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pas perdre de temps dans l’eftimation dé cette forcé,
j’ai- employé, au lieu de poids , la limaille de fer
que- je faifois couler de fuite très - doucement dans
le baffin oppofé, & que je pefois après l’opération.
Je l’ai mis en contaCt avec de Xacide vitriolique dont
la pefanteur fpécifique étoit 1186, qui, fuivant l’ef-
timation de M. Kirw'an, offroit encore par confé-
quent la valeur de 16,19 lignes quarréës d’acide réel,
pour 492,61 d’eau, dans une aire de 18 lignes de
diamètre ( voyez Acide vitriolique); cependant
les progrès de la diffolution ont été affez lents pour
me donner le temps d’ajouter , en contrepoids de la
force d’adhéfion, une quantité de limaille qui s’eft
trouvé pefer 99 grains.
On fait que l’aéfion de l’acide vitriolique très-
concentré eft quelquefois plus foible que quand il
eft étendu ; pour juger fi cette circonflance ne fe-
roit pas la condition la plus favorable' à- l’obferva-
tion, j ’ai appliqué le même difque à la furface d’un
acide vitriolique dont la pefanteur /Spécifique étoit
1820; la féparation ne s’eft faite qu’après l’addition
de 139 grains de contrepoids. Le difque appliqué
de nouveau portoit la même charge & perfiftoit dans
fon adhéfion 8 ou 10 fécondés , lorfque javois eu la
précaution d’enlever auparavant une portion mouf-
feufe qui étoit fufpendue à fon centre^ en forme conique.
Il faut, fans doute, ajouter quelque' chofe à
ces 139 grains pour la-force répulfive du gas, qui,
quoique très-lente dans fa marche , à cairfe de la
grande concentration de l’acide, commence néanmoins
au moment même du 1 cbntaél ; cependant
cette évaluation furpafle déjà d’bnviron ■— celles que
M. Achard a données dans la table. IY des adhé-
fions d’un acide, encore • plus denfe , avec les dix-
huit folides qui reftent, l’albâtre feul excepté ; c’eft-
à-dire avec des fubftances qui ont très-certainement
moins d’affinité avec cet acide que le marbre. Cette
obfervation paroîtra peut-être de quelqu’importance.
Enfin, -le même difque ayant été repoli fur la
meule, je l’ai appliqué à la furface de T acide nitreux
reélifié de Meyer, là répulfion fiibite produite par
l’effervefcence , a empêché cette fois toute adhéfion ;
mais ayant délayé l’acide au point de ne donner au'
pèfe-liqueur que 1018, de ne préfenter ainfi au
contaél qu’environ 1,7 ligne quarrée d’acide nitreux
réel pour 397,11 d’eau (; voye^ Acide nitreux),
j’ai pu ajouter jufqu’à 97 grains de contrepoids avant
la féparation ; l’èfpèce de fifflement avec lequel le
difque fe détachoît, annohçoif bien qu’elle étoit déterminée
par l’élafticité du gas. Il me vint alors en
penfée d’effayer d’évaluer cette force répulfive elle-
même; pour cela, je chargeai fucceffivement le difque
de marbre de 10 , 20 & • 30 grains , & ayant
remarqué qu’à chaque addition l ’adhéfion perfiftoit,
en effet, 5 à 6 fécondés de plus, j’allai jüfqu’à 45
grains-, & pour-lors l’adhéfion ne cefla plus ’, quoique
le difque fut dans une ofcillation continuelle
très-fenfible. Ceci paroitroit indiquer que les 45
grains repréfentoient affez CxaCtement l’excès de la
force élaftique du gas accumulé fous -le difque fur la
force d’adhéfion ; fi on fuppofoit donc que cette force
répulfive ne fut parvenue qu’à la moitié de fon'in-
tenfité lorfqu’elle rompt au premier inftant l’adhé-
fion avec fifflement, il s’enfuivroit que, fans cette
circonflance, la force d’adhéfion eût été de 168 gr. ce
qui ne s’éloigne fûrement pas1 beaucoup de la vérité.
C ’en eft affez fans doute pour indiquer le parti
que l’induftrie peut tirer de ces expériences5, & pour
fuppléer. à üti certain point ce que l’Académicien de
Berlin avoit regardé comme impraticable.
Je ne veux point épuifer toutes les réflexions que
préfentent les tables de M. Achard; mais, dans lé
nombre déjà affez confidérable de faits qu’elles nous
fourniffent pour confirmer la concordance de l’affinité
avec Padhéfion, il y en a fur-tout trois qui me
paroiffent mériter, une attention particulière.
L’adhéfion de toutes les matières vitreufes & quart-
zeufes avec l’efprit acide empireumatique de. miel,
eft à peu près égale à celle des mêmes matières avec
l’acide vitriolique (dont la. denfité jeft d’environ un
tiers plus confidérable ) ; on verra à l’article AcipE
sirupeux la confirmation de cette force attra&ive
extraordinaire'par rétofiontrês-marquée que le même
acide empireumatique produit à la furface des cornues
pendant fà diftillatiôn.
Le fer que recèle l’ardoifo ÿ eft dans un état
qui ne le rend guère folubie que dans l’acide muriatique;
la prérogative de ce diflblvant fe manifefte ici
par une. adhéfion qui eft à-celle des deux autres
acides minéraux.: : 3 3 i6 ; : -
La fomme qui exprime l’adhéfion dé l’albâtre à l’acide
vitriè'liqûe fe fait remarquer1 par un excès de
7^ fur tous lès autres termes de fa Colonne. On ceffe
d’en être étonné lorfqu’on confidère que l’albâtre eft
un vitriol calcaire ; que les fols neutres fe diftolvent
volontiers dans leurs acides ; que cette union fe fait
tranquillement, fans que le fol perde aucun de
fes principes , fans que l’acide foit obligé d’abandonner
une portion de fon air v ital, fkris qu’il y ait ni
échange, ni décompofition. Ges circonftancès, qui fe
rencontrent fort rarement dans la plupart des diffo-
lutions, font fans contredit les plus favorables , elles
forment le cas le plus fimple pour obferver le rapport
du principe de J.’adhéfion avec la puiffance dif-
folvante ; il faut donc ou nier l’obfervation , ou indiquer
une.autre caufo d’une difproportion auffi frappante,
ou reconnoitre enfin que cette méthode établie
fur une bafe fblide , nous offre un inftrument d’expériences
qui; quand le temps '& les efîàis multipliés nous
auront appris a le manier., Reviendra d’un ufage précieux
pour déterminer les degrés d’affinité, finon dans
tous les cas, du moins dans ceux.qui fe refufent à toute
autre méthode de comparaifon connue jufqu’à ce jour.
Ge feroit une grande erreur de vouloir juger & de
leur nombre & de l’utilité d’y appliquer notre méthode
, d’après nos connoiffances aâuelles fur les affinités
d’une cinquantaine de fubftances les plus Amples
: la nature n’unit & ne fépafe que par affinité,
il y a donc autant de modifications dans les forces
qu’elle.-emploie ? que dé variétés dans les phénomènes
À D H
%ui en'réfliltent & comme nous ne pouvons nous j
fcrvir que • cfe, ce • que. nous connoiifonsc’eft cette .
connoiflance elle-même qui met une ^valeur aux çho- :
fes que nous nommons utiles. InUp’
cette foéthode. .Examinons'les faits qui fondent ces
doutes & ces objections.
Par rapport à Xinconflance des réfultats, lorfqu’on
confidère- le nombre infini d’accidens qui peuvent
influer fur, l’expérience la mieux ordonnée en ce
genre, on n’a prefque plus de raifon de s’étonner que
les variations ne foient pas plus confidérables , que
dp ne^pas -obtenir cjônftamment des .effets^parfaitement
uniformes. M .. Achard a donc été fondé à n’en pas
tenir, compte^idls-lqu’il a vii qu’ils ne produifoient
que de petites différences, S i qu’elles.■ fe trouvoient
auffi bien au -deffus qu’au deffous du calcul. Les caufes
fortuites qui troublent ici l’uniformité n’ont pas échappé
Après avoir cherché à donner une idée exacte des
fecours que la Chymie peut retirer de cette méthode,
d’eftimer les adhéfions, & des moyens, d’en étendre
l’application , il me refte à parler encore de quelr
ques expériences qui, entreprifes dans lavuê-d’exa-
minèr.fcrupuleüfement le principe fondamental., ide
cette méthode., ne peuvent qifajouter à la confiance
quelle doit obtenir , en-mettant engarde .contre tes.
caufes étrangères qui en font varier les-réfultats.
SB C ’eft principalement à M. Dutour , correfpon-
darit de l’Académie royale des Sciences:, que ; nous,
devons ces obfervations & ces expériences qui .font
la matière de plufieiirs mémoires publiés .fucce^fiyer
ment dans lé Journal, phyfique-, ( tonu X V ,- i/pag-
234; tom. X V I , p':8$, & tom. X IX ,p,ag. j
comme faifànt fuite à-fon travail fur les tuyaux capillaires
, dont il avoit déjà enrichi cette colle&ion.
Quoique je ne puiffe adopter toutes lesconféquencès :
qu’il en. tire , je me fais -un devoir de rendre à ce
Phyficien toute la juftice que méritent la , fagacite
de fes procédés , fon attention à faire toujours mas- ;
cher de front le calèul & l’obfervation, & la can- 1
deur avec laquelle il fait remarquer les plus petites
irrégularités.
M. Dutour reconnoît que la méthode du Doâeur
Taylor eft fûre & fidelle, toutes' les fois qu’on applique
à ml fluide des corps folides qui ne reftent
point 'mouillés;T én fe détachant ,-comme le verrë &
quelques métaux avec lé mercure ; il convient. que
dans ce cas la force d’adhéfion eft la foule:caufe cfo
la réfiftance à la féparation i que le rapport de.ces ré-
fiftances :effi en général très-éloigné d’être, celùi des
denfités refpe&ives des fluides, & qu’ainû il. faut
qu’une caufo indépendaritë dé cette denfité. fe combine
avec efle pour difpofer plus ou moins les corps
contigus à l’àdhéfiôn. Gette caufo; indépendante , il
l’a lui-même caraâérifée d’une manière.non équivoque
, en fàifant voir qu’une portion de fphère ou : un
verre de montre étant fufpendù à, un point fixe , fi
on fait couler infenfiblement de l’eau ou du mercure
dans un vafe placé au déflbus, à l’inftant où la fuperfi-
ciedu fluide parvient à la hauteur du point inférieur de
la convexité,1 ce fluide s’élève au point de former un
plan de contaél furunfogment fphériquedont la mefure
eft une corde de 15 lignes pour Peau , & de 5 pour
le mercure : voilà bien l’attraâion prochaine rendue
fenfiblé & dans un degré qu’il feroit facilè d’eftimer
par le poids des colonnes qu’e lle‘fouftrait à la ldi
bydroftatique. Mais, i° . il paroît que ce Phyficien a
été frappé d3une forte d’inégalité ou d’inconflance dans
les réfultats.; 2°. quelques, phénomènes lui ont indiqué
que la prejjion de Vathmofphère avoit- encore une part
fenfible à l’effet 30. enfin , il juge que , quand le fiolide
emporte quelques parties jdu fluide, 'ce ne fi plus que La
çphéfion des parties de ce dernier qui efl mefurée par
à M.. Dutour; fi a bien fenti la difficulté d’avoir
toujours des difques dont les mefures fuffent rigou-
r.eufement' exaftesj, dont le; poli fût abfolument égal;
il a bien-jugé quê la moindre foeoufle,, le.plus léger
foufflq -, un.-changement imperceptible dans , la direc-f
. tion - de la puiffimee; :qui tend à 1 rompre l’âdhéfion,
! aCcéléroient fquvent l.a féparation ; il a prévu qu’un
verra d’une- autre; compofition pouvoit être plus ou
; moins difpôfé à l’adhérence ; & puifqu’il nous ap-
« prend lùi-mê'me (/i, 22 & 3 7 j que, lorsqu’il a eui-
■ ployé trois difqueà; pris dans le même morceau de
| v erre, de : i i~,,10 5$5^'.%nés- Àe-- diamètre, les réfif-
tanees, à la f^êaratioH de l’eau étaient, à très-peu-près
co;nïne, les quarrés de ces diamètres ; que le rapport
de leurs adhéfions à; l’eau & au mercure, paroijfoit
. être le même ou prefque le meme, celui de 1 à 6 : il
eft, ce me fombje, affez bien prouvé que les réfultats
qui s’en écartenty, ont des caufes étrangères à ces
conditions. Je remarquerai d’ailleurs que M. Dutour
n’a pas. fait- état d^ns ceS iCoiiïparaifons de la tempéra-»
ture:des' fluides; :or il fuffit de jeter un coup d’oeil
1 fur la table I de Mi Achard , pour fe convaincre que
| cette foule circonflance a dûoccafionner bien des dif-
férençes qui ne pouvoient être regardées que comme
' des irrégularités par l’Obforvateur , dès qu’il ne foup»
i çonnoit pas; le principe auquel elles, étoient foumifos.
On trouve dans>les mémoires de M. Dutour l’ob-
fervâtion d’une anomalie bien plus importante. Nous
1 avons vuiiquê M. Achard avoit démontré par une
fuite d’expériences, par la concordance de leurs ré-
• fultats avec le calcul ,• que les adhéfions des mêmes
• folides avec, les mêmes fluides étoient entr’elles comme
les furfàces en contaél ; mais il n’a pas opéré fur le
mercure , M. Dutour croit que cette loi eft, en
' défaut par rapport au mercure ; il affure avoir remarqué
que la réfiftance à la féparation du verre alioit-
en décroiffant à mefure que les diamètres, croiffoient,
de forte qii’on pouvoit préfumer qu’à un certain point
d’accroiffement de diamètre des difques de v e r re ,
la réfiftance du mercure à la féparation fe trouveroit
feulement égale à celle de l’eau , peut-être même
deviendroit inférieure au delà de ce point (n. 32 ).
Je ne veux pas éluder la difficulté en en cherchant
lafoliition dans l’imperfeélion de l’appareil, quoique
l’on ne puiffe pas trop répondre d’appliquer précifé-
ment au eentre ôc dans la direélion exactement per--