
234 A C I
à en recueillir féparémenc le plilogiftique& qu’au
Heu d un acide plus à nu, la decompofition n’a
laifle voir dans' les autres produits que des matières
déjà connues qui, par ieur réunion, confti-
tuoient l'acide même.
§• V. Application de ces principes d la préparation dit
bleu P utff, Gr1 d'une liqueur d'épreuve pour
les précipités métalliques.
Dans les combinaifons qu’il nous refte à examiner
, nous considérerons le principe colorant qui
y fait fonction d’acide comme un être fimple,
ainfi que 1 on eft contenu de le pratiquer toutes
les., fois que la fubftance qui le combine n’éprouve
aucune altération dans fa compofiiion. Mais cet
acide elt fufceptible de s’unir dire élément à une
feule bafe , ou d’en prendre deux à-la-fois : il eft
donc indifpenfable de diftinguer, par des dénominations
appropriées , les fels qui fe .trouvent dans
1 une ou dans 1 autre de ces conditions; ainli nous
appellerons Amplement les premiersipruJJites, avec
1 expreflion de la bafe, & les féconds prujjites tri-
fules, en nous, réfervant d’indiquer auMi ipécifique-
inent le troifieme corps ou la bafe furcompofante,
lorfque cela fera néceflaire. Voye^ PïUJSSlTE DE
POTASSE , PaUSSITE M ER C U Ri EL , Pr CJSSITE
TRISULE DE POTASSE , &c. .
I. Le bleu de Prujje n’e ft, comme on Ta vu ,
qu’un pruffice marcial , réfultant de la combinaifon
de notre acide avec la chaux de fer."Cettë matière
fe prépare en grand pour les arts : je ne
m occuperai pas ici de cette fabrication , dont les
procédés-font décrits à l’article bleu de Prujfe du
millionnaire des arts métiers, fai fane partie de
l ’encyclopédie méthodique ; mais il ne fera pas
inutile de préfenter quelques vues pour corriger
& perfeélionner les opérations qui en dépendent,
&. même un précis de quelques procédés des fabriques
étrangères, dont il paroît que le rédacteur
de cet article n’a pas eu connoilTance.
L e choix des matières qui doivent fournir l’acide
colorant eft un des points les plus importans : on
ne peut douter , après les témoignages de tant
d obfervateurs, que les charbons de matières végétales
ne donnent auffi à i ’alkàh la propriété de
précipiter le fer en bleu , & on ne doit pas en être
étonné , s’il eft vrai , comme le dit M. Sennebier,
que la partie verte réfineufe des plantés fournit de
l ’alkali volatil ; mais on convient généralement que
les.charbons des végétaux ne donnent que très-
peu de matière colorante. M. Brugnatelli prétend
même avoir éprouvé que le fer quelle précipitoit
perdoit fa couleur dans les acides.. Si dans d’autres
expériences on en a obtenu un peu plus abondamment
, il faut 1 attribuer a quelque mélange étranger
de parties animales, & cr phénomène ne peut
fervir qu’à ajouter une nouvelle preuve de la dif-
p^riion infinie, & de la confufion habituelle des
a c i
fubftances des trois règnes, que nous avons déjà
eu fi fouvent occafion de remarquer. Auffi M. W eber
ne craint-il pas de taxer d’erreur ce qui avoit
été annoncé dans le recueil intitùlé : Hamburg
magajin, que l’on fabriquoit en Angleterre le bleu
de Prujfe avec le charbon de bois & fans matière
animale. (Fabnfcènund kunjle.) '
La fuie , celle même qui eft produite par la eom-
buftion des végétaux, ne doit pas être confidérée
comme une fimple matière charbonneufe; il eft
évident que les principes volatils qui fe trouvent
en fi petite quantité dans les charbons ordinaires
font ici accumulés par l’effet même de la fublima-
tion ; auffi toutes les fuies donnenr-eîles , dans leur
ahalyfe , de l’alkali volatil. M. Weber affure que
deux onces de fuie de tourbe d’Hollandë ont produit
, par la fublimation , cinq gros de fel ammoniac.
