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tion de la liquation, fuivie du reffuage, fe fera, ainfi
que je l’ai décrit ci-deffus, pour les quinze premières
pièces.
La première opération qui le fera dans le fourneau
que je propofe, durera, y compris le reffuage ,
tout au plus huit heures, c’eft-à-dire environ trois
heures & demie pour la liquation , & le reffuage
deux heures & demie, un peu plus ou un peu moins, '
fuivant l’attâtition & l’adreffe des Ouvriers. La con-
fommation du bois fera d’environ une corde ou 80
pieds cubes par 24 heures, pendant lequel^ temps
on fera la liquation & torréfaélion de 60 pièces. Il
' faut quatre hommes à ces opérations, il s’entr’aide-
ront à entrer & fortir les pièces du fourneau ; au
refte , il y aura conftamment deux de ces Ouvriers
près du fourneau, l’un qui fera le feu & l’autre qui
moulera le plomb à mefore qu’il fe rendra dans le
baffin de réception, qui décraffera la voie & aura
attention au degré de chaleur ; celui-ci doit1 être le
Maître, l’Aide qui fera le feu ne fera pas fort occupé,
car un enfant peut le faire ; mais il aidera à
mouler rie plomb, à le pefer & à le mettre en ma-
gafin. Lorfque rie reffuage de quinze pièces fera fait
& qu’il s’agira de les fortir, les deux autres Ouvriers
feront appellés pour aider à ce travail, & à
remettre quinze autres piètres dans le -fourneau ; alors
'lés premiers pourront' fe repofer tandis que les deux
- nouveaux prendront- leur place ; ou , s’ils 'aiment
mieux travailler douze heures de fuite, ce qui fait
un porte ordinaire, ils ne fe relaieront que de deux
en deux opérations.
R e m a r q. u e s.
Le fourneau que je propofe pour l’exécution du
' double procédé, me coûtera pas plus pour fa conf-
'truftion, & même moins , qu’un fourneau de reffuage
ordinaire ; on gagnera donc la conrtrudiOn &
l ’emplacement de celui de liquation, & ainfi que je
l’ai d it, le mien n’exigera que du bois pour fon chauffage
, auquel on pourra même fubftituer du charbon
1 de ferre, lOrfqu’il'fera réduit en coaks & qu’il aura
perdu fon odeur pénétrante occartonnée par le foufre
l’acide vitriolique qui pourroient attaquer lés métaux
, fur-tout le cuivre , & y occafioflner du déchet.
On épargnera donc , en faifant ufage de mon
’ fourneau, tout le charbon employé dans les procédés
de la liquation en ufage, & q u i, comme on
la vu au chapitre II, eft" affez confidérable.
I le ft d it, chapitre I I I , que, pour refluer dans un
fourneau ordinaire, environ 150 pièces, ' il faut 4
' tordes1'dé bois, cubant 384 pieds 3 & dans le'four-
’’ neau que je propofe, on peut liquéfier & reffuer 60
J pièces en 24' heures avec une corde de • bois, & en
* fuivarît la-même proportion, onpourra ,'err6o heures,
1: liquéfier & refluer 150 pièces de liquation a v e c deux
cordes & demie à trois cordes^tout au plus > ce“qui
‘"fait voir que le reffuage foui, à la manière 'accou-
'filmée , dép'enfe pour ce nombre de pièces une
'“Côkle Ou une corde &rftemie 'dé 'b&is “de plus que
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mon fourneau n’en exige pour les deux opérations
enfemble. 'Voilà donc une 'grande économie , fans
compter celle du charbon employé à la 'liquation
des pièces dans un fourneau ordinaire , qui, fuivant
ce que j’ai dit au chapitre II, à la fin de la-feconde
Seâion, monterait pour 150-pièces à environ 700
pieds cubes de charbon , ou à peu près -10700 %.
pefant.
Pour fe convaincre de la grande conforpmation de
bois dans le-fourneau de reffuage ordinaire, il fo^
fira de faire attention à fa conftruélion & à fa grandeur
intérieure, q ui, ainfi que je l’ai d it, n’a acquis
affez de chaleur pour commencer à faire reffuer
les pièces , qu’après environ 15 heures d’un feu
fuivi; il n’en fera pas ainfi dans mon fourneau qui
fera le reffuage'des pièces fans les ‘déplacer , immédiatement
après la liquation , &? tandis qu’elles font
toutes rouges. Ce reffuage fait de fuite, fera aufli
i très-avantageux, en ce que, i° . s’il refte encore
| un peu de plomb après la liquation-qui puiffe cou-
ferver fa forme métallique , il-coulera dans le baffin
de réception on .l’ajoutera à l’oeuvre de la liquation.
