
651 _ S E C O N D
L’ammoniaqoe entrant dans un grand nombre de combinaifons fans fe décom-
pofer, il devenoit indifpenfable de ladéfigner par un feul mot, pour éviter
l’embarras St la confüfion que n’auroit pas manqué de produire dans les dénominations
de ces furcompofés, l’énumération répétée de fes parties continuantes.
Les mêmes confidérations nous engagent à réunir ici daris un appendice
plufieurs autres fubftances qui ne font pas plus (impies , dont nous connoif-
îons également les élémens, & dont il n’eft pas moins important de réduire
les dénominations à un feul terme.
A P P E N D I C E
Contenant la Nomenclature de quelques fubflances compofèes, qui fe combinent
quelquefois à la manière des corps fimples.
En travaillant fur les matières végétales & animales , on retrouve fréquemment
foit dans les claffes, foit daris les efpèces différentes, des principes fem-
blables que l’on reconnoît toujours malgré leurs modifications individuellés,
& qui peuvent être regardés comme des compofés chymiques naturels. Tels
font le muqueux, le gluten, le fucre, Xamidon, les huiles, la réfne , X extrait
& la fécule. Il fuffira de jetter un coup d’oeil'fur notre Tableau pour voir
que nous' n’avons fait ici que déterminer un choix dans le nombre des dénominations
que l’ufagé nous offrait. Nous avons feulement divifé les huiles
en huiles fixes & huiles volatiles ; divifîon qui nous a paru répondre avec un
peu pins d’exaéfitude à leurs propriétés diftinâives, que celles d’huiles graffes
& d’huiles effentielles ou éthérées.
Pour ce qui eft de cette fubftance volatile à laquelle on a donné fi improprement
le nom à’efprit recteur, nous n’avons pas cru pouvoir le laiffer
fubfifter ; & comme elle eft effentiellement le principe des odeurs, nous lui
avons fubftitué le nom d'arôme, qui n’exigera vraifemblablement aucune explication
pour ceux qui connoiffent la valeur du mot aromatique.
• Le produit de la fermentation fpiritueufe peut fans doute retenir fans aucun
inconvénient la dénomination d'efprit de vin ; mais ce principe s’unit aux
acides , fe charge des alkalis, diffout les réfines, & forme noii-feulement des
compofés, mais des claffes de compofés pour lefquels on defiroit depuis
long-temps des dénominations exaêfes; c’eft-à-dire un nom de genre fuivi de
l’expreffion des différentes bafes, au lieu de ces noms impropres & mal affor-
tis d’efprit de fel dulcifié, de lilium de paracelfe, de teinture de gayac, Sic.
Le mot alcohol fera d’autant plus propre à remplir cet objet, que la plupart
des anciens Chymiftes l’ont déjà employé dans le même fens, & pour indiquer
l’efprit de vin le plus reâifié ; c’eft-à-dire précifément dans l’état de pureté
où l’on doit le confidérer pour le nommer.
De cettç manière, l’efprit de fel dulcifié deviendra l'alcohol muriatique ;
! A V E R T I S S E M E N T . 655
le lilium de paracelfe, Xalcohol de potaffe ; Xoffa helmontii , Xalcohol ammoniacal
; la teinture de gayac, Xalcohol de gayac; & ainfi des autres.
Lorfque les combinaifons de l’alcohol avec les acides feront portées à l’état
Séther, elles retiendront ce nom qui fera pour-lors le nom générique des produits
de cette claffe particulière, & toujours avec l’expreflion de l’acide qui
aura été employé; On dira donc éther nitrique, éther acétique, Sçc. & l’éther
de Frobenius fera Xéther fulfurique.
Enfin, nous confervons le nom de favons à toutes les compo'fitions des
huiles fixes ; à la fuite de ce nom de genre, on indiquera, lorfqu’il fera né-
ceffaire, l’expreffion de la fubftance qui y eft combinée avec l’huile. Ainfi ,
l’on dira favon de potaffe, favon calcaire, favon acide fulfurique, favon de plomb,
&c. Mais il falloir une dénomination particulière pour les compofitions favon-
neufes des huiles volatiles, nous appellerons celles-ci favonules , & le favon
de Starkey fera le' favonule de thérébentine, quand on aura quelque motif
de fpécifier l’huile volatile ; il fera le favonule de potaffe, lorfqu’il conviendra
d’indiquer l’alkali combiné avec l’huile.
Cette Nomenclature ainfi établie fur des principes invariables, nous y avons
joint un Tableau qui réunit., comme l’a annoncé M. de Fourcroy, fous plufieurs
claffes de compofés, un affeq_grand nombre d'exemples choifis pour que l'on
puiffe, à l’aide d'une étude fimple &, facile, appliquer notre méthode de nommer
à tous les compofés que les Chymifles connoiffent, ou à ceux qui peuvent être
découverts par la fuite. J’ai penfé qu’il ne devoit point être féparé de cette
expofifion, où l’on aimera toujours mieux venir chercher la clef générale de
ce fyftême de Nomenclature, que del’apprendte pour ainfi dire par dictionnaire.
Ce Tableau fe trouve ici formé de la réunion des deux pages qui fe regardent
, ce qui m’a paru devoir le rendre d’un ufage plus commode, & qui
m’a donné la facilité d’y ajouter la fynonymie latine des dénominations les
plus nouvelles ou les plus propres à fervir d’exemples pour tous les cas, &
à faire voir de cette manière comment ce fyftême une fois adopté pouvoir
devenir.propre à toute langue; car il entrait dans nos vues de décider encore
par-là, autant qu’il ferait en nous, l’uniformité de langage fi effentielle
à la communication des travaux & aux progrès de la Science (1).
(1) Au moment de livrer cette feuille à l’impreffion, je reçois la nouvelle Pharmacopée du Collège
royal des Médecins de Londres (édit, de 1788)., & j’ai la fatisfaétion de voir que ce Corps illuftre a fentt
comme nous la néceffité de perfectionner la Nomenclature, & qu’il y a travaillé d’après les mêmes principes- r
Ingens Me rerum numerus quas nominibus incognitos & nuper fitfis infignitas dedirnus anfam fortafsè alicuz
ad reprehendendum d abit. . . . Ifice, autern immutationes hue ferc fpeElant ù t van a queedam & infulfa vocabula ,
fv e à veterum Chemicorum commentis, five aliunde dedufia in defuetudinem & oblivionem abeanty tum proetereà
ut PER T1TULOS IPSOS DES1GNETUR QUÆLIBET COMPOSITIO. En effet , les nOlUS de fp ïritu s nitri y fp iritu s
fa lis , fa l volatilis faits- am m oniaci, cauflicum lu n a re, faccharum fa tu m i9 mercurius JublïmatuS’ , tartarum
vitriolatum , tartarum falubile fa l rupellenfis , fa l glauberi , tin&ura martis in fpirïtu fa lis , tzthiops. m ine-
ralis t &c. &c- &c. ne s’y trouvent plus que dans la table fynonymique & précédés du mot olim» Voilà
fans doute une autorité d’un grand poids, & un exemple fait pour convaincre que l’intérêt de la Méde-~
cine ne follicite pas moins que l’avancement de là philofophie naturelle, la réformation des anciennes dénominations
chymiques & pharmaceutiques»