
La fécondé obfervation que j’aî annoncée fur le
même fujet, n’eft pas moins propre à diriger dans
la recherche de oes nombres.
Lorfque j’ai voulu former le fymbole de la non-
'décompojition de l ’àcète calcaire par le muriate de
foude ( ce qui, comme je l’ai fait remarquer, décide
également la décompojition de l’acète de foude
par le muriate calcaire) j’ai effayé d’abord d’appliquer
à ces deux cas les nombres que j’avois été
obligé de fubftituer à ceux de M. de Fourcroy ( pour
les faire quadrer avec les deux réfultats contraires
précédemment indiqués ) en faifant les exprefîions
de l’affinité de l’acide acéteux. avec «la foude & la
chaux, moindres d’une unité «que celles de l’acide
muriatique , parce qu’on fait que ce dernier acide
lui eft fupérieur. Mais le calcul n’annonçoit que l’é-
quilibre, & ce n’eft qu’en élevant à la fois toutes
les quantités relatives dans des proportions un peft
différentes, que j’ai pu donner une exprefficn à
l’excès de puiffance , fans rompre les nombres 8c
fans contredire d’autres rapports également confiâtes
par l’expérience.
Ainfi, tout concourt à démontrer que ce n’efl
qu’en multipliant ces fuppofitions, en les effayant
fans ceffe ‘par de nouvelles applications à tous les
cas qui fe préfenteront, que l’on peut fe flatter d’approcher
de la réalité. C’eft ce qui nftengage à donner
ici la Table des nombres que j’ai cru devoir
employer jufqu’à préfent, pour exprimer les affinités
de cinq acides avec les terres & les alkalis, en aver-
tiffant de nouveau que ce ne font que des apper-
çus qui n’ont point encore de bafe fix e , & que je
me réferve de changer moi-même & de re&ifier,
quand j’en trouverai l’occafion.
tes Tables, ne font plus d’aucun fecours pour annoncer
ni pour expliquer les phénomènes'. C ’eft une
vérité qui me pâroît clairement établie par tout ce
| que je viens de dire des affinités par concours.
Il ne faut pas croire cependant que toutes les
; que, dans un mélange, on peut compter plus
i de trois fubftances , ce foit néceffairement le cas des
affinités doubles ou par concours. La règle, pour les
bien difiinguer, eft que chacun des corps qui de-
I vient partie compofante d’un nouveau produit, perde
lui-même, & par un effet fimultané, un principe
! qui le mettoit auparavant dans un état de compo-
fition différent. . , ,
Par exemple, Bergman a compris dans la 1 ame
|| d’affinités doubles le cas oii un métal eft précipité I de fa diffôlution acide, par un autre métal, avec
■ l’éclat métallique, & cela eft très-jufte dans l’h y poi
l thèfe de Stàhl, fuivant laquelle le métal précipitant
I perd le phlôgiftique qui eft repris par le meta!
■ précipité. Mais pour ceux qui penfent avec M. La-
■ voifier que les métaux ne perdent rien en paffant a
I l’état de chaux, & que le changement qu’ ils éprouvent
h n’eft dû qu’à leur combinaifon avec l’air vital ; il eft
■ bien évident qu’il n’y a plus ni double échangé ,
B ni double décompofition, & que le produit ne peut
B être déterminé par le concours des affinités.
Quoiqu’il y ait donc bien réellement quatre fub- B fiances diftinéfes dans le mélange dont il s’agit ; fa-
B voir, d’un coté , l’acide, le métal diffous & le prin- B cipe acidifiant ; & d’autre côté, le métal précipitant; B c’eft alors tout Amplement le métal précipitant qui
I s’empare du principe acidifiant de l’autre métal en B vertu de fon affinité fupérieure ; & comme , d une
I part, cette compofition le difpofe à s’unir au diffol-
■ vant acide ; que , d’autre part, le métal precédem-
■ ment diffous fe trouve avoir perdu un principe^ fans
H lequel il ne peut entrer dans les combinaisons acides, B il faut bien qu’il reparoiffe tel qu’il etoit avant la B difTolution ; c’eft-à-dire, ayant perdu ce qui maf- B quoit fes propriétés métalliques, mais fans avoir rien
H acquis lui-même, & fans faire partie d’aucune com-
B poütion nouvelle.;
| On voit par-là combien il devient important de
■ connoître les affinités du principe acidifiant, puifqu’il1
R eft préfentement bien vérifié qù’il exifte dans les
H chaux métalliques comme dans les acides, ( t o y . A ir
I vital, A cid e & A c id e m é t a l l iq u e ) . Son influence
R dans un très-grand nombre d’opérations n’avoit pas
R échappé à Bergman, qui lui a le premier donne une
■ place dans les Tables d’affinités, & qui nous a ap-
B pris que ce n’étoit point les métaux, mais les chaux
B métalliques qui avoient affinité avec les acides. Ce-
! pendant, ce grand Chymifte a laiffé toute cette
■ colonne i remplir dans fa Table , & c eft a M. La-
I voifier que l’on doit les premières recherches des
| affinités de ce principe ; on les trouvera à l’article
K ©h. je m’occupe de fes propriétés.
V . J’aj annoncé, en commençant cette §ç£ü°n ,
TABLE des exprejjîons numériques des affinités de cinq acides & de fep t bafes , fuivant
les rapports conjlans indiqués par les obfervations les plus familières.