2°. En ce qu’il y ^ura certainement -moins de
cuivre & de plomb de détruits - dans ma manière
d’opérer, que dans les deux procédés ordinaires. J’ai
fait voir qu’une portion de ces deux métaux fe brille
ou fe vitrifie d’une manière irrédn&ible , ce qui
arrive à une quantité d’autant plus eonfidérâble, que
•le feu y eft plus long-temps appliqué : cet élément
agit bien du temps fur les-pièces-dans le1-fourneau
-de reffuage ordinaire , en coriféquence les métaux qui
en fortent font dans un état :d'e Chaux ou de vitrification
dont une partie ne peut être revivifiée.
L’on a vu que, dans la liquation1 en ufage, lés pièces
reftent environ 4 heures au -feu &■ 36 heures dans
le fourneau de reffuage. Ges pièces font? donc pendant
40 heures expofées à la chaleur , tandis- que,
pour fubir ces-deux opérations dans léfourneau que
je propofe, elles n’y relieront que 6 heures, ce qui
fait 34 heures de moins. Quoique la chaleur foit
médiocre dans le commencement du reffuage ordinaire,
elle ne laiffe pas de calciner les métaux,'&
fingulièrement le cuivre, qui perd aùfli vite fon phlo-
giftique à une chaleur modérée, qu’à celle- qui ferait
affez puifîànte pour le faire entrer en fufion.
30. Par mon procédé , on évitera beaucoup de
journées d’O uvriers, foit pour les tranfports d’un
fourneau à l’autre, foit pour l’arrangement des pièces
liquéfiées dans un grand fourneau de reffuage,. foit
enfin pour le chauffage de ce fourneau & pour en
fortir les pièces lorfqifelles font reffuées.
40. J’ai dit que la chaleur, les fumées du bois
& les vapeurs du ploinb incommodent 'beaucoup les
1 Fondeurs dans l’opération de la liquation qui fe fait
; avec le fourneau "de réverbère de Schlutter. On ne
’ refpirera aucunes fumées ni de bois, ni de plomb
dans le mien , elles pafîèront toutes par la cheminée
, ainfi que la chaleur qui n’incommodera nulle-
; ment ’8c qui ne fo fera fentir que foiblement, quô3
[‘Ouvirant les portes & en fortant les pièces dutfoumeau*
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-o. Enfin, l’on a-dit, chapitre III, que les fcories
provenant du reffuage fe mêlent avec les braifes,
gc qu’on eft contraint d’en faire le lavage pour en
féparer les charbons 8c les cendres, opération qui
prend du temps & dans laquelle on perd de ces fcories
riches en métaux ; celles qui fortiront du fourneau
nouveau, feront pures , moins abondantes 8c
dans le. cas d’être fondues, fans autre préparation.
C H A P I T R E V .
De l'affinage, du Plomb.
L’affinage du plomb étant bien connu en France,
& particulièrement à Poullaouen en. baffe Bretagne
eii cette opération fe, fait très-bien, je me bornerai,
à quelques petits détails qui, font la fuite des procédés
de la liquation que j’ai décrits dans les chapitres,
précédens, & à faire quelques obfervations fur la
c.onftruâion des fourneaux d’affinage ; je terminerai
ce chapitre en donnant une nouvelle méthode de
former les coupelles.
P r e m i è r e S e c t i o n .
Il y a bien , des méthodes en ufage pour l’affinage
du plomb ; les Anglois & les Allemands procèdent
tout différemment, 8c parmi ces derniers chaque.
Pays ou Principauté a fes ufages particuliers, ainfi
qu’on peut le voir dans les deux derniers volumes
de nos Voyages métaüurgiques ; on peut aufli remarquer
une- très-grande différence dans la. conf-
truéfion des fourneaux d’affinage que Schlutter a
donnés ; les uns ont une chauffe ou tifard à l’un des
côtés?,les autres n’en ont point; dans ces derniers on
paffe de grandes pièces de bois qui traverfent la coupelle
au deflus du bain, la flamme de ce bois agitée
par le vent des foufflets forme la litharge. Si on fait
attention que les charbons du bois qui tombent fur
le bain,,doivent naturellement revivifier de la litharge
& empêcher qu’elle ne fe forme dans les parties qui.
en font couvertes , on rejetera cëtte manière d’opérer
, qui d’ailleurs exige des pièces de bois qu’on ne
pourrait pas fe procurer par-tout.
