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de l’affinage par le foufre & de la coupellation, eft
bien capable de faire fentir toute la difficulté de fé-
parer les métaux fins, & de donner en même temps
une idée des reffources que la 'Chymie peut fournir
à celui qui juge d’avance les réfultats par les affinités
, pour arriver à ce but plus économiquement
avec moins de déchet, en combinant les diverfes
méthodes.
V . La purification de Vor par. Vantimoine crud, ou
pyrite d’antimoine, n’eft encore qu’un affinage par
le foufre. Cette opération eft fort ancienne, Bafile Valentin
en fait mention, & c’eft de là que les Alchy-
mifles ont nommé l’antimoine crud le bain du Roi,
le bain du Soleil, balneum folius Solis, pour indiquer
que l’or feul pouvoir fripporter ce bain ; mais la platine
, qu’ils ne connoiffoient pas, ne feroit certainement
pas féparée de l’or par ce procédé.
L’or étant en fufion dans le creufet, on jette
deflùs deux fois fon poids d’antimoine crud en poudre,
en différentes portions, attendant que la première
foit fondue avant que d’en jeter une leconde, &
ainfi des autres. La matière étant fujette à fe gonfler
, le creufet doit être affez grand pour qu’il ne
•paffe rien fur les bords. Dès que le mélange eft
parfaitement fluide, on le coule dans un cône de
fer ou de cuivre graiffé & chauffé, & on frappe à
côté pour déterminer, par le mouvement, la Réparation
de l’or d’avec les parties plus légères qui fur-
nagent. Quand la matière eft devenue folide par le
refroidiffement, on renverfe le moule & une légère
percuffion fuffit pour détacher des fcories pyriteufes
la maffe métallique qui occupoit la partie inférieure.
Cette maffe métallique eft compofée de l’or & -d e
l ’antimoine, qui a pris la place des métaux qui lui
étoient précédemment alliés.
Pour obtenir l’or pur, on met ce nouvel alliage
dans un creufet bas & évafé, ou même fur une !
coupelle, à un feu capable feulement de le tenir en
fufion ; l’antimoine ne tarde pas à s’élever en fumée, ■
on favorife fa calcination en- dirigeant le vent d’un j
foufSet à la furfàce du bain ; cette manipulation eft
fur-tout néceffaire vers.la fin, & comme elle refroidit
continuellement la furface, qui devient aufli
moins fufible à mefure que la proportion d’antimoine
diminue , il faut en même temps augmenter le feu.
Quand il ne s’élève plus aucune fumée malgré le
jeu du foufflet, & le métal étant fluide , l’or eft
affiné.
Cette opération exige plufieurs précautions : i°,
Scheffer & Lewis avertiffent que les .creufets rè-
fiftent difficilement à la première fufion de l’or avec
la pyrite d’antimoine ; le premier recommande de
les faire tremper plufieurs jours dans l’huile de lin,
de les nettoyer enfuite de manière qu’il ne refte à
la furface intérieure que ce qui eft néceffaire pour
y fixer un peu de borax en poudre fine & de les
faire féclier lentement ; il affure que des creufets
ainfi préparés ne font plus fujets à fe fendre., &
peuvent fervir à deux cents fufions, Lewis confeille,
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pouf éviter tout accident, d’enfermer le creufet
dans un autre, ou de placer un baflin deflous. '
a0. Il faut avoir attention qu’il ne tombe point
de charbon dans le creufet, ce qui ne manquerait
pas d’occafionner un gonflement confidérable.
3-0. Si l’or eft allié de plus d’un quart de l'on poids,
il convient de mêler d’avande à la pyrite d’antimoine
un quart au moins de foufre en nature, parce que
fopn employoit la pyrite d’antimoine feule, en fuf-
mante quantité, l’or retiendrait une portion d’autant
plus confidérable d’antimoine, ce qui rendrait la fécondé
opération plus longue & plus pénible.
4°. Il eft difficile que l’or ne retienne encore une
partie de fon premier alliage qui échappe à l ’a&ion
du foufre dans la première fufion ; c’eft pourquoi on
le refond deux ou trais fois , toujours avec nouvelle
addition- de pyrite d’antimoine. Il n’y a pas
à craindre pour-lors que l’or fe charge d’une trop
grande quantité de régule d’antimoine, car jl ne
s’en forme qu’àutant que la pyrite rencontre des
demi-métaux capables de la décompofer en s’unif-
fant à fon foufre.
