
75 6 A I R
trique ^ eft par exces. A un degré de chaleur plus
confidérable, le gas nitreux eft lui-même décompofé ,
& les dernières portions d’air vital font mêlées de
gas azote ( Mém. de VAcad. roy. des Sc. ann. 178 e ,
V• 33S 6 ***).
J’ai déjà dit que le gas nitreux étoit décompofé
par le fulfure de potaffe; il l’eft par te mélange de
foufre & de fer ; il l’eft par le pyrophore, qui y
brûle comme à l’air libre ; il l’eft dans une infinité
de circonftanees par les fubftances métalliques ( 1 ) ;
& toujours c’eft du gas azote qui fe dégage, c’eft
une portion d’oxigène qui pafle à une autre combi-
naifon.
Si dans quelques opérations, où l’acide nitrique eft
décompofé, on n’obtient ni gas nitreux ni gas azote,
on ne tarde pas à retrouver les mêmes élémens fous
une forme différente. J’ai mis dans une cornue de
verre 864 grains d’étain pur & 3384 grains d’acide
nitrique , dont la pefanteur Ipécifique étoit 1,221 ; I
la cornue a été placée au bain de fable, & le bec
engagé dans un récipient entouré de glace, fuivi
de deux flacons appareillés à la manière de M. Woulfe,
dont le dernier communiquoit à la cuve pneumatique.
Il n’a pas paffé une feule bulle de gas dans
le récipient, pas même l’air commun des vaiffeaux;
mais il s’eft trouvé dans la cornue, après l’opération ,
*443 grains de matière blanche très-sèche, formée
de 1068 grains d’oxide d’étain, & de 128 grains de
nitrate ammoniacal, qui retenoient encore de l’acide.
Àinfi, à mefure que l’acide nitrique laiffoit aller une
portion d’azote, elle étoit reprifo par l’hydrogène
de l’eau, qui cédoit fon autre principe à l’oxigéna-
tion de l’étain, comme dans les diffolutions métalliques
par d’autres acides. Cette produ&ion d’ammoniaque
ou alkali volatil avoit déjà été entrevue
par Pott, & obfervée par M. Cadet & par M. Hyg-
gius dans des circonftanees analogues.
Concluons donc qu’il n’y a jufqu’à préfent aucun
fait qui, revu & difeuté avec foin, ne concoure à
établir que l’azote eft le vrai radical nitrique, quë
fans lui on ne peut obtenir ni gas nitreux ni acide
nitrique (2 ), & qu’il n’eft befoin d’aucun agent hypothétique
pour expliquer les changemens qu’il fubit
ou les propriétés qu’il acquiert dans fes divers états
de compofition.
V I I . Le gas ammoniacal que nous avons vu agir
A I R
aiifiî fur l’air à la manière des combuftibles, nous
offre a fon tour, dans fa formation comme dans fa
deftru&ion, un grand nombre de phénomènes dans
lefquels on eft forcé de reconnoître les mêmes principes
agiffant exdufivement, les effets conftans des
mêmes affinités, les propriétés toujours en rapport
avec les parties conftituantes.
Noiis venons de voir le gas ammoniacal produit
par l’union de l’hyrogène de l’eau avec l’azote de
l’acide nitrique, par l’intermède d’un métal qui s’empare
de l’oxigène ; le même gas eft engendré par la
fermentation putride & par la diftillation des matières
animales. Un morceau de chair q u i, dans fa fraîcheur,
rougit le papier coloré par les pétales des mauves
ou de la violette, le verdit au bout de quelques
jours; à la première époque , il n’y exiftoit pas d’ammoniaque
en quantité fenfible ou fuffifante pour
neutralifer la moindre partie d’acide muriatique ; à
la fécondé il en fournit abondamment. Le même morceau
deffèché n’eût point fubi cette' alkalifation,
même avec le contaft de l’air ; la préfence de l’eau
eft néce'flaire, puifqu’elle feule peut fournir l’hydrogène
à l’azote animal, puifque c’eft d’elle que le gas
acide carbonique doit recevoir immédiatement une
portion du principe acidifiant. Il en eft de même
dans la diftillation des matières animales qui donnent
auffi de l’ammoniaque , du gas acide carbonique &
des acides èmpyreumatiques , dont il n’exiftoit auparavant
que les bafes.
Si le gas ammoniacal eft véritablement compofé
d’hydrogène & d’azote, ces principes doivent fe
retrouver ou libres .ou engagés dans d’autres compofi-
tions , toutes les fois qu’un agent quelconque exerce'
fur l’un d’eux une affinité plus puiffante que celle qui les
réunit. C ’eft ce qu’on obferve dans toutes les dé-
compofitions de l’ammoniaque.