C’en eft affez pour faire croire que les fuies
peuvent réellement être employées avec avantage ,
puifqu’elles tiennent le principe ammoniacal & lë
phlogiftique, feuls matériaux véritablement nécef-
laires , fuiyant les expériences de M. Schéele ;_ de
io h e que 's ’il étoit poffible de fuppîéer ce qui
manque d’alkali volatil au charbon de bois , fans
augmenter de beaucoup la dépenfe, l’ufage en fe-
roit aufti bon que de toute autre matière. Nous
ne favons pas fi cette circonfiance n’a pas été
omifè ou diffimulée dans ce qui a été publié de là
fabrication des Anglois. 11 eft sûr .que fi on parve*
noit, au moyen de quelque addition de Cette nature
, à faturer entièrement l’alkali du principe colorant,
ou feulement à approcher davantage dut
point de faturation ( ce qui a été tenté jùfqu’à pré-
lent fans fuccès ) , on feroit bien dédommagé de
cette dépenfe , puifqu’elle difpenferoit de beaucoup
d’autres opérations au moins auffi difpen-,
dieufes.
En attendant, les obfervations s’accordent avec
la théorie pour recommander par préférence l’u-
fage des charbons de matières animales. La plupart
fe fervent du fang de boeuf, & il faut convenir
qu’on n’a encore rien trouvé de meilleur, mais fa
déficcation eft une opération longue & pénible
par l’odeur qu’il exhale. Le travail eft bien moins
confidérable en employant des fubftances sèches,
commme les cornes , les ongles, les poils , les cuirs
des animaux. H y a près de quinze ans que j ’obtins
une très-bon né leffive colora nre du poil de boeuf.
( Journ. phyf. tom. V I , page 355.)
M. Deiius avoit annoncé en ,1778 que les che*
veux rémplaçoient avantageufement le fang deffé-
ché, & il vient de publier, dans les annales chy-
miques de M. Crell, que le crotin de cheval réuf-
fiffoit très-bien quand on ne pouffoit pas, trop la
calcination, qui faifoit paffer aftèz promptement
le fourrage & l’avoine mal digérés à l’état de pur
alkali..
Il y a diverfes pratiques pour la calcination de ces
matières : les uns les réduifent d’abord en charbon
féparémeaç, d’autres*fuivant M. JBaunach ( Journal
a c 1
phyf. tom. X I , page 313) , les diftillent dans des ,
cornues de 1er pour en recueillir les produits qu ils
débitent tous. lè nom d’efprit ou d huile de corne
de cerf; d’autres enfin font d’abord macérer dans
la potaffe les cornes & les cuirs coupés en petits -
morceaux. La première méthode eft la plus fimple &
la plus généralement adoptée ; la fécondé peut erre
plus avantageufe fi les produits que l’on recueille
de'la diftillaxion dédommagent complètement de
toute la manutention qu’elle exige. M. Weber condamne
abfolument la troifième, comme nefervam.
qu’à fixer l’huile animale en la mettano-à l’éia’tfa-
vonneux , d’ou il réfulte un bleu plus fale. J ’ob-
ferverai cependant que-fi on pouiïoit cette première
calcination jufqu'à en faire partir toute l’huile,
il ne refteroit plus d’alkali volatil dans le réfidu
charbonneux, ou du moins qu’une portion infen-
iible , & dans les principes que nous avons établis,
c’eft une condition effentielle que la matière animale
en retienne autant qu’il eft poffible , puilque
ce doit être une des parties conftituantes de l’acide
teignant ; d’où il rélulte que. cette première calcination
ne doit être, à dire vrai, qu’une fimple
déficcation j que par conféquent il eft im poffible d’en
extraire complettement l’huile , & qu’en cherchant
à atteindre ce b ut, on appauvrirait en proportion
le réfidu , de l’alkali volatil ,.qui eft la partie la plus
effentielle , & qui n’acquiert quelque fixité que par
fà combinaifon avec l’alkali fixe & le phlogiftique.
Il y a toute apparence que c’eft.pour avoir pouffé
trop loin cette calcination que quelques Chy milles
ont nié là poffibilité de retirer une leflive colorante
de certaines matières qui en ont fourni à
d’autres abondamment. Le troifième procédé paraît
donc le plus fondé en théorie ; ou fi la macération
préfente quelqu’embarras à càufe de l’évaporation'
de la liqueur, on peut mêler Amplement
de la potaffe sèche avec les matières à calciner ,
en obfervant de n’en pas mettre affez pour empêcher
la torréfaélion de l ’huile..