3 °. Lorfqu’iL s’agit de faire partir l’qntimoine, on ,
ne doit pas perdre de vue le principe que les matières
volatiles entraînent toujours avec elles une
portion des matières.fixes ; il faut donc conduire doucement
le feu , fur-tout dans .les commencemens où
la matière volatile eft plus abondante, afin que l’évaporation
ne foit pas aflèz rapide pour enlever des
parties d’or. Au refte, les expériences du Dofleur
Goddart, rapportées dans le volume des Tranfaélions
philofophiques-de 1678 , femblent annoncer que ce
n’eft pas de cette évaporation que vient le déchet
qu’on éprouve dans cette purification de l’or ; il
affure même que les Doreurs, qui veulent rehaufi
fer la couleur de leur o r , font dans l’ufàge d’y mettre
un tiers ou un quart d’antimoine , .qu’ils font en-
fuite évaporer à une grande chaleur & à , force de
fouffler, fans perdre un feul grain d’or fur plufieurs
onces.
6°. Quand on foupçonne qu’il. eft refté un ;peu
d’antimoine uni à l’o r , plufieurs confeillent dé le.
refondre avec *le nitre & le borax, c’eft-à-dire, en
projetant deffus ces fels peu à peu pour éviter, le
bouillonnement. Comme il ne s’agit que de calciner
la portion d’antimoine , le nitre-feul produit très-
promptement cet effet à caufe de l’air vital qu’il
■ fournit, & il me femble que l’on peut retrancher le
borax , qui ne peut que nuire au contaél immédiat
du principe acidifiant.
L’étiologie de toute cette opération eft facile à fai-
fir : le foufre ayant plus d’affinité avec le cuivre &
avec l’argent qu’avec l’antimoine, abandonné celui-
ci pour s’unir aux premiers, il fe fait un échange &
de phlogiftique & d’air vital entre ceux de ces métaux
, qui perdent ou qui reprennent l’état métallique
! parfait; on ne peut en douter., puifque l’or ceffe de
fe charger d’antimoine en régule, quand il n’offre
, plus au foufre un autre métal fufceptible de la çombi-
[ nai fon pyriteufe.; la facilité avec laquelle, l’antinioine
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■ fe calcine & fe volatilife, devient très-favorable^ à |
la décomposition du nouvel alliage, pour avoir l’or
pur. Si ib r tient fimplemënt de l’argent, c’eft un 1
vrai départ (vdyq; D é p a r t sec ) , & pour-lors on
conferve avec foin les fcories pour en tirer l’argent.
Si l’or eft ■ en même temps allié de ■ cuivre , il y . a
tout à la fois affinage. & départ de l’or.
Il eft bien vrai que c’eft le foufre qui eft le principal
agent pour la fcorification du cuivre ; mais je
ne puis admettre la conféquence qu’en tirent quelques
Chymiftes pour rejeter ce procédé comme inutile
; perfonne n’ignore que le jeu de plufieurs affinités
qui confpirent au même effet, le rend toujours
plus fubit & plus complet. M M. Macquer & Pini
obfervent avec raifon que la préfenee de l’antimoine
fert à fixer le foufre ; qui j fans, cela, feroit fublimé
ou brûlé pour la plus grande partie , avant que d’avoir
pu faifir les métaux alliés ; elle produit, ce me
femble , un autre avantagé , en délayant, fi l’on peut
le dire , la maffe métallique, augmentant fon volume
& là fluidité, & fayorifant ainfi la réunion des parcelles
d’or qui pourraient refter dans les fcories.
Je ne diflimulerai pas que malgré cela il y a toujours
un déchet fur l’or , & qui vient en grande
partie de ces parcelles d’or qui font retenues dans
la matière pyriteufe qui fumage dans la première
opération ; mais on ne l’évite pas à beaucoup près
en employant le foufre feul. Le Do&eur Goddart,
dont j’ai déjà cité les expériences, affure avoir ob-
fervé une perte de 8 grains fur les 163. grains que
tenoit un alliage de monnoie, du poids total de
178 , & qu’il avoit fondu avec 6 parties, d’antimoine
crud ; il attribue principalement cette perte aux
petites étincelles qui s’élèvent continuellement pendant
la fufion de l’or avec l’antimoine, & il fonde
cette opinion fur ce qu’ayant placé un couvercle fur
le creufet, il y remarqua des taches d’un rouge
foncé que l’eau forte ne put enlever, & qui donnèrent
une couleur jaune à l’eau régale ; mais il n’eft
pas néceffaire de porter la fufion à ce degré de bouillonnement
, & cette explication de l’Académicien
anglois fuppoferoit. une calcination de l’or par l’antimoine
, qu’il n’eft pas poffible d’admettre, jufqu’à
ce qu’elle ait ét^ vérifiée par des expériences plus
décifives.
