
différons ; M. Schéels eft parvenu, à prouver que
ce n’étoit qu’un feiil & même acide. Il avoit trouvé
dans la rhubarbe une terre qu’il avoit reconnue
pour un vrai oxalte calcaire , il fe propofa a cette
occafion d’examiner plus particuliérement Ton
acide, & voici la méthode qu’il fuivit pour,l’avoir
libre & pur-
Il fit diffoudre dans l’eau tiède toute la quantité
d’acidulé oxalin ou fel d’ofeille purifié qu’elle pou-
voit prendre , il verfa dans cette diffolution delà
diffolution acéteufe de plomb, jufquà ce quelle
n’occafionnât plus de précipité, & tint note du
poids de-ce qu’il, en avoit employé pour cette précipitation.
D’autre’ part, ayant pefé une pareille
quantité de cette diffolution, il y ajouta p eu-à -
peu de l’acide vitriolique affoibli jufqu’à ce' qu’il
ne fe formât plus de vitriol de plomb , & prit
également le poids de la quantité d’acide qui avoit
été néceffaire à cet effet. Enfin il verfa la même
quantité du même acide vitriolique fur le précipité
bien édulcoré qui s’étoit formé dans la diffolution
du fel d’ofeille ; il fit digérer le tout pendant
quelques heures , fépara le vitriol de plomb par
le filtre , & obtint, par l’évaporation de la liqueur
fur le feu , l’acide oxalin libre & pur cryftallifé en
beaux prifmes.
Te l eft l’acide que M. Schéele regarde comme
abfolument identique avec l’acide faccharin ; ce
qui avoit jufqu’ici empêché d’admettre cette identité
, malgré la reffemblance delà plupart de leurs
propriétés, c’eft qu’on n’avoit pu réuffir à régénérer
l’acidule oxalin par la combinaifon de lapotaffe
avec l’acide faccharin par excès, ce qui devoit arriver
néceffairement fi c’étoit un feul & même
acide , & il y eft parvenu.
Le fuccès dè cette opération ne demande qu’un
peu d’attention ; fi on fait avec trop de précipitation
le mélange de l’acide avec l’alkali, on peut
aifément s’arrêter au-deffus ou au-déffous des proportions.
M. Schéele y avoit été trompé en voulant
régénérer'l’acidulé oxalin même avec l’acide
oxalin;. quoiqu’il y eut excès d’acide dans le mélange
, il s’étoit déjà paffé quelques heures qu’il
n’avoit pas encore donné de fel ; il y ajouta un
peu d’acide, & ftir-le-champ il fe forma une quantité
de petits cryffaux d’acidule oxalin. Guidé par
cette obfervation , ce célèbre Chymifte fit dif-
foudre dans l’eau froide autant acide faccharin
quelle en put prendre ; il y verfa goutte à goutte
une diffolution de potaffe, il eut la précaution d’attendre
quelques inftans après chaque goutte, &
pendant l’effervefcence, le mélange fe remplit dè
petits cryftau« qui étoient véritablement du fel
, d’ofeille ou acidulé, oxalin. ( Crell, chemifche annal.
-1785, part. I L )
Ainfi voilà Vacide faccharin retrouvé dans la
nature fans le fecours dè l’acide nitreux ; voilà
J''acide oxalin produit par: l’art. Je n’ai pas befoin de
faire remarquer combien, dé. femblables faits enricliiffent
la fcience ; j’ajouterai feulement que ces
expreflions, produit par l'art que j’emprunte du mémoire
de M. Schéele, doivent être prifes à la
lettre. En effet, il n’y a pas plus de ràifon de croire
que Tacide oxalin puiffe exifter tout formé dans
l’efprit-de-vin, dans l’huile & même dans le fucre
que l’acide faccharin. D’autre côté , les preuves
que j’ai données que l’air vital de l’acide nitreux
fe fixoit dans l’acide faccharin fubfiften-t, indépendamment
de l’identité dëcet acide avec l’acide oxa-
îin ; ces deux acides ont une même bafe acidifia-
ble : tantôt elle eft naturellement acidifiée, &
même l’acide déjà en partie neutralifè comme
dans l’ofeille ; tantôt elle eft à l’état d’hepar , &
ne peut acquérir la qualité acide qu’en perdant
fôn phlogiftique , & recevant en même-temps de
l’air vital principe acidifiant, comme dans le fucre",
lès- huiles ,'& c ;
Pour nous conformer à ces vérités, nous n’a«
vons donc autre chofe à faire que d’appliquer déformais
à l’acide oxalin tout ce que nous avons
dit de l’acide faccharin ;' un feul être ne doit avoir
qu’un feul nom, & il eft jufte de rapporter 1 ouvrage
de l’art aux produftions de la nature. Nous
ne parlerons donc plus de l’acide faccharin que
pour rappeller l’hiftoire de cette decouverte , &
en marquer lès progrès, ce fera toujours l’acide
oxalin quand nous aurons- à eonfidèrer fes pro*
priétés ; & l’examen de fes combinaifons fe trou-»
vera à l’article OIxaltes,
«De V acide MA LU S i.E Ni-
0 n ne manquera pas de dire, voici encore un
nom nouveau ; je réponds ,* voici les raifons qui
en prouvent’ la nécefiité, & qui me femblent de-,
voir en juftifier le choix.