J’ai répété dans une féance des Cours publics de
l’Académie de Dijon la belle expérience de M. Ber-
thollet fur le nitrate ammoniacal ; on a mis dans une
cornue de verre 93 6 grains de ce fel deffèché au
point de devenir opaque & comme efflorefeent, on a
adapté à la èbrrme un récipient entouré de glace
communiquant à plufieurs flacons de fuite & à une
cuve pneumatique. Après l’opération, on a trouvé
dans le récipient 573 grains de liqueur foiblement
acide & tenant encore un peu de nitrate ammoniacal
non décompofé. Cette liqueur a été rediftillée, après
(0 Ueft *lue ’ .^ans les diffolutions de zinc ou de fer, il ne fe dégage que du gas azote lorfqu’elles qes, lorfqu’il fe produit une grande chaleur; parce que , comme le remarque 'M. Berthollet , tout l'air vital feoftn tr ertaepniu-
foa b/rle rvféuy°aftra nMce . mPértiaelflitqleuye .d Can’se flta endcifofroelu lt’iaofnfi nditeé ftudluf aftee r daev efce rl’,o xqiugaènnde odnu l ’aggaist e niatvreeuc xl e, Ig qausi noitcrceaufxio ,n noeu lqeu pe rél’coinp ityé vneorfier * ? ci?e vitreux. M Berthollet s’èft affuré que ce phénomène n’avoit pas lieu avec l’acide nitrique. ( L. c. pus. qq6, «3m38n.,) tCanet ôqtu en eM l’.a fPferifeteft lpeays a, nfoamnsm qéu ’aiilr aniti trjaemuxa ids épphul olgei fptirqéuvéo, ird adn’asv laenqcuee l, laa btoouugjoieu rbs rûflien i, pqauri tlaainftfôert adfef efte l’air com- l'air phlogif-
tiqué» lorfqu’il l’a tenu un certain temps fur les clous de fer par lefquels il faifoit altérer le gas nitreux. ( Continuation.
&c. Part l l l , fect. 20 & 21.) l1’a ir fixe «^e nl,’na.ier^ *pehr loagvi?fftfiq cuoén fli’urmri éd ,a npsa rl ’afuetsr e p;r ompariess ceex pcéérlièebnrcee sP ,h ylf’iocpieinni ovni ednet s deS taphulbielniesr fquur ’ill a s’péotofliîtb ■i ltirtoém dpeé c, o&nv eqrutier ”« £qeufatensd tirlè sa- loenmgp-lroeymé ptsin maêilré sp hfalongs ifatiuqcuuén e& a lutnér aatiior nd réépchilporgoifqtiuqeu,é &b ipeanr lcaovnésf éqduanesn t lf’eanaus aduec ucnhea upxr o,d'cuecsti odne du’xa-iar irfsi xfeo.n»t | Tonif VU, pag. 440. )
A I R
que l’on a «attiré l’acide libre, & on a recueilli par
ce moyen 231 grains d’eau pure, quantité qui excède
de plus de 203 la quantité d’eau deyryftalii-
fation qui pouvoit refter dans la compofition de ce
fe l, en fuivant les proportions indiquées par M.
"Wenzel ( Voyeç la table &c. ci-devant page 588). Le
produit gafeux fut de 550 pouces cubiques, dont
296 furent abforbés lentement par l’eau.
Bergman & Scheele ont bien vu que l’ammoniaque
étoit décompofée lors de la fulmination de l’o r;
qu’ellel’étoit par l’acide muriatique oxigèné, & qu’elle
ne laiffoit après cette décompofition qu’un fluide aé-
riforme.qui éteignoit la bougie, ce qu’on appelloit
alors de l’air phlogiftiqué. Les expériences de MM.
Berthollet & de Fourcroy ont mis dans le plus grand
jour les caufes immédiates de' ces phénomènes : le
premier y a ajouté la fulmination plus terrible encore
de l’argent précipité de fa diffolution nitrique
par la chaux, & tenu en digeftion dans l’ammoniaque
; le fécond a produit une inflammation
fpontanée en faifant paffer fous le même récipient
du gas ammoniacal & du gas acide muriatique oxigèné
; il a fait voir qu’en recevant immédiatement
ce gas acide dans l’ammoniaque en liqueur,
il n’en fortoit que du gas azote ; & , en indiquant
aux Chymiffes un procédé précieux pour obtenir ce
gas dans toute fa pureté, ce célèbre Académicien a
confirmé les réfultats de cette importante analyfe,
après laquelle on ne retrouve en effet de tous les
matériaux de l’ammoniaque que de l’eau régénérée
par l’union d’un de fes principes avec l’oxigène fura-
bondant de l’acide muriatique, & de l’azote rendu à
fa forme élaftique.
Au lieu de prendre l’oxigène en cet état, qu’on
le prenne dans fa combinaifon avec un métal, il n’y
aura d’autre différence, finon que ce ne fera plus
l’acide, mais le métal qui fera défoxigèné : on fait
que l’ammoniaque eft décompofée par l’oxide noir de
manganèfe; on a vu précédemment comment les
métaux étoient réduits dans le gas ammoniacal à la
faveur d’une élévation de température.
Pour épuifer toutes les obfervations qui viennent
renforcer les preuves de ces faits dans un ordre di-
reéf ou réciproque, il faudroit les comparer tous à
tous ; il faudroit les ramener en traitant de chaque
fubftance, pourlaconfidérer fuccefliveinent & comme
inftrument d’analyfe de tous les compofés du même
genre , & comme analyfée elle-même par divers
agens , & comme fourniffant alternativement l’un ou
l’autre de fes principes à de nouveaux produits ; mais
le Leâeur fuppléera facilement les détails que je néglige
afin de lui épargner des répétitions. Je crois
avoir rempli le plan que je me fuis propofé, de
montrer la correfpondance des phénomènes les plus
importans & l’accord, des conséquences néceffaires
qu’ils présentent. C ’eft fur cette liaifon que repofe
principalement une doftrine formée dans fes coin-
mencemens d’un petit nombre d’expériences exa&es
dont les réfultats fembloient démentir toutes les
A I R 757
idées reçues, & qui embraffe aujourd’hui l’enfemble
de nos connoiffances acquifes ; c’eft la facilité vraiment
furprenante avec laquelle elle nous fert à expliquer
mieux ce qu’on n’expliquoit qu’imparfaitemenr,
i à concilier ce qui devenoit contradi&oire dans nos
fyftêmes, à guider des recherches toujours heureufes
dans des fentiers abfolument inconnus ; c’eft la lumière
qu’elle répand à la fois fur tant d’objets fi
divers, qui entraîne la confiance, dès qu’on a pu
s’élever jufqu’à envifager fans prévention fes opinions
d’habitude. Il m’a paru indifpenfable d’établir une
fois cette théorie, fur une bafe folide; après cela,
nous n’aurons plus qu’à en fuivre les développemens
6c les applications.
T r o i s i è m e S e c t i o n .
Divifion & caractères des fluides aériformes.
; En traitant de l’analyfe de l’air, j’ai eu occafion
de parler de plufieurs autres fubftances qui ont beaucoup
de propriétés communes avec lui & qui lui
reffemblent tellement par les caractères phyfiques les
plus apparens, que quelques-uns ont cru devoir leur
conferver ce nom,.en le modifiant Amplement par
un adjeCtif. C ’eft sinfi que M. Prieftley admet encore
un air inflammable, un air phlogiftiqué, un air
nitreux, un air acide ftdfureux , un air fix e , un air acide
muriatique , un <iir alkalin, &c. Ces fubftances ont
été défignées par d’autres fous les dénominations de
fluides aériformes, de fluides élafliques ; & l’on ne
peut contefter que ces expreflions ne foient très-convenables
, lorfqu’il ne s’agit que de les confidérer
collectivement ; mais elles ne pourraient fervir à
fpécifier chacun de ces fluides, qu’autant qu’elles
feraient accompagnées d’épithètes diftinCtives , &
cette multiplicité de mots pour exprimer une feule
chofe deviendrait fatigante. Voilà fans doute ce qui
a engagé le célèbre Macquer à donner à tous ces
fluides le nom générique de gas; nous n^avons pas
héfité de l’adopter, comme étant très-conforme aux
règles de nomenclature que nous nous étions formées
( Voye^ fécond Avertiffement, p. 634) : l’objet
de cette feCtion eft de déterminer ce qui différencie,
du moins méthodiquement, l’a ir , les gas & les
autres fluides aériformes, de les claffer refpedive-
ment, pour qu’on ne foit plus expofé à confondre
des êtres qui fous un feul rapport commun préfen-
tent des efpèces très-diftin&es.
La matière de. la chaleur eft dans la nature le
fluide effentiel, elle eft aufli celle qui jouit de l’affinité
la plus univerfelle, quoique dans des degrés
très - variés, avec tous les corps ; elle s’y unit par.
affinité de füreompofition en toute proportion ; au
moyen de ces combinaifons, elle change leur forme,
c’eft-à-dire qu’elle tend à leur donner celle qui lui
eft propre, fuivant la loi commune des diffolutions
( Foyei c a l o r iq u e ). La chaleur eft exa&ement
pour tous les êtres matériels ce qu’eft l’humidité poiyr