M. Leonhardi, dans fes Notes fur le Dictionnaire de
Macquer , defire que l’on abandonne entièrement la
méthode de faire partir l’antimoine par le vent des
fbufflets ; comme étant incommode & même dan-
gereufe pour les Ouvriers ; il confeille, d’après
Lehman , de pulvérifer l’alliage d’or & d’antimoine,
de le mettre dans une cornue de v erre, bien mêlé
avec 3 ou 4 fois fon poids de fublimé ou muriate
mercuriel corrofif, & d’augmenter par degrés le
fou, de manière à faire monter d’abord le muriate
antimonial, ou beurre d’antimoine , & enfuite le
mercure. L’or refte pur au fond de la ‘-cornue ; il
ne s’agit plus que de le refondre avec le nitre & le
borax à la manière ordinaire. M. Leonhardi fent
bien que ce procédé n’eft plus, applicable , lorfqu’il
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J s’agit d’opérer fur des quantités un peu confidérables ;
mais alors il préfère de calciner l’antimoine par le
nitre, fuivant la méthode dont il fera queftiofl dans
la feéiion V I I .
V I . La fufion avec Vacide boracin , ou fel fédatif,
a été indiquée, par M. Storr, comme un très-bon
moyen de purifier l’or & l’argent ( Crell, nette fi.
entdeck. part: 2, p a g . 40 ). On comprend que l’on
ne doit employer cet affinage que lorfqu’il s’agit
d’obtenir ces métaux dans le dernier degré de pureté,
& d’en féparer, comme le dit l’A uteur, le peu de
cuivre qu’y laiffe la coupellation, ce qui devient
important dans les expériences. Suivant M. Storr,
à la première fufion, le verre falin prend toujours
une teinte v e r te ,. il faut répéter l’opération jufqu'à
ce qu’il refte fans couleur,: & pour-lors le métal eft
aufli exempt d’alliage qu’il puiflé l’être, par quelque
procédé que ce foit. Il reconnoît que le borax
qui eft d’un prix bien inférieur, peut aufli fervir à
cette purification, & il eft bien certain qu’il mérite
la préférence fur les alkalis fixes ; mais, par cela
même, l’aeide boracin doit agir bien plus efficacement
que le borax ; les Chymiftes fàvent que ce
dernier entre dans la plupart des flux réduélifs, &
Bergman a obfervé que, lorfqu’on tenoit long-temps
en fufion fur le charbon , au feu du chalumeau, le
cuivre & le borax, la couleur qu’avoit prife d’a-,
bord le verre de borax difpâroiffoit à la fin entièrement
, & pouvoit à peine être reproduite par le
nitre ( Differt. ÿfiXV, §. 27 ). M. Leonhardi penfe
même que l’or ne refté pâle, après fa fufion avec
le borax, que parce qu’il y laiffe des matières étrangères
, & que fa couleur n’eft rehauffée par le fel
ammoniac, que parce qu’il a la.propriété de décompofer
les métaux imparfaits, & de former avec eux
des mélanges qui fe volatilifent au feu ( tom, / / ,
pag.. ).
VII. Un très-bon moyen de féparer le fin des métaux
eft ce que l’on nomme purification de l'argent par le
nitre. Scheffer a cru en trouver des traces „dans le
Pfeaume X I , verfet 7 , parce q ue , dans la verfion
félon l’Hébreu, il eft fait mention d’argent purifié
fept fois dans le creufet, & qu’il n’y a que le nitre
qui puiffe affiner l’argent dans le creufet ; mais ce
fel n’y eft nommé ni indiqué d’aucune manière, &
il eft difficile de fe perfuader qu’il ait été connu des
Juifs , lorfque l’Auteur convient lui - même qu’Hip-
pocrate & Pline n’en ont point parlé.
Pour affiner l’argent par le nitre, on le réduit en
grenailles, ori le mêle avec un quart de fon poids
de nitre bien fée, quelques-uns y ajoutent un demi-
quart de potaffe & un peu de verre pulvérifé. Le
tout eft mis dans un bon creufet, dont la moitié
doit refter vuide ; on couvre le vaiffeau avec un
autre creufet renverfé, un peu plus petit, dont le
fond eft percé d’un petit trou. Après, avoir lutté la
jointure des deux creufets avec de î’argille détrempée,
on place cet appareil au fourneau , on le rompait;