Si cet acide ne fe trouvoît que dans les pommes;
ou même dans une efpèee de fruit, il fuffiroit
fans doute de le défigner par le. nom du fruit »
comme je l’ai fait pour tous ceux dont j’ai parlé
jufqu’à préfent dans cet article. Mais l’acide dont
il s’agit exifte dans un grand nombre de végétaux
tous diftérens , même dans quelques iubftances
animales qui l’ont reçu fans le dénaturer ; il de-*-
vient donc un principe intéreffant par fes caractères
Spécifiques & conftans , il faut déformais
l’obferver dans toutes Ses combinaifons, le rechercher
dans toutes les analyfes: comment en parler
fans confufion dans tant de circonstances, s’il n’a
pàs un nom approprié ? N’auroit-on pas pudeur de
Soutenir qu après l’avoir retiré , par exemple, de
la rhub arb ed e l’opium , , de. la colle de poiffon,
&c. &c. on ne doit néanmoins le défigner que
comme on défigneroit le jus acide de pommes
écralées?
D ’autre p art, le célèbre Chymifte , à qui nous
devons cette découverte , remarque que ce font
lès pommes qui donnent le plus facilement ce&
acide, que c’eft .dans ces fruits qu’i l . eft le moins
jnêlé; j’ai fenti, comme lui, qu’il importoit de i
conferver des traces de ces idées dans la deno- j
mination ; mais au lieu de chercher la racine étymologique
dans un mot qui ne fût connu que des
François, je l'ai prife du nom botanique , connu
des iavaiis de tous les pays, pour qu’il pût fe traduire
facilement, ou plutôt pour, qu’il n’eût pas
befoin de traduâion, Les fels formés de cet acide
•prendront le nom générique de malufites avec
l’expreflion de leurs bafes, fuivant nos règles de
nomenclature.
Il paroit que c’eft en traitant la grofeille au
grofelier à fruits velus (ribes grojfularia) a vec lar
eide nitreux, pour voir jufqu’à quel point fon
acide reffembloit à celui du citron , que M Scheele .
a apperçu la première fois l’acide particulier dont
il eft queftion. (Crell, annal. 1787, part. X .)
Après avoir écrafé dans un mortier de bois une
quantité de ces grofeilles non mûres, & filtré le
jus par le «papier gris, il le fatura avec la craie; il
filtra'la diffolution dans un matra-s qu’il mit fur le
feu , & après qu’elle eut bouilli une minute, il
vit une quantité fenfible de précipité blanc. _
La liqueur claire décantée fut remile à bouillir
dans un autre vaiffeau, mais il ne fe dépofa plus
rien, & le jus de grofeilles fe comporta abfolu-
ment. comme le jus de citron. Pour avoir fort
acide en état cryftallin, M. Schéele lava le précipité
, qui étoit du citrate calcaire, verfa deffus de
l’acide vitriolique affoibli pour lui reprendre fa
b aie , & il obtint un acide qui étoit véritablement
l’acide citronien en cryftaux.
Mais la liqueur qui avoit fourni ce précipité , &
qui étoit devenue brune dans cette opération,
rougiffoit' encore le papier bleu ; elle tenoit donc
un acide qne la craie n’avoit pu faturer ; mais elle ;
tenoit auffi une quantité a-ffez- confidérable de ;
terre calcaire en diffolution, & ee ne pouvoir être
par l’acide citronien, puifque le citrate calcaire eft
prefque entièrement infoluble, même dans l’eau
bouillante. D ’où M. Schéele conclut qu’indépen-
damment de l’acide citronien, il y avoit encore
un autre acide dans le jus de grofeilles.
