rapprochés, on a regardé
le vinaigre comme une modification de l’acide
uniyerfel, & Glauber a. crû avoir imité la com-
pofition du vinaigre en mêlant de l’acide vitriolique,
du tartre & de l’eau ; j’ai fait voir, en trai-,
tant des acides en général, ce que l’on devoir pen-
fer de ce fyftême.
L’ori fait préfentement que le vinaigre eft un
acide végétal fpiritueux produit par le fécond cle.-
gré de la fermentation des fubftances muqueufes,
ou par celle qm'Tuccède à la fermentation fpiri-
tueufe & que l’on nomme fermentation acide.
Je renvoie à l’article Fermentation, tout ce
qui regarde la théorie de cette opération, pour
ne pas défunir des principes qui fe fortifient par
leur liaifon , & je me bornerai à donner ici les
procédés employés pour obtenir Yacide acéteux
dans les différens états de rectification & de concentration
centration, & les propriétés Cbymiques de cet
acide. . . , .
Pour changer le vin en vinaigre, on le mele
avec fa lie & fon tartre, on le place dans un
lieu dont la température foitaffez chaude, comme
de dix-huit à vingt degrés ; on agite la liqueur
& dès-lors il s’excite un mouvement allez v i l , accompagné
de chaleur que l’on arrête de temps en
temps, afin d’empêcher la fermentation de palier
le ternie qui marque le fécond degre & qui laule
l’acide dans toute fa force.
Le procédé le plus ordinaire , eft celui que
Boerhaave a décrit : on prend deux tonneaux-, on
établit un peu au-deffus de leur fond , une claie
d’ofier fur-laquelle on étend des branches de v ignes
vertes, des raffles , du marc de raifin, & de
la lie féche ; on y verfe du vin , de forte que
l’un des tonneaux foit plein & l’autre à moitié
vuide ; c’eft dans le dernier, que la fermentation
commence,' lorfqu’elle eft bien établie, on remplit
ce tonneau avec le vin du premier tonneau ;
par ce moyen la fermentation-fe rallentit dans
le tonneau plein , & s’établit‘ dans l’autre ; lorfqu’elle
eft parvenue à un certain point, on l’arrête
de même dans celui - c i , en le rempliffant à
fon tour. On continue de transvafer ainfi la liqueur
d’un des tonneaux dans l’autre, de vingt-
quatre heures en vingt-quatre heures , quelquefois
plus fouvent, fuivant le progrès, jufqu’à ce qu’elle
foit entièrement convertie en vinaigre, ce qui
arrive au bout de douze ou quinze jours dans les
chaleurs d’été.
En général le vin paffe d’autant plus vite à l’état
de vinaigre que la maffe eft plus petite,
qu’elle eft plus en contaft avec l’air , & quelle !
éprouve plus de chaleur ,.poürvû cependant que
cette chaleur ne foit pas portée à un degré capable
de décompofer & de détruire plutôt que de
favorifer le mouvement fpontané. La pile de raffles
& de rameaux qui demeure expofée à l’air
flans le. tonneau à moitié vuide, préfente une
grande furface à ce fluide ; la liqueur qui refte
adhérente à ces rameaux, s’en imprègne par excès
, & d e - là vient la chaleur quelle éprouve,
qu’elle communique d’abord à la maffe inférieure,
& qui fe répartit enfuite fur toute celle que l’on
y ajoute quand on juge qu’il eft temps de remplir
le tonneau.
Ces tonneaux, ainfi difpofés, peuvent fervir très-
jlong-temps fans être renouvellés, on m’a affuré
,que lorfque le vinaigre ne s’y faifoit plus auffi
bien, il fuffifoit pour le ranimer de verfer dans
ces cuves un'e ou deux chaudières d’eau bouillante
ce qui contribue l fans doute, à rendre un
peu de mobilité à la matière du fond qui doit fer-
yir de levain & peut-être à débarraffer la pile
d’une partie de ces flocons glaireux qui fe depo-
fent pendant la fermentation.
En expofant Amplement à l’ardeur du foleil ,
du vin dans un barril dont les deux tiers retient
Chymie. Tom. /.
vuides, 8c y ajoutant un peu de bon vinaigre ,
on obtient, au bout de quelques jours, un vinaigre
très-fort & qui conferve quelque chofe d aromatique
, parce que la fermentation a ete moins
rapide. y - , #
Comme l’efprit eft une des parties continuantes
de Vacide acéteux, il fuit que, pour faire un bon
vinaigre, il faut un vin généreux," & M. Car-
theufer a éprouvé qu’on augmentoit beaucoup la
force du vinaigre, en introduifant dans le vin
une certaine quantité d’eau-de-vie. Beccher a
donc eu raifon de foutenir, dans fa phyfique fou-
terraine, L. I. fe& 5. ch. 2. n. 3.8, qu’on n’ob-
tenoit qu’un vinaigre foible & imparfait lorfque
par une coétion lente on faifoit evaporer l efprit
du vin qu’on vouloit changer en vinaigre ; mais
on eft fondé à douter du fucces de l expérience
qu’il apporte en preuve, & par laquelle il affure
avoir produit un vinaigre très-fort & propre à fe
conferver, en faifant digérer long-temps fur le
feu , du vin enfermé dans une bouteille fcellée
hermétiquement ; fi cela arrivoit, il faudroit donc
fuppofer que la matière de la chaleur en fe dé-
compofant a pû fournir de l’air ; car nous avons
vu que'la fermentation acide exige le concours de
l’air , ce que j’ai rapporté d’après M. Lavoifier
fur le principe acidifiant ( Voyeç Acide ) prouve
que l’air fe fixe réellement dans le nouveau produit
, & en effet M. l’abbé Rozier a obfervé que
fi on attachoit une veffie pleine d’air au-deffus
d’un tonneau dont le vin commençoit à s’aigrir,
la veffie fe trouvoit bientôt vuide.
On voit par - l à , à plus forte raifon , ce que
l’on doit penfer de l’expérience d’Homberg , qui
affuroit avoir fait de bon vinaigre , en braflant
pendant trois jours une bouteille de vin qu’il
avoit attachée pour cela au cliquet d’un moulin.
M. Weber , dans fon traité de la fermentation,
a voulu prouver au contraire , que l’efprit n’entroit
point dans la compofition du vinaigre, & il
s’eft appuyé de l’expérience de M. Wiegleb, qui
ayant ajouté quelques .onces d’efprit de vin pendant
la fermentation acide, n’a pas trouvé que
le vinaigre qui en provenoit eût le moindre
avantage fur celui qu’avoit produit le même vin
fans addition ; mais cet auteur eft forcé de convenir
qu’en général le vinaigre eft d’autant plus
fort que le vin eft plus riche en efprit, & même
que le vinaigre que l’on fait avec des matières
dont on a retiré l’efprit par la diftillation,
eft foible & difpofé à la putrictité.
Je terminerai cette difeuffion par une obferva-
tion du célèbre Schéele qui me paroît ne devoir
laiffer aucun doute à ce fujet. Il avoit foupçonné
que l’acide du lait, quoique fort approchant de la
nature du vinaigre ne pouvoit acquérir-une entière
reffemblançe, parce que le lait n’étoit point afftz
abondamment pourvu du principe fpiritueux , il
mêla fix cuillerées de bonne eau-de-.vie à une
i kanne ( c’çft-à-dire à-peu-près 2 pintes de