On regarde communément /les. vaijfeaux de fer
comme les plus avantageux pour toutes lés operations
du bleu de Pruf ey ceux qui ont fa;ic cette
obfervation, pratique ; ne foupçonnoient pas, fans
doute, que c’eft en effet à la préfence d’une portion
“de terre, martiale que la leffive colorante doit '
la propriété de fe conferver à l’air libre ; non-feulement
il eft probable que ces vaiffeaux, fans ceffe
expofés à l’aélioû du feu & des fubftances falines,
peuvent contribuer à fournir cet intermède, mais
il feroit bon d’efiayer encore.fi en portant dans la
calcination de l’alkali avec le charbon animal un
peu de fer dans le jufte état de déphlogiftication
qui convient à cette combinaifonon ne réuffiroit
pas à fixer en effet plus de principe colorant, &
à obtenir une leffive. plus faturée. M. Schéele a
reconnu que cette leffive fe chargeoit de fer quand
on la faifoit bouillir dans des vaiffeaux de ce métal;
elle feroit donc d’autant moins fufceptible de
fe décompofer par la chaleur*
A C I 23J
La qualité du vitriol de mars influe néceffairement
fur celle de la couleur du produit ; il y en a qui
eft très-chargé de cuivre , & nous verrons .que le
vitriol de cuivre donne , avec l'acide prujjique , un
précipité jaune , qui de plus eft folubie dans i’acide
muriatique.
J ’ai indiqué précédemment à quoi fervoit l'alun
dans la .préparation du bleu de Prufèÿ c’eft une
grande faute , fuivant M/Weber ,de mêler tout à-la-
fois dans les diffolutions de vitriol de mars & d’alun
la leffive colorante ; il en réfulte que l ’alkali libre
de cette leffive précipite une portion confidérable
de terre martiale avant qu’elle foit colorée, au lieu
que quand on verfe d’abord féparément là difiolu-
tion d’alun dans la Jeffive , elle ne décompofe
plus de vitriol de 'mars que ce qu’elle peut précipiter
en bleu. Il y a donc néeeftairemenc une
économie fur les matières, le produit-eft moins
chargé de terre martiale jaune; qui en ali ère la couleur,
& même on eft plus sûr d atteindre en quelque
forte le point de faturation de la leffive colorante;
car cette leffive ne décompofe l’alun qu’au-
tant qu’il y refte de l’alkali libre , & le mélange ,
fans décompofition, indique dès-lors le terme où
l’on doit s’arrêter. On ne peut fe diAnnuler que
ces remarques font très - judicieufes ; tout ce qui
pourrait arriv.er . de cette pratique feroit que la
proportion de terre alumineufe , néceffaire à cette
faturation , pourrait rendre la nuance du bleu trop
foible , ou que les matières ne fe mêleraient peut-
être pas au Ai également que quand elles foin précipitées,
en même-temps; on remédierait.en partie
à ce> dernier inconvénient eir agitant la leffive,
au point d’y tenir la terre; alumineufe fufpendue
au moment de la préri pi ration du fer:
U avivage du. bleu de Prujfe par les acides n’eft pas
liii-mème exempt de difficultés : cette opération
doit fe borner a rediffoudrè là terre martiale 1.0H
colorée , & on fent que plus l’acide rediffout de
terre alumineufe , plus . il y a de confommarion
d’acide en pure perte , & de diminution fur le
produit. On donne la préférence à l’acidè muriatique
ou efprit de fel , parce qu’il ne s’unit pas auffi
promptement à la terre alumineufe, & qu’il attaque
au contraire très-faci!ementles chaux de fer,
même les’plus déphlogiftiquées. L’acide vitriolique
a l’inconvénient de former avec l’alkali qui peut
refter libre un fel peu (oluble dont on débarraffe
difficilement le bleu de Prufe, & on préfume que
c’éft par cette ration que les fabricans. anglois
avivent par l’eau forte , quoique l’acide vitriolique
foit en Angleterre à un prix fort inférieur. Cependant
quelques-uns emploient l’acide vitriolique,
même dans la leffive , & pour en avancer
la faturation avant que d’y jetter la diffolution de
vitriol de mars , & il .n’eft pas douteux qu’ils n’obtiennent
par-là un bleu plus foncé, puifque la quantité
d’alun à employer fe trouve diminuée en proportion,
& par conféquent la quantité de terre
blanche qu’il fournit. Au refte, dès que l’on fait
G g a