Il s’agiffoit pour lors d’obtenir cet acide pur,
afin d’examiner fes propriétés, & s’il ne reffembloit
pas à quelqu’un des acides connus; mais
l ’abondance du mucilage & de la matière favon-
neufe rendoit cette féparation bien difficile.
On verra bientôt qu’en employant d’autres fruits,
cette féparation eft beaucoup moins embarraffante;
.cependant il faut favoir retirer cet acide de toutes
les fubftances qui en contiennent, & je ne dois
pas négliger l’occafion de donner un exemple précieux
de rindùftrieufe fagacité avec laquelle Paca-
démicien Suédois multiplie les reffources de la
Chymîe pour vaincre les difficultés deTanalyfe
«végétale.
Après quelques effais, M. Schéele reconnut
que la liqueur qui donnoit ces fignes d’acidité formoit
un coagulé, lorfqu’on y verfoit de lefprif-
de-vih très-re&ifié, & que ce coagulé tenoit l a-
eide uni à la chaux, & cependant toujours mele
avec la partie muqueufe infoluble dans l’efprit-de-
vin. Il comprit qu’il falloit féparer ce principe avant
que de faturer le jus de grofeilles ' par la craie.
Four cela, il fit évaporer le jus de grofeilles en
confiftance firupeufe, il verfa deffus de 1 efprit-devin
reéïifié pour le rediffoudre , & verfa le. tout
fur un filtre de*papier qui laiffa paffer l’acide uni
à l’alcohol, & arrêta la matière gommeufe.
L’efprit-de-vin ayant été enfuite féparé de l’acidé
par l’évaporation, & le réfidü etendu de deux parties
d’eau, M. Schéele y jetta de la craie & fit
bouillir deux minutes : alors le citrate calcaire fe
précipita comme la première fois , & il fut fépare
du refte de la diffolution parle filtre.
Enfin , il verfa dans cette diffolution de 1 efprit-
de-vin qui y foffiiâ- le même coagule dont il a été
parlé précédemment; le tout ayant été jette fur urî
filtre, il paffa de l’efprit-deV-vin chargé feulement
d’un peu de matière favonneufe & de fubftance
fucrée ; le coagulé refté fur le filtre y fut lavé à -
plufieursreprifes > avec de nouvel efprit-de-vin , &
e’étoit le fel à examiner, débarraffe de toutes matières
étrangères.
i ° . Si l’on met fur l’ongle un peu de ce fe l, tandis
qu’il eft encore humide, il coule d’abord, mais il fe
sèche bientôt après, & prend un brillant qui imiter
le plus beau vernis.
2q. Il fe diffout dans l’eau très - facilement r
& rougît le papier coloré en bleu par le tour-
rtefol.
30. Lorfqu’on laiffe cette diffolution quelques
jours à l’air libre, elle dépofe une quantité de petits
cryftaux qui ne font folublës que dans l’eau bouillante
, & pour lors la diffolution eft parfaitemenï
neutre, & laiffe précipiter la chaux par l’addition'
de l’alkali.
40. Ces cryftaux expofés au feu dans un creufet'
fe décompofent fur-le-champ, & on n’en retrouve
que la bafe en état de méphife calcaire;
Pour obtenir fon acide libre , M. Schéele effaya
d’abord de reprendre la terre en verfant goutte »
goutte de l’acide vitriolique affoibli dans la diffolution,
n°. 1 , jufqu’à ce qu’il n’y occafionnât plus de-
précipité, & filtrant enfuite la liqueur ; mais cela ne
réuffit qu’imparfaitement, parce que l’acide ne laif-
foit point aller entièrement- la chaux ; & comme-
il avoit obfervé qu’il avoit réellement plus d’affinité-
avec la chaux de plomb qu’avec la terre calcaire^
il appliqua à cette opération le même procédé qui
lui avoir fervi pour la féparation de l’acide oxalin ^
c’eft-à-dire, qu’ilfë fervit d’acète de plomb pour,
précipiter l’acide en état de fel métallique , & d’acide
vitriolique pour reprendre la chaux de- plorob.-
Les détails de ce procédé ont été expofés y il n’y
a qu’un inftant , dans-les remarques fur l’acide
oxaliii.