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tous les corps; M. Berthollet paroît être le premier
q u i, dans fes obfervations fur l’air publiées en 1776,
ait combattu cette erreur long-temps accréditée : il
eft préfentement reconnu que c’eft bien moins l’air
que quelques-uns de fes élémens, ou des gas d’une
nature différente de l’air, qui entrent le plus communément
dans la compofition des corps, 8c que
lés uns & les autres nê contribuent à leur folidité
que comme l’acide,quidiffout une terre, contribue
à la folidité du cryftal falin ; c’eft-à-dire, en pro-
tluifant un compofé dont les parties exercent réciproquement
les unes fur les autres une affinité d’ag-
grégation.
I I I . Après avoir parcouru les diverfes propriétés
de l’air 8c fes effets dans les opérations de la nature ,
il ne me refte plus, pour compléter cet article, qu’à
indiquer fes a f f in i t é s ,
Bergman eftle premier qui ait admis l’air pur dans
la table des rapports d’affinité ; il entendoit par là
l’air vital, & lui a donné depuis cette dénomination ;
il n’a mis dans fa colonne que le figne du phlogifi-
tique, qu’il défendoit pour-lors à la manière de M.
Kirwan, mais en avouant, avec fa candeur ordinaire,
les difficultés qu’il voyoit déjà à expliquer la
formation du gas acide carbonique 8c du gas azote
par la feule phlogiftication de l’air.
L’Auteur de l’édition françoife de cette differta-
tion de Bergman a fubftitué dans la table corrigée ,
qui fait partie de fes notes, les bafes acidifiables 8c
les métaux dans l’ordre établi par M. Lavoifier. Je le
ferai connoître en traitant des affinités particulières
foit du GAS o x ig è n e , foit de I’oxigène féparé d’avance
de la portion de calorique qui le met en état
de gas, 8c qu’il importe de oe pas confondre ( Voye£
ces articles ) ; il ne peut efflK § | queftion que des
affinités propres à l’air athrnoTphérique, comme tel,
& fans défunion des principes qui le compofent.
L’air recèle une inimité de fubftances diverfes ;
mais elles peuvent y exifter de trois manières. i°.
Elles peuvent y être portées par le mouvement &
s’y foutenir quelque^ temps fans être équipondérables
à ce fluide ; ainfi le vent transporte, fouvent même
•très-loin, des fables, des graines, des oeufs d’in-
feftes, des débris de matière végétale 8c animale de
toute efpèce; de ces corps, les uns font rendus à
leur gravitation naturelle par la cefîàtion du mouvement,
les autres s’y décompofent par l’aâion d’un
des principes de l’air fur quelques-uns de leurs élé-
mens : il n’y a pas proprement affinité de l’air, puif- ;
qu’il ne s’ unit pas tout entier.
* 20. Quelques fubftances s’élèvent dans l’air à rai-
fon de leur moindre pefanteur fpécifique ; de ce genre
font la fumée, les bulles de favon, les vapeurs qu’on
a nommées véficulaires, &c. Il faut bien qu’elles
retombent auffi après un certain temps, autrement
elles ne cefferoient de monter jufqu’à ce qu’elles
enflent trouvé un milieu avec lequel elles feroient
en équilibre ; & en s’y accumulant, elles formeroient
dans l’athmofphère une maffe toujours croiffante de
matières diftin&es^ de ce fluide, puifque nous les fup^
pofons fans affinité avec lui. Mais ces corps ne doi^
vent leur légèreté qu’à l’état d’expanfion dans lequel
les met aâuellement le calorique ; ou, s’il s’y joint
quelque autre caufe, ce ne peut être qu’une foible
adhéfion à quelque sas femblable à celle qui fait
monter un peu de métal fixe dans la diftillation des
amalgames : il eft donc aifé de concevoir comment
les parties graves de ces corps font enfin ramenées
à la furfâce de la terre.
3°. Enfin il y a des fubftances qui s’unifient véritablement
au fluide athmofphérique, qui le furcom-
pofent fans féparer aucun de fes principes ; ce font
celles que je voudrais indiquer ici, qu'il faudrait pouvoir
ranger dans un ordre correfpondant à leur puif-
fance attraéfive pour compléter le fyftême des affinités
de l’air ; mais les obfervations manquent abfo-
lument pour établir cette férié, je ne fâche pas que
perfonne ait encore remarqué- dans les diffolutions
par l’air ce phénomène auquel nous avons donné le
nom de précipitation chymique , & qui nous guide fi
heureufement dans tant d’autres'circonftances pour
déterminer les attrapions élePives. On conçoit à la
vérité que les eflàis dans ce genre préfentent de grandes
difficultés , pour ifoler les matières que l’on veut
mettre en contaP, pour faifir les nuances des chan-
gemens. En attendant qu’on ait furmonté ces obftacles,
nous ne pouvons que recueillir quelques faits épars,
dans la vue de diriger ces recherches 6c d’en faire
fcntir l’importance.