Les uns font leur affinage dans un fourneau couvert
d’un chapeau de fer luté ; les autres deflbus
une voûte ou dôme qui doit être affez élevé pour
que TAffineur puiffe- entrer dans le fourneau &
y. battre fà coupelle ; ces derniers font défeélueux,
eu ce qu’ils confomment beaucoup plus de bois que
ceux dont le chapeau n’eft pas trop élevé au deffus.
de la furfàce du plomb en bain.
Les uns donnent une forme quarrée .à l’extérieur
du fourneau, tandis que l’intérieur eft rond, ce qui
iajffe dans les angles de groffes maffes de Maçon-
nerie qui ralentiffent les progrès de la chaleur &
Prolongent; l’opératipn;; les autres donnent la forme
ronde intérieurement & extérieurement, ce qui vaut
mieux.
•Les uns donnent beaucoup de grandeur à la chauffe
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ou réverbère, les autres moins ; maïs , en général,
elle eft trop grande prefque par-tout : ce vice qui
occaftonne une plus grande confommation de bois,
vient communément de ce que les Ouvriers cherchent
plutôt leur commodité que le profit de l’Entrepreneur
; ils ont moins de peine à faire entrer un fagot
par une grande porte , dans une chauffe à grandes
dimenfions, que dans une petite chauffe par une porte
qui lui feroit proportionnée.
Je penfe qu’une chauffe qui-ne fera alimentée que
par des fagots, ne doit pas avoir plus de 16 à 17
pouces de largeur, 3 pieds & demi à 4 pieds de
longueur & 20 pouces de hauteur de la voûte à la
grille. Je donnerois aux chauffes, ou l’on ne brûlerait
que du bois de corde, 14 à 15 pouces de largeur-,
3 pieds à 3 pieds & demi de longueur, & 18 à 19
pouces de hauteur. Le fourneau que je donne
{planche V U ) eft dans ce cas. Je ne lui,ai donné,
pour la partie de la coupelle, que 6 pieds de dia*
mètre ; mais je confeille, lorfqu’on aura beaucoup
de plomb à affiner, de donner à ce baifin au moins
, 8 pieds de diamètre, fans plus grandes dimenfions
!à la chauffe,. parce que plus le bain aura de furfàce,
& plus il fo formera de litharges à la fois.
Une chofe. bien effentielle dans la cônftruéfion d’im
fourneau d’affinage, eft- de. ménager des foupiraux qui
puiftent abforber avec facilité les vapeurs , non-forr-
lement de la maffe entière du fourneau , mais aufli
celles qui proviennent de- l’huraeâation fies cendres
fie coupelle. Pour cet effet, il ne faut pas fe b'orner.
aux deux grands canaux ou foupiraux en croix à la.
bafe du fourneau, avec deux autres plus petits au
deffous du lit de fcories ; mais il eft néceflâire de
faire un petit canal, circulaire à environ 18 pouces
ou deux pieds du centre du fourneau & qui ait communication
aux autres foupiraux qui ont leur ifliie
à l’extérieur de la maçonnerie. J’ai exprimé le tout
fur le plan de ce fourneau par des lignes pon&uées»,
{ Planche V I I , f i g . 2.)
J’ai vu manquer beaucoup d’affinages pour n’avoir
pas difpofé ces foupiraux d’une manière conve-.
nable, & pour les avoir recouverts en pierres de
taille bien jointes & cimentées; alors l’humidité des.
cendres mife en vapeurs, ne pouvant y trouver an-;
aine iffue , réagifloit fur la coupelle & en faifoit fou-
lever des morceaux qui furnageoient le bain de plomb.
Lorfque cela arrive , l’opération eft manquée; l’on
attribue, communément ce défaut à la qualité des
cendres ou à leur préparation , tandis que le mal ré«
ftde dans le fourneau même.
S e c o n d e S e c t i o n ,
Procède de l'Affinage.
On pourra mettre environ 36 quintaux de plomb
dans, le fourneau, d’affinage dont je donne le deflin;
lorfque ce plomb fera en bain , qu’il fera écumé &
que la litharge aura commencé à couler, on pourra
y ajouter du plomb que-Ton y fera fondre peu à
V. W ij