Acide
.vitriolique
Acide
nitreux
Acide ■
muriatique
Acide
acéteux(*)
Acide
méphitique
Barote 65 62 36 29 m
Potaffe 6z 58 31 . 2 6 9
Soude 58 ■ 5 ° a8 *5 8
Chaux 54 44 20 19 12
Ammoniac 4 6 38 14 20 4
Magnéfie 5° 4Q l 6 • » 7 6
Alumine 4 0 36 IO U 2
L’ordre des affinités indiqué par les Tables à la 1 dition d’une troifième fubftance. La perfeâion de
manière de Geoffroy peut fuffire , lorfqu’il n’eft ces Tables eft un acheminement néceffaire à la dé-
queftion que de prévoir le réfultat du conta# de couverte des rapports vrais ; mais dès qu’il y a plus
trois corps, o u , comme on le dit ordinairement, de trois fubftances en je u , ces rapports qui ne font'
de juger s’U y aura, ou non, précipitation parl’ad- | déterminés que par le rang qu’elles occupent dans
( * ) On pourra être furpris de trouver dans cette colonne Pexpreffion de l’affinité*de e e t a c id e 'a v e c - l ’ammoniac plus
forte que celle du même acide avec la chaux , tandis qu’à l’article a c id e a c é t e u x , j’ai indiqué un ordre différentlorfque
je rédigeai cet article, je n’ayois encore que la première édition de la Differtation de -Bergman., en 1 7 7 5 , au lieu que
je fuis ici les changement qu’il a faits dans fes dernières Tables en 1783. -Je me fuis affûté qu’en effet l’ammoniac cauf-
tique troubloit la diffolution d’acète calçeire, ÔC que l’eau de chaux verlée dan« la diffolutign d’acète ammoniacal, n’e*
dégage oit pas 1 odeur d’alkali volatil.
1 que les Chymiftes avoient admis une affinité réel*
proque. La première obfervation qui a paru fonder
cette dénomination, eft du célèbre Margraff, dans
fa Differtation fur le fel commun. L ’acid© nitreux
( dit-il ) traité à la diftillation avec le fel commun,
dégage l’acide muriatique, & il n’y a rien là de
bien furprenant, puifque l’acide le plus fort doit
chafferle plus foible & lui prendre fa bafe alkaline;
ïnals c’eft une chofe toute particulière , que l’acide
muriatique pur chaffe à fon tour l’acide nitreux, aufli
bien du nitre de potaffe que du nitre dé foude,
lorfqu’on diftille de' meme l’acide muriatique fur ces
fels : car, fi après avoir pouffé lé feu jufqu’à l’incan-
defeençe, on rediflout la matière faline reftée dans
la cornue , la liqueur fournit par l’évaporation du
vrai muriate de' potaffe, ou du vrai muriate de
folide, mêlé , à la v.érité, d’une portion de fel nitreux
non décompofé. ’ ' “ ,
Une autre obfervation de M. Baumé préfente encore
quelque chofe de plus fpécieux. Il a 1 fait dif-
foudre, à l’aide d’une douce chaleur, du vitriol de
potaffe dans une quantité à peu près égale en poids
d’acide nitreux ; la liqueur refroidie & filtrée lui a
fourni, par l’évaporation, une très-grande quantité
de cryftaux de nitre. A in fi, l’acide nitreux , qui cède
.ordinairement la bafe alkaline à l’acide vitriolique
: plus puiffant, la lui reprend dans cette opération.
Ce phénomène a lieu avec le vitriol de foude,
comme avec le vitriol de potaffe, & une portion
de ces fels eft aufli décompofée par l’acide muriatique.
D ’après cette réciprocité d’effets, on a imaginé
qu’il devoit y avoir une caufe réciproque , c’eft-à-
dire, que la même puiffance pouvoit produire deux
effets différens, ou même contraires, & déterminer
alternativement la décompofition du nitre de potaffe
par l’acide vitriolique, & la décompofition du vitriol
de potaffe par l’acide nitreux. Les principes que j’ai
expofés dans cet article me difpenfent d’infifter fur
l’abfurdité d’une pareille fuppofition ; d’autant plus
qu’il n’eft perfonne qui n’apperçoive , au premier
coup d’oe il, que s’il pouvoit y avoir réellement une
égalité abfolue de force attraétive. entre ces acides
& les bafes, qu’ils s’enlèvent mutuellement, cette
égalité tendroit infailliblement plutôt à maintenir,
qu’à détruire la compofition préexiftante. Aufli faut-il
convenir que dans le nombre de ceux qui ont adopté
l’expreffion d’affinité réciproque, il en eft bien peu
qui . n’aient averti en même temps que cette réciprocité
apparente étoit due à quelques circonftances
particulières.
Ces circonftances font préfentement connues, ou
du moins fuffifamment indiquées, pour nous déterminer
à proferire entièrement cette expreflïon,
qui nepourroit fervir qu’à perpétuer des idées fauffes.
QuadS* l’acide muriatique décompofé le nitre de po-
I taffe ou de foude, ce n’eft pas , comme l’a cru M.
1 Cornette , que l’acide muriatique concentré foit réellement
plus puiffant, & qu’il faille en conféquence
| réformer nos Tables d’affinité, ou les préfenter fou$