On ne peut guère douter qu’il n’y ait affinité de
l’air avec la lu m iè r e 8c le c a l o r i q u e . Non - feulement
l’air eft un milieu réfringent pour la lumière, ce qui
indique déjà une force attraPive ; mais M. Berthollet
a fait voir que la lumière reftituoit facilement la forme
gafeufe à l’oxigène peu engagé ( v o y e ^ o x ig è n e ) ;
ceci fuppofe combinaifon, 6c peut-être n’y a-t-il aucun
gas qui n’en recèle une portion dans fa compofition
aPuelle.
Pour ce qui eft du calorique, la chofe eft plus
manifefte , fi l’on admet que ce fluide fubtil foit fournis
aux loix de l’affinité ; car l’air froid reçoit de la
chaleur des corps chauds qui l’environnent, 6c il
en cède aux corps froids. Si la chaleur fenfible paroît
toujours tendre à l’équilibre, il y a une capacité
de chaleur'ou chaleur comparative oc fpécifique qui
varie dans prefque tous les corps, même dans les
gas; ce qui indique une véritable préférence, puifque
de deux fubftances expofées à la même température
, l’une fe trouve en état de communiquer plus
de chaleur que l’autre ( Voye^ CALORIQUE ). L’air
cède d’autant plus facilement de fa chaleur, qu’il en
a plus ; il la reprend d’autant plus avidement, qu’il
en eft plus dépouillé; il retient la dernièrè portion
avec une force probablement fupérieure à celle de
tout autre agent direP ; il n’y a rien dans tout cela
qui ne s’accorde avec les idées que nous avons prifes
en général des affinités.
Les dernières expériences de M. Crawford lui ont
donné le rapport de la chaleur fpécifique de l’air
athmofphérique
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athmofphérique a celle du gas oxigène : : 1 ,7 9 :4 ,7 4 9 ;
à celle du gas azote 1 ,7 9 :0 ,7 9 3 6 ; à celle de
m û : : 1 ,7 9 :1 .
Suivant M. Prieftley, diverfes efpèces de fluides
àériformes peuvent être répandues les unes dans les
autres 8c ne point fe féparer fpontanément, lorfqu’elles
ont été une fois mêlées , quoiqu’il n’y ait entre elles
aucune affinité ( C o n t i n u a t i o n , v c .p a r t . I I I , f e S l . 32 ) ;
cette opinion j qui eft affez généralement reçue, ne
me paroît pas conforme aux principes des diflolutions :
il eft avoué que la plupart de ces gas ont une pefanteur
fpécifique différente, dès-lors ils ne peuvent
être rendus équipondérables les uns aux autres que par
l’attraâion mutuelle de leurs molécules ; fans cela,
ifs- tendraient continuellement à occuper la place que
leur afiigne cette pefanteur, 8c fe fépareroient à la
fin , du moins dans le repos. Or j’ai rapporté précédemment
plufieurs obfervations qui prouvent que
cela n’arrive pas (/&?; I I , §. 2 , n. III. ) ; on a vu
que le gas acide carbonique, l’un des plus pefans,
formoit, avec le gas hydrogène qui eftle plus léger,
une maffe de fluide dont toutes les parties manifef-
toient les propriétés des deux gas. Ainfi nous avons
cbnfidé.ré d’abord l’air athmofphérique non comme
un fimple mélange , mais comme un compofé dès
deux gas oxigène 8c azote;, c’eft; une eonféqueneè
néceffaire de ce que M. Prieftley avoue lui-même
ailleurs , que ces deux gas ne font jamais‘féparés que
par l’attraéfion chymique des fubftances qui s’unifient
à l’un d’eux / Continuation, &c. p a r t . IV, f e â l . 27).
Après cela ,/ noüs n’avons pu voir dans toutes les
altérations de l’air par l’acceffion d’une nouvelle portion
des. mêmes gas ou d’un gas d’une autre nature,
qu’une furcompofition par affinité. Enfin nous avons
remarqué que l’air retenoit fi fortement une dernière
portion de-gas acide carbonique, que ni l’eau, ni même
l’eau de chaux ne pouvoient le lui enlever ( c i - d e v a n t
W Ê 734 & 746 )• . ,
M. Crawford dit avoir obfervé que lorfqu on te-
noix.expofés à la chaleur, du gas azote 6c de l ’air'
Vital, dans des vaiffeaux pareils 6c bien fermés, le
premier fe trouvoit toujours plus mêlé d’air commun
, quoiqu’on eût l’attention de les changer de
vaiffeaux pour comparer la fidélité des robinets ; que
là même chofe avoit lieu quand on tenoit l’un 8c
l’autre gas dans des veffies : d’où il croit pouvoir
conclure que le gas azote a une plus grande tendance
à s’unir à l’air, que le gas oxigène (on animal
heàt, II. expér. /o ).
Que l’on mette quelques gouttes acide muriatique-
concentré dans une capfule fous une grande cloche
de verre remplie d’àir commun ,.dont les bords foient
plongés dans l’eau., l’air de la cloche fera bientôt
furcompofè de gas acide ; on en jugera à la couleur
rouge que prendront des lames dé papier bleu
à différente hauteur. Il y a également fiircompo-
fîtion de l’air, lorfqu’on met dans' les mêmes circonf-
tances de l’eau faturée de gas acide carbonique. On ob-
fbrve dans l’un 8c l’autre cas que l’effet s’arrête à
lin certain point, o-’effi-â-dire, que* l’air ne prend ;
v Chytnie. Tome. /,
qu’une partie de ces gas à l’eau, 6c de là on pourrait
être tenté de conclure qu’ils ne s’unifient pas à l’air
en toute proportion; mais ce ferait une erreur: la
vraie caufe du phénomène eft que l’affinité de l’air
décroiffant dans le rapport des progrès de fa fur-
compofition , fe trouve à la fin en équilibre avec
les forces d’affinité 8c de compreflion qui tendent à
maintenir l’union de ces gas avec l’eau.
Dans le même appareil , la furcompofition de l’air
s’opère encore plus rapidement avec le g a s a m m o n ia c
a l , quand il eft en contaéf avec l’ammojiiaque en
liqueur. Le papier teint par les pétales des mauves
verdit fur-le-champ , même dans l’eau de la cuvette
où la cloche eft plongée ; 8c s’il n’y a que la quantité
d’eau néceffaire pour intercepter la communication
de l’air extérieur, on remarque que, toutes
chofes "’d’ailleurs égales, l’évaporation en eft fingu-
lièrement accélérée.
Si l’on place en même temps fous la cloche de l’acide
muriatique 6c de l’ammoniaque en liqueur, dans
deux petits vafes auffi éloignés l’un de l’autre qu’il
eft poffible, elle fe remplit bientôt de vapeurs blanches ;
6c, ce qui mérite attention, c’eft toujours du vafe
qui tient l’acide que s’élèvent ces vapeurs qui af-
fèélent quelquefois la forme d’anneaux ou de couronnes
; c’eft auffi dans ce vafe qu’elles retombent,
pour la plus grande partie, en s’éloignant même fou-
vent de la ligne de leur chûte ; c’eft dans ce vafe
encore que fe dépofe le muriate ammoniacal en cryf-
taux élancés un peu au deffus de la furface de la
liqueur l’eau dans laquelle plonge la cloche verdit
conftamment le papier bleu; enfin, fi après que les
vapeurs ont ceffé, on enlève la cloche pour en replacer
fur-le-champ une autre remplie de nouvel-
air, il reparaît cncoré quelques vapeurs. Ces phénomènes
femblent annoncer que l’air a plus d’affinité
avec le gas ammoniacal, qu’il s’en empare d’abord
6c que le gas acide ne forme des vapeurs blanches
épaiffes que parce qu’il rencontre en s’élevant le gas
alkalin avec lequel il retombe en état de muriate ammoniacal.
Il n’y a ici ni augmentation de preffion ni
defféchement de l’air qui puiffe fervir à expliquer
pourquoi les vapeurs cefîbnt après un certain temps,
6c recommencent dans un air renouvellé ; il faut
donc ou que le premier foit fàturé de quelque matière
, ou qu’il ait perdu quelque principe qui le dif-
pofoit à s’unir à ces gas ou du moins au gas ammoniacal;
mais je ne vois pas plus de probabilité pour,
l’un que pour l’autre , puifque l’air de la première
cloche fert à la cornbuftion , 8c qu’il eft diminué par
le gas nitreux à peu près comme avant l’opération.
L’affinité de l’air avec l'e a u eft prouvée par des
faits réciproques; car l’eau en maffe attire l’air 8c lui
donne fa forme , de même que l’air transforme l’eau-
en fluide élaftique. Je n’ai rien à ajouter à ce que
j’ai dit ( f e & . I I , §• ? ) des conditions de ces diflolutions
, de leur point dé faturation , de l’aéfion des
diverfes fubftances hygrométriques' fur l’air -, 8cc. Les
dernières portions d’air adhèrent fi fortement à l’eau,
que l’ébullition, ne. fuffit pas pour